Au retour de mon premier et plus long séjour à Paris, pour tenter d'oublier ma peine et d'occuper le mieux possible le temps que je devrais passer à Montréal avant de pouvoir repartir, je me suis plongé dans les livres. Ma bibliothèque personnelle était vraiment très pauvre, comme moi, sauf que, moi, je voulais croire que j'avais beaucoup de potentiel (tout en me disant que si je faisais quelque chose de ma vie, ma bibliothèque en profiterait, qu'elle s'enrichirait aussi), j'ai commencé à fréquenter la bibliothèque du quartier.
Une jeune fille qui y travaillait était souvent là pour répondre à mes questions quand je cherchais quelque chose que je ne trouvais pas. Nous nous parlions de plus en plus longtemps quand elle avait un peu de temps et très vite, j'ai commencé à l'attendre à la fin de sa journée de travail afin de poursuivre nos conversations qui, je le crains, étaient plutôt des monologues de ma part, à peine ponctués de questions ou de brefs commentaires de la part de mon interlocutrice. Je m'étais mis à lire des ouvrages de philosophie et cette jeune fille participait à mon propre discours sur le monde. Je ne dirais pas que nous étions les nouveaux Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir ; mon amie était moins bavarde que Simone.
La photo vient d'ici
Je me souviens qu'un soir, revenant de la bibliothèque, nous étions passés devant la maison du bibliothécaire en chef. Celui-ci était dans son jardin, à l'avant de la maison, en train de tailler ses rosiers. Nous nous étions arrêtés un moment pour parler avec lui ; cette fois-ci, c'est moi qui l'écoutais nous parler de son jardin, de ses rosiers. Si je voulais vous impressionner, je ferais une petite recherche sur Internet afin d'avoir l'air de connaître un peu les règles du jardinage, les différentes variétés de roses, etc.
Pendant que j'écoutais le bibliothécaire parler de ses rosiers, je ne pouvais m'empêcher de rêver au genre de vie qu'il devait mener. N'avait-il pas une situation de rêve ? Il vivait parmi les livres et les roses. Je dois dire que cette façon de vivre risquait de compromettre un autre rêve que j'avais commencé à échafauder : celui de devenir diplomate et d'obtenir un premier poste à Athènes d'où je pourrais rayonner pour aller à la découverte des racines de notre civilisation...
Je ne suis devenu ni diplomate, ni bibliothécaire, et pas même jardinier. Je n'ai même pas un balcon sur lequel je pourrais déposer quelques pots de fleurs. Je n'ai cependant jamais oublié le conseil de Candide : « il faut cultiver notre jardin ». Ni diplomate, ni bibliothécaire, ni jardinier, je suis cependant devenu amoureux et, depuis un an, j'envoie chaque jour au moins une rose virtuelle à mon amoureux. Il manque aux roses virtuelles leur doux parfum ; mais elles ont l'avantage de fleurir en toutes saisons et de rester toujours fraîches. L'imagination et le sentiment amoureux font le reste.
Pendant que j'écoutais le bibliothécaire parler de ses rosiers, je ne pouvais m'empêcher de rêver au genre de vie qu'il devait mener. N'avait-il pas une situation de rêve ? Il vivait parmi les livres et les roses. Je dois dire que cette façon de vivre risquait de compromettre un autre rêve que j'avais commencé à échafauder : celui de devenir diplomate et d'obtenir un premier poste à Athènes d'où je pourrais rayonner pour aller à la découverte des racines de notre civilisation...
Je ne suis devenu ni diplomate, ni bibliothécaire, et pas même jardinier. Je n'ai même pas un balcon sur lequel je pourrais déposer quelques pots de fleurs. Je n'ai cependant jamais oublié le conseil de Candide : « il faut cultiver notre jardin ». Ni diplomate, ni bibliothécaire, ni jardinier, je suis cependant devenu amoureux et, depuis un an, j'envoie chaque jour au moins une rose virtuelle à mon amoureux. Il manque aux roses virtuelles leur doux parfum ; mais elles ont l'avantage de fleurir en toutes saisons et de rester toujours fraîches. L'imagination et le sentiment amoureux font le reste.
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Ajout : Mon amoureux m'écrit que le parfum de mes roses emplit son coeur et sa maison. Ne suis-je donc pas le plus heureux des jardiniers ?
8 commentaires:
Coucou Alcibounet,
Voila une tres tres belle histoire, tu dis que "tu n'est même pas devenu jardinier" à croire que ce que tu fais actuellement est en dessous de tout ça. Tu es devenu un professionnel dans ton domaine et c'est déjà beaucoup. J'en ai connu tellement qui n'avaient même pas cela. L'anecdote sur la rose que tu envoies à ton amoureux est délicieuse, donc en plus tu as un GROS coeur. L'Homme Idéal ?
Gros bizoux à vous deux, Eric ;)
Il ne te reste qu'une étape à franchir Alcib: aller porter toi-même ta prochaine rose à l'élu de ton coeur. La vie passe... il ne faut pas trop procrastiner...
Lux, un ami qui te souhaite du bien.
Tu cultive tout plein d'autres choses qu'un jardin de plantes cher Alcib. C'est tout aussi important dans la vie ;)
Et je suis tout à fait d'accord avec Lux. Une petite escapade sur le Vieux continent serait bien pour l'été non? :)
Éric : Merci. Je ne suis pas trop mécontent de ce que je suis devenu, moi. Il me semble toutefois que j'aurais pu faire davantage... Il n'est toutefois pas trop tard pour entreprendre et pour réaliser ; en misant sur la qualité des projets plutôt que sur la qualité, j'espère pouvoir partager beaucoup d'amour et créer un peu de beauté, en appréciant d'abord celle qui est là.
Il n'y a d'homme idéal que celui que l'on choisit ; le mien ne serait pas le tien et vice-versa.
En s'efforçant d'être le plus authentique soi-même, d'être un peu attentif aux êtres et aux choses qui nous entourent et en faisant de son mieux, n'est-on pas déjà l'homme idéal... pour soi-même ?
La « situation idéale » ne serait-elle pas celle où deux êtres ayant des valeurs semblables, les mêmes exigences envers eux-mêmes, puissent se rencontrer, se reconnaître et partager un projet de vie ?
Lux : Merci de ta sagesse et de ta fidélité. S'il ne dépendait que de moi, j'y serais dès ce soir.
Béo : Merci de ta générosité. C'est vrai qu'il y a diverses façons de cultiver des fleurs et, parfois, de cueillir des fruits...
Tu as bien raison. Le vieux continent ne risque pas de prendre une ride supplémentaire, mais si j'attends trop, mes rides seront un jour des ravins... devenus infranchissables. ;0)
Mais je « n'attends » pas. Je prépare, tout en faisant le mieux possible dans les conditions actuelles.
Très heureux de lire que tu es pro-actif et que «tu prépares...» et la préparation, c'est déjà une forme de présence du coeur et de l'esprit.
Lux : Il n'y a aucun doute sur la présence du coeur et de l'esprit, de part et d'autre. Mieux encore qu'Internet, que le téléphone ou tout autre moyen de communication, le coeur et l'esprit communiquent très bien à distance...
Au sujet de ma propre présence du coeur et de l'esprit, les gens d'ici avec qui je suis parfois en contact auraient plutôt tendance à penser que ma « présence » d'esprit n'est pas vraiment où se trouve mon corps mais plutôt où se trouve mon coeur.
Alcib, tu m'étourdis. Je vais prendre quelques jours pour bien comprendre ta dernière phrase (?)
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