lundi 19 novembre 2018

Je dirai tout...

ou presque.

Dr CaSo, que vous connaissez tous, a pris ces dernières semaines l'habitude (bonne ou mauvaise ? je dirais : plutôt bonne) de raconter sur son blogue les p’tits souvenirs du dimanche soir, en demandant à ses lecteurs et lectrices d'en faire autant. Je n'ai pas toujours le temps de me prêter à cet exercice ; je n'ai pas toujours non plus grand-chose à raconter en quelques lignes : certaines questions exigeraient un livre complet. Je vais toutefois essayer de répondre ici aux questions publiées par Dr CaSo hier soir...

1. Quel est l’un des plus chouettes voyages que vous avez fait dans votre vie ? Pourquoi était-il si chouette ?
Évidemment, le voyage qui m'a le plus marqué, transformé, même, fut celui de mes premières vacances à Paris, quand j'avais vingt ans. Fortement encouragé par mon patron d'alors, qui était aussi mon professeur de chant, j'avais décidé d'aller passer trois semaines à Paris. Peu de temps avant ce voyage, mon professeur de chant m'avait fait rencontrer quelques Français venus donner une série de spectacles à la Place des Arts, à Montréal. Dès mon arrivée à Paris, je me suis senti chez moi : c'est là que j'aurais dû vivre depuis longtemps, c'est là que je voulais vivre...

 J'y étais pratiquement tous les soirs

 J'y dormais toutes les nuits... ou presque

Deux jours après mon arrivée, j'ai fait part aux nouveaux amis français dont j'avais fait la connaissance à Montréal de mon désir de rester à Paris. Ils m'ont alors répondu que si je devais rester à Paris, il me faudrait travailler ; dans ce cas, voudrais-je me joindre à eux et chanter avec eux. Pouvais-je dire non à cette offre ? Non, évidemment.
Il faudrait des pages et des pages pour raconter ce premier séjour à Paris, qui m'a aussi permis de vivre à Paris durant six mois et de voyager à travers la France et la Belgique, tout en étant payé pour le faire.

De l'autre côté du boulevard... l'aventure

Mon professeur de chant (et patron) n'était pas très heureux que je lui annonce, à ma deuxième semaine de « vacances » que je ne reviendrais pas à la fin des trois semaines, mais que je resterais... aussi longtemps que je le pourrais. Il m'a pourtant fallu revenir un jour... mais cela c'est une autre histoire, moins agréable.

 New York - Upper West Side

Quelques années plus tard, j'ai fait un séjour de dix jours à New York où, avec un ami, nous avions obtenu l'appartement d'une amie de cet ami. Pour pouvoir entrer dans cette espèce de château sur Broadway, il fallait montrer pattes blanches aux portiers... qui nous accueillaient eux-mêmes avec des gants blancs ; comme nous leur avions été présentés, tout allait bien. La première barrière passée, nous traversions une grande cour pour nous diriger vers une autre entrée dans un coin où, là encore, un portier aux gants blancs nous accueillait et venait nous conduire en ascenseur à l'étage où nous allions... Dans le grand salon, il y avait une cheminée, une grande bibliothèque, un piano à queue... C'était une très agréable façon de vivre à New York. Nous passions nos journées et la plupart de nos soirées dans les principales salles de concert, toutes proches, dans les principaux musées et grandes galeries, ou simplement à explorer les quartiers les plus intéressants... Nous allions au restaurant, mais nous mangions aussi dans la grande cuisine de l'appartement, toutes les bonnes choses que nous avions rapportées de chez les marchands du quartier...
En fait, ce ne sont pas tellement les « voyages » qui étaient intéressants, mais le séjour dans ces grandes villes...

2. Quel est l’un de vos souvenirs préférés de votre mère ?
Ce qui me vient spontanément à l'esprit c'est lorsque, à six ans, ma mère venait me réveiller car je devais me préparer pour me rendre à l'école où ma mère et l'une de mes sœurs enseignaient. Nous partions alors pour la semaine et revenions le vendredi soir.
Je me souviens particulièrement de ces moments car, l'hiver, il faisait encore noir lorsque je devais me lever. Et il fallait faire attention de ne pas réveiller mes sœurs plus jeunes qui, elles, pouvaient dormir encore un peu, car leur école n'était pas très loin de la maison. Si ce souvenir m'a marqué, c'est sans doute parce que c'est l'un des rares moments où j'avais l'impression d'avoir ma mère pour moi seul...

