dimanche 3 août 2025

Rupert Brooke - 3 août 1887 - 23 avril 1915

 

Il y a 138 ans, ce 3 août 2025, que naissait à Rugby, en Angleterre, Rupert Brooke, qui étudia à Cambridge, devint le poète que l'on connaît avant de mourir à 27 ans le 23 avril 1915 sur un navire-ambulance français en allant à la guerre sur la mer Égée.

C'est Alexander qui, la première fois, m'a parlé de ce jeune poète anglais pour qui il avait une affection particulière. Sa mère avait beaucoup aimé les poèmes de Rupert Brooke, et Alexander avait hérité de quelques recueils de ses poésies ayant appartenu à sa mère. Lors de notre première conversation, Alexander avait notamment évoqué le poème sans doute le plus connu de Rupert Brooke, « The Soldier » :

« If I should die, think only this of me:

That there’s some corner of a foreign field

That is for ever England... »

Il y avait une arrière-pensée derrière cette volonté d'Alexander de me parler de Rupert Brooke et, plus précisément, de ce poème, « The Soldier », qui est un poème, comme beaucoup de ceux de Rupert Brooke, idéaliste et patriotique : comme il venait de m'exprimer son ardent désir de venir à Montréal, Alexander, tout aussi patriotique, sinon plus, tenait à me dire que s'il lui arrivait quelque chose à Montréal, il faudrait que je le ramène chez lui. Alexander ne quittait d'ailleurs jamais l'Angleterre sans apporter avec lui un peu de le terre anglaise.

Rupert Brooke a même poussé son patriotisme jusqu'à mourir, indépendamment de sa volonté, un 23 avril, jour de la Saint-Georges, saint patron notamment de la chevalerie chrétienne anglaise. Mais, paradoxalement, lui qui voulait qu'on se souvienne de ce coin d'Angleterre qu'il aimait particulièrement, la région de Cambridge, est enterré sur une île grecque, celle de Skyros. Il n'est toutefois pas dans un pays tout à fait étranger car, lui qui s'est intéressé à la civilisation de la Grèce ancienne, il repose à jamais sur cette île sur laquelle, selon la légende, Thétis aurait caché son fils Achille (autre héros d'Alexander et de tant d'autres) afin d'empêcher qu'il ne parte à la guerre de Troie.

 

Je l'ai souvent dit et écrit, en choisissant le nom de mon bulldog anglais, c'était en pensant à Rupert Brooke, et c'était aussi une façon de rendre hommage à Alexander.

En décembre dernier, quand le périple sur terre de mon ami Rupert s'est terminé, j'ai choisi de donner à des chiens amis ce qui pouvait leur être utile ou agréable : des jouets, des gâteries, divers accessoires... Je ne tenais pas nécessairement à me défaire rapidement de ce qui avait appartenu à Rupert, mais je ne tenais pas non plus à les conserver comme des reliques : je crois que Rupert aurait été le premier à approuver mon choix de faire profiter d'autres chiens amis de ce qui lui avait procuré du confort et du plaisir.

J'ai notamment offert le lit de Rupert, un bon matelas en mousse mémoire, à un grand chien noir qu'une amie promème plusieurs fois par semaine et qui appartient aux proprétaires depuis plus de cinquante ans d'une librairie de livres d'occasion, principalement en anglais, à quelques pas de chez moi. J'avais offert ce lit par l'intermédiaire de cette amie qui promène leur chien ; quelques jours plus tard, cette amie me dit que les « parents » du beau chien noirs étaient heureux d'accepter le lit de Rupert, à condition que je vienne chez eux prendre le thé ou un apéritif. L'après-midi de la Saint-Sylvestre, mon amie et moi avons été reçus dans une superbe maison victorienne, superbement meublée et, comme il fallait s'y attendre, remplie des plus beaux livres anciens. On a débouché pour nous une excellente bouteille de vin rouge, que nous avons dégusté avec de succulentes bouchées faites maison. Et, agréable surprise, le beau chien noir n'a pas attendu très longtemps avant de s'allonger sur le lit de Rupert.

J'avais raconté à nos hôtes l'histoire du nom de Rupert donné à mon bulldog, associé à Rupert Brooke.

Quelques jours plus tard, les propriétaires de la librairie qui venaient de recevoir un lot de livres d'occasion, ont trouvé parmi eux un titre de Rupert Brooke, Letters of America, qu'ils m'ont généreusement offert dans une édition reliée. Il s'agit d'une série de lettres écrites par Rupert Brooke lors d'un long voyage aux États-Unis (New York, Boston), au Canada et au Québec (Montréal, Québec, Saguenay) que m'avait fait découvrir Alistair, un ami d'Alexander, il y aura bientôt seize ans.

Aucun commentaire: