vendredi 27 mars 2009

Criminels - 3 : sinistres crapules

« Ce sont tous de sinistres crapules
quand ce ne sont pas tout simplement
de sombres idiots. »
Marcel Proust, Le Côté de Guermantes

Il y a quelques jours, ici et ici, je parlais de colère ; colère contre la déclaration irresponsable (et criminelle) de Benoît XVI, contre les gens qui ne surveillent pas leurs chiens qui risquent de se faire écraser, contre les automobilistes qui ne ralentissent pas lorsqu'il y a un jeune chien fou au milieu de la rue (négligence criminelle dans les deux cas)... Chaque jour, depuis l'été dernier, je vais faire une promenade au parc Jeanne-Mance et, pratiquement tous les jours, je m'arrête un moment le long de l'avenue du Parc, face au monument que l'on voit sur la photo ci-dessous ; il y a là quelques bancs où j'aime me chauffer au soleil en attendant que la neige soit fondue dans le parc et que le sol soit sec. J'aime parfois y prendre des photos, quand la lumière est belle ou quand les nuages changent rapidement. Je disais, samedi dernier, que j'aurais voulu prendre des photos à cet endroit mais que quelque chose m'en empêchait et que je dirais pourquoi. Voilà pourquoi.

Photo : Patrick Sansfaçon, La Presse

Depuis quelques mois, même en plein hiver quand il fait moins 30 degrés Celsius, même quand la tempête est si mauvaise que personne n'ose sortir, il y a à cet endroit une bande de revendeurs de « café », une bande de sombres crapules qui abordent ouvertement à peu près toutes les personnes qui passent par là, qui se rendent au parc ou qui en reviennent, ainsi que toutes les personnes qui descendent de l'autobus à cet arrêt pour traverser le parc du côté Est et rentrer chez eux.

Combien de fois me suis-je fait aborder par l'un d'eux pour savoir si j'allais bien ! Combien de fois les ai-je vus aborder des jeunes de douze ou treize ans ! Il m'est arrivé de voir, justement, certains de ces garçons de douze ou treize ans fumer ces substances tout près de là. En restant assis là, au soleil, j'en vois de toutes les couleurs. Des employés de bureaux, d'honorables maris et pères de famille aussi sans doute, d'autres canailles, sangsues, forbans et autres voyous, qui viennent chercher là leurs doses de « café ». Les transactions se font ouvertement, à la vue de tous, aussi bien des enfants et des adolescents que de leurs parents.

À quelqu'un qui m'approchait, j'ai simplement répondu, l'autre jour : « Comment ? Vous n'êtes pas encore en prison ? » Il a eu la présence d'esprit de me répondre qu'il m'attendait, qu'il voulait y aller avec moi. J'ai eu la présence d'esprit de continuer mon chemin sans m'arrêter, sans me retourner, alors qu'il insistait pour me parler. Je n'ai que mépris pour cette faune parasitaire, où qu'elle soit ; je sais qu'elle existe même si je ne la vois pas.

Qu'ils s'entretuent, au fond, ça ne me dérangerait pas trop si j'étais certain qu'ils ne causeront pas au passage d'innocentes victimes lors de leurs exercices d'extermination mutuelle. Hélas, il y a toujours d'innocentes victimes, à commencer par ceux qu'ils entraînent dans leur déchéance, les jeunes, psrfois des enfants, qu'ils initient à la consommation afin d'augmenter leurs ventes et de recruter des revendeurs. Parmi leurs victimes, il y a les membres de leur famille et de leur entourage. Et il y a la violence. J'ai vu récemmentà la télévision un reportage sur le trafic de la drogue au Mexique, je crois. Ces trafiquants, de grande ou de petite envergure ont déclaré la guerre à la police et, pour qu'on les laisse exercer tranquillement leur commerce, n'hésitent pas à abattre froidement un policier par jour, même si ce policier n'était pas précisément en train de combattre cette misérable vermine. Ces criminels font la loi dans certaines régions du Mexique, et ailleurs bien sûr. Dans pratiquement toutes les grandes villes, et plus particulièrement dans certains quartiers, grouillent ces bandes de puantes vermines.

J'éprouve un souverain mépris pour cette racaille qui menace sans scrupule la santé, la vie, la sécurité des individus et des sociétés où elle s'installe. Je suis en faveur de tous les moyens nécessaires pour éradiquer la vermine. Et je n'ai absolument aucune sympathie pour quiconque participe à leur commerce, pour le consommateur, quel qu'il soit. Car le consommateur de ces substances interdites ne fait pas que jouer un mauvais tour aux policier en achetant et fumant ces substances sans se faire prendre ; bien plus que cela, il se fait le complice de ces trafiquants, de ces sinistres individus qui, un jour peut-être, n'hésiteront pas à tuer son frère, sa soeur, ses parents, pour continuer son commerce lucratif. Au risque de perdre quelques amis (j'ignore lesquels, exactement), je le répète : à mes yeux, aux yeux de la société, tout consommateur se fait le complice de tous les meurtres, de tous les drames qui, au nom de l'une ou l'autre de ces substances, se produisent chaque jour dans le Monde.