3. Quel est votre endroit préféré où passer vos vacances ?
Je n'ai pas vraiment le sens des « vacances »... Chaque fois que je suis allé à Paris, à New York, etc., je n'avais pas l'impression de « vacances », mais de séjours dans des endroits choisis parce qu'ils étaient justement animés, stimulants, enrichissants. Je n'aime pas spécialement les voyages. Mais si quelqu'un voulait m'offrir un billet d'avion pour Londres, je partirais demain matin... ou le surlendemain.

 Auberge Au coin du banc - Percé

 J'ai passé de magnifiques vacances dans ce petit chalet
Au coin du banc - Percé

J'ai adoré des vacances au Québec : dans Charlevoix, en Gaspésie...

4. Avez-vous jamais été congédié/viré/renvoyé d’un job ?
Oui, j'ai été mis à pied en 2004, après treize ans de « loyaux services » ; quand mon patron me l'a annoncé, je l'aurais embrassé, tellement j'attendais ce moment. J'aimais mon travail mais je n'avais pas beaucoup d'estime pour ce nouveau patron qui était un vrai tyran, et il savait que je n'étais pas son fidèle serviteur. J'accomplissais mon travail avec la plus grande conscience professionnelle, mais je pouvais difficilement cacher mon mépris pour ce nouveau patron qui ne connaissait rien mais qui voulait toujours montrer, à chaque instant, que c'était lui le patron. Et comme il me « devait » son emploi, puisque c'est moi qui avait fait partir son prédécesseur, il se disait que je ne ferais pas la même chose avec lui. À vrai dire, je n'avais plus tellement envie de jouer ce jeu.

 
Je n'ai jamais regretté ce départ car, quelques semaines plus tard, alors que je recevais encore mon salaire de l'emploi où l'on m'avait « démissionné », sans que je l'aie cherché, on m'a offert un nouvel emploi, beaucoup plus intéressant, beaucoup mieux payé, à des conditions plus avantageuses...

5. Quel est le plat que vous faites le plus souvent (parce que vous l’adorez ou parce qu’il est rapide/facile ou autre raison) ?
En ce moment, c'est difficile à dire, car j'ai l'impression d'essayer plus souvent de nouvelles choses.
Mais, durant des années, le plat que j'ai fait le plus souvent en rentrant du travail ou de faire des courses et que j'avais faim, parce que c'était rapide et simple, c'est un plat de pâtes, généralement des spaghettini(s) - le « i » final est déjà la marque du pluriel italien. Souvent avec du beurre ou de l'huile d'olive, parfois avec des œufs, parfois avec du thon, souvent avec une sauce tomate préparée rapidement, avec du fromage toujours, parfois des épinards ou du brocoli...

2 commentaires:

Dr. CaSo a dit…

Quelle chance tu as eu de passer de tels moments extraordinaires à Paris et New York :) Quelle richesse intérieure tout cela a dû t'apporter!

Alcib a dit…

Chance ? Je ne sais pas ; sans doute. Mais chacun ne fait-il pas sa chance selon ses valeurs, ses principes ses intérêts, ses choix, ses priorités, ses objectifs...
En abandonnant des études universitaires, puis des emplois assurés, pour faire de la chanson, du spectacle, ... j'ai choisi d'évoluer dans certains milieux moins conventionnels, plus axés sur le jeu, sur la créativité plutôt que sur le confort et la sécurité...
À Paris, j'ai été invité chez des gens de Passy à boire du champagne, à déguster du caviar, des huîtres, des oursins, etc.
Mais, la plupart du temps, c'était plutôt la bohème à Montparnasse où, avec les amis, passions beaucoup de temps dans les cafés, les bistrots, ou encore à cuisiner le soir chez l'un ou chez l'autre... Mais il m'est arrivé aussi, certains jours, de n'avoir rien à manger... et de ne pas même pouvoir me rendre chez certains qui m'invitaient à dîner dans leur petit palais...
Mais si c'était à refaire, je recommencerais demain matin !
Cette expérience a en effet été très formatrice, intellectuellement et humainement très enrichissante.
Je disais un jour à Alexander que je n'avais jamais été très bon pour gagner de l'argent ; il m'a répondu : « Moi non plus... mais mon père est né avant moi. » Mon père aussi est né avant moi, mais il n'a rien laissé pour assurer l'indépendance financière. Toutefois, je n'échangerais pas ce que j'ai vécu pour la seule richesse financière.
New York, ce fut une autre histoire, merveilleuse aussi. Mais si j'ai pu vivre cette autre expérience extraordinaire, c'est parce que j'avais beaucoup appris de mon séjour à Paris.
Si, à Paris, même si la plupart du temps on me croyait Français, on m'appelait l'Anglais parce que je ne parlais pas beaucoup, à New York, on appréciait beaucoup ce qu'il y avait de français en moi...
Au fond, n'aurai-je pas toujours été en exil intérieur ?