Mon Big Ben annonce le début de la nuit chez moi. La plupart des Britanniques dorment encore au moment où je commence à écrire ces lignes. Dans quelques heures, la famille rassemblée et les proches d'Alexander se retrouveront dans cette église qu'Alexander connaît si bien afin de lui rendre hommage en ce deuxième anniversaire de son départ..
Je sais qu'il y aura une messe mais, si je peux m'imaginer la suite, je ne connais pas l'ensemble du programme prévu Je n'y suis pas encore physiquement, mais une amie très chère y sera pour moi tout autant que pour elle-même. Un magnifique coussin en forme de cœur choisi par notre amie, composé de roses roses et de lys blancs, portera une petite carte blanche avec mon nom. Du haut de son étoile, Alexander sourira de bonheur en voyant toutes ces fleurs. Je crois qu'il sera content aussi que cette petite carte portant mon nom rappelle à ceux de la famille qui voudraient l'oublier qu'Alexander avait et aura toujours un amoureux qui ne l'oubliera jamais.
Je sais que pour la famille et pour les amis ce sera un anniversaire encore très douloureux, comme l'est chaque jour, chaque instant qui passe depuis deux ans. Je crois cependant qu'il y a toujours une part de réconfort à partager son chagrin avec d'autres personnes qui pleurent aussi celui que l'on aime. J'ai souvent le sentiment que la distance physique, l'éloignement géographique, me rend plus difficile l'absence d'Alexander, mais cela ne devrait pas car la distance ne nous a pas empêchés, lui et moi, de vivre si intensément ce que nous avons vécu. Et je suis toujours ému de constater que, en dépit de la distance géographique et du temps qui passe, je reste, pour ceux qui aiment Alexander, l'amoureux pour qui il aurait tout donné.
Aujourd'hui, j'irai chercher des roses roses, j'allumerai plein de bougies, j'écouterai des airs de cornemuse et... j'essaierai de me concentrer sur ce privilège immense d'avoir été choisi par Alexander pour vivre avec lui tout ce que nous avons vécu de si merveilleux.
Et si vous aviez envie vous aussi d'écouter un air de cornemuse...
14 commentaires:
J'ai bien pensé à vous deux hier. Je sens un peu plus de sérénité dans ton billet :)
Deux ans déjà. Je souhaite qu'un jour tu arrives à aller sur place, peu importe le temps de l'année, pour pouvoir te recueillir sur la tombe de ton cher Alexander. Bises!
Béo : Merci.
Je ne sais pas s'il y a plus de sérénité, je ne la sens pas vraiment.
Le choc est passé, encaissé, mais on dirait que c'est là que commence la longue souffrance, celle de devoir continuer de vivre sans lui.
Dans le choc, il y a une part d'incrédulité : ce n'est pas vrai, ce n'est pas possible... Et pendant un bon moment, je me suis senti dans le mouvent, dans la continuité de ce que nous partagions chaque jour ; il y avait de l'énergie dans cette continuité.
Je crois à sa présence, toujours. Je crois qu'il est là, qu'il me voit s'il le veut, qu'il essaie de communiquer avec moi, mais je ne suis pas voyant et j'ai du mal à de pas avoir de manifestations concrètes.
Il me manque toujours. Et ma vie sans lui n'a plus beaucoup de sens.
Et je commence à ne plus croire en cette possibilité d'aller sur place un jour...
La sérénité apparente n'est probablement qu'une apparence sérénité. Derrière la façade, il y a plus sûrement de la résignation.
Alors on dira une résignation un peu plus sereine?
Béo : Je ne sais pas s'il y a quelque chose de plus déprimant, de plus dégoûtant, que la résignation. Mais c'est sans doute ce qui correspond à mes moyens actuels.
Il y a parfois des moments de sérénité, quand je peux parler d'Alexander à quelqu'un d'intelligent et sensible ; je retrouve alors un peu du bonheur que j'avais à parler de lui quand il était là.
Mais les personnes « intelligentes et sensibles » ne sont pas si nombreuses, surtout l'été quand les neurones sont en vacances... Et je suis seul de ce côté de l'Atlantique à le connaître ; les gens autour de moi ne connaissent d'Alexander que ce que j'ai pu leur raconter.
Je comprends et je compatis vraiment, bises!
