mardi 22 septembre 2009
J'étais si près de toi, Alexander
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même
Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée de ton plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparées de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos
Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie
Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil au tien cerné d'un monde indifférent
J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
Paul Éluard, Oeuvres complètes, vol. II, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968.
lundi 7 septembre 2009
Qu'allons-nous devenir ?

samedi 5 septembre 2009
Il me manque aussi

En relisant les premiers messages que m'envoyait Alexander, en avril 2008, je tombe sur cette image qui n'est pas exactement celle de son ami Alexander mais qui est celle, trouvée sur Internet, qui lui ressemblait le plus. Je sais que pour Alexander son choix était clair depuis le moment où il a souhaité avoir un chien ; il a lu tout ce qu'il pouvait trouver sur les chiens afin de s'assurer qu'il faisait vraiment le bon choix, mais il était si naturel que son chien soit l'un des plus célèbres emblèmes de son pays qu'il aimait tant.
En faisant abstraction de toute considération intellectuelle, comment ne pas fondre devant ce regard tendre ? J'ai fondu aussi et, depuis, je cherche à approcher tous les bouledogues anglais que je rencontre. Il n'y en a pas tellement à Montréal, mais je suis reconnaissant aux amis de ceux que je rencontre de me laisser les approcher. Même adultes, ils conservent ce regard plein de tendresse. La peau de leur tête, lâche et finement ridée, est si agréable à toucher ; le contraste de la peau du visage est si grand avec la force athlétique de sa musculation, sous une robe d'une texture lisse, fine, soyeuse.
Tous ceux que j'ai rencontrés m'ont semblé prêts à m'accepter comme ami. Ils comprennent que je les aime même s'ils sentent que celui que j'aime vraiment est loin de moi, chez Jane, une très bonne amie, heureusement, car je peux avoir de ses nouvelles très souvent. Je me demande comment Abigail, qui le voyait tous les jours, qui s'en occupait très souvent, peut supporter son éloignement. Il est vrai que nous ne supportons pas davantage l'absence de son meilleur ami.
Les mots d'Alexander qui me parlait de lui me manquent tellement aussi !
vendredi 4 septembre 2009
Pour saluer Éric C.

Pour un certain nombre de personnes, l'été, si recherché par la plupart des gens, du moins par la plupart des Européens et des Nord-américains, est difficile à vivre. Il l'a souvent été pour moi ; il l'était pour Alexander et pour quelques amis (c'est peut-être quelque chose qui nous réunit : la hantise des grandes chaleurs, de la canicule, mais aussi le temps des grandes dispersions, chacun partant de son côté, du moins ceux qui peuvent se le permettre, alors que les autres restent sur place et se débrouillent avec ce qui reste en ville). Je sais que pour certaines personnes, c'est la saison de la grande solitude... Je ne suis jamais fâché de voir arriver le mois de septembre : on dirait qu'avec un peu de fraîcheur, les gens retrouvent leurs neurones et la vie reprend.
Je m'inquiétais de ne plus avoir, depuis quelques semaines, de nouvelles d'un ami parisien. Notre dernière conversation sur MSN remontait au trois août dernier. Il ne m'avait pourtant pas parlé de vacances en août et je savais qu'il devait aller en Bretagne vers la fin du mois de septembre et il me semblait anticiper avec joie ce séjour chez des amis.
J'ai connu Éric par le biais d'Internet, en même temps que plusieurs autres personnes, à l'été 2000, il y a donc plus de neuf ans. Nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne mais nous avons eu quelques conversations téléphoniques et de nombreuses communications sur MSN, surtout depuis janvier 2008. Même si nous étions parfois quelques mois sans communiquer l'un avec l'autre, j'ai toujours eu l'impression qu'Éric faisait partie de ma famille, la famille choisie.
Depuis le printemps dernier, Éric était très heureux de ce nous vivions, Alexander et moi. Il était le seul, depuis l'automne jusqu'en juillet, à me demander tous les jours des nouvelles de « mon Petit Prince ». Certains jours, attendant des nouvelles de Londres ou alors que je venais d'en recevoir, je dois dire que j'étais très heureux de pouvoir parler d'Alexander avec Éric, de pouvoir lui parler surtout de mes inquiétudes parfois. Puisqu'Éric travaillait dans le domaine médical, je me méfiais toutefois de certains commentaires qu'il pouvait me faire ; il y a des choses que je ne voulais pas entendre. Toutefois, il m'a souvent donné de bons conseils et, lorsque je les ai mis en pratique, je m'en suis porté mieux. J'aurais souhaité qu'il se décide à mettre en application certains conseils que je lui ai donnés ; il me disait que je devais avoir raison puisque les professionnels qu'il consultait lui disaient la même chose.
Depuis deux ou trois ans, nous plaisantions, avec un autre Éric, d'Aix-en-Provence ; nous parlions d'ouvrir à trois une auberge, en Provence, justement, pour profiter des talents culinaires de notre ami provençal. Ce n'était qu'un jeu, mais nous nous sommes bien amusés, sur MSN, à parler de ce projet.
Éric était un grand amateur de films ; je crois qu'il n'y en a pas beaucoup qu'il n'ait pas vus, soit au cinéma, soit dans son salon en dvd. Il y a quelques années, il a joué son propre rôle dans un film de Patrice Chéreau, d'après un roman de Philippe Besson ; il m'avait envoyé un exemplaire du film en dvd. Éric aimait la photo ; je me souviens notamment de très belles photos rapportées d'Écosse, puis de Norvège (dont la photo ci-dessus).
J'espère, cher Éric, que tu es en paix, que tu as trouvé la sérénité de ce grand lac de Norvège et que tu es bien entouré, dans l'amour et la lumière.
jeudi 3 septembre 2009
Septembre, enfin
Cette nuit, la Lune est dangereusement belle ! Je l'ai d'abord aperçue en début de soirée en voulant fermer les stores, au salon ; je l'ai observée plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière l'affreux hôtel d'une rue voisine, construction toute nouvelle et qui s'élève très haut dans le ciel, assez pour me cacher la Lune. Je suis allé la revoir quelques heures plus tard par la fenêtre de ma chambre et, au début de la nuit, je suis sorti devant l'immeuble pour aller m'entretenir face à face avec elle. Sa lumière était si vive que j'avais du mal à la regarder ; la grande beauté produit le même effet.
Je ne vais pas très bien. Cependant, ce début de septembre est magnifique ! L'air est frais et sec, avec une très légère brise. La lumière est si belle que l'on voudrait pouvoir la conserver toujours.
En faisant mes promenades quotidiennes, en septembre de l'année dernière, j'ai souvent fait ce même constat, en regrettant qu'Alexander ne puisse pas encore être là pour en profiter avec moi, comme il le voulait tant lui-même (c'est tout juste si sa valise n'était pas prête). L'an prochain, nous disions-nous. Je prenais des centaines de photos, souvent les mêmes avec des variations de lumière ; Alexander pouvait ainsi faire en pensée la promenade avec moi, en attendant de m'accompagner en personne, sa main dans la mienne... L'an prochain, disions-nous... Maintenant, je ne peux plus dire que ce sera l'an prochain, ni le suivant... C'est ce « jamais » que je trouve insoutenable !