Le premier juillet 2007, date à laquelle Diana, princesse de Galles, aurait célébré son 46e anniversaire, ses deux fils, les princes William et Harry, ont organisé à Londres un immense concert qui a rassemblé au stade de Wembley près 65 000 personnes. De son côté, le palais de Buckingham lui a rendu hommage à l’occasion des dix ans de sa disparition par une cérémonie officielle et une messe souvenir à la chapelle des Gardes, messe à laquelle assistaient la famille royale, plusieurs membres de la famille de Diana, de nombreux artistes chers à la princesse, les trois plus récents premiers ministres britanniques, en tout, quelque 500 personnes triées sur le volet.
Ce 31 août 2008, les cérémonies de commémorations seront sans doute plus modestes, plus discrètes, mais ne seront néanmoins pas absentes. À Paris, des milliers d’admirateurs viendront se recueillir sur le pont de l’Alma pour rendre hommage à une jeune femme qu’ils considèrent comme un modèle et dont l’engagement envers ceux qui souffrent continue, à des titres divers, de les inspirer. À Londres, des milliers d’autres se recueilleront devant le palais de Kensington, dernière résidence de la princesse et dans quelques lieux associés à la vie de celle qui a su conquérir le cœur des Anglais. Dans le Northamptonshire, au nord de Londres, lieu où a grandi Diana Frances Spencer, de nombreux autres fidèles ne manqueront pas de souligner l’événement près du domaine d’Althorp où elle repose sur une petite île au milieu de l’étang ovale. Le domaine ancestral d’Althorp, résidence de la famille Spencer depuis le début du seizième siècle, est généralement ouvert au public, sauf le 31 août. La famille se réunit chaque année pour se recueillir et rendre hommage à celle qui n’était pas seulement « princesse des cœurs », comme on la surnommait, et « princesse du peuple », comme l’avait constaté l’ancien premier ministre Tony Blair. Pour la famille, elle était tout cela, mais elle était surtout une sœur, une cousine, une jeune tante dont la disparition, il y a onze ans, a causé une douleur sans nom et un vide immense.
Je ne suis pas de la famille, je ne suis même pas Anglais (je crois qu’il n’est plus écrit sur notre passeport que les citoyens canadiens sont des sujets britanniques), et pourtant je me souviens parfaitement de cette nuit du 31 août et des premiers jours de septembre 1997. Comme John F. Kennedy a pu dire à Berlin Ouest le 21 juin 1963 : Ich bin ein Berliner, « Je suis un Berlinois », je me suis senti ces jours-là tout aussi Anglais que les dizaines de milliers de personnes qui se sont massées devant le palais de Kensington à Londres ; à certains moments, j’avais presque le sentiment d’appartenir à la famille royale ou, plus précisément, à la famille Spencer. La rigidité du protocole de la famille Windsor a fait passer le silence de la reine et des siens pour de l’insensibilité, avant que le premier ministre ne réussisse à la convaincre de mettre les drapeaux en berne et de s’adresser à son peuple. La monarchie britannique a vacillé un moment, le peuple se sentant plus près de leur princesse que d’une reine qui leur a paru trop distante. Dans ce contexte, la population britannique, et des milliards de personnes dans le monde qui ont suivi à la télévision ces jours de deuil et les funérailles, auraient plus volontiers prêté allégeance à la famille Spencer qu’à la famille Mountbatten-Windsor.
