samedi 25 juillet 2009

Des nouvelles du front - 2

En faisant allusion dans l'article précédent à l'absence des amis, à l'exception de quelques-uns, je ne voulais pas parler des amis rassemblés par la Toile. Je pensais plutôt aux « vrais » amis, ceux qui se croient de meilleurs amis parce que je peux les voir et leur parler directement deux ou trois fois par année, ceux qui sont toujours très sceptiques lorsque je leur parle des amis répartis un peu partout sur la planète et avec qui, grâce à la magie d'Internet, je peux communiquer aussi souvent que je le veux, alors que c'est toujours assez compliqué d'entrer en contact avec ces « vrais » amis. Certains d'entre eux, qui disent que je suis leur meilleur ami, n'ont pas répondu à mes récents messages téléphoniques et électroniques et n'ont pas donné de nouvelles depuis quatre mois déjà. J'ai hâte que le téléphone sonne, de voir leur numéro s'afficher sur mon appareil, afin d'avoir le plaisir de... ne pas répondre.

Je l'ai dit et écrit à plusieurs reprises, la communauté du Web est aussi concrète, aussi « réelle » que celle des amis qui habitent tout près de chez moi et que pourtant je ne vois que deux ou trois fois par année. Je ne dirais sans doute rien si je n'avais senti une certaine forme de mépris chaque fois que j'ai osé parler de ces relations tissées et alimentées par l'intermédiaire d'Internet. Je sais bien que les Québécois, de façon générale, souffrent selon moi d'un grave problème de la personnalité que j'essaierai peut-être de définir un jour, bien que je ne sois ni psychologue ni psychiatre (ça pourrait aider, à condition que le psychiatre parvienne lui-même à se dépêtrer de ses propres problèmes). Ce problème de la personnalité les empêche d'entrer en communication réelle, authentique, avec leurs semblables, d'être capables d'empathie et de présence réelle (à l'authenticité et à la profondeur des véritables relations humaines, ils préfèrent l'abrutissement par la télévision et autres divertissements. Il y a selon moi un grave problème quand leurs maîtres à penser sont de pauvres humoristes dont le quotient intellectuel n'est pas toujours la principale force). Quand ils auront le courage de prendre la décision politique qui s'impose, ils auront un espoir de s'en sortir, mais quand ils auront ce courage, c'est qu'ils auront mûri (et pas seulement pourri) et qu'ils seront déjà sur la voie de la guérison. D'ici là, ils continueront de s'oublier dans les spectacles d'humour ; c'est exactement ce que veulent qu'ils fassent tous les défenseurs du statu quo, les défenseurs du penser en rond qui ont tout intérêt à ce que l'humour domine à la place de l'esprit critique. Les Québécois revendiquent la liberté de pensée, celle de ne penser à rien. Mais ce n'est pas l'objet de ce billet ; j'y reviendrai peut-être un jour.

À l'exception de quelques êtres merveilleux, toujours présents, je reste persuadé que la communauté du Web est plus sensible que la communauté des « concrets » à laquelle j'appartiens (au Québec), qu'elle est vraiment plus présente que l'autre.

J'espère que cette fois-ci Alexander ne lira pas cette page par-dessus mon épaule, car il risque d'en être très triste, même si nous avons abordé cette question ensemble plusieurs fois déjà.

Une personne bien réelle, toujours présente, bien qu'elle habite très loin, dans un autre pays, l'ouest canadien, m'a demandé de proposer le thème de sa prochaine collection de photos. J'ai donc envoyé à Dr. CaSo une photo « qui rappelle quelqu'un que l'on aime » ; j'ai hâte de voir les images qu'elle recevra.

J'aurais pu lui envoyer la photo de bien des objets qui m'entourent dans cette maison, car tout évoque pour moi sa présence, pas seulement les nombreux objets qui viennent de chez lui. Il y a quelques mois, ces petits objets reçus en accompagnaient d'autres, plus importants ; plusieurs de ces petits objets se trouvent sur la porte du réfrigérateur, avec d'autres reçus précédemment.


