mardi 24 octobre 2006

Devant la porte sombre

En donnant ce titre à son Journal 1940-1943, Julien Green avait en tête la période sombre qui s'annonçait avec la Deuxième Guerre mondiale ; il évoquait sans doute aussi la part d'inconnu que représentait, pour lui personnellement, un exil au pays de ses parents, où il avait vécu durant trois ans au moment de la Première Guerre mondiale et dont il était revenu avec beaucoup de nostalgie mais avec une certitude : bien que né de parents « américains », il était vraiment français.

En mettant de côté la situation politique actuelle, on peut dire que nous sommes en ce moment devant une autre porte sombre : l'arrivée de l'automne, la diminution des heures d'ensoleillement, l'augmentation des jours gris et pluvieux. Et pour certains, l'arrivée de l'automne apporte sa dose d'angoisse à cause du froid, de la pluie et de l'hiver qui, tôt ou tard, montrera le bout de son nez.

Personnellement, l'automne ne me déplaît pas et l'hiver non plus, du moins au début. Je suis conscient toutefois que pour bien des gens les changements de saison ne se passent pas toujours en douceur ; et l'automne est particulièrement difficile pour bon nombre de personnes en raison des longues journées sans lumière. Il semble qu'une personne sur cinq souffre de troubles affectifs saisonniers, liés à la baisse d'intensité de la lumière et à la réduction des heures d'ensoleillement.


En recevant moins de lumière du jour, notre cerveau commencerait à fonctionner comme si c'était la nuit et enverrait aux corps des messages de « préparation du mode sommeil ». Cette perturbation serait d'ordre biologique, et non psychologique, et la coupable en serait une hormone, appelée mélatonine, qui joue un rôle important dans le besoin de sommeil ; la mélatonine, pour préparer au sommeil, exerce sur le corps un effet de fatigue. Nous subissons tous, à des degrés divers, les effets de la réduction de la lumière, sauf que certaines personnes en souffrent assez pour voir leur vie perturbée. Les travailleurs de nuit ou ceux qui vivent dans des endroits où il entre peu de lumière peuvent aussi en souffrir, même en été.

Si, avec l'arrivée de l'automne, vous ressentez les symptômes suivants, il y a bien des chances que vous souffriez de dépresssion saisonnière ou de troubles affectifs saisonniers :
  • changement des habitudes alimentaires, avec notamment un désir d'aliments sucrés, de féculents, de chocolat
  • prise de poids
  • baisse de l'énergie
  • plus grande sensation de fatigue
  • mauvaise humeur, irritabilité
  • tendance à dormir plus longtemps que d'habitude
  • difficulté à se concentrer
  • tendance à vouloir éviter les situations sociales
  • sentiments d'angoisse et de désespoir.

Fiat lux !

S'il n'y a pas d'autre cause, psychologique ou autre, à ces symptômes, n'allez pas dépenser une fortune en psychanalyse ou en médicaments. Le traitement pourrait être beaucoup plus simple que vous le croyez. En effet, la luminothérapie est efficace à 80 %.

C'est le Dr Norman E. Rosenthal, psychiatre et chercheur au National Institute of Mental Health, qui a été le premier à démontrer, en 1984, le lien entre lumière et dépression et à définir ce que l'on nomme maintenant la luminothérapie. « C'est en constatant que l'exposition à la lumière artificielle à large spectre pouvait bénéficier aux personnes souffrant de symptômes dépressifs pendant la saison hivernale que Rosenthal a pu démontrer le rôle joué par la luminosité sur les rythmes circadiens et l'humeur, et ainsi définir avec précision cette maladie. Rosenthal a publié de nombreux écrits, études et livres sur le sujet. Il demeure la référence incontournable en la matière. »


Pour bénéficier de la luminothérapie, il suffirait de s'exposer quotidiennement à une lumière à large spectre dont l'intensité varie entre 2 500 et 10 000 lux durant une demi-heure. L'exposition à cette lumière aurait un effet bénéfique sur notre horloge biologique qui régit un certain nombre de nos fonctions, comme la vie sexuelle, le rythme veille/sommeil, l'humeur, la capacité de concentration. Certains s'en servent pour combattre les effets du décalage horaire et l'on dit que la lumière aurait aussi un effet bénéfique sur le traitement de la maladie d'Alzheimer...


Je connais plusieurs personnes (amis, clients, psychologues) qui, souffrant des symptômes associés aux troubles saisonniers, se sont procuré des lampes spécialement conçues pour donner l'intensité lumineuse nécessaire. Il en existe différents modèles ; vous les trouverez sur ce site (français, mais l'équivalent existe au Québec et en Amérique du Nord).

Personnellement, même si je ne souffre pas trop de ces symptômes, j'ai bien l'intention de m'acheter le « simulateur d'aube », qui permet de s'éveiller en douceur, ainsi qu'une lampe de table que j'utiliserai en prenant mon petit déjeuner. Pour être efficace, la lampe doit être placée à la hauteur des yeux, car c'est par les yeux que le cerveau reçoit la lumière ; et même si l'intensité de la lumière est grande, on peut très bien continuer ses activités, que ce soit la lecture, le travail, la télévision... Il existe aussi un modèle de lampe que l'on peut fixer au-dessus de l'écran de l'ordinateur.