Onze ans plus tard, on retient que Diana fut l’une des femmes les plus célèbres et les plus populaires du monde, une figure emblématique de la mode, une beauté féminine et un modèle pour ses admiratrices. Son charme a contribué à redonner du lustre et de la vitalité à la monarchie jusque-là frileuse et poussiéreuse. Sa popularité dans le monde aura très certainement stimulé l'industrie touristique anglaise. De plus, elle fut admirée et imitée pour son engagement dans des causes humanitaires. En 1987, par exemple, elle fut la première célébrité à se faire photographier en tenant la main d’une personne atteinte du VIH. Bill Clinton déclarait en décembre 2001 : « En 1987, lorsqu'une large partie de la population croyait qu'il était possible de contracter le sida par de simples contacts, Lady Di s'est assise sur le lit d'un malade du sida et lui a serré la main. Elle a montré au monde que les séropositifs ne méritaient pas l'isolement mais la compassion. Ces prises de position ont contribué à faire évoluer l'opinion mondiale, à donner espoir aux séropositifs et à sauver des vies. »
En plus de son engagement dans la lutte contre le Sida, Diana a consacré du temps, de l’énergie, à diverses causes humanitaires : lutte contre les mines antipersonnel avec la Croix-Rouge internationale et la Croix-Rouge britannique ; Centrepoint (aide aux sans domicile fixe) ; The Chain of Hope (hospitalisation d'enfants défavorisés venus du monde entier) ; Great Ormond Street Hospital (hôpital pour enfants) ; Aids National Trust (lutte contre le sida) ; Royal Marsden NHS Trust (hôpital) ; diverses associations de lutte contre le cancer. Son exemple aura inspiré d’autres personnes à prendre la relève et à s’engager pour le bien de ceux qui souffrent. Chacun de nous ne peut pas en faire autant ; ce qui est intéressant, cependant, c’est de constater que plusieurs personnes qui pourraient simplement profiter agréablement de leurs loisirs et de leurs ressources financières choisissent de s’engager et de faire du bénévolat auprès d’organisations humanitaires.
Avec le recul, en pensant à l’héritage que nous laisse Diana, je me faisais aujourd’hui les réflexions suivantes : Voilà une jeune femme qui semblait jouir au départ d’excellentes conditions d’existence. Comme bien des jeunes filles, elle a dû rêver au prince charmant ; mais ne soyons pas sexiste ni discriminatoire : certains garçons aussi rêvent au prince charmant — et plusieurs le trouvent. Mais voilà que ses ennuis ont commencé peu après que le prince se soit présenté. En épousant le prince héritier, elle épousait aussi un rôle très exigeant, des responsabilités assez lourdes, des règles et des conventions très contraignantes. Quelles qu’en soient les causes et les circonstances, la « princesse des cœurs » a eu du mal à faire sa place dans ce monde, avec toutes ses conventions, son protocole pointilleux et froid, dans ce monde de représentation où les apparences sont plus importantes que les valeurs personnelles, où les rôles que l’on doit assumer sont plus importants que de vivre en fonction de ses intuitions, de ses goûts personnels, de ses convictions, selon son cœur, en somme.
À la naissance de ses enfants, William et Harry, elle a été bien inspirée de se consacrer surtout à son rôle de mère. Mal à l’aise dans un monde rigide, elle a choisi de donner à ses enfants une vie d’enfants « comme les autres », une mère aimante et présente, des jeux, des découvertes, à l’abri le plus possible de la censure royale et des regards du public et des médias. Elle aura donné à ses enfants une solide base affective qui leur permettra ensuite de faire face à bien des situations.
Elle aura compris que c’est l’amour qui nous anime et qui nous permet de nous épanouir et d’être heureux. L’amour réciproque que l’on éprouve pour un être, avec qui l’on partage plusieurs aspects de la vie, si possible, mais aussi l’amour et la tendresse que l’on éprouve pour notre entourage, pour nos semblables. Quand l’entourage ne permet pas de ressentir, d’exprimer, de partager cette tendresse, l’être authentique a parfois du mal à se sentir en harmonie avec lui-même, avec la vie… Quand le protocole, les règles établies, les conventions ou les bonnes manières empêchent l’expression spontanée, l’être authentique souffre et, à force de souffrir ces contradictions, il finit par développer des maladies…
La principale leçon que je retiens, donc, c’est qu’il faut vivre le plus possible en accord avec soi-même, avec nos propres valeurs, nos propres convictions, nos propres émotions et nos sentiments. S’il faut parfois faire des concessions pour respecter des conventions, si l’on veut éviter les conflits intérieurs et la maladie, il faut surtout essayer de vivre en harmonie avec soi, de vivre le plus spontanément possible, selon son intuition, selon son cœur…
Du haut de son nuage, elle observe avec tendresse ses deux fils dont elle est très fière, ainsi que certains membres de sa famille. Elle apprécie leur amour et leur fidélité et elle veille sur eux avec bienveillance. Elle voit bien qu'il reste encore beaucoup de travail à faire pour combattre la maladie et la souffrance, que les hommes continuent de se faire la guerre et de construire des engins qui ne font pas que tuer des militaires mais qui blessent et tuent des civils, adultes et enfants. Elle constate bien que ce monde qu'elle a quitté trop tôt vit un peu trop dans la souffrance. Elle n'en garde cependant pas moins sa sérénité car elle sait que chacun doit faire son effort, chacun doit y mettre du sien pour essayer de faire en sorte que ce monde soit supportable et, si possible, agréable à vivre. La mère qu'elle a été sait bien qu'il faut laisser les êtres faire leurs propre expériences et tirer leurs propres leçons ; c'est ainsi qu'ils pourront apprendre et grandir intérieurement. Néanmoins, elle sait qu'une attention bienveillante et tendre, bien que discrète, ne peut qu'encourager tous ceux qui sont de bonne volonté ; quant aux autres, ils apprendront bien un jour, d'une façon ou d'une autre...
