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jeudi 18 décembre 2008

Criminels au volant

Parmi les dangers qui nous guettent chaque jour, que l'on soit piéton, conducteur ou passager dans une voiture, il y a les conducteurs dangereux, les inconscients qui ne pensent pas un instant que leur façon de conduire est une menace pour leur propre sécurité ou pour celle des gens qui se trouvent sur leur chemin. J'en avais parlé dans un billet l'automne dernier sur « Les fous du volant » ; c'était le sujet de la rédaction du mois d'octobre 2007.


La Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) estime que 80 % des accidents de la route sont causés par de mauvais comportements des conducteurs.


Parmi les comportements dangereux, de plus en plus répandus, il y a celui des personnes qui téléphonent en conduisant. Toujours selon la SAAQ, l’utilisation du cellulaire au volant fait hausser d’environ 38 % les risques de collision.

Si encore les conducteurs ne faisaient que parler au téléphone ! Non : ils transforment leur voiture en bureau. Téléphone d'une main, agenda, carnet de notes ou autre document de l'autre, ils continuent de rouler à toute vitesse sur les autoroutes ou dans les rues des villes. Combien de fois ai-je vu moi-même ces conducteurs dont les deux mains et le regard étaient occupés à autre chose qu'à conduire. Même si en apparence ils ont une main libre, bien des gens tiennent à l'oreille leur téléphone d'une main et de l'autre, ... ils s'expriment, gesticulant comme le font bien des Latins ou des Méditerranéens. Piéton et cycliste, combien de fois ai-je failli me faire renverser par ces conducteurs inconscients, véritables dangers publics, qui ne m'avaient pas vu !

Aujourd'hui, quelqu'un que j'aime revenait de chez le vétérinaire avec son chat malade ; lui-même, inquiet des réactions de son chat à des nouveaux médicaments, était très fatigué car il n'avait pas beaucoup dormi la nuit précédente. Assis sur la banquette arrière d'une voiture conduite par un chauffeur prudent, avec son chat dans un panier à ses côtés, il se croyait en sécurité. Erreur ! C'était sans compter sur les autres conducteurs. Il s'est demandé ce qui lui arrivait lorsqu'une autre voiture a violemment embouti l'arrière de celle dans laquelle il prenait place. Le panier du chat a été projeté par terre, renversé entre les deux banquettes. Mon ami s'est empressé de ramasser le panier et de vérifier l'état de son chat ; celui-ci a été secoué comme le conducteur et son passager mais, heureusement, ne semblait pas avoir été blessé. Il leur a fallu de longues secondes pour se rendre compte qu'ils étaient victimes d'un accident qui, à voir l'état des deux véhicules, aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus graves. Avant de pouvoir rentrer chez lui et se mettre au lit, son chat à ses côtés, pour se remettre de leurs émotions, il aura appris que l'oiseau sans cervelle qui a embouti la voiture qui le ramenait chez lui n'avait pas vu la voiture en question car... elle était occupée à parler au téléphone !

Le Québec a adopté en avril dernier une loi interdisant l'usage du téléphone au volant, à moins qu'il soit équipé d'un dispositif mains libres. Or, de nombreuses études le démontrent, ce n'est pas seulement le fait de tenir le téléphone qui représente un danger, mais le fait même d'avoir une conversation avec une personne que l'on ne voit pas augmente grandement le risque de distraction et d'accident.

Depuis l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi au Québec, le premier juillet dernier, le nombre constats d'infractions est plutôt à la hausse. Selon la Sûreté du Québec (police nationale), de 1 114 en juillet et août, le nombre d'infractions est passé à 1 308 en septembre et octobre, ce qui représente une augmentation de 17 pour cent.

Je crois que le Québec, et tous les pays dits civilisés, devraient imiter l'Angleterre et imposer la prison aux conducteurs pris en flagrant délit d'utilisation du cellulaire. L'Angleterre, qui a interdit l'usage du « mobile phone » au volant depuis 2003, annonçait en effet le 20 décembre 2007 que les personnes qui ne respecteraient pas la loi seraient passibles d'une peine de deux ans de d'emprisonnement. Les peines seraient évidemment plus sévères pour les cas de récidives, par exemple. Un très grand pourcentage des gens étant incapables d'agir en adultes responsables s'il n'y a pas la crainte de la punition, je crois qu'il s'agit là d'une mesure qui en dissuadera plusieurs. Encore faudra-t-il que les infractions soient constatées et que les délinquants soient arrêtés. J'ai bien peur qu'il faudrait alors des policiers à tous les trois mètres.

