Pour un certain nombre de personnes, l'été, si recherché par la plupart des gens, du moins par la plupart des Européens et des Nord-américains, est difficile à vivre. Il l'a souvent été pour moi ; il l'était pour Alexander et pour quelques amis (c'est peut-être quelque chose qui nous réunit : la hantise des grandes chaleurs, de la canicule, mais aussi le temps des grandes dispersions, chacun partant de son côté, du moins ceux qui peuvent se le permettre, alors que les autres restent sur place et se débrouillent avec ce qui reste en ville). Je sais que pour certaines personnes, c'est la saison de la grande solitude... Je ne suis jamais fâché de voir arriver le mois de septembre : on dirait qu'avec un peu de fraîcheur, les gens retrouvent leurs neurones et la vie reprend.
Je m'inquiétais de ne plus avoir, depuis quelques semaines, de nouvelles d'un ami parisien. Notre dernière conversation sur MSN remontait au trois août dernier. Il ne m'avait pourtant pas parlé de vacances en août et je savais qu'il devait aller en Bretagne vers la fin du mois de septembre et il me semblait anticiper avec joie ce séjour chez des amis.
J'ai connu Éric par le biais d'Internet, en même temps que plusieurs autres personnes, à l'été 2000, il y a donc plus de neuf ans. Nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne mais nous avons eu quelques conversations téléphoniques et de nombreuses communications sur MSN, surtout depuis janvier 2008. Même si nous étions parfois quelques mois sans communiquer l'un avec l'autre, j'ai toujours eu l'impression qu'Éric faisait partie de ma famille, la famille choisie.
Depuis le printemps dernier, Éric était très heureux de ce nous vivions, Alexander et moi. Il était le seul, depuis l'automne jusqu'en juillet, à me demander tous les jours des nouvelles de « mon Petit Prince ». Certains jours, attendant des nouvelles de Londres ou alors que je venais d'en recevoir, je dois dire que j'étais très heureux de pouvoir parler d'Alexander avec Éric, de pouvoir lui parler surtout de mes inquiétudes parfois. Puisqu'Éric travaillait dans le domaine médical, je me méfiais toutefois de certains commentaires qu'il pouvait me faire ; il y a des choses que je ne voulais pas entendre. Toutefois, il m'a souvent donné de bons conseils et, lorsque je les ai mis en pratique, je m'en suis porté mieux. J'aurais souhaité qu'il se décide à mettre en application certains conseils que je lui ai donnés ; il me disait que je devais avoir raison puisque les professionnels qu'il consultait lui disaient la même chose.
Depuis deux ou trois ans, nous plaisantions, avec un autre Éric, d'Aix-en-Provence ; nous parlions d'ouvrir à trois une auberge, en Provence, justement, pour profiter des talents culinaires de notre ami provençal. Ce n'était qu'un jeu, mais nous nous sommes bien amusés, sur MSN, à parler de ce projet.
Éric était un grand amateur de films ; je crois qu'il n'y en a pas beaucoup qu'il n'ait pas vus, soit au cinéma, soit dans son salon en dvd. Il y a quelques années, il a joué son propre rôle dans un film de Patrice Chéreau, d'après un roman de Philippe Besson ; il m'avait envoyé un exemplaire du film en dvd. Éric aimait la photo ; je me souviens notamment de très belles photos rapportées d'Écosse, puis de Norvège (dont la photo ci-dessus).
J'espère, cher Éric, que tu es en paix, que tu as trouvé la sérénité de ce grand lac de Norvège et que tu es bien entouré, dans l'amour et la lumière.
4 commentaires:
Une pensée pour Éric, qui sans le connaître était sûrement un être exceptionnel pour que tu t'en soit fait un ami.
Est-ce que de passer la porte de l'autre monde... pourrait s'apparenter à de grandes vacances???
Béo : Je te remercie du compliment. Éric était surtout un être vrai, authentique, qui ne jouait pas à laisser croire qu'il avait une vie palpitante. Il était simple, vivait simplement, en essayant d'apprécier les bonnes et simples choses de la vie.
Il avait du mal avec les gens superficiels et ne comprenait pas ceux qui ne savaient pas apprécier ce qu'ils avaient, qui cherchait toujours ailleurs ce qu'ils avaient près d'eux.
Ta question mérite réflexion.
Correction : « qui cherchaiENt toujours... »
Je me sens un peu coupable d'avoir été tellement pris par mon chagrin que je ne suis pas revenu souvent sur MSN après le 7 juillet.
Nous ne connaissons pas encore la cause du décès d'Éric, mais il est possible qu'il se soit senti très seul durant quelques heures ou durant quelques jours... Si j'avais été sur MSN, j'aurais peut-être pu faire quelque chose, comme un autre ami français a fait pour moi il y a trois ans : alors que nous nous parlions sur MSN, il m'avait vivement conseillé d'aller à l'urgence ; avec le recul, je sais que ma vie n'était pas directement en danger, mais on ne le savait pas. Au téléphone, l'employée d'Urgence-santé croyait que j'avais une attaque cérébro-vasculaire...
Peut-être que ma présence aurait pu changer quelque chose pour Éric
Décidément.... :(((
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