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vendredi 5 avril 2013

Les Roses d'Alexander

Il y a deux ou trois jours, en marchant vers la Grande Bibliothèque où je me rends au moins une fois par semaine, je pensais à l'anniversaire de naissance d'Alexander, dont la date approchait ; je me disais que j'irais chercher de jolies roses. Arrivé à la bibliothèque, avant d'aller chercher les documents que j'avais réservés, je me suis dirigé, comme je le fais toutes les fois, vers un grand présentoir de livres de toutes catégories. J'y jette toujours un coup d'œil rapide et il m'arrive de faire là des découvertes très intéressantes. Il y a là des parutions récentes, mais pas uniquement ; aussi bien des romans que des livres de recettes, des livres sur les musées ou sur l'architecture, des manuels d'utilisation de logiciels, des essais sur la santé physique ou mentale, des biographies, etc.

Or, cette fois-ci, il y avait devant moi un livre sur les roses. Déjà, au cours des deux ou trois dernières années, j'avais emprunté quelques livres sur les roses, ce qui était une autre façon pour moi d'approfondir ma connaissance de l'univers d'Alexander. Je n'avais jamais vu celui-ci ; je l'ai saisi, feuilleté, j'ai lu quelques lignes au hasard des pages... Les illustrations étaient belles, non pas des photos mais des dessins très réussis, sans doute à l'aquarelle ; on aurait cru respirer leur parfum... J'ai décidé de l'emprunter ; je l'ai mis sous mon bras et je suis allé chercher les deux autres livres qui m'attendaient. L'un qui aurait beaucoup intéressé Alexander, s'il ne l'avait pas déjà dans sa bibliothèque : un très beau livre d'Édouard Brasey, La Grande Encyclopédie du merveilleux.


Je ne vois pas comment Alexander aurait pu passer à côté d'une telle encyclopédie qui présente « les peuplades féeriques, elfes, lutins, sirènes ou nains, les bêtes terrifiantes comme les dragons, les licornes, les griffons, les gargouilles, mais aussi les créatures de la nuit, les loups-garous, les vampires, les trolls, les cyclopes, les géants, les orques, les titans... » (présentation de l'éditeur). Mais comme cette édition est sortie à l'automne 2012 (j'ai demandé à la bibliothèque d'en faire l'achat ; depuis, je ne suis pas seulement le premier à l'avoir emprunté, plusieurs fois, mais le seul à l'avoir fait jusqu'à présent), Alexander devait avoir l'édition précédente, la « petite » Encyclopédie...

En possession de mes trois livres (l'autre est un livre sur Luca Penni, un peintre disciple de Raphaël, récemment exposé au Prado, puis au Louvre), je me suis dirigé vers un poste libre-service pour y enregistrer mes emprunts. Tout allait bien pour les deux livres que j'avais réservés, mais le système informatique refusait de me laisser emprunter le livre sur les roses. J'ai essayé plusieurs fois et j'obtenais toujours le même message, demandant de me présenter au comptoir du prêt. Il y avait une longue file d'attente ; je me suis plutôt présenté à l'accueil en demandant pourquoi je ne pouvais pas emprunter ce livre. La préposée a regardé le code à l'endos et m'a vite répondu que ce livre avait été « retiré de la collection de prêt et de référence » ; il avait été mis en vente ; quelqu'un l'avait acheté, il y a quelques mois, et il a été déposé récemment sur un présentoir de la bibliothèque. « Vous n'avez pas besoin de l'emprunter ; ce livre est à vous... pour toujours », a-t-elle ajouté avec un grand sourire.

Je suis rentré chez moi tout joyeux. Non seulement je recevais en cadeau un livre qui m'intéressait beaucoup, mais puisque j'avais pensé aux roses avant d'entrer à la bibliothèque, que j'avais l'intention d'en acheter pour Alexander, je me suis dit que, très certainement, il ne pouvait s'agir que d'un clin d'œil d'Alexander pour signifier qu'il est là, toujours présent, qu'il peut lire mes pensées et, même, intervenir dans ma vie.