Je suis persuadé que si elle avait un message à donner à ceux et celles qui l'aiment, à tous ceux et celles qui ont pleuré sa disparition, ce serait de chercher la sérénité qu'elle a maintenant trouvée, d'oublier la tristesse et la morosité et de vivre le plus souvent possible dans l'amour et dans la joie.
* * *
Il me semblait essentiel d'accompagner cet article de musique et Elton John, qui fut un ami personnel de Diana, me semblait tout à fait approprié. Pour l'occasion, Elton John a réécrit avec Bernie Taupin des paroles tout à fait adaptées à la situation, exprimant dans « Candle in the Wind » ce qu'était Diana pour lui et pour les milliards de personnes qui assistaient aux funérailles, que ce soit en personne à l'abbaye de Westminster ou par la télévision ; les paroles de la chanson suivent la musique, ci-dessous. Précisons qu'Elton John n'aura chanté cette chanson qu'une seule fois en public, le 6 septembre 1997, et qu'il aura toujours refusé de chanter en public cette version dont les paroles ont été écrites pour son amie Diana. J'ajoute, en audio et en vidéo ici, cette chanson rappelant la « princesse des cœurs », ainsi que deux autres chansons tirées du disque qui a été distribué dès le 13 septembre 1997 et qui portait le titre de la chanson principale,
« Candle in the Wind » (article sur Wikipédia).
« Candle in the Wind » (article sur Wikipédia).
Candle in the Wind
Goodbye, England's rose;
may you ever grow in our hearts.
You were the grace that placed itself
where lives were torn apart.
You called out to our country,
and you whispered to those in pain.
Now you belong to heaven,
and the stars spell out your name.
And it seems to me you lived your life
like a candle in the wind:
never fading with the sunset
when the rain set in.
And your footsteps will always fall here,
along England's greenest hills;
your candle's burned out long before
your legend ever will.
Loveliness we've lost;
these empty days without your smile.
This torch we'll always carry
for our nation's golden child.
And even though we try,
the truth brings us to tears;
all our words cannot express
the joy you brought us through the years.
Goodbye England's rose,
from a country lost without your soul,
who'll miss the wings of your compassion
more than you'll ever know.
Lyrics were revised and sang by Elton John,
at the funeral of Lady Di.
Goodbye, England's rose;
may you ever grow in our hearts.
You were the grace that placed itself
where lives were torn apart.
You called out to our country,
and you whispered to those in pain.
Now you belong to heaven,
and the stars spell out your name.
And it seems to me you lived your life
like a candle in the wind:
never fading with the sunset
when the rain set in.
And your footsteps will always fall here,
along England's greenest hills;
your candle's burned out long before
your legend ever will.
Loveliness we've lost;
these empty days without your smile.
This torch we'll always carry
for our nation's golden child.
And even though we try,
the truth brings us to tears;
all our words cannot express
the joy you brought us through the years.
Goodbye England's rose,
from a country lost without your soul,
who'll miss the wings of your compassion
more than you'll ever know.
Lyrics were revised and sang by Elton John,
at the funeral of Lady Di.
16 commentaires:
THANK YOU ALCIB
Alexander : Tu n'as pas à me remercier. Je n'ai fait qu'exprimer maladroitement mon émotion du jour. Lorsque j'ai commencé à rédiger cet article, je ressentais une grande émotion en pensant à cette date, onze ans plus tôt. Toute la journée, cette émotion m'avait habité, que j'essayais de mieux cerner afin d'en tirer un article qui ne soit pas trop anecdotique ni échevelé. Je n'ai pas le sentiment d'être parvenu à exprimer assez l'émotion ressentie, comme je n'ai pas assez bien réussi à identifier de quoi était faite cette émotion, ce qui la rendait si vivace.
