23 mois déjà ! 23 mois depuis son départ.
Mais ces chiffres qui représentent des mois n'ont aucun sens car c'est à chaque seconde que je constate que je suis resté sur terre quand Alexander a regagné son étoile.
mardi 7 juin 2011
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14 commentaires:
"Il est grand temps de rallumer les étoiles" Guillaume Apollinaire
Même s'il n'y en a qu'une qui brille, c'est pour vous qu'elle est là. Aujourd'hui encore plus brillante.
Colin : Merci. Au début de la nuit, je suis sorti pour voir les étoiles. Souvent je peux les voir de ma fenêtre, sans sortir, mais depuis quelque temps le ciel est souvent couvert et si je suis patient j'arrive tout de même à en voir une en scrutant le ciel... C'est ce qui s,est passé, tout à l'heure ; je n'en ai vu qu'une mais il n'était pas encore minuit... Il fallait être attentif pour la voir à travers ces nuages. Mais Alexnder est toujours présent.
Je sortirai, un peu plus tard, espérant les voir mieux encore, au moins celle qui compte.
Je vous souhaite aussi une bonne étoile (sans toutefois qu'elle soit habitée par quelqu'un que vous aimez ; qu'elle le soit plutôt par des anges qui vous aiment).
Comment va votre nouvelle rose ?
Je vous envoie ce texte qui me bouleverse puis je vous dirai ce que j'ai fait de ma rose, puisque je n'ai pas de mouton....
C'est un texte d'une ancienne chanson que me chantait une vieille dame chez qui je passais quelques semaines l'été.
Il est un jardin
Enfoui au creux de ma mémoire
Un jardin bleu dans le matin
Où ont poussé des iris noirs
Un jardin dont j'ai tant rêvé
Oh qu'un jour je puisse y entrer
Me reposer à tout jamais
Près de la tombe abandonnée
De ...
Je saurai le seuil
Au bruit de la grille rouillée
L'endroit du puits sous les tilleuls
On y buvait des jours d'été,
En écartant les giroflées,
Les mousses sombres et glacées,
Les scolopendres effrayées,
Près de la tombe abandonnée
De ....
Oh je voudrais tant mourir en ce jardin
A l'ombre calme des grands pins
Que s'ouvrent enfin les roses
Closes
Depuis si longtemps.
Il est un jardin
Enfoui au fond de ma mémoire
Un jardin bleu quand vient le soir
Où ont poussé deux lauriers thyms
Un jardin où j'ai tant pleuré
Oh qu'un jour je puisse y entrer
Me reposer à tout jamais
Près de la tombe parfumée
De ....
Nous aurons des rires
Comme des vols de passereaux
De grands rires clairs de jeunes filles
Des rires frais comme des ruisseaux
Comme des rires de gens heureux
Nous réinventerons le temps
Des jours où l'on avait le temps
De parler de jardins en fleurs
Et des choses du coeur.
Oh je voudrais tant revivre en ce jardin
A l'ombre calme des grands pins
Que s'ouvrent enfin les roses
Closes
Depuis si longtemps
Là
Colin : Merci ! Merci infiniment de me me faire connaître cette chanson dont le texte est magnifique !
Il y manque votre voix et la musique, mais le texte en lui-même est vraiment très émouvant.
J'imagine une dame âgée, à la campagne, et sa présence, protectrice et tendre, auprès d'un petit garçon qui aime les jolies chansons, les jardins, les roses, et les personnes qui, quel que soit leur âge, ont l'authenticité et l'ingénuité de l'enfance...
J'espère qu'à la suite des points de suspension dans le texte, il n'y a pas le nom de quelqu'un que vous aimez.
Alexander aussi adorait une dame âgée, sa grand-mère, qui lui parlait de fleurs, de jardins... Je sais maintenant que je n'irai pas m'asseoir avec Alexander devant sa cheminée, comme nous voulions le faire, pour qu'elle me raconte plein d'histoires au sujet de notre Petit Prince... Chaque jour je prie pour elle aussi afin que la santé lui soit préservée très longtemps encore.
Je suis désolé, je viens de perdre le commentaire que j'écrivais. Je n'ai pas le temps de le reécrire, je dois aller en cours. Pardonnez moi.
