Samedi midi, j'écrivais à mon amoureux qu'il m'arrive par moments de faire des listes de mots. Et si j'en parlais samedi dernier, c'est que j'ai repris cette activité au cours des derniers jours. Je m'y adonne entre deux activités plus importantes ou quand j'ai du mal à me concentrer sur autre chose. J'ai souvent, depuis plusieurs années, fait ce genre listes à la plume ou au stylo dans des carnets que je conserve ; plus récemment, je les rédige à l'ordinateur. Qu'il s'agisse du vocabulaire spécialisé touchant des domaines qui m'intéressent ou simplement d'un lexique qui pourrait servir de base à une réflexion sur un sujet précis, comme un maçon qui réunirait ses pierres avant d'entreprendre un ouvrage, mes listes peuvent être courtes ou, au contraire, s'allonger presque indéfiniment. J'aime le papier, j'aime les carnets, les plumes, l'encre de diverses couleurs ; c'est un plaisir pour les sens tout autant que pour l'intellect... Toutefois, puisque, depuis une quinzaine d'années, j'ai pratiquement toujours eu besoin de l'ordinateur, j'ai plutôt tendance à utiliser maintenant le traitement de texte ou un chiffrier pour dresser mes listes ; c'est moins beau, moins sensuel, mais drôlement pratique...
En lui révélant samedi que je m'adonnais ce jour-là à cette activité somme toute banale mais tout de même pas très répandue, je savais qu'il ne me traiterait pas de cinglé. Sa réponse a tout de même été beaucoup plus émouvante que celle que j'aurais pu attendre. Je lui disais, notammement, que chaque mot que j'écrivais, machinalement, sans effort intellectuel, évoquait pour moi une image, un moment de ma vie, un endroit précis, un souvenir, une émotion, un lieu, une ville, un pays, le jour, la nuit, la ville ou la campagne, etc. Le mot « balai », par exemple, pourrait me rappeler qu'il serait temps de nettoyer l'appartement, mais il peut aussi bien me faire penser à la queue des oiseaux, au bout de la queue des chiens ou encore m'entraîner dans les nuages à la suite de Harry Potter. Sans m'attarder à aucun mot en particulier, c'est donc une séquence sans fin d'images qui défilent dans ma tête...
En parlant de listes à mon amoureux, je savais que je serais compris. Depuis qu'il est enfant, ce garçon fait des listes de mots, de phrases qu'il aime, aussi bien en français qu'en anglais. Ses lectures et ses recherches l'ont amené à établir des carnets spécialisés... Je pourrais vous en parler longuement, mais comme il s'agit non pas de mes propres des carnets mais de ceux de mon amoureux, je ne dévoilerai pas ses secrets. Ce qu'il importe de savoir, c'est que je ne suis pas seul à faire des listes, particulièrement des listes de mots. Et les mots auront toujours pour nous une très grande importance car ils ont joué pour chacun de nous et ils continuent de jouer entre nous un rôle immense.
En lui révélant samedi que je m'adonnais ce jour-là à cette activité somme toute banale mais tout de même pas très répandue, je savais qu'il ne me traiterait pas de cinglé. Sa réponse a tout de même été beaucoup plus émouvante que celle que j'aurais pu attendre. Je lui disais, notammement, que chaque mot que j'écrivais, machinalement, sans effort intellectuel, évoquait pour moi une image, un moment de ma vie, un endroit précis, un souvenir, une émotion, un lieu, une ville, un pays, le jour, la nuit, la ville ou la campagne, etc. Le mot « balai », par exemple, pourrait me rappeler qu'il serait temps de nettoyer l'appartement, mais il peut aussi bien me faire penser à la queue des oiseaux, au bout de la queue des chiens ou encore m'entraîner dans les nuages à la suite de Harry Potter. Sans m'attarder à aucun mot en particulier, c'est donc une séquence sans fin d'images qui défilent dans ma tête...
En parlant de listes à mon amoureux, je savais que je serais compris. Depuis qu'il est enfant, ce garçon fait des listes de mots, de phrases qu'il aime, aussi bien en français qu'en anglais. Ses lectures et ses recherches l'ont amené à établir des carnets spécialisés... Je pourrais vous en parler longuement, mais comme il s'agit non pas de mes propres des carnets mais de ceux de mon amoureux, je ne dévoilerai pas ses secrets. Ce qu'il importe de savoir, c'est que je ne suis pas seul à faire des listes, particulièrement des listes de mots. Et les mots auront toujours pour nous une très grande importance car ils ont joué pour chacun de nous et ils continuent de jouer entre nous un rôle immense.
Dimanche soir, en mettant fin à notre longue conversation, mon amoureux a souligné que nous avions parlé de choses tistes. C'est vrai : nous avons évoqué des souvenirs d'enfance et d'adolescence, des souvenirs douloureux, certes, mais nous en avons parlé sans complaisance. Si ces souvenirs sont venus spontanément dans la conversation, c'est qu'il restait en chacun de nous, pour des raisons différentes, des blessures pas tout à fait guéries, des séquelles d'événements douloureux dont nous n'avions pas entièrement fait le deuil. À l'époque où, pour l'un comme pour l'autre, ces événements sont survenus, nous n'avions pas pu en parler assez librement pour apaiser la douleur, pour cicatriser la plaie. Par la suite, un peu pour les mêmes raisons, nous n'avons probablement pas senti de la part des confidents potentiels une capacité d'écoute assez grande. Nous n'avons pas osé dire ce qui nous avait fait mal, gardant secrets depuis tout ce temps l'événement et la douleur qu'il a causé. Il était pourtant important d'en parler et nous l'avons fait simplement dimanche soir, sans avoir l'impression ni l'un ni l'autre d'être en thérapie. Ce qui m'a fait penser que le deuil de ces événements n'avait pas été fait plus tôt car nous n'avions pas su trouver les mots pour en exprimer la douleur ou parce que nous n'avions pas rencontré encore la personne à qui nous pourrions la confier. En somme, la blessure n'avait pas été complètement guérie parce qu'elle n'avait pas été mise en mots.