Il ne faut évidemment pas confondre ces lampes avec les lampes de bronzages, aux rayons UV ; celles-ci peuvent aussi avoir des effets bénfiques (je connais aussi des personnes qui utilisent les lampes solaires pour maintenir un bronzage et qui disent en tirer aussi un surplus d'énergie et une accélération de leur métabolisme), mais ces effets n'ont rien en commun avec ces lampes recommandées pour la luminothérapie. Et pour ceux qui n'aiment pas l'hiver, dites-vous que l'hiver, surtout lorsqu'il y a de la neige, est généralement plus lumineux que l'automne.

Ajout : À la demande générale, j'ajoute le site d'un distributeur nord-américain. Au Québec (et peut-être au Canada), il semble qu'il n'y ait qu'un distributeur de ces lampes. On peut bien sûr les trouver dans certaines boutiques de matériel orthopédique ; il faudrait vérifier si les prix sont moins élevés dans ces boutiques (je n'en suis pas sûr) : l'avantage, c'est qu'on peut y voir le produit avant de l'acheter. À Montréal, la boutique Medicus, par exemple, boulevard Saint-Laurent, au nord du boulevard Saint-Joseph, offre ces lampes. Autrement, on peut les commander par téléphone (un numéro sans frais) ; on trouvera les renseignements nécessaires et les coordonnées à cette adresse ; on trouvera ici aussi une liste de boutiques qui vendent ces lampes. Vous trouverez ici quelques suggestions de lecture et des liens supplémentaires.

samedi 14 octobre 2006

Tel qu'il est, il me plaît...

... ou ne pas prendre ses désirs pour la réalité

Non, non, ne vous réjouissez pas trop tôt : je n'ai pas encore rencontré un nouvel amour (même si mon coeur bat souvent plus vite à l'évocation d'un certain être). Je veux simplement vous faire entendre une chanson qui n'est pas tout à fait dans le style que l'on entend aujourd'hui (et je dis cela sans nostalgie particulière puisque j'écoute aussi bien de la chanson contemporaine que des chanson plus anciennes et si l'on pouvait trouver des enregistrements de musique de l'Antiquité grecque, par exemple, je serais sans doute un fidèle auditeur).

Le 2 octobre dernier, dans mon billet « Fleur bleue », j'évoquais une certaine bohème que me rappelait une chanson de Renaud que je venais de découvrir. Dans les commentaires à la suite de ce billet, Simeric suggérait Fréhel comme chanteuse évoquant le Paris d'avant-guerre (la Deuxième Guerre mondiale). Je connaissais l'existence de Fréhel, qu'il m'arrive d'écouter. Dans mes souvenirs indirects (je n'ai pas connu personnellement cette époque mais quand j'étais à Paris, on m'en parlait souvent), Fréhel est en bonne compagnie : Misstinguet (qui l'a précédée), Josephine Baker, Édith Piaf, Lucienne Boyer, Marie Dubas, Patachou, pour ne nommer que quelques femmes.


Fréhel est née en 1891 et décédée en 1951. Si on veut en savoir plus à son sujet, on aura plaisir à parcourir
ce site que je viens de découvrir.

En fait, je suis content de pouvoir enfin mettre de la musique dans ce blogue, grâce à Danaé qui m'a fourni l'adresse de
Radioblogclub. Merci Danaée.

Voici Fréhel :




Et pour les nostalgiques du vieux Montmartre (que je n'ai pas connu, rassurez-vous) :

mardi 3 octobre 2006

Un an, ça se fête



C'est aujourd'hui le premier anniversaire du blogue de mes amis Les Pitous et cela mérite un bon gâteau.
Le blogue des Pitous, Quai de Somme, a été celui qui m'a décidé à essayer d'ouvrir le mien. Merci G. et V., les deux Pitous d'Amiens et, surtout, joyeux anniversaire !

Comme nous sommes gourmands, j'ai pensé que deux gâteaux de chez LeNôtre, ce ne sera pas trop...

Je n'ai pas trouvé de chocolats pour les amateurs de Lettres classiques, mais pour l'occasion, j'ai pensé que Pythagore serait tout de même le bienvenu.

lundi 2 octobre 2006

Fleur bleue

Je n'ai pas grand-chose en commun avec Renaud, le chanteur (compositeur, écrivain, acteur), sinon d'avoir vécu un moment à Montparnasse. Pourtant, le personnage m'a toujours intéressé et, quand j'en ai l'occasion, j'aime entendre ses chansons...