Colin : Je suis vraiment très désolé... pour vous et pour moi.
Peut-être que l'inspiration reviendra quand vous serez un peu moins pressé.
Bonne journée.
Merci encore.
Je ne sais plus les mots perdus ce matin, il m'en est venu d'autres, différents surement, mais les souvenirs sont bien les mêmes.
Pour vous donner des nouvelles de ma rose.
Il y a un petit cimetière caché par de grands arbres en surplomb d'un petit village. Petit village où je passais quelques semaines l'été.
Là, il y a une tombe abandonnée. Les chaînes qui l'entourent sont rouillées, l'inscription sommaire, mangée par la mousse. Il n'y a pas de croix, il n'y en a jamais eu, je pense. J'ai dechiffré l'épitaphe usée par le temps, un soir d'été, attiré par l'ombre, la solitude de l'endroit, la douceur de la pierre encore chaude.
C'est la tombe d'un jeune soldat allemand, mort en 1917.
Je ne sais pas pourquoi il est enterré là, pourquoi personne ne l'a ramené chez lui, pourquoi personne n'a jamais réclamé son corps.
J'ai pensé alors que nous avions peut être eu la même enfance.
Personne dans le village n'a jamais pu me raconter son histoire. Les plus anciens, déjà en ce temps là, le temps de mes étés, ne savaient plus, ou ne voulaient plus savoir.
Mais moi, je ne sais qu'une chose. Si on a prit le soin de donner à ce jeune homme, si près encore de l'enfance, une sépulture dans ce petit cimetière si loin de chez lui, dans ces temps troublés, c'est qu'il méritait qu'on le traite en soldat, pas en ennemi.
Il s'appelait Günther Von Rosenwald.
Nom prédestiné.
Il n'avait personne pour le pleurer. J'ai été celui là.
Il a été mon ami, mon confident. Par delà le temps, les circonstances tragiques de cette guerre. Et je veux croire que dans une autre dimension, je ne sais où, là où les gens peuvent s'aimer, j'ai été le sien.
C'est près de lui, où je passais mes après midi d'été, à dessiner, à lire, à pleurer souvent, à lui parler, que l'on venait parfois me récupérer le soir quand j'en oubliais de rentrer.
On me grondait, me menaçant de me renvoyer au Foyer si je n'étais pas plus obéissant. Alors je devenais sage pour ne pas abandonner Günther trop tôt, trop vite. Il n'avait que moi...et je n'avais que lui.
Je suis obligé de vous envoyer mon commentaire en deux fois..trop long surement...
.....J'imaginais qu'il m'attendait chaque été avec la même impatience que la mienne, sanglé dans son uniforme.
Je serais mort de chagrin si l'on m'avait envoyé dans une autre famille d'accueil pour l'été, mais celà n'est heureusement, jamais arrivé.
Le reste de l'année je lui écrivais des poèmes que je lui lisais lors de nos retrouvailles. De grandes lettres aussi.
Avant je lui apportais des fleurs des champs, des coquelicots mêlés d'épis de blé, de grandes marguerites arrachées aux fossés. Maintenant, comme la forêt de roses qui témoigne de son nom, ne fleurit plus depuis si longtemps, je lui en apporte.
Cette année, j'ai enfin son âge.
J'ai écrit son histoire. Avec rien. Deux dates, et les mots soufflés par les grands arbres qui ombragent son tombeau depuis toutes ces années.
Je viens de faire le voyage jusqu'à lui pour lui donner ma rose.
Il y avait une petite pancarte sur sa tombe. La mairie veut recupérer sa place à moins que quelqu'un ne se réclame de sa famille. C'est le lot de toutes les plus vieilles tombes qui ne sont plus à personne.
Je suis entrain d'essayer de réunir les papiers nécessaires pour que personne ne touche à cette tombe. Le maire m'a promit son soutien. J'ai effectué de nombreuses recherches dans son pays. J'ai rencontré des gens portant son patronyme. Epluché de poussiéreux dossiers militaires. Personne ne sait qui il est. Qui il était.
Ce texte que je vous ai envoyé précédemment, c'est la grand' mère de la famille qui me le chantait parce qu'elle savait, elle aussi bien sur où je passais mes après midi. Elle était la seule à me comprendre. J'aurais aimé qu'elle soit ma vraie grand'mère, comme celle de votre Alexander si tendrement chéri.