Tant que les lois ne seront pas rigoureusement appliquées, les infractions sévèrement punies, les conducteurs continueront de jouer aux plus fins, de griller les feux rouges en ville, de téléphoner, de manger, de se maquiller au volant de leur voiture en marche. Le Québec est reconnu pour sa « tolérance » ; dans bien des cas, j'appellerais plutôt cela de la « mollesse » ; on ne veut tellement pas faire de peine à qui que ce soit que l'on permet aux délinquants récidivistes de continuer de faucher les piétons sur les trottoirs ou en bordure des routes, d'emboutir les voitures d'innocentes personnes... Selon moi, l'usage du téléphone au volant, dispositif mains libres ou pas, est aussi dangereux et meurtrier que la conduite en état d'ébriété.

lundi 10 septembre 2007

Au risque de déplaire...

Grâce aux liens, parfois très nombreux, qu'affichent sur leurs blogues respectifs les amis français établis au Québec, il m'arrive à l'occasion d'aller à la découverte des nouveaux arrivants et, assez souvent, de leur souhaiter la bienvenue.

Je suis curieux de savoir comment ils vivent le déracinement, comment ils s'adaptent à leur nouvelle terre d'accueil, comment ils perçoivent les autochtones et leurs habitudes de vie. J'aime bien, d'une certaine façon, redécouvrir le pays que j'habite à travers le regard de ceux qui le découvrent. La naïveté de certains propos fait parfois sourire et la perspicacité de certains autres porte à réfléchir...

Je suis la plupart du temps amusé de lire ce qu'ils écrivent sur les différences linguistiques entre la France et le Québec, même si la généralisation est facile et la caricature souvent grossière (les exemples présentés pour tourner en dérision la langue parlée des Québécois ne représentent pas forcément la langue de tous les Québécois). Je n'ai pas l'intention de défendre ici la langue parlée au Québec ; d'une part parce que je suis plutôt d'accord avec certaines critiques sévères et rigoureuses qu'en font les personnes qualifiées et, d'autre part, parce que ce n'est pas le sujet de ce billet.

Là où j'ai moins envie de sourire, cependant, c'est en lisant les propos sur les habitudes alimentaires. S'il fallait en croire une grande partie des blogueurs français qui arrivent au Québec, aussi bien dire à Montréal, ou qui y sont venus durant quelques jours ou quelques semaines, le plat « national » des Québécois serait la poutine. Or je suis né au Québec et je n'ai jamais mangé de poutine ; je ne connais pas non plus, dans ma famille, parmi mes amis ni parmi les gens que je fréquente, qui que ce soit qui mange ou qui ait déjà mangé ce plat que l'on veut qualifier de « national ». Au fond, je me demande si la poutine n'a pas été inventée par un Québécois qui voulait donner à un touriste français empressé de donner son avis de quoi s'étouffer, à défaut de corde pour se pendre.

Le raccourci est un peu gros, de qualifier les Québécois de « mangeux de poutine ». La malbouffe existe aussi en France et, bien que les traditions culinaires françaises soient bien établies, les commerces de restauration rapide au choix limité et au goût standardisé sont aussi bien fréquentés à Paris et en France que partout ailleurs dans le monde. Et, même si c'est dit avec le sourire, car on sait que les Québécois savent mal résister à un sourire (ils sont si gentils et si tolérants, ces indigènes ! Je préférerais que l'on dise qu'ils sont intelligents et compréhensifs, mais ce serait peut-être trop généraliser) c'est aussi méprisant de la part de ces candides explorateurs lancés à la redécouverte du Nouveau Monde, que si l'on disait que tous les Français sont des râleurs, agressifs et désagréables, qui sentent mauvais, simplement parce que l'on a eu le malheur de prendre un taxi en descendant de l'avion. Je suis toutefois de ceux qui reconnaissent à celui qui a une poutre dans l'oeil le droit de critiquer celui qui aurait une paille aussi bien logée, et vice versa (avec ou sans trait d'union, comme on voudra).

Amis qui me lisez, je sais que ce commentaire ne vous concerne pas car je connais votre intérêt et votre respect, si ce n'est votre amour, pour ces « cousins » de l'Amérique du Nord qui ont conservé leur attachement à ce qui fut la langue et l'histoire communes mais qui ont dû, à compter de 1760, assumer eux-mêmes leur destin et créer leur propre histoire tout en préservant, du mieux qu'ils ont pu dans cet océan anglophone, leur langue et leur culture.