lundi 24 novembre 2008

Complément de programme

Jusqu'à la fin de mes études secondaires, j'ai été un bon élève, la plupart du temps, même, un élève modèle. Souvent premier de classe, je n'avais pas besoin de travailler fort et d'étudier beaucoup pour avoir de bonnes notes. Cela m'a parfois nuit par la suite car je n'avais pas appris une bonne méthode de travail intellectuel, pas appris à étudier sérieusement.

À la fin des études secondaires, j'avais entrepris des études en pédagogie ; je voulais devenir enseignant, comme un certain nombre de membres de ma famille. Compte tenu de mes origines, de mon milieu, l'enseignement me semblait la seule avenue possible. À seize ans, toutefois, je ne me sentais pas assez bien préparé, psychologiquement, à entreprendre des études universitaires ; je ne me sentais assez mûr. J'ai donc décidé de m'inscrire à l'université de la vie.

Pendant cinq ans, j'ai fait autre chose : j'ai occupé divers emplois, étudié le chant, un peu de piano, un peu d'art dramatique et de danse ; puis j'ai vécu la vie d'artiste à Paris, en France. Au retour à Montréal, je me suis rendu compte que je ne connaissais rien : je me suis plongé dans les livres et j'ai décidé de m'inscrire à l'université. Toutefois, mon parcours universitaire a été assez décousu ; j'ai changé de discipline à quelques reprises. Il m'a fallu plusieurs années avant de terminer un programme complet.

Mes études ont fini par me servir. Depuis plusieurs années, j'ai occupé des emplois, j'ai exercé des fonctions et assumé des responsabilités en lien avec mes études. Je ne me sens pourtant pas un « universitaire », un intellectuel ni un théoricien.

Je suis toujours un peu incrédule quand on m'invite dans les universités pour aller parler de ma profession aux étudiants ; j'ai tendance à me demander : « Pourquoi moi ? » Je ne dois pourtant pas être si mauvais car, depuis quelques années, on m'invite à quelques reprises chaque année, dans différentes universités, à venir parler sous les toits de ces vénérables institutions. Ces jours-ci, par exemple, je dois rencontrer quatre classes d'étudiants...

Vendredi dernier, j'ai reçu une lettre qui m'a encore une fois agréablement surpris. La direction d'un programme universitaire me demande de faire partie du conseil chargé d'assurer la qualité universitaire de ce programme et sa capacité à répondre aux besoins des étudiants et du milieu professionnel. Puisque je me considère toujours comme un (ancien) étudiant marginal, au parcours erratique, je suis toujours étonné que l'on me demande de venir rencontrer les étudiants et d'évaluer, avec de très respectables professeurs et autres professionnels, le contenu le contenu de leur programme.

11 commentaires:

V à l'Ouest a dit…

Félicitations ! A vrai dire, je ne suis pas étonné. Tu as une intelligence et une culture manifestes.
Quant aux diplômes , ils valident un cursus, ils attestent de connaissances assimilées mais pas forcément de l'intelligence. Jamais pour moi la valeur de quelqu'un ne se mesurera à ses diplômes.

Beo a dit…

Moi je sais, pourquoi: c'est parce que ton université de la vie que tu as faite durant 5 ans, transparaît dans ton CV ;)

Les Pitous a dit…

Si tu es si prisé, c'est peut-être justement parce que ton parcours erratique t'a donné du recul sur le monde de la formation et de l'orientation...

Alcib a dit…

V à l'Ouest : Merci. C'est trop de bonté. Les chevilles vont recommencer à enfler ;o)
Je suis d'accord avec toi sur la valeur du diplôme. Mais le papier aide parfois à gravir les échelons, même si leur détenteur n'a pas toujours les compétences qu'il faudrait. Il faut dire aussi que bien des gens ont les diplômes ET les compétence.

Béo : Il est bien possible que tu aies raison, On oublie parfois que l'expérience de la vraie vie a beaucoup d'importance dans l'éducation d'un jeune homme ou d'une jeune femme.

Alcib a dit…

Les Pitous : Du recul, oui, mais de la lucidité pour l'évaluer, je ne suis pas certain. Ce qui me rassure, c'est que je ne serai pas seul ; je travaillerai avec des personnes dont la compétence est reconnue. Ce qui intéresse la direction du programme, c'est ma connaissance pratique de la profession et des moyens d'y accéder...

Anonyme a dit…

Heureusement que les autres ont une meilleure vue que toi et peuvent percevoir sous ta réserve tes véritables qualités et ta compétence.
Maintenant tu as le choix: ou bien tu es meilleur que tu ne le crois, ou bien les autres sont des «Khons».

Personnellement, à force de te lire, je pencherais pour la première hypothèse.
N'oublie pas: «Nul n'est prophète en son pays». Traduction: nul ne peut juger adéquatement de sa propre valeur!
Amicalement :)

Alcib a dit…

Lux : Merci. Devant de tels arguments, paroles de sage, je m'incline. Tu dois avoir raison :o)

Anonyme a dit…

Of course I am right!
You'r the best, man. Yo!

Alcib a dit…

Lux : Fiat Lux ! You are so damn right ! Yo ! ;o)
Merci.

Anonyme a dit…

Vous vous couchez tard cher ami... L'appel du large sans doute.
Surtout, n'oublie pas de te sustenter car: «Mens sana in corpore sano»

Alcib a dit…

Lux : Oui, il m'arrive parfois, trop souvent peut-être, de me coucher tard. Hier soir, j'avais des messages à écrire et, en fait, mon esprit était là où est mon coeur. Je n'avais pas vraiment envie d'aller dormir.
J'ai l'impression parfois de naviguer entre deux fuseaux horaires et il m'arrive de ne plus savoir selon lequel je dois régler ma vie pratique. ;o)