
Je suis désolé d'être aussi silencieux. J'ai commencé à rédiger certains billets que je n'ai pas terminés, par exemple. Ce silence a plusieurs causes. Il peut s'expliquer par du travail, un peu de fatigue, du stress, quelques préoccupations, quelques bouleversements, des choses qui bougent et d'autres qui ne bougent pas assez...
Puis, ces derniers temps, j'ai passé plus de temps à essayer de faire fonctionner mon ordinateur qu'à m'en servir utilement ou agréablement. Il m'arrivait de commencer quelque chose et, après avoir rencontré quelques difficultés, de ne pas me souvenir de ce que j'étais en train de faire. Il est possible que l'ordinateur ait été infecté ; j'ai testé trois antivirus différents : chacun d'eux me disait avoir identifié des menaces qui en principe devaient être éliminées, mais si certains problèmes ont disparu d'autres que j'avais réglés il y a quelques jours sont revenus. Hier, j'avais des pages Web qui s'affichaient à un rythme si rapide que je n'arrivais pas à les fermer. La mémoire vive devenait vite saturée et je ne pouvais même plus rien faire, pas même fermer l'ordinateur de la bonne façon.
J'ai passé aussi plusieurs jours à essayer de régler d'autres problèmes pratiques. Il m'aura fallu par exemple des semaines de suivi régulier et de relances pour finalement me faire payer, aujourd'hui même, pour du travail effectué en octobre dernier. Les personnes à qui je parlais me semblaient toujours de bonne foi, mais dès que j'avais raccroché le téléphone, on m'oubliait. Comme on me devait environ 25 % de mon revenu annuel, il devenait important que je sois payé. On ne peut pas vraiment dire à un client qu'il n'y a plus rien dans le réfrigérateur depuis longtemps, mais j'ai su trouver les arguments pour être enfin payé. Je me demande cependant s'il y aura d'autre travail pour moi de la part de ce client car j'ai dû leur faire voir leur inefficacité et leur mauvaise foi ; les raisons qu'on me donnait pour ne pas avoir encore envoyé le chèque n'étaient pas crédibles ou démontraient un flagrant délit de mauvaise organisation. Je suis très bien capable de me battre lorsqu'il le faut, mais je n'aime pas toujours ça car si je ne gagne pas toujours, si on me pousse à bout, je peux faire plus de dommages qu'il en faut.
Mon amour, qui est revenu de la campagne plus tard que prévu, en a rapporté ce qu'il disait être une grippe et qui était en fait une mauvaise bronchite qui nécessitait l'hospitalisation. Il y a toujours bien sûr une inquiétude liée à l'hospitalisation, à la fièvre qu'il faut réussir à faire tomber. Comme je ne savais pas la gravité de la situation, mon inquiétude était raisonnable. Cependant, nous n'avons pas eu beaucoup le temps de nous parler entre son retour à la maison et son hospitalisation. Quand il était à la campagne, il pouvait m'écrire quatre ou cinq fois par jour, mais de l'hôpital, ce n'est pas possible. Il me manque.
Pour faire exprès, Docteur Jane ne pouvait pas non plus communiquer avec moi pour me donner des nouvelles. Son service de messagerie Hotmail était en panne depuis la veille de Noël et, sur un ordinateur ou sur un autre, le résultat était toujours le même : un message disait que Hotmail avait rencontré un problème et devait fermer, ou quelque chose du genre. Elle ne pouvait donc pas lire mes messages ni m'en envoyer. Cette fois-ci, c'est mon amour qui me donnait de ses nouvelles car ils se parlaient régulièrement au téléphone.
J'appréhendais donc les prochains jours avec anxiété, sans nouvelles de l'état de santé de celui que j'aime et, pour faire exprès, c'est la pleine lune ces jours-ci et, pour illustrer comment je me sens en ce moment, je reprendrai ces mots qui me trottent dans la tête depuis plusieurs heures, ces mots de l'écrivain Henri Calet, que citait Alexander le 23 avril dernier : « Ne me secouez pas, je suis plein de larmes. » Ne me demandez pas pourquoi ces larmes, je ne le sais pas exactement
Ces mots que citait Alexander en
commentaire à ce billet, je les ai retrouvés en effectuant une recherche sur Internet afin de trouver une image pour illustrer ce billet ; la recherche m'a fait aboutir... sur mon propre blogue. Cela m'a fait penser à ce que raconte Julien Green dans un volume de son
Journal : cherchant dans le dictionnaire un mot dont il veut vérifier le sens, il trouve le mot et, sous ce mot, une citation de... Julien Green. Cela m'arrive aussi, mais je ne suis pas Julien Green, loin de là.
Puis, à force de vouloir quelque chose, elle finit parfois par arriver : je ne pouvais me résigner à dormir sans avoir reçu de nouvelles de mon amour ; or, juste avant de m'endormir, j'ai reçu de Docteur Jane, qui ne pouvait ni lire mes messages ni m'en envoyer depuis la veille de Noël, un message qui m'a fait beaucoup de bien ; il me donnait des nouvelles qui, sans être nécessairement très bonnes, étaient tout de même plus rassurantes que le silence ; puis, il signifiait la reprise des communications entre nous, interrompues par une panne informatique il y a plus de deux semaines. Merci encore, Docteur Jane.