Je ne sais pas pourquoi j'ai toujours été touché par ces garçons et ces filles qui ont connu la vie difficile des rues de Paris, des chambres de bonnes quand ils ne dormaient pas carrément sous les ponts ou dans des chambres qui devaient rapporter et qui, par conséquent, ne servaient pas qu'à dormir. Je n'ai toujours connu de la bohème que les bons côtés car, même en crevant de faim dans un studio de la rue Campagne-Première lorsque j'avais vingt ans, j'avais tout de même un toit sur la tête et quand je chantais, c'était sur les scènes des théâtres de France et de Belgique, et non pas au coin des rues ou sur un pont, fût-ce celui des Arts. Cependant, quand à l'adolescence j'ai voulu devenir chanteur, je lisais avec beaucoup de curiosité la biographie, souvent romancée, de ces chanteurs orphelins qui, se sauvant des foyers où ils étaient placés par les services sociaux, cherchaient la liberté où ils pouvaient la trouver, sous les ponts ou dans des chambres louches de Pigalle. J'ai sans doute enregistré dans mon subconscient qu'il fallait, pour atteindre son idéal, être prêt à laisser de côté le confort et tout ce qui n'était pas directement associé à son ambition, à sa vision de la liberté et de la réalisation de soi.

Même si j'ai habité quelques mois dans un hôtel du boulevard Raspail et quelques autres mois dans un studio d'artiste de la rue Campagne-Première, ma vie à Paris n'avait rien du confort des touristes de luxe. D'abord parce que l'argent que j'avais en arrivant devait être suffisant pour vivre à Paris durant trois semaines, et non pas des mois. Heureusement que des amis m'ont invité à chanter avec eux lorsqu'ils ont appris ma décision de rester à Paris plutôt que de rentrer à Montréal au bout des trois semaines que devait durer ce premier séjour ; l'argent que me rapportaient ces spectacles me permettait de vivre... tant que duraient les tournées. Les derniers mois furent difficiles car je n'avais pas de permis de séjour et si je trouvais facilement du travail dans des commerces ou dans des bureaux, on me faisait vite sentir, dès qu'on apprenait que je n'étais pas français, qu'on ne pourrait me garder puisque je n'avais pas de permis de travail.

Cette période de ma vie reste toutefois l'une des plus riches et des plus constructives. Si j'en ai longtemps gardé une profonde nostalgie, c'est que j'ai eu à ce moment-là le sentiment que ma vraie vie commençait à prendre forme. Malheureusement, il m'a fallu laisser là tout ce qui commençait et rentrer à Montréal, non pas parce que quelque chose d'intéressant m'y attendait, mais simplement parce que j'étais déjà depuis quelques mois en séjour illégal en France...

Depuis deux jours, j'écoute en boucle une chanson que je ne connaissais pas. Il s'agit d'une chanson de Renaud, « Le gringalet ». Je l'écoute pour les paroles, qui pouraient me faire pleurer bêtement en trouvant en moi des résonances profondes, mais aussi pour la musique qui a un petit air nostalgique, avec ses arrangements à l'accordéon qui, bien sûr, évoquent une certaine image des rues de Paris, et qui, par moments, rappellent... (non, je ne le dirai pas). Cette chanson me rappelle aussi « le clown » que chante Angélique Ionatos et que je voudrais que l'on puisse écouter... à mes funérailles (je ne suis pas pressé, cependant).

Je voudrais pouvoir mettre ici ces fichiers musicaux pour vous permettre de les entendre, mais je ne sais pas encore comment faire. Je vous mettrai au moins les paroles de la chanson de Renaud que j'écoute en alternance avec des airs de Bénabar, de Vincent Delerm et d'Yves Simon (« Diabolo menthe », « Au pays des merveilles »).




Le Gringalet

C'était un gringalet
pas vraiment laid,
mais il était
né à Paname,
tous ceux qui l'connaissaient
y disaient
qu'y savait
causer aux dames.

C'était pas un tocard,
un ringuard,
un traîne-boul'vard,
on l'app'lait l'Saint-Bernard,
le Mozart,
du pont des Arts.

C'était pas un dragueur,
un flambeur,
de fin d'semaine,
il amenait nos p'tites sœurs
un quart d'heure
su'l'bord d'la Seine.

Il avait pas eu d'père,
pas eu d'mère,
ni d'anniversaire,
il était né un soir,
rue Rochechouart,
près d'une poubelle.

Il avait pas eu d'chance,
ni d'vacances,
dans son enfance,
mais quand fallait d'l'ambiance,
sa seule présence,
c'était Byzance.

C'était un bon copain,
y méritait bien
cette chansonnette,
car il est mort de faim,
un beau matin,
rue d'la Roquette.

Cette chanson se termine,
ça m'déprime,
c'est pas humain,
moi j'aime pas les chansons
où les héros
y meurent à la fin.

dimanche 1 octobre 2006

Pour saluer Béo ;o)


Il ne s'agit pas d'une image de mon village natal, mais ça lui ressemble. Celui-ci n'est pas tellement loin du mien et il fait partie de cette superbe région du Québec : le Bas-Saint-Laurent ou, plus précisément : la vallée de la Matapédia.

Chez moi, ce serait plutôt par ici.

Et ici.


Et ici encore.



Le lac Matapédia, c'est pas mal non plus.


Et c'est par là.


Toutes les photos sont de Stéphane Gauthier et viennent d'ici.