jeudi 21 juin 2007

Tendresse partagée

« La tendresse est le seul bien qui nous accompagne,
tendresse reçue et partagée, qui n’affirme rien,
et nous survit. »
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune peintre.



Je suis littéralement débordé. Je n'ai même pas eu le temps de préciser mon projet d'entreprise, et encore moins d'en faire la promotion, mais voilà qu'on m'appelle pour me confier des mandats importants et urgents qu'il me sera difficile de refuser car ils sont intéressants et... fort bien payés. Je dois toutefois élaborer mon projet, préparer un plan d'affaires, des prévisions budgétaires, un plan de promotion, etc. ; et tout cela demande du temps. Et pourtant, j'ai du travail à temps plein, et même assez pour devoir travailler de longues heures, sans congé... Tout cela crée beaucoup de pression. Et qu'est-ce que j'ai envie de faire quand j'ai trop de pression ? N'importe quoi, sauf ce que j'ai à faire...

Or, ce soir Vincent m'a fait redécouvrir une chanson italienne que j'avais déjà entendue mais oubliée. Je l'ai écoutée à quelques reprises, puis je l'ai ajoutée à une très longue liste de chansons dans plusieurs langues, d'airs d'opéra ou de musique classique instrumentale, que j'écoute de manière aléatoire. Une erreur de manipulation m'a fait effacer une grande partie de cette liste. Pour la recréer, je suis aller explorer mes fichiers musicaux (j'ai converti mes disques en fichiers électroniques et je ne me sers pratiquement plus de mes disques).

En faisant cela, dans mes « fichiers » francophones, j'ai retrouvé quelques chansons d'un garçon que j'aime beaucoup, que je peux écouter en boucle, sans arrêt, parce que j'aime ses chansons, sa musique, bien sûr, mais aussi parce que sa voix me fait littéralement fondre. Cette voix toute simple, naturelle, sensible et vulnérable (pléonasme), pleine de tendresse, c'est celle d'Yves Simon, auteur, poète, chanteur, écrivain, voyageur... Si ce garçon était à mes côtés et qu'il me parlât ou, mieux encore, qu'il me chantât l'une de ses chansons, je ne sais ce que je pourrais faire ; je ne ferais sans doute rien, ayant perdu tous mes moyens, abandonné à son sens de l'honneur et à son esprit chevaleresque.

C'est l'une de mes clientes, devenue amie, qui m'avait parlé de ce garçon. Québécoise, Martine avait fait un doctorat un doctorat en Sciences politiques à la Sorbonne. Elle avait donc habité Paris durant quelques années, entrecoupées de séjours en Chine et à Venise. Yves Simon était l'un de ses voisins, place Dauphine, à Paris, si je me souviens bien. Elle trouvait ce garçon charmant et m'avait recommandé la lecture de ses romans. Je crois en avoir lu au moins deux. J'ai cependant été beaucoup plus séduit par ses chansons et par sa voix parlée lors d'entretiens télévisés, par exemple.

La photo vient d'ici

Martine a été emportée par une saleté de cancer il y a quelques années, avant même que je puisse réaliser mon rêve de découvrir Venise avec elle comme guide. Ensemble, nous avons tellement ri de bon coeur et chacune de nos conversations était un véritable feu d'artifice. Très souvent, son copain devait venir sonner à sa porte pour lui dire que le dîner était prêt car nous étions au téléphone durant des heures à chaque fois. Je regrette ce soir qu'elle ne soit pas là pour que nous puissions parler des chansons, de la voix d'Yves Simon, avant de prendre rendez-vous pour revoir pour la trentième fois notre film culte Mort à Venise.

J'aimerais bien vous faire entendre la voix d'Yves Simon qui me plaît, ce genre de voix que j'aimerais retrouver chez un garçon à qui je pourrais plaire. Sa voix est unique, bien sûr, mais ses intonations, ses inflexions, ses modulations, ne sont pas si rares chez des garçons qui sont à l'aise avec leur sensibilité, avec la part de féminin en eux. Je retrouve parfois ces intonations dans la voix de Québécois, mais plus rarement ; il y a dans l'intonation des Québécois une grande part de fatalisme ; la phrase est parfois charmante mais le ton final est brutal, sans la légèreté qui rend possible tout espoir d'envol. Je crois que les Européens, de manière générale, et les Français en particulier que je connais un peu mieux, sont plus à l'aise avec les fines nuances de l'expression qui s'expriment aussi dans la voix...

Sur Radioblog.club, je n'ai trouvé qu'une chanson d'Yves Simon, « Je pense à elle tout le temps », mais le fichier ne fonctionne pas. L'une des chansons qu'il m'arrive d'écouter en boucle, c'est « Raconte-toi », mais je ne sais pas comment l'afficher sur le blogue. J'ai cependant trouvé sur Dailymotion une interprétation de « Diabolo menthe » qui date de quelques années déjà et qui ne présente pas la même qualité sonore que la version sur disque mais elle a le mérite de nous faire voir l'auteur-compositeur-interprète. Il suffit de cliquer sur ce lien pour le voir et l'entendre. On peut lire le premier chapitre de l'un de ses romans, La voix perdue des hommes, (Paris, 2002) sur le site des éditions Grasset.

3 commentaires:

V à l'Ouest a dit…

Enfin de la lecture :)

Je ne me suis jamais intéressé à Yves Simon, mais je sais qui c'est. Je vais regarder ça de plus près. Par contre, je comprends vraiment l'effet que peut produire une voix sur quelqu'un pour qui cela a de l'importance. C'est mon cas aussi. Je sais que je pourrais perdre toutes mes défenses avec certaines.

V à l'Ouest a dit…

C'est vrai que le français québecois est très nasalisé, ce qui le rend un peu monocorde. Mais ça lui donne aussi tout son charme.

Anonyme a dit…

bonsoir ALCIB... J'avance progressivement dans ma lente découverte de vos regards... Jolie mélancolie, parfois. Des coups de gueule que je partage et des tendresses qui m'invitent. Je suis dessinateur: j'ai réalisé il y a qqs années une sérigraphie sur " LA MORT A VENISE " je me dois de vous l'offrir. Comment? Dans l'attente du parcours, amicalement vôtre. Willy