8 commentaires:

Dr. CaSo a dit…

Je ne sais pas s'il va y avoir beaucoup de photos, pratiquement tout le monde est en vacances en ce moment... les blogs sont un peu désertés. Mais j'en espère quand'même quelques unes de jolies :)

Alcib a dit…

Dr. caSo : Tu as raison, tout le monde est en vacances, je m'en rends bien compte, pas seulement sur les blogues...
Puisque tu lances une invitation, les gens pourront toujours répondre au retour des vacances. Ils auront peut-être des photos qui leur rappelleront leur « amour de vacances »

Unknown a dit…

Pff.... Depuis quand les québécois ont-ils des aimants causant uniquement anglais, sur leur frigo ? Que fait le ministre responsable de la Charte de la langue française ?
Alexander n'y est pour rien, lui qui parlait un français si convaincant, et si personnel !...

Alcib a dit…

Mathieu : Tu as raison de t'inquiéter : avant que cette ministre fasse quoi que ce soit pour donner un sens à la Charte de la langue française, il coulera bien de l'eau sous le pont Jacques-Cartier.
D'une part le premier ministre qui n'est pas élu par les francophones a nommé à ce poste la plus insignifiante des membres de son cabinet et, d'autre part, pour ce gouvernement pragmatique, sans âme, la langue française ne fait pas partie de ses priorités.

Pour personnel qu'il soit, le français parlé ou écrit par Alexander, est très efficace et, surtout, il me va droit au coeur.
Par respect (heureusement, il y a plus - more - que ça), Alexander s'est toujours exprimé dans ma langue. Si l'on fait exception des « Honey », « Sweetheart » et autres mots doux de ce genre, on ne trouve pas beaucoup d'anglais dans ses communications avec moi. Dans les milliers et les milliers de pages de texte que je conserve, je crois qu'on ne trouverait que deux lignes écrites en anglais, parce qu'il avait dû m'écrire très vite.

Convaincants et personnels, les mots d'Alexander me manquent terriblement ! Chacun de ses mots qui m'étaient destinés révélait l'amour immense qu'avait pour moi ce garçon exceptionnel.
L'amour est toujours là ; les mots n'arrivent plus...

Beo a dit…

La particularité de vivre par procuration-téléromans et autres quotidienneries-, n'est pas seulement québécoise.

J'ai souvent fui ce type de personnes qui a du mal à vivre dans la réalité, et dire qu'on accuse l'internet de faire la même chose... parfois oui, mais quand les gens sont censés; ça n'arrive que rarement.

J'ai vu ta belle photo chez Dr. Caso... pas eu le temps de chercher pour en mettre une que ma semaine de travail se pointe le bout du nez.

Plus qu'une semaine et je serai en vacances! Bises!

Alcib a dit…

Béo : C'est vrai que la télévision sert de nourriture un peu partout en Occident. D'autres peuples ont leurs faiblesses. Mais de voir mes concitoyens élever au rang de grands maîtres à penser tous ces humoristes médiocres et vulgaires, ça me désespère.
Ailleurs, les gens aiment aussi le divertissement, mais ils sont capables de faire la différence entre un philosophe et un humoriste.

C'est vrai que c'est long, parfois, de trouver une photo pour illustrer un thème suggéré ; j'y renonce souvent car je sais le temps que cela peut exiger.

Bon courage pour cette dernière semaine avant les vacances. Bises.

V à l'Ouest a dit…

Je pense que le phénomène évoqué dans ton billet, celui de ne plus penser par soi-même et de déifier des gens insignifiants, n'est hélas pas réservé au Québec. Comme tu le dis, inciter les gens à absorber de la distraction jusqu'à plus soif est bien pratique pour manier les peuples. Je suis régulièrement désespéré aussi de voir mes propres concitoyens tomber dans le piège.

Alcib a dit…

V à l'Ouest : La différence entre tes concitoyens et les miens c'est que tes concitoyens sont obligés d'apprendre quelque chose à l'école et, ce faisant, ils développent une certaine rigueur intellectuelle et un minimum de discipline, alors que les miens sont, pour la plupart, tellement « cools » de la naissance à la mort. Ils ont toujours une boutade sur la langue pour cacher leur ignorance. Ce qui fait dire aux Européens que les Québécois sont tellement « gentils ». Pour moi, c'est une insulte que mes concitoyens ne relèvent pas. Je préférerais qu'on disent que je suis « intelligent » plutôt que « gentil » !