Béo : Merci. Tout n'est jamais vraiment tout noir ou tout blanc. Certains jours sont plus difficiles que d'autres. Il y a des jours où j'ai le sentiment d'avancer, de progresser, avec lui, grâce à lui.
Et je ne devrais surtout pas me plaindre. Alexander ne se plaignait jamais. Quand il disait : « Aujourd'hui, ce n'est pas un bon jour », je comprenais que la journée avait été terrible, mais il n'en disait pas davantage et nous changions de sujet.
Hélas! Ton coeur saigne toujours mon ami.
Alexander t'a vraiment permis d'avoir accès, en toi, à des capacités d'aimer que tu ne soupçonnais pas.
Tu as raison, il t'a choisi et c'est sûrement pour tes qualités de coeur, qui se manifestent dans ton blogue.
Je ne crois pas que tu te plains; tu témoignes de l'intensité de ton amour et de ta peine et je pense que plusieurs lecteurs doivent reconnaître leur propre souffrance, en te lisant.
Je t'envoie mes pensées de sérénité et de force.
Je pense souvent à toi, même si je néglige l'écriture depuis quelques mois.
Bon courage
Lux
Lux : Merci, merci infiniment, de ta présence et de ton affectueuse affection.
Alexander a si totalement envahi mon coeur et ma pensée, ma vie s'est tellement associée à la sienne qu'il est souvent insoutenable de devoir continuer cette existence sans lui.
Son exemple m'inspire mais, certains jours, je me sens bien loin de l'idéal qu'il représente.
J'espère que tu n'as pas complètement abandonné l'écriture. Tu as une vie à écrire... pour avancer vers l'éternité.
L'été est peut-être la le temps de décrocher un peu, de s'aérer les poumons et... les neurones.
Je vais y penser un peu mais pas trop car, même à la retraite, il y a une relance dans mes activités de travail.
Ce dont je ne me plains pas d'ailleurs.
J'aime ça, c'est stimulant.
Petite maxime pour toi: "Il est dur pour l'homme de se comparer avec la perfection du souvenir amoureux".
Cela dit, je suis convaincu, pour avoir lu certains mots de sa part sur ton blogue, qu'Alexander avait vraiment les qualités de coeur que tu lui prêtes.
Lux : Je ne voudrais surtout pas te dire ce que tu dois faire ni exercer quelque pression que ce soit. L'essentiel, c'est que tu aimes ce que tu fais.
Jolie maxime : je te dirai dans 30 ans si elle se justifie :o)
Je n'ai pas besoin de prêter de qualités à Alexander ; je ne fais que reconnaître celles qu'il a, et j'en ai sûrement oublié quelques-unes.
On a pu constater, dans les commentaires sur le blogue, qu'Alexander n'était pas qu'un pur esprit ; au contraire, il était bien incarné et il avait un caractère très affirmé, capable, pour défendre ce qui lui tenait à coeur, de faire face à n'importe qui.
Ce ne sont pas seulement ses qualités qui me manquent ; c'est l'extraordinaire complicité que nous avions ; même si nous avions encore beaucoup de choses à apprendre l'un sur l'autre, pas sur l'essentiel mais dans les détails, surtout que nous venions de milieux tellement différents l'un de l'autre, nous avions l'impression de nous connaître depuis très longtemps.
Ce qui me manque aussi, énormément, c'est le goût de rêver, de faire des projets et de les réaliser...
Je comprends
Tu as vécu un lien très précieux et très rare.
Lux : Je savais que tu comprendrais :o)
Tu as tout à fait raison. Je devrai peut-être cesser de dire à quel point Alexander était extraordinaire et à quel point je suis privilégié d'avoir pu faire un bon bout de chemin avec lui.
Cela dit, ce n'est pas de l'idolâtrie : nous nous reconnaissions dans nos blessures autant que dans nos intérêts et nos rêves, et chacun apportait à l'autre le bonheur du don et de l'accueil autant qu'une certaine complémentarité. L'authenticité et la richesse des échanges rendaient presque imperceptible la différence de situations...
« Lux : Merci, merci infiniment, de ta présence et de ton affectueuse affection. »
Affectueuse affection ! Je ne me souviens de de ce que je voulais qualifier d'« affectueuse » ; c'était probablement ton attention.
Merci de ton affectueuse attention.
Enregistrer un commentaire