Néanmoins, je suis content d'avoir souligné cet anniversaire. Je parlais récemment avec une collègue de travail qui, en 1997, avait été très bouleversée par la disparition de la princesse qui portait le même prénom qu'elle. Je me souviens que nous en avions parlé durant des semaines, des mois. Récemment, elle m'en parlait encore avec beaucoup d'émotion ; elle me disait avoir conservé tout ce qu'elle avait pu trouver sur Diana (magazines, vidéos, disque, etc.)
J'ai aussi eu ce sentiment de perdre quelqu'un qui apportait de la lumière et de la joie dans ce monde souvent trop terne et trop insensible aux autres. Même à distance, sa présence rayonnait ; si c'était vrai à Montréal, ce l'était sûrement un peu partout dans le monde.
Quand on perd un artiste, un intellectuel, on regrette les idées qui ne jailliront plus, la créativité qui s'est endormie. Dans le cas de Diana, je crois que ce que nous regrettons le plus, ceux qui ne l'ont connue qu'à distance, c'est sa présence simple, aimante, sa tendresse et sa compassion pour les autres, pour tout ce qui vit. Et cela, nous ne l'oublions pas. Rien ne nous empêche de suivre son exemple et de faire rayonner nous-même autour de nous, différemment bien sûr, à notre façon, la même présence attentive, le même respect, la même compassion et la même tendresse. Ne serait-ce que pour cela, sa courte vie sur terre aura été source d'inspiration.
En tant que compatriote, en tant que voisin, ... tu auras d'elle une connaissance que je n'ai pas et le sentiment de perte est d'autant plus grand. Je sais que, onze ans après sa tragique disparition, elle continue de vivre dans le coeur et dans l'esprit de centaines de millions de personnes, en Angleterre et dans le monde.
Je ne suis que l'un ce ces centaines de millions qui, à ma façon, tenais à souligner cette triste date du 31 août, comme j'ai souligné tant de fois sur ce blogue la disparition d'autres personnalités. Pour des raisons personnelles que je ne tiens pas à dévoiler ici, j'ajouterai simplement que ce témoignage maladroit me tenait à coeur. Puisqu'il semble te toucher aussi, permets-moi de te le dédier.
Si c'est ça: exprimer maladroitement: je veux bien être pendue!!!
Ton texte, du début à la fin m'a touchée et rappelé ce grand sentiment de perte que j'avais ressenti alors...
C'est un magnifique hommage que tu lui rends ici, avec une infinie justesse.
Béo : je te remercie du fond du coeur. Ton commentaire me touche beaucoup.
Emouvant hommage que vous rendez Alcib à la princesse Diana.
Elle n'était plus à la date de sa mort ma "princesse de coeur".Les derniers mois de sa vie me l'ont rendue beaucoup moins sympathique car elle avait une façon d'utiliser les médias qui frisait la manipulation. Ce qui, peut-être, explique en partie ce qui s'est passé le soir de son décés. Je ne suis pas là pour juger et je déplorerai toujours la mort d'une jeune et belle personne. Nul ne mérite de mourir d'aussi affreuse façon. Si vos écrits lui parviennent là où elle est, je suis sûre qu'elle appréciera cette belle déclaration. Et je n'écoute jamais cette chanson sans une certaine émotion.
Au plaisir, Sylviane
Quel bel article... et magnifique hommage qui me touche également pour des raisons perso. Bravo.
Merci ALcib d'avoir publié mon commentaire. J'ai cru pendant 2 jours que vous le rejetiez pour ne pas avoir été en symbiose avec votre ressenti. Vous me prouvez là, que les blogs ne sont pas des réservoirs "obligatoirement positifs" dans leurs réponses et que la critique, positive ou négative, est de bon ton chez vous. Vous me rassurez Alcib et je vous en remercie. Au plaisir, Sylviane
Sylviane: Non, vous este pas la pour juger, mais c'est exactement qu'est vous fesez parce vous penser que vous avez ce droit!!
Vous penser avoir ce droit malsaine de repeter comme une peroquet ce quoi vous liser dans les stupid journeau de votre pays qui fait autant du mal que les tabloid chez nous en U.K.
Comme ces journalist francais, qui prener des photo contre le vitre du Mercedes plutot que apeler le Emergency! Eux aussi ils penser ils a ce droit..
