... que les puritains ne sauraient voir
Voilà un roman qu'Alexander s'empresserait de commander et de dévorer. Ce roman d'Annabel Lyon raconte l'adolescence d'Alexandre le Grand vue par son précepteur, nul autre que le grand Aristote. Voilà bien un philosophe, un précepteur, que l'on ne peut pas taxer de pédérastie, que l'on ne peut pas accuser de « pervertir la jeunesse », du moins pas de son temps.
Ce premier roman a remporté le prestigieux prix Rogers Writers' Trust et était finaliste pour le prix du Gouverneur général du Canada. Il semble très bien accueilli par la critique. On en parle comme d'un roman riche d'érudition et de sensibilité. Il est favorablement reçu chez les libraires... sauf sur les bateaux de la Colombie-Britannique. En effet, la British Columbia Ferry Services inc. refuse de vendre le livre dans les boutiques de ses traversiers reliant les îles au continent, pour la bonne raison que la couverture montre les fesses d'un jeune homme sur un cheval. « Cela pourrait choquer les enfants ! » J'imagine que ces bons parents de la Colombie-Britannique interdiraient à leurs enfant l'entrée dans les musées européens où la nudité est largement exposée, soit sur les tableaux ou en sculpture. B-C Ferry Service inc. consentirait à vendre le livre si l'éditeur acceptait de recouvrir d'un bandeau pudique ces fesses trop offensantes.
La pudibonderie canadienne fait réagir des journaux du monde, notamment The Guardian de Londres.
L'auteur Annabel Lyon, qui vit en Colombie-Britannique, a un site web.
Ce premier roman a remporté le prestigieux prix Rogers Writers' Trust et était finaliste pour le prix du Gouverneur général du Canada. Il semble très bien accueilli par la critique. On en parle comme d'un roman riche d'érudition et de sensibilité. Il est favorablement reçu chez les libraires... sauf sur les bateaux de la Colombie-Britannique. En effet, la British Columbia Ferry Services inc. refuse de vendre le livre dans les boutiques de ses traversiers reliant les îles au continent, pour la bonne raison que la couverture montre les fesses d'un jeune homme sur un cheval. « Cela pourrait choquer les enfants ! » J'imagine que ces bons parents de la Colombie-Britannique interdiraient à leurs enfant l'entrée dans les musées européens où la nudité est largement exposée, soit sur les tableaux ou en sculpture. B-C Ferry Service inc. consentirait à vendre le livre si l'éditeur acceptait de recouvrir d'un bandeau pudique ces fesses trop offensantes.
La pudibonderie canadienne fait réagir des journaux du monde, notamment The Guardian de Londres.
L'auteur Annabel Lyon, qui vit en Colombie-Britannique, a un site web.
12 commentaires:
J'ai lu ce bouquin et je l'ai beaucoup aimé. C'est bien écrit et passionnant!
Dr. CaSo : Merci de cette appréciation. Je pense que j'avais lu quelque part quelque chose au sujet de ce livre. mais je ne me souviens plus. C'est peut-être même chez toi.
Je suis content que la BC Ferry me donne l'occasion de le connaître un peu mieux. J'irai l'acheter aussi, alors et, malgré ma paresse, je le lirai en anglais, sans attendre la traduction française.
Hahaha ! Trop drôle. Je connais la dame qui gère BC Ferries. En effet, ça ressemble complètement à un geste qu'elle poserait.
Elle sacre comme un bûcheron (et en a toute la culture) mais Dieu ! couvrez-moi cette fesse...
Ce n'est probablement pas elle qui a pris cette décision mais ça cadre tellement bien avec sa personalité que je ne pouvais m'empêcher de commenter.
RAnnieB : Merci. Cette décision est d'autant plus stupide que les enfants, quel que soit leur âge, voient tous les jours, à la télévision, sur Internet, de la nudité ou « semi-nudité » beaucoup plus troublante que celle-ci.
Et j'ajouterais que ça m'apparaît encore plus maladroit comme décision d'autant plus que l'auteure est du BC!
Béo : Tu as raison. J'avais pensé à ce point aussi.
Mais au fond, la « censure », comme toujours, contribue à faire la promotion de ce qu'elle interdit.
Si ce n'avait été de cette nouvelle, je n'aurais peut-être pas, moi-même, repensé à ce roman. Maintenant, je sais que je veux le lire, non pas à cause de la censure, mais parce que c'est un sujet qui m'intéresse.
C'est marrant d'ailleurs, je suis en train de lire l'article du Guardian et il dit que ce sont les fesses d'Alexandre, sur la photo, alors que ce sont les fesses de son demi-frère! Ils auraient mieux fait de lire l'histoire avant d'écrire des bêtises...
Dr. CaSo : Merci. J'ai parcouru très rapidement l'article et je n'avais pas remarqué que l'on identifiait les fesses. Mais j'imaginais mal Alexandre dans cette position sur un cheval...
Il y a un article dans le Soleil aujourd'hui qui reprend la même critique. Il faut vraiment être borné pour faire une telle censure. Le Canada conservateur s'incruste de plus en plus dans la droite. Je renie ce pays «victorien».
Par contre, il faut bien faire attention pour ne pas englober tous les anglophones dans cette vision "alliantiste" de droite. Il y a aussi des francophones bornés et il y a des anglophones qui ont une grande ouverture d'esprit.
Lux : Je me méfie aussi de l'intégrisme de l'Ouest canadien, autour de l'Alberta, qui a élu le gouvernement canadien actuel. Ils ont la même mentalité, les mêmes valeurs, que les Républicains de Bush... Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression cependant que cette décision de la BC Ferry est une décision administrative qui ne reflète peut-être pas les valeurs des gens de la région.
Je crois que le même genre de décision pourrait être prise dans toutes les boutiques des aéroports, tant à Montréal qu'à Toronto. Cela ressemble à une décision de fonctionnaire fédéral. J'imagine mal une telle décision prise au Québec sauf... dans les bureaux qui relèvent du gouvernement canadien.
Voilà pourtant ce qu'écrivait le Conseil des Arts du Canada dans le communiqué annonçant les finalistes des Prix du Gouverneur général en 2009 :
« The Golden Mean d’Annabel Lyon nous transporte avec justesse et subtilité à la cour de Philippe de Macédoine, dans l’esprit d’Aristote et au cœur de la relation complexe qu’Aristote entretenait avec son élève Alexandre le Grand. Ce véritable tour de force littéraire fait d’Aristote un homme à la fois brillant et aveugle, entièrement absorbé par la vie mais effrayé de vivre. »
Faudrait-il que quelqu'un laisse tomber simplement quelques feuilles mortes sur les fesses pourtant bien sages de ce jeune homme afin que les amateurs de littérature puissent se procurer le livre même sur les traversiers de la Colombie-Britannique ?
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