Mon ami Rupert nous a quitté ce dimanche soir. Il est parti sur la pointe des pieds, sans prévenir, sans déranger personne.
Il n'a pas eu un sursaut, pas un son, comme s'il s'était endormi...
Tout l'après-midi j'avais cuisiné pour lui, comme il m'arrivait de le faire à l'occasion, mais pas de façon aussi élaborée qu'aujourd'hui...
À peine quelques minutes plus tôt, il avait mangé, avec appétit ; puis il a accepté avec joie les petites gâteries qui lui servaient de dessert.
Je terminais la préparation d'un repas que j'allais partager avec une charmante voisine ; j'avais dit à Rupert qu'il était aussi invité. Curieux, il aimait aller chez les gens et, sans s'imposer, il était heureux quand on l'invitait à entrer.
À peine quelques minutes plus tard, quand j'étais prêt à descendre avec mon plat, j'ai appelé Rupert : il n'a pas réagi. Il était couché devant la porte de la cuisine, comme s'il m'attendait. Je l'ai appelé encore une fois, lui proposant sa gâterie préférée ; il n'a toujours pas réagi. J'ai commencé à m'inquiéter ; j'ai tenté de le réveiller, sans résultat. J'ai appelé ma voisine, qui est montée immédiatement. Il semblait dormir paisiblement mais... même en le secouant un peu il ne réagissait pas.
À l'exception d'une nuit qu'il avait passée chez le vétérinaire après une chirurgie, lorsqu'il avait six mois, ce sera la première nuit que je passerai sans lui depuis bientôt neuf ans. Je me demande comment je pourrai passer cette nuit.
Je me demande aussi comment je pourrai vivre sans lui le temps qu'il me reste à vivre.
Je n'ose envisager l'annonce de son départ et la réaction des centaines de ses admiratrices et admirateurs.