lundi 18 août 2008

Une virgule de trop

Maison de Marguerite Yourcenar dans l'île des Monts-Déserts

Il y a déjà longtemps que j'ai l'intention d'écrire un long article pour parler de moi, question de faire le point sur les douze derniers mois et plus particulièrement sur la façon dont j'ai vécu l'automne et l'hiver derniers. Le printemps est au fond plus intéressant, mais je n'ai pas vraiment envie d'en parler maintenant, car ce que je pourrais en dire relève de l'intime et du personnel et, si je n'ai pas trop de pudeur lorsqu'il s'agit de dévoiler l'intime, j'en ai un peu plus lorsque vient le temps d'aborder la sphère personnelle. Le mois d'août serait le meilleur moment pour parler de moi car c'est le mois où les lecteurs sont moins nombreux ; la plupart des gens sont absents, physiquement ou intellectuellement et parfois les deux à la fois. Je n'ai jamais aimé le mois d'août et je ne saurais dire pourquoi au juste. Outre l'absence de corps ou d'esprit de bien des personnes que je connais, je trouve que le mot le plus juste, et pas très joli, pour désigner le mois d'août serait celui de vacuité. C'est pourtant celui de mon anniversaire et c'est peut-être aussi pour cela que je l'aime moins, non que je n'aime pas mon anniversaire, mais peut-être qu'à la fin d'un cycle de douze mois, j'ai hâte d'en commencer un nouveau. Dans les jours qui suivent celui de mon anniversaire, on dirait que l'énergie revient, que la vie reprend... Nous avons d'ailleurs décidé, quelqu'un que j'aime et moi, de célébrer ensemble l'arrivée du mois de septembre ; patience, mon coeur, il reste encore près de deux semaines au mois d'août... J'aurai peut-être le temps, d'ici la fin du mois, de rédiger cet article...

Puisque l'article précédent évoquait Hadrien et Antinoüs et, par ricochet, Marguerite Yourcenar, j'enchaînerai avec ce commentaire que je voulais faire depuis longtemps sur une émission de radio consacrée à la première femme reçue à l'Académie française.

Le 20 janvier 2006 j'ai évoqué la maison où vivait Marguerite Yourcenar dans l'île des Monts-Déserts. Ce même 20 janvier, j'évoquais l'épitaphe de l'écrivain dans le petit cimetière de Somesville.

Il y a deux ou trois ans, j'ai découvert l'existence de Canal Académie où l'on peut écouter des émissions très intéressantes sur des écrivains que nous aimons et en lire le texte dans certains cas. J'ai écouté des émissions sur Chateaubriand, Dominique Fernandez, Marguerite Yourcenar, et plusieurs autres.

J'ai beaucoup aimé chacune des émissions écoutées. Toutefois, vers la fin de l'émission consacrée à Marguerite Yourcenar, j'ai été quelque peu choqué par la lecture faite du texte de l'épitaphe :

«Plaise à Celui qui est peut-être
de dilater le coeur de l'homme
à la mesure de toute la vie

En faisant une pause après les mots « plaise à celui qui est », la lectrice fausse complètement le sens de la citation. Le texte fait allusion à « Celui qui est peut-être », alors que la lecture faite à Radio Académie, avec une virgule mal placée, virgule d'ailleurs inexistante dans le texte laisse entendre que « Celui qui est » pourrait « peut-être dilater le coeur de l'homme », alors que c'est l'existence même de Celui qui aurait ce pouvoir qui est mise en doute et non pas son action, s'Il existe...

Voici l'extrait audio de la citation faussée (il faut augmenter le volume car le son du fichier est faible) :


3 commentaires:

Brigetoun a dit…

de l'importance de la ponctuation - curieux de la part de Canal Académie, sauf tricherie pour adapter le texte à une thèse (pas écouté l'émission, j'ai de l'estime mais pas de goût pour Yourcenar)

Alcib a dit…

Brigetoun : En effet, c'est curieux de la part de Canal Académie. Je ne crois pas qu'on ait voulu détourner intentionnellement détourner le sens de la citation. Je crois plutôt que l'animatrice qui lisait le texte a manqué de souffle au milieu de cette très courte citation, à peine une douzaine de mots.
Ce qui m'étonne, c'est qu'on ait laissé passer cette mauvaise lecture d'une citation très importante.
Si l'émission était en direct, sans possibilité d'effacer et de recommencer, il aurait fallu reprendre la citation, simplement.
Et s'il y avait possibilité d'effacer, il fallait le faire.
J'ai enregistré de nombreux de textes et si je faisais une simple erreur il fallait recommencer au début de la phrase ou du paragraphe.

Il y avait un écrivain québécois célébré, membre de l'Académie Goncourt, qui me causait beaucoup de mal à cause de ses phrases mal construites, selon moi, car ma bouche réécrivait automatiquement ses phrases au lieu de prononcer exactement ce que lisaient mes yeux. Il fallait toujours recommencer ma lecture presque à chaque phrase !

V à l'Ouest a dit…

J'ai du faire récemment une courte traduction assez importante pour un ami. Le rédacteur avait complètement ignoré la ponctuation. Or, la virgule cruciale qui manquait changeait complètement le sens de l'ensemble. Je lui ai traduit les deux possibilités...