Un peu plus tard, en parlant à ma voisine, je lui ai raconté cet événement. Spontanément, sans aucune hésitation, elle s'est exclamée : « C'est un signe d'Alexander ! »


Il y a exactement trente-et-un an naissait en Angleterre ce petit ange qui allait devenir ce garçon merveilleux qui a transformé ma vie et que, en attendant de nous voir réunis sur son étoile, j'aimerai jusqu'à mon dernier souffle. Hier soir je suis allé acheter des roses, roses comme celles qu'il m'a envoyées, comme celles, virtuelles, que je lui envoyais tous les jours. Elles sont magnifiques !

lundi 7 juin 2010

Un rossignol amoureux

Il y a deux ans et des poussières, je ne savais pas reconnaître le chant du rossignol. Grâce à l'article « Sérénade printanière » publié ici le 6 mai 2008, j'ai pu apprendre que le chant que j'ai si souvent entendu le soir, la nuit ou au petit matin, c'était en fait celui du rossignol. C'est une jeune Anglais qui avait identifié le chant de l'oiseau que l'on entendait sur l'enregistrement que j'avais mis en ligne. Dans les mois qui ont suivi, Alexander, le jeune Anglais en question, aura eu l'occasion de laisser plusieurs autres commentaires, notamment le 14 juillet 2008, à la suite d'un article que j'avais écrit en pensant à lui, connaissant son amour pour l'écrivain Colette et surtout pour une dame qu'il adorait et qui lui a appris tellement de choses, y compris le nom des oiseaux. À la suite de cet article, « J'ai vu chanter un rossignol sous la Lune », Alexander écrivait que dans la Grèce antique le rossignol était un symbole car son chant si beau inspirait les amoureux... Ce commentaire m'avait alors très ému ; aujourd'hui sa relecture me bouleverse... C'est que, les lecteurs fidèles le savent, Alexander est retourné sur son étoile en juillet 2009, il y a exactement onze mois et que, par conséquent, ses mots, comme tant d'autres choses qui faisaient mon bonheur, me manquent terriblement, plus encore qu'il y a onze mois.

Alexander m'a toujours dit que si un jour il devait retourner sur son étoile ou sur la Lune, il serait tout de même toujours près de moi et il insistait que je ne devais jamais oublier qu'il était là. Je dois dire que les dernières semaines ont été très difficiles. Ce n'est pas vrai qu'avec le temps le chagrin diminue. Mais avec le temps qui passe, les proches croient que le chagrin devrait s'atténuer et que l'on ne devrait plus avoir besoin d'autant d'attention. À qui, alors, dire sa peine ? à qui parler encore de ce qui nous manque cruellement ? Je reconnais que ces derniers temps, peut-être parce que j'étais plus préoccupé par des problèmes pressants (mais tout est lié : l'état d'esprit influence tout le reste), même si je pensais toujours à lui et que mes rituels n'ont pas changé, il m'était plus difficile de sentir sa présence. Et cela même me rendait malheureux. Et, depuis deux ou trois jours, je ne sais plus pourquoi exactement, je sens davantage la présence d'Alexander. Je perçois très souvent des signes qui étaient peut-être là auparavant mais que je n'arrivais pas à décoder.

La photo vient d'ici

Vendredi soir, par exemple, je suis sorti pour aller manger au restaurant. Le soleil se couchait à l'horizon. Ma rue est bordée de grands arbres des deux côtés. Devant chez moi, j'entendais les oiseaux se préparer pour la nuit. Puis un chant se distinguait très nettement parmi les autres. Je me suis arrêté, cherchant je ne sais pourquoi dans l'épais feuillage, l'oiseau qui chantait si bien. Et je l'ai vu : il était perché sur un élément décoratif de la corniche d'une maison de quatre étages ; sa silhouette était clairement découpée sur le bleu violacé du ciel. Je pouvais même distinguer le gonflement de sa poitrine et les mouvements de son bec. Il semblait seul au monde et si heureux de chanter. C'était, vous l'aurez deviné, un rossignol. Alexander avait raison de mentionner que dans la Grèce antique son chant magique inspirait les amoureux. Je crois qu'aujourd'hui encore, souvent sans le savoir, les amoureux sont sous le charme de cet enchanteur. Je suis resté longtemps à l'écouter, en pensant à tout ce qu'aurait dit Alexander. Puis je me suis dit que tout ce qu'Alexander aurait voulu m'exprimer passait ce soir-là par le chant merveilleux d'un rossignol qui semblait ne chanter que pour moi.

vendredi 31 juillet 2009

Fais-moi signe....

Il nous est arrivé quelques fois de parler, Alexander et moi, des signes que pourraient nous envoyer des personnes décédées afin de nous transmettre un message ou de nous faire comprendre quelque chose. Je n'ai pas très bonne mémoire pour ce genre d'anecdotes mais je sais qu'il m'est arrivé déjà de me demander si tel ou tel événement survenu près de moi n'avait pas été provoqué par quelqu'un qui voulait me dire quelque chose. Je suis plutôt du type rationnel, en général, mais je ne suis pas non plus trop incrédule ; j'ai tendance à accorder le bénéfice du doute ; l'existence de certains phénomènes est difficile à prouver ; la non-existence de ces mêmes phénomènes l'est tout autant. Alexander m'a raconté, sans affirmer avec force que c'était la seule explication, quelques anecdotes qui permettent de croire que certains disparus peuvent vouloir communiquer avec nous. En écoutant ces anecdotes et l'interprétation qu'en faisait Alexander, j'avais vraiment envie de croire que c'était possible. J'en parlais récemment avec une amie, une autre personne très rationnelle, très pratique, qui a les deux pieds sur Terre ; elle est elle-même persuadée de la présence autour d'elle de sa mère décédée il y a plusieurs années. Dans les moments difficiles de sa vie, elle a cru bénéficier de l'aide de sa mère, car elle ne voyait pas d'autre explication aux dénouements heureux qui se présentaient.