Je ne sais pas si Günther Von Rosenwald a une étoile dans le ciel, mais dans mon coeur il sait qu'il peut trouver des milliers de roses.
Colin : Je ne sais comment vous remercier de ce récit absolument bouleversant et qui me laisse sans mots !
Je ne sais pas quels sont les mots que vous avez perdus ce matin mais ceux qui vous sont venus pour raconter cette histoire, la vôtre en somme, une histoire magnifique de fidélité (et de bien d'autres choses encore), sont vraiment bouleversants.
Il y aurait à écrire une histoire au sujet de ce soldat. Il y a sûrement une explication au fait que cette tombe soit isolée, que personne n'ait réclamé les restes de ce jeune homme qui avait l'âge que vous avez maintenant (c'est-à-dire : moins de vingt ans, je crois)...
Et puis il y a votre histoire à vous, qui semble mériter son récit, puisqu'il y a en vous ce qu'Yves Navarre appellerait « l'émotion de départ », il y a un sujet, une série d'événements bouleversants, ne serait-ce que par l'empreinte indélébile qu'ils ont laissé en vous... Et vous avez le talent pour raconter cette histoire, et bien d'autres encore.
C'est dommage que vous n'ayez pas un blogue. À moins que vous ne songiez à raconter plus tard, dans un livre...
Il y a tout un monde qui existe autour de votre histoire ; en quelques minutes, j'ai imaginé tout un univers...
J'ai pensé notamment à un poète, anglais celui-là, que nous aimons, Alexander et moi (et certains de ses amis) : Rupert Brooke qui, s'il n'a pas de voisin de tombeau, n'est heureusement pas inconnu...
Si vous le permettez, je pourrais faire un article de votre récit afin que les lecteurs puissent le ire, ceux qui ne lisent pas les commentaires ou qui ne reviennent pas sur les commentaires après une première lecture... J'indiquerais, bien entendu, qu'il s'agit d'un texte de vous. Et si vous le souhaitez, vous pourriez le présenter vous-même et je publierai le texte que vous m'enverrez, ou toute autre façon de faire qui vous conviendrait.
Si vous souhaitez me dire des choses que vous ne voulez pas publier, je vous invite à m'écrire en privé à mercurejm @ yahoo . com
Merci encore
Savez vous que c'est en croyant aux roses qu'on les fait éclore??? c'est Anatole qui le dit!
Mais j'ai des millions de choses à vous dire!!!!...mais c'est difficile de parler parfois. Alors je ne parle pas beaucoup.
Pour le texte de Günther faites comme vous le souhaitez. Tout me convient.
Merci pour votre gentillesse et votre attention. Cela me touche plus que vous ne pouvez le penser.
Colin : Ces mots d'Anatole France, je les avais cités le 29 avril 2007. Ils me plaisent car, pour les roses comme pour les êtres, je sais que par la confiance qu'on leur témoigne et par l'amour qu'on leur porte, on les aide à grandir, à s'épanouir.
Je comprends ce que vous voulez dire, mais sachez que lorsque vous voudrez commencer à dire quelque chose, je vous lirai avec attention...
Je penserai à votre ami Günther... et à vous, bien sûr.
Merci à vous.
Quelle surprise en lisant ces paroles ! Je ne savais en effet pas qu'elles avaient une origine autre que la chanson de Princesse Robert... est-ce Marie Laforêt la première interprète, ou est-ce encore plus ancien ?
Dieudeschats : À vrai dire, je n'en sais rien. Je ne connaissais pas la chanson, ni interprétée par Marie Laforêt ni par Princesse Robert.
Je serais porté à croire que Marie Laforêt l'a enregistrée la première...
Je ne connais rien de Colin que ce qu'il a écrit ici ; je le soupçonne d'être très jeune (ce n'est pas un défaut : « Aux âmes bien nées la valeur n'attend pas le nombre des années »). À supposer que la chanson date du début des années 70 (il y a quarante ans), elle resterait pour Colin une « vieille chanson » qui a pu lui être chantée par une « vieille dame »
Marie Laforêt, Prière pour aller au Paradis
https://www.youtube.com/watch?v=5aLrg3HtKgw
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