Vous afirmer que le attitude de Di; que vous avez pas un seul ider de elle; pouvez expliquer en partie le accident! Jesper que le enquete peut profiter pour vos interesant remarque, parce person il peut oublier que c'est dans le France que il se passer!!
Qui este vous pour vous permeter ainsi pour ecriver cela et de afirmer que elle utiliser les media et manipuler le press? Que pouver vous savoir de ca?
Vous avez pas un mot du respect pour tout le bien elle fesez, pour tout le espoir elle aporter, pas du respect pour son famille.
C'est pour le plaisir du gens comme vous, que ces journeau ils exister malheureusement ..
Alors sil vous plait, ne ecouter plus jamais "Candle in the Wind".. et garder pour vous votre..certain..emotion...
Si les ecrit de Alcib elle peut le lisez la ou elle est, oui..cela lui rechaufer le coeur...vraiment!
Pardoner mon mauvais francais
Sylviane : Je reconnais avoir hésité un peu à publier votre commentaire parce que mon intention, en rédigeant cet article était de rendre hommage à Diana et non d'amorcer une discussion sur le bon ou le mauvais usage des médias.
Mon article est un témoignage personnel, un hommage à son engagement dans les causes humanitaires, à l'inspiration qu'elle a été et qu'elle est toujours pour des centaines de milliers de personnes dans le monde, un modeste lampion allumé parmi les centaines de milliers, les millions peut-être, partout dans le monde ce 31 août, un simple geste de reconnaissance et de solidarité envers sa famille et tous ceux qui l'ont aimée, tous ceux qui l'aiment encore et, surtout, tous ceux qui ne l'oublieront jamais (personnellement, je sais que je ne l'oublierai jamais de ma vie ; j'ai des raisons personnelles le le croire. Si jamais je l'oubliais c'est que j'aurai perdu la mémoire ou la raison).
Je voulais donc rendre hommage et non ouvrir un procès ou un débat car il s'est dit, écrit, imaginé, inventé, publié tellement de choses en onze ans que je ne crois pas que mon modeste blogue puisse apporter quelque lumière que ce soit aux nombreux procès qui lui ont été faits déjà.
J'ai hésité un peu donc, non pas durant deux jours (j'ai été loin de mon blogue durant deux jours) mais, durant quelques heures, je me suis accordé un délai de réflexion. Je savais que le commentaire sur l'usage abusif des médias et sur la manipulation qui aurait été la cause de l'accident, blesserait certains lecteurs comme ils m'ont blessé personnellement. Je pense à des lecteurs qui laissent des commentaires à l'occasion et à d'autres qui n'en laissent pas. Je pense à tous ceux et à toutes celles qui, même onze ans après sa disparition, souffrent encore de cette tragédie et de cette perte et qui n'ont pas besoin de lire ou d'entendre ce 31 août, quand toutes les émotions sont encore à fleur de peau, des commentaires discordants, surtout dans les lieux où l'on ne les attend pas. Je pense tout particulièrement à la famille et à ceux qui l'ont connue, de près ou de loin, mais aussi à tous ceux qui se sentent près d'elle sans l'avoir jamais rencontrée en personne.
J'ai hésité, mais j'ai décidé de le publier en dépit de ces deux phrases qui allaient, j'en étais persuadé, susciter des réactions. Je n'ai pas l'habitude de refuser de publier des commentaires, même s'ils m'étaient désagréables. Il m'est arrivé quelques fois de le faire, simplement parce que les commentaires n'avaient rien à voir avec l'article ni même avec le blogue, qu'il s'agissait de promotion pour des services ou de vulgaires invitations à visiter tel blogue ou tel site.
J'aurais pu le faire ici, pour la raison mentionnée que je voulais rendre hommage à une personne qui le mérite et qu'il me déplaisait de voir jeter de l'eau froide sur le lampion que j'avais allumé.
J'avais d'abord pensé désactiver les commentaires pour cet article ; sauf que j'empêchais alors les témoignages de sympathie. Le nombre de personnes qui laissent des commentaires n'est pas très élevé mais je sais que de nombreuses lectrices et de nombreux lecteurs qui ne laissent pas de commentaires lisent tout de même ceux des autres.
