Il y a plus d'une façon de « sortir de l'ombre ». Cet hiver est tellement rigoureux qu'on se demande si l'on en sortira un jour. C'est la première fois de ma vie que je rêve de vacances dans un « pays chaud » (je ne suis pas très exigeant : par pays chaud, j'entends par exemple un pays européen où il ferait deux ou trois degrés Celsius, en ce moment, plutôt que les moins trente que nous connaissons encore en tenant compte du facteur vent). Notre collègue et amie Dr CaSo est sortie, il y a quelques jours explorer son quartier. Je connais très bien le mien, mais je n'ai pas encore très envie de m'y promener à cause du froid qu'il a fait cet hiver et qui continue ; je me contente de faire les courses le plus près de chez moi possible. Dr CaSo raconte qu'au cours de sa promenade, alors qu'elle était assise sur un banc, un vieux monsieur promenant son chien est venu lui parler et, après être reparti, est revenu lui faire un compliment, ce qui m'a donné l'occasion de raconter en commentaire une petite anecdote sur les interactions plus ou moins brèves que l'on peut avoir avec des personnes que l'on ne ne connaît pas du tout ou à qui l'on a affaire dans les magasins, les bureaux, etc. J'y prends parfois un certain plaisir...
Mercredi soir, je suis passé à la Grande Bibliothèque (Bibliothèque et Archives nationales du Québec) pour y prendre quelques documents que j'avais réservé. Je me dirigeais vers l'une des sorties qui donne sur un jardin (où l'on se demande encore, ces jours-ci, si on ne risque pas de tomber sur des ours polaires). J'étais à peu près seul dans ce couloir ; au moment où j'approchais de la porte, quelqu'un, un homme d'une quarantaine d'années, arrivait de l'extérieur. Je le voyais arriver, comme il me voyait aussi. Il aurait eu le temps d'ouvrir la porte, d'entrer, avant que j'arrive moi-même à cette porte. Je l'ai vu tirer sur la poignée, tenir la porte ouverte pour me laisser sortir. Quand je suis passé, je l'ai remercié ; il m'a répondu : « Monsieur, je devais vous ouvrir la porte, vous avez l'air d'un roi ! » Spontanément, j'ai porté mes mains à la tête en lui disant : « Vous êtes vraiment très perspicace, car je me rends compte que je suis sorti sans ma couronne. » Et il m'a répondu, avec le plus beau sourire : « Votre couronne lumineuse flotte tout autour de votre tête. » Il n'était pas intoxiqué et m'a semblé en pleine possession de toutes ses facultés ; et je n'ai pas senti non plus qu'il voulait me draguer, mais je dois dire qu'il rayonnait de bien-être...
En traversant ce jardin polaire, il m'a semblé que le froid était moins intense qu'au moment de mon arrivée, quelques minutes plus tôt... Son compliment avait certainement élevé quelque peu mon niveau d'énergie. Mais je ne me suis pas pris au sérieux pour autant. Dans l'ordre d'accession au trône, mon Petit Prince a une très bonne longueur d'avance sur moi.
4 commentaires:
Cette magnifique anecdote m'a fait naître un sourire pour la journée et pour chaque fois que j'y repenserai, tout comme le récit de Dr CaSo...
Et puis ce monsieur était vraiment perspicace, oui ! Je ne doute pas qu'une brillante et chaleureuse aura émane du roi Alcib :)
Dieudeschats, Merci !
C'est aussi en souriant que j'ai raconté cette anecdote.
Même si l'on sait bien que ces mots gentils ne sont que... des mots gentils, ils font tout de même plaisir, car on y reconnaît une volonté, une attitude, celle de vouloir être aimable envers les gens que l'on rencontre et, parfois, de manière plus ou moins originale.
Le seul fait de sortir des mots battus, en soi, fait plaisir et porte à sourire.
Dieudeschats est bien bonne de croire que cette aura est toujours visible.
Je dois dire cependant que ces jours-ci, quelques événements du genre se sont produits, que j'ai été tenté de raconter aussi, mais, outre le fait que c'est amusant lorsqu'ils se présentent, n'auraient été que redites.
Je sais que mon Petit Prince aurait été tellement heureux de lire cette anecdote ! Et moi je pense que ce qu'a vu cet homme, en fait, c'est la présence d'Alexander en moi, autour de moi...
Sortir des mots battus, c'est bien cela ! Ce genre de petit échange illumine une journée et nous rappelle que nous sommes humains, uniques, et que notre attitude peut faire la différence pour l'autre.
C'est davantage que juste un mot gentil, à mon sens, car cela témoigne aussi d'un courant particulier qui est passé. Il n'aurait pas dit cela avec n'importe quel passant.
Peut-être est-ce la présence d'Alexander, mais j'ai envie de dire "ne te cache pas derrière lui" : tu as ton rayonnement propre ! Je suis sûre qu'Alexander serait d'accord avec moi :)
En effet, je crois qu' il y a quelque chose de réjouissant à constater qu'une réponse, un commentaire inattendus, peuvent faire toute une différence entre un état d'esprit « neutre » et l'envie de sourire à cette journée.
Non, je ne me cache pas derrière Alexander, mais je suis content de savoir qu'il ne se cache pas non plus derrière moi, que sa présence est si bien vivante en moi que, comme dirait Éluard, « je ne sais plus lequel de nous deux est absent ».
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