Alexander a toujours aimé la Lune, au point de passer parfois la nuit sur son balcon afin de mieux contempler le ciel, la Lune et les étoiles. Nous avons fait de la Lune une amie qui nous aidait à transmettre nos messages de part et d'autre de l'Atlantique. Certains soirs, quand je sortais pour regarder la Lune dans le ciel, je suis tombé quelques fois sur l'un de mes voisins, Juif orthodoxe, qui me disait que dans leur religion, il y a quelques jours durant le mois où il faut prier en regardant la lune (on ne prie pas la lune, mais on prie en regardant la Lune).

À cause de la pluie, des nuages, de l'humidité de l'air, la Lune n'était pas visible à Montréal depuis plusieurs jours. Or, en rentant d'une course, jeudi soir, j'ai vu que la Lune aperçue dans l'après-midi, pâle et translucide, avait pris une belle couleur dorée lorsque la nuit est tombée. Marchant dans sa direction, je ne pouvais m'empêcher de la regarder, fasciné. J'éprouvais ce sentiment très fort qu'elle avait un message à me transmettre et qu'elle se chargerait du mien pour Alexander. Arrivé devant chez moi, je me suis arrêté durant de très longues minutes pour la contempler, pour lui parler d'Alexander, de nous. J'avais envie de demander à Alexander, s'il m'entendait, de me faire un signe quelconque, mais je n'ai pas osé, sans doute parce que je craignais d'être déçu. Je suis monté chez moi et je me suis tout de suite dirigé vers ma chambre ; la Lune, notre Lune, y était bien visible, de chacune des trois fenêtres. Puis je me suis dirigé vers le salon, j'ai allumé le téléviseur afin de vérifier s'il y aurait une émission susceptible de m'intéresser et, là, j'ai eu le signe que je n'avais pas osé demander.

J'ai immédiatement reconnu Freddie Mercury et le groupe Queen et je ne pouvais plus m'en détacher. J'ai vite compris qu'il s'agissait de la rediffusion d'un concert intitulé « Queen : rock Montréal », enregistré à Montréal en novembre 1981. Alexander n'était pas encore né mais sa marraine s'était mariée quelques mois plus tôt... En quoi la présence de Freddie Mercury était-elle un signe de la part d'Alexander ? C'est une longue histoire, complexe, mais en gros, je dirai que Freddie Mercury a joué un rôle déterminant dans la vie d'Alexander. Le chanteur était un ami de la famille et Alexander a passé énormément de temps chez lui : ensemble, ils faisaient de la musique, ils lisaient de la poésie, ils étudiaient les plantes, les fleurs, les poissons. Alexander n'avait que neuf ans lorsque le chanteur est décédé. Et jamais, jamais, pas une seconde, Alexander n'a oublié tout ce qu'il devait à Freddie ; il en parlait toujours avec tellement de respect et d'admiration ! Régulièrement, Alexander allait se recueillir, non pas sur la tombe car il n'y en a pas, mais dans une chapelle où avait eu lieu le service religieux en 1991. Bref, je pourrais vous en parler longuement mais l'important c'est de savoir que Freddie était l'une des personnes très significatives dans la vie d'Alexander et que, dix-huit ans plus tard, Alexander conservait pour lui un immense respect, beaucoup d'admiration... Freddie Mercury avait énormément de talent, et pas seulement pour la musique ; derrière l'artiste exubérant, il y avait un homme profondément humain et croyant... Alexander a toujours défendu les plus hautes valeurs que Freddie lui avait transmises... Plusieurs fois nous avons écouté ensemble certaines de ses chansons.

« Je suis [...] persuadée qu'Alexander sera toujours là pour vous. Soyez attentif aux détails, je pense qu'il vous fera parfois signe. N'avez-vous pas écrit, aujourd'hui, que le hasard n'existe pas... ? », écrivait l'autre jour ma lectrice discrète.

Or, la présence jeudi soir dans le ciel de notre Lune et la présence au même moment de Freddie Mercury à la télévision alors que j'attendais un signe d'Alexander m'a semblé une éloquente coïncidence.