« Petit à petit les chats deviennent l'âme de la maison », a écrit Jean Cocteau.
Ce n'est certes pas Alexander qui le démentirait. S'il a découvert Cocteau un peu trop tard pour le connaître vraiment, il a toutefois, pendant treize ans, partagé sa vie avec le siamois que sa grand-mère avait recueilli tout petit, perdu dans le grand parc autour de la maison. Si Alexander Bull était son ami le plus cher, le complice de ses jeux, de ses sorties, de ses promenades, etc., Harry le siamois était vraiment le maître et l'âme de sa maison. Notre amie Jane m'écrivait : « Je ne sais pas ce qu'ils se disent, ces deux-là, mais, quand ils se regardent, c'est évident qu'ils se comprennent. »
Il avait très confiance en la sagesse de son chat, et il partageait l'avis de Colette que « ce que chatte ne sait pas ne vaut pas qu'on le sache » (je cite de mémoire ce commentaire qu'Alexander avait écrit en juillet 2008 au sujet du chant du rossignol sous la lune).
Jacques Laurent a écrit ceci, que tous les amis des chats approuveront certainement : « Il suffit de croiser son regard avec celui d'un chat pour mesurer la profondeur des énigmes que chaque paillette de ses yeux pose aux braves humains que nous sommes. »
Il n'y a rien d'étonnant, dirait le prêtre, le pasteur, le rabbin, etc., à ce que certains d'entre nous puissent, volontairement ou non, s'éloigner de Dieu, puisque Dieu des chats a perdu le sien. Déjà que, la plupart du temps, c'est avec le cœur dans la gorge et les larmes aux yeux que j'écris dans ces pages, je n'ose essayer de m'imaginer ce que l'on peut ressentir dans un cas semblable. J'espère simplement que Roro retrouvera, sinon celui de la raison, le chemin de sa maison.
Cela me rappelle la belle histoire d'amour qu'a vécu un ami avec... une belle chatte blanche.
Un ami, qui avait une très jolie maison à la campagne, a trouvé un soir, en rentrant chez lui, une très belle chatte angora, toute blanche, bien installée au salon (elle était entrée par une fenêtre ouverte).
Il a consulté les « avis de recherche », a trouvé la maîtresse inconsolable et il lui a ramené la belle blanche qui, l'a-t-il appris, s'appelait Hortense.
Le lendemain, Hortense était encore installée au salon. Après cinq ou six raccompagnements au domicile de sa maîtresse, celle-ci a dit : « Elle préfère votre maison à la mienne ; ne la contrarions pas ! »
Et Hortense a vécu ainsi de longues années dans cette superbe maison, avant de déménager avec cet ami dans une nouvelle maison que tous les deux ont aimé longtemps, jusqu'au dernier soupir d'Hortense...
4 commentaires:
Les chats choisissent leur maison, j'espère que Roro en a trouvée une à son goût tout comme la belle Hortense... Je ne suis hélas pas très optimiste à ce sujet car Roro était un vrai pot-de-colle avec nous et débordait d'affection, une 'fugue' semble improbable.
Je ne pouvais quitter la maison à pied sans qu'il ne me suive et, lorsque j'étais en voiture, reconnaissant le bruit du moteur, il m'attendait perché sur une branche d'arbre qui lui tenait lieu de minourador... Chaque soir mes yeux scrutent cette branche avec espoir.
Bonheur de vous retrouver, ami, de vous lire...Comme le temps passe vite... Ici, le printemps vient un peu ( j'ai dit un peu.... ) nous taquiner... D'où une forme de tendresse sous mes paupières... A votre façon, vous nous avez rendus nostalgiques d'Alexander... Il est bon de retrouver parfois , non pas sa trace, mais son écho. Belle journée. Chattement (rires! ): Willy
Dieudeschats : L'absence de son chat est déjà si triste et difficile, l'incertitude à son sujet ne fait qu'ajouter à la peine ressentie.
Peut-être a-t-il senti qu'un déménagement se préparait et a-t-il décidé de « prendre des vacances » en attendant.
Espérons que si quelque chose ou quelqu'un l'empêche en ce moment de rentrer chez lui, il saura s'en libérer.
Chez moi, ce sont plutôt les rossignols que mes yeux scrutent sur les branches, mais il ne me déplairait pas d'y trouver un chat si je savais que c'est son choix d'y être et qu'il peut en descendre quand il lui plaira... à moins que, comme le petit Côme Laverse du Rondeau, il décide de ne plus mettre les pieds sur le sol.
Wlly, ami : Bonheur aussi de vous lire.
Même si l'hiver polaire n'en finit pas, je suis conscient que le temps passe si vite, hélas. Ce matin encore, le mercure indiquait moins neuf degrés Celsius !
Comme l'esprit, la tendresse souffle où elle veut, et c'est un choix judicieux de s'abriter sous les paupières au moment où la lumière elle-même s'adoucit et se réchauffe.
Je ne crois pas me tromper, ni le trahir, en me faisant parfois le porte-parole d'Alexander ; il est parti si jeune qu'il est loin d'avoir dit ce qu'il avait à dire et, même si, souvent, je suis conscient en parlant de lui de parler aussi de moi, j'espère ne pas altérer la personnalité de ce garçon unique et merveilleux.
Bon printemps !
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