L’article qui précède est le 700e publié ici. Je voulais le mentionner à la fin de l’article et, au moment de le mettre en ligne, j’ai oublié. 700 articles depuis octobre 2006, ce n’est pas beaucoup ; ce n’est donc pas pour tenter de vous impressionner que je souligne. Si j’avais publié un article par jour comme j’en avais l’intention au départ, j’aurais pu souligner il y a un moment déjà non pas le sept centième mais bien le neuf centième billet publié. Pour diverses raisons que vous devez comprendre sans que j’aie besoin de les énumérer, je n’ai pas écrit un article tous les jours. J’en ai commencé un très grand nombre que, pour toutes sortes de raisons aussi, je n’ai pas publiés, mais des brouillons, des ébauches, ça n’a d’importance, s’il y a lieu, que pour leur auteur ; un de mes professeurs d’université avait écrit un jour ce commentaire dans la marge d’un travail que je lui avais remis : « Que m’importe de savoir que vous avez des idées que vous ne partagerez pas avec moi, que vous avez écrit des textes que je ne lirai pas ? »
Sept cents, c’est tout de même un beau chiffre – j’ai toujours aimé le chiffre sept – qui mérite d’être mentionné. Il indique une certaine persévérance de ma part dans un projet amorcé. Je voudrais parfois qu’il y ait entre les articles publiés une plus grande cohésion, que ces articles aient un lien, un fil conducteur, peu importe lequel. Ce fil conducteur, si on veut en trouver un, c’est sans doute mon humeur du jour, mon besoin de confidence ou la simple envie de partager une information ou une indignation.
André Gide, Julien Green, et c’est vrai de très nombreux diaristes, ont souvent écrit que leur journal ne reflète pas exactement leur réalité car, la plupart du temps, il n’exprime pas les moments de bonheur. Certaines personnes n’écrivent que lorsque ça va mal ; d’autres, au contraire, ont besoin d’aller bien pour écrire. Chez certains, le silence est éloquent, parfois inquiétant. En ce qui concerne ce blogue, je n’aime pas trop les longs silences, car si ce blogue n’est pas un journal, et qu’il ne prétend pas refléter ma réalité, un silence de plusieurs jours indique que je suis trop occupé ailleurs, à vivre ou à travailler, ou préoccupé d’une façon ou d’une autre ; il peut indiquer aussi que j’ai du mal à exprimer ce qui se passe, que les idées ne sont pas forcément absentes mais parfois trop nombreuses, qu’elles veulent toutes s’exprimer en même temps ; en se dirigeant toutes ensemble vers la sortie elles en bloquent le passage et plus rien ne s’exprime…
Sept cents articles publiés, c’est aussi l’expression de la fidélité des lecteurs, que ceux-ci laissent ou non des traces de leur passage. Je sais que certains ont suivi ce blogue dès le début ; d’autres ont pris le train en marche et continuent de faire la route avec moi. Certains, moins nombreux, ont pris le train en marche et ont voulu remonter à la source, lire tous les articles et tous les commentaires ; je pense en particulier à l’un d’eux, infiniment cher à mon cœur : il se reconnaîtra. Je dois dire aussi que, très souvent, j’ai pris la plume pour écrire, au clair de la lune, à cet être plus cher que tout.
Ce n’est pas une raison pour négliger ce blogue car, comme me l’écrit cet amour, « il est triste de voir des lieux ou des choses qui ne sont plus assez aimés de ceux qui devraient en prendre soin ; les objets sentent cet abandon et alors ils se couvrent de poussière pour qu’on ne les voit pas pleurer. »
Un autre lecteur, ami fidèle et sage, m’envoie ce matin cette citation qui est plus généreuse que ce nous a toujours inculqué notre éducation judéo-chrétienne, qu’il faut souffrir pour payer nos moments de bonheur ; elle est du dalaï-lama, à qui je ferais davantage confiance qu’au chef de l’Église catholique pour assurer mon bonheur terrestre et céleste :
« ... L'autre ne va pas sans "moi", et selon le point de vue conventionnel, ce moi est indéniable. Nous en avons une authentique sensation, ancrée au plus profond de nous, qui se traduit par : "Je veux ceci", "Je ne veux pas cela". Ce sentiment d'être soi se manifeste très naturellement à nous et s'accompagne tout aussi spontanément d'un désir de bonheur et d'une répulsion pour la souffrance ; ce qui est non seulement naturel mais juste. Nous désirons être heureux, nous ne voulons pas souffrir : c'est parfaitement légitime. Nous n'avons même pas à nous en justifier. À ce titre, nous avons droit au bonheur et à ne pas souffrir. »
Dalaï-lama, Cent éléphants sur un brin d’herbe, traduction française par Lise Médini, collection « Point », Éditions du Seuil.
5 commentaires:
C'est toujours avec joie que je vois que tu as publié un nouveau billet, sur ce qui me tient lieu d'avertisseur de blogs préférés.
Même si la surprise n'arrive qu'au fil de la lecture; c'est précisément ce que j'aime chez toi Alcib.
Un jour ce sera très poétique, un autre, ce sera un coup de geule bien senti, un autre, une tranche de vie de ton quotidien. J'aime ce style de blog moi ;)
Moi aussi, comme Beo, j'aime ton bloque pour sa diversité. Je pense que le fil conducteur de tes articles c'est ton authenticité. Peu importe ce que tu touches, tu le fais avec coeur et franchise. Une autre chose aussi qui me plaît, c'est la rigueur de ta pensée et la richesse de ta langue... un peu intimidant aussi. C'est pourquoi certaines fois, je ne sais pas quoi quoi ajouter et je reste silencieux.
P.S. Ce que j'aime du dalaï-lama, c'est qu'il ne se prend pas pour un pape et qu'il valorise la responsabilité de soi.
Coucou Alcibounet,
Je partage entierement l'avis de Beo et Lux, mais tu me connais assez bien pour savoir ce qu'il en est.
Gros bizoux à vous deux, je pense à vous.
Eric ;)
Béo : c'est toujours avec joie que je vois apparaître ton pseudo car tu es l'une des plus fidèles. Tu fais pratiquement partied e la famille ;o)
Je te remercie de ta fidélité ainsi que des commentaires très agréables à lire, comme ceux-ci, par exemple.
Lux : Je sais que si tu ne laisses pas toujours de commentaire, tu es tout de même parmi les fidèles lecteurs. Il en existe tout de même de plus discrets que ton, dont on ne connaît même pas l'accent car ils n'ont jamais ou rarement laissé de commentaire.
J'essaie en effet d'être le plus authentique possible ; cela peut parfois m'amener à ne pas écrire car je n'ai pas forcément envie de parler de ce qui me touche ce jour-là et que j'ai du mal à parler d'autre chose. Ce n'est cependant pas la seule raison de mes slences.
La rigueur de la pensée, oui, je veux bien prendre le compliment ; merci. Je crois entendre, toutefois, quelqu'un murmurer plutôt « la lourdeur de la pensée ».
Quant à la langue, je m'aperçois que je devrais écrire plus souvent encore et relire mes texes avant de les mettre en ligne. Et si je m'y prenais d'avance, j'aurais parfois avantage à réécrire certains textes. Mais ce ne sont pas non plus des oeuvres littéraires...
Éricounet : Je sais : tu me dis souvent ailleurs ce que tu penses de certains articles, eu blogue en général. Merci encore.
Bisous assi.
Enregistrer un commentaire