Je vais essayer d'expliquer ce qui me dérange dans vos deux phrases sur l'utilisation des médias. D'abord, je comprends qu'une personnalité, si charismatique, si adulée qu'elle soit, puisse ne pas plaire à tout le monde ; personne ne peut vous reprocher (au nom de quoi ?) de lui retirer, en ce qui vous concerne, le titre de « princesse de coeur ».
Mais je ne peux laisser dire, du moins pas sur mon blogue, sans réagir à l'accusation de manipulation des médias par Lady Di. Les médias sont de puissants organes de pouvoir qu'on ne manipule jamais très longtemps. D'habiles communicateurs peuvent réussir à les faire marcher une fois ou deux, mais rarement plus souvent. Les médias sont beaucoup plus manipulateurs et beaucoup plus dangereux que peut l'être n'importe quel individu, quel que soit son statut. Ce n'est pas pour rien que les mégalomanes et les narcissiques veulent toujours s'emparer des organes de diffusions, journaux, radio, télévision (que l'on pense à Berlusconi, à Sarkozy par personnes interposées, etc.)
À mon humble avis, selon le point de vue que j'ai pu en avoir, Lady Di, sachant qu'elle ne pourrait y échapper, a voulu être aimable avec les médias en leur accordant des photos qu'on lui volerait de toute façon, des entretiens que l'on publierait même s'ils n'avaient pas eu lieue, etc. Son rôle, sa beauté, son charme, sa fragilité aussi (faisant partie de son charme pour les uns, son talon d'Achille pour les autres), en ont fait une vedette qu'il faisait bon pourchasser partout dans les rues de Londres et d'ailleurs.
J'ai vu à la télévision anglaise un reportage sur la façon dont travaillent les paparazzi : c'est à lever le coeur. La plupart de ces gens-là n'ont aucune morale, aucun respect ; ce sont des parasites, des vautours, des charognards. Ils n'hésiteront pas à provoquer des incidents, à détruire des réputations, à briser des vies, pour obtenir la photo qui les rendra célèbres et leur apportera la fortune. Si la proie est trop sage, on lui mettra dans les pattes un prédateur, séducteur ou menaçant, selon le caractère de la proie. Peu de célébrités y échappent. Même Caroline de Monaco et son ancien mari, ont payé d'un divorce le jeu à sens unique des paparazzi. Ceux-ci fonctionnent exactement comme les gens de la Mafia, comme les grands truands : on offre à la proie de collaborer aux reportages bidons que l'on veut faire sur elle ; s'il y a collaboration, le truand n'est pas trop méchant au début. Mais c'est comme le goût du sang pour un carnassier ; il en veut toujours davantage.
Et si la proie refuse de collaborer, on l'aura de toute façon, peu importe le prix.
La victime désignée n'a donc pas le choix.
Je connaissais un propriétaire de restaurant bien établi. Un soir un jeune garçon se présente et demande à parler au patron. Intrigué, le patron vient voir ce que veut ce garçon. Hors le garçon lui dit qu'il veut lui vendre de la glace à la vanille. Gentiment le patron lui dit qu'il n'a pas besoin d'acheter de glace à la vanille, qu'il a tout ce qu'il lui faut mais que si le garçon en veut une, il peut lui en offrir une. Le garçon insiste et, pour se montrer plus convaincant, il désigne ses deux « anges gardiens », restés discrètement à l'entrée ; il s'agit de deux gorilles tout de noir vêtus, aux lunettes noires et à l'allure plutôt inquiétante. Le garçon quitte le restaurant avec ses anges gardiens mais le lendemain matin un gros camion vient livrer son contenu de glace à la vanille.
Les paparazzi et certains médias fonctionnent un peu de cette façon.
Or que Lady Di ait « joué » avec eux, volontairement ou pas, ce n'est pas étonnant ; toutes les vedettes de la chanson, du cinéma vous le diront. Très peu y échappent. Que Lady Di se soit servie des médias à son avantage à quelques occasions, ce serait tout à fait de bonne guerre. Ses détracteurs, ses « adversaires », ceux qui avaient intérêt à ternir sa réputation, ne s'en privaient pas. Elle avait tellement contribué à la fortune des médias, ils pouvaient bien lui rendre service à quelques occasions ; il faudrait vraiment être un saint pour s'en priver. A-t-on reproché à Mère Teresa de se servir des médias pour passer son message, pour recueillir des fonds, du soutien ? Reproche-t-on au Dalaï Lama de paraître parfois dans les journaux, aux bulletins de nouvelles, dans des émissions de télévision ?
