samedi 17 novembre 2007

Mornifle

Paul Verlaine

J'ai lu quelque part, sur le blogue d'un jeune Français en stage au Québec, dans le domaine du journalisme, si j'ai bien compris, que le mot « mornifle » était un terme québécois que tout Français de passage au Québec devait apprendre. Pourtant, le poète français Paul Verlaine publiait en 1891, dans son recueil Chansons pour elle un poème contenant le mot « mornifle ». Je dois dire que lorsque j'étais à Paris, j'ai souvent entendu ce mot dans la bouche de Français. Ce n'est là qu'une illustration de plus que, parfois, les chocs culturels relèvent autant du conflit des générations que du dépaysement géographique.

« Je n'avais qu'à me tenir coi
Sous l'aimable averse des gifles
De ta main experte en mornifles
Sans même demander pourquoi. »*

*On trouvera ici le texte complet.

10 commentaires:

V à l'Ouest a dit…

Ce mot ne m'était pas inconnu mais alors remisé au sous-sol de ma mémoire. J'ai du le lire jadis, mais je ne l'ai jamais, jamais entendu prononcer ni en France, ni au Québec.

Unknown a dit…

Je ne connaissais pas le mot mornifle. Mais j'ai découvert que "cave" (dans le sens de l'insulte) n'était pas québécois, mais utilisé en France dans des temps pas si lointains.

Il est utilisé dans le film "l'assassin habite au 21" de Clouzot (1942) [à voir pour l'accent terrible des personnages ;)]

Anonyme a dit…

En Provence on n'utilise guère ce terme exotique de "monrnifle".

Brigetoun a dit…

les jeunes français ne connaissent pas leur langue, et cherchent les mots, qui existent dans la mémoire du pays, chez les autres.

Jean-Marc a dit…

Pour moi, sans chercher à en vérifier la signification immédiatement, le mot "mornifle" évoque tout de suite, dans le langage argotique, une gifle, une baffe...
(Avec la lecture des San-Antonio, de Frédéric Dard, j'ai été à bonne école pour une foule d'expressions colorées et truculentes...)

Brigetoun a dit…

ben oui - si mornifle ne s'emploie guère, mornifler si

Alcib a dit…

Vincent : Je dois dire que je ne l'entends plus souvent non plus, ni ici ni en France.

Erwan : Il y a très longtemps que j'ai vu ce film mais à l'évocation de ce titre, je crois entendre Jean Gabin prononcer ce mot de « cave ». Et pourtant, Gabin ne fait pas partie de la distribution. Un « cave » serait donc quelqu'un dont l'intelligence manque d'air, de lumière, d'élévation ?

Tietie007 : Sois le bienvenu dans ces pages. Je ne sais pas si le mot « mornifle » est si « exotique » car il y a trop longtemps que je suis passé par la Provence et je ne l'ai pas entendu dans la bouche de quelqu'un que j'y connaisse.
Je vois sur ton blogue que tu es passé récemment à Salamanque : un ami d'Aix y était juste un peu plus tôt...

Brigetoun : Merci encore de votre fidélité. Il faudrait peut-être que Bernard Pivot et d'autres publient régulièrement des recueils de mots que l'on refuse de voir disparaître. Je me rends compte que j'ai moi-même laissé tomber de nombreux mots et expressions que j'employais ; je n'ai pas décidé de les laisser tomber : je n'ai tout simplement plus l'occasion de les employer avec plaisir. La langue, c'est un peu comme la cuisine ; on s'en sert tous pour survivre mais un certain nombre d'entre nous y met beaucoup de plaisir et d'autres en font tout un art.

Jean-Marc : En effet, San Antonio est un très bon maître pour enseigner des expressions colorées et truculetes. N'en invente-t-il pas aussi un certain nombre ?

Beo a dit…

Dommage que je n'aie pas le temps de relever ce type de termes qui nous viennent de France, tellement s'en est d'autres qui sont utilisés en Suisse romande.

Par contre quand ça arrive: j'identifie tout de suite la personne comme àtant française ;)

Merci pour ce rappel Alcib, ce terme était et est pas mal utilisé encore dans le Bas-St-Laurent; je l'ai toujours entendu. Sauf que ça voulait dire une petite tape donnée avec le dos de la main à la base du nez donc; plus du genre réprimande, on est loin de la baffe.

Anonyme a dit…

Je pense comme Brigetoune: les jeunes Français sont peut-être "durs d'oreilles" quand il s'agit d'entendre les mots qui se prononcent chez eux, habitués qu'ils sont de les entendre sans les remarquer. Mais quand ils sortent, ils deviennent soudainement à l'affût de ces mots qui sonnent exotiques.

Bon. Et je dis jeunes "Français", mais c'est sans doute le lot de beaucoup d'autres nationalités. Je pense cependant que ça nous dérange plus lorsque ces remarques sont faites par les Français... Peut-être parce qu'on commence à en avoir plein le dos de leur "émerveillement" béat face à nos expressions... Comme si on nous regardait de haut, tout attendri. Comme un parent qui regarde son enfant bredouiller son premier mot.

Grrr. Ça m'énerve! :)

Et mornifle, ça se dit. On l'entend souvent, en France comme ici. C'est juste un peu plus recherché que "baffe" ou "claque su'a gueule"...

Francois et fier de l'Être a dit…

C'est drôle, je pensais qu'il s'agissait d'un mot d'argot courrant. Je me souviens qu'il était fort usité dans le faubourg Saint Denis à Paris du temps de ma jeunesse. Les bouchers des Halles nous disaient souvent : "Je va vous retourner une sacré mornifle, les morveux". Bizzarement le sens m'en semblait très clair à l'époque. Quand au "cave qui se rebiffe", on l'utilisait pour cdésigner celui qui n'était pas au courant d'une affaire ou semblait l'ignorer.