5 commentaires:
Tu sais Alcib, il m'arrive de déceler une blessure ou plutôt de cibler ce qui m'a mise mal à l'aise que beaucoup plus tard.
Je sais pas, mais on dirait que sur le moment; à moins d'une méchanceté monstrueuse: je ne décèle pas ce qui pourtant, quand je redéfile la rencontre ou la conversation me vient soudainement limpide.
Il y a aussi que bien souvent, même toute jeune; je contrais immédiatement les attaques enfantines ou plus adultes en détournant le sujet ;)
Bien, pas bien... je sais pas mais par contre je sais très bien que je n'ai que peu nourri d'animosité envers mes proches et fréquentations.
Pour les mots que j'adore aussi; j'ai eu des périodes où j'aimais écrire et absolument trouver des synonymes au lieu d'utiliser les termes couramment usités. Par contre; je ne crois pas avoir fait de listes de mots sauf pour fins d'écriture journalistique.
Un des livres qui m'aura le plus marqué dans ma vie, c'est le très beau roman/essai de Marie Cardinal, Les mots pour le dire. Ton billet, Alcib, me fait bien sûr penser à ce bouquin; mais, sourire en coin, ton billet me rend aussi un peu jaloux, moi qui n'ai jamais été très doué pour l'association libre, contrairement à toi ! Des listes de mots, hein ? Comme ça, comme ça vient ? Je vais essayer, tiens, peut-être sur mon propre blog, puisque je découvre que l'écriture que l'on «publie» est autrement plus authentique que celle que l'on garde pour soi. Je t'en redonne des nouvelles !
(Désolé pour le tutoiement; j'espère qu'il ne pose pas de problème !)
Béo : Tu as raison. Certaines blessures surviennent comme des acidents ; sur le coup, nous ne comprenons pas ce qui se passe, nous sommes en état de choc. Ce n'est qu'avec le temps ou, mieux encore, en en parlant avec quelqu'un de sensible et intelligent, que l'on arrive à cerner précisément ce qui s'est passé et à prendre les moyens pour que les séquelles ne soient pas trop graves.
Je n'ai pas de temps à perdre non plus avec l'animosité, la haine. Je préfère oublier le plus tôt possible tout ceux que je ne veux pas fréquenter. Et, s'il le faut, même si elles m'ont fait du mal, je n'accorde pas plus d'importance à certaines personnes que je je dois côtoyer qu'à la chaise sur laquelles elles sont assises.
J'ai fait aussi des listes de synonymes, comme bien d'autres catégories de mots. Ce peut être le vocabulaire d'un texte que j'ai particulièrement aimé, par exemple, ou le vocabulaire concernant un texte que je dois écrire. Je ne fais cela qu'à certains moments, pas de façon régulière..
RPL : Je te remercie de ta visite et de ton commentaire. Sois le bienvenu.
Je suis vraiment touché du lien que tu as mis sur ton propre blogue vers le mien. Et les mots qui présentent ce lien me semblent exagérément élogieux. J'en rougis.
Bien entendu, tu peux me tutoyer. C'est plutôt la règle, dans la blogosphère. Et nous sommes tous confrères et consoeurs ; la fraternité autorise, exige même, le tutoiement.
Je dois dire que lorsque j'écris ces deux mots « les mots », je pense spontanément, à chaque fois, à ce livre de Marie Cardinal, ainsi qu'à celui de Jean-Paul Sartre.
Je ne suis pas certain d'être bon si on me demandait de faire spontanément des association à partir de mots que l'on me donnerait. Je choisis de faire spontanément les associations lorsque j'enai envie.
Et ici, en lisant des mots, je vois davantage des images, des situations ; j'aurais parfois du mal à exprimer ces images, à dire ce qu'elles représentent, pourquoi elles se sont présentées...
Je fais vraiment toutes sortes de listes. Parfois ce sont tous les mots qui me viennent à l'esprit en pensant à un sujet. Parfois je travaille avec des dictionnaires, choisissant des mots d'un même domaine, ou encore des synonymes... Récemment, j'ai simplement fait une liste de tous les verbes qui existent (à peu près).
Je fais surtout ce genre d'exercice quand, pour quelque raison que ce soit, j'ai du mal à me concentrer. C'est une façon de « produire » quelque chose sans avoir à faire d'effort.
Je crois que c'est le tout premier livre de Marie Cardinal que j'ai lu; ça m'avait donné le goût de lire ses autres parutions. Je n'ai jamais été déçue.
Pas de listes de mots par libre association pour moi, mais des termes piochés çà et là : liste de noms d'Amazones, d'épithètes homériques ou de mots rares (locaux ou surannées). C'est sans doute parce que c'est inutile que ça me plaît (enfin "plaisait" : je ne sais plus où j'ai fichu mes listes)
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