Comme cette accusation de manipulation des médias ne tient pas, comment pourrait-on admettre que ces jeux interdits aient entraîné, comme une suite inéluctable, l'accident du 31 août 1997 ? Ce serait dire que Ladi Di serait l'artisane de son propre malheur, qu'elle serait morte des suites de ses propres turpitudes ? C'est, il me semble, accorder beaucoup de crédit, d'angélisme, à tous ces vautours qui mitraillaient gaiement avant, pendant et après l'accident.
Voilà pourquoi, en bref, j'ai hésité quelque peu à publier votre premier commentaire. D'abord je voulais éviter de blesser des lectrices et des lecteurs qui étaient plutôt dans l'esprit de l'hommage. Ensuite, parce que je ne me sentais pas vraiment le courage d'écrire tout ce que je viens d'écrire (et que je ne veux même pas relire avant de le mettre en ligne).
Swinguette49 : Merci, c'est vraiment très gentil, d'autant plus que, comme moi, tu as des raisons personnelles d'être émue...
Alexander : Ton indignation, juste, me touche beaucoup.
Il est en effet assez délicat d'avancer des explications sur les causes de l'accident quand on sait que plusieurs enquêtes, tant anglaises que françaises, ne sont pas arrivées à tirer des conclusions claires et inattaquables.
Je vis loin de Londres et de l'Angleterre et j'ai au moins la chance de ne pas avoir sans cesse sous les yeux ces torchons de tabloïds tels que le Sun et bien d'autres qui, pour gagner quelques livres (pounds), sont prêts à tout. Ils ne sont pour moi que de répugnants charognards qui, pour se nourrir, n'hésiteront pas à faire que leurs proies trop vives ne le soient plus très longtemps.
Merci de ce compliment. Je ne sais pas si, au ciel, Lady Di peut lire mon article en français, mais je crois que, peu importe la langue, elle en aura senti l'émotion.
Quelles belles volées de bois vert!!!
Amplement méritées cependant.
Je suis sincèrement désolée de vous avoir blessé Alcib ainsi que votre ami Alexander.
Cela fait bien longtemps que tu n'as rien écrit... ça nous manque !
Alcib, moi aussi j'ai été touché par ton hommage et je partage ta perception sur Diana. Elle n'a pas été uniquement une femme belle et aimante pour ses enfants. Quoique provenant d'un «univers riche et célèbre», elle a été sensible aux négligés de la société et a donné un sens profond à sa vie par sa générosité. Malgré sa trop courte présence sur terre, elle a eu beaucoup d'impact et nous oblige à nous demander: «Et moi, qu'est-ce que je fais à mon tour?»
Continue à écrire mon ami, tu es inspirant et tu utilises si bien notre langue.
La mort de Diana a marqué le cours des jours d'une pierre noire, et un peu comme pour le 11 sept. (en arrêtant là la comparaison), on se souvient de ce qu'on faisait le soir où elle est morte (j'étais quant à moi en train d'attendre mon bus devant la pyramide du Louvres, il faisait très doux à Paris cette nuit-là) et notre consternation incrédule au matin en apprenant la nouvelle.
Diana, c'est aussi l'histoire d'une chrysalide où comment devenir belle avec de la volonté mais sans artifice, sans avoir été une bombe au départ qui n'a plus qu'à en jouer. Imposer un style, c'est super classe. Et pourtant il a fallu qu'elle en porte des robes horribles avant d'épurer et de moderniser le glamour windsorien.
Diana aimait l'argent, le luxe, la dépense scandaleuse, les people, les paillettes.
Elle a été vers les malheureux et a réellement servi des causes tout en vivant le luxe.
Elle n'était pas une fée. Elle était manipulatrice, séductrice, dépensière.
C'est pas simple.
Un vrai personnage complexe et attachant avec ses défauts et ses qualités.
Une icône du XXe siècle, pas un ange.
Et puis Diana a été une maman chaleureuse dans une famille raide et froide, et c'est peut-être son plus beau rôle. Malgré tout.
Henriette l: Votre comentaire me rendu malade et je preferer meme pas le reponder. A part ceci: Le utilisation du argent des Spencer ne vous regarder pas!
Mais je just un question :
Je aimerer pour savoir qui payer le neuf avion (Airbus A330)de votre ridicule petit president raciste et de son poupee gonflable?
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