Ces dernières semaines, donc, je n'osais plus prendre de photos lorsque j'étais au parc, car cette sombre vermine me tournait autour et je ne voulais pas qu'ils pensent que je les prenais, eux , en photos. Je sais qu'il y a des gens susceptibles (il m'est arrivé de me faire attaquer violemment par quelqu'un qui traversait la rue au moment où j'allais prendre une photo ; il était hors de mon champ de vision et je ne vois pas comment j'aurais pu, même en le voulant, le prendre en photo ; malgré tout, il était persuadé que c'était lui que j'avais photographié). Des détraqués, il y en a partout. Et dans la vingtaine de crapules qui me tournaient autour, la très grande majorité devait avoir un quotient intellectuel de 18, avec deux neurones fonctionnels. L'individu que l'on voit sur la photo ci-dessus, photo prise hier, jeudi, est l'un des moins inquiétants.

Il y a quelques jours, alors que j'étais assis sur l'un des bancs, un individu plus dangereux est arrivé. Crâne râsé, peau olivâtre, lunettes miroirs, élégamment vêtu (comme un truand d'un plus haut niveau), le manteau ouvert flottant au vent comme une grand cape. Il a dû s'inspirer de l'un des personnages les plus inquiétants du film Diva, ou de toute autre série télévisée où la violence est le personnage principal et où le sang coule comme au Québec le sirop d'érable au printemps. Dès qu'il m'a vu, il a enlevé ses lunettes, m'a regardé longuement et, en continuant sa route, s'est retourné deux ou trois fois en me jetant des regards menaçants. Il s'est approché de quelques-uns des parasites qui traînaient là ; ils ont échangé quelque chose, de manière plus discrète que d'habitude. Voyant que je ne me gênais pas pour les regarder, ils se sont éloignés tous ensemble pour aller continuer la conversation à l'écart.

Plusieurs fois j'ai parlé aux policiers qui souvent venaient prendre là leur café. Ils étaient très conscients de ce qui se passait sous leurs yeux. N'ayant aucune confiance en leur intervention, j'avais l'intention d'écrire au maire de Montréal et aux conseillers des quartiers environnants. Je n'ai pas eu le temps de le faire. Or, aujourd'hui, j'apprends que les policiers ont arrêté hier sept individus (hier et avant-hier, je n'ai pas eu le temps d'aller par là faire ma promenade). La photo ci-dessus a été prise hier et montre justement l'une des arrestations. Aujourd'hui, je trouvais que l'endroit était plus tranquille (je ne savais pas encore qu'il y avait eu des arrestations), mais il y avait tout de même une dizaine de ces charognards qui ne semblaient pas du tout intimidés par ce qui s'était passé hier. Je me demande même si, parmi eux, il n'y avait pas l'individu que l'on voit sur la photo. Ils attendent que la neige soit complètement fondue autour du monument ; alors reviendront les joueurs et les amateurs de tams-tams et, avec eux, toute une autre faune de parasites de toutes sortes, y compris les revendeurs qui pourront, fondus dans la foule des honnêtes et des moins honnêtes gens, au nez et sous leur regard protecteur de quelques dizaines de policiers, exercer tranquillement leur petit commerce.



3 commentaires:

Beo a dit…

Franchement, moi j'aurais peur d'aller par là trop régulièrement!

Je sais bien que la violence et les petites gangs ont toujours existées à Montréal. Sauf que maintenant, on dirait qu'il suffit d'un croisement de regards pour qu'ils capotent!

Alcib a dit…

Béo : Je ne veux justement pas céder à la peur et leur laisser le champ libre. Si quelqu'un doit faire de l'intimidation, c'est moi qui en ferai ; si je peux les gêner dans leur commerce, je le ferai, ne serait-ce qu'en étant là tous les jours. Ça ne me dérange pas qu'ils croient que je suis de la police, au contraire.
Ça m'est arrivé à Paris : Tous les jours j'allais déjeuner à la terrasse d'un café où j'étais souvent seul (j'y allais après l'heure des repas). J'avais remarqué qu'il y avait sur ce boulevard beaucoup d'allées et venues des mêmes individus qui s'échangeaient quelque chose sur le trottoir et repartaient ;ils revenaient quelques minutes plus tard. Ils voyaient bien que je savais ce qui se passait. Un jour quelqu'un, un de ces péripatéticiens, de ces commerçants ambulants, est venu me voir, me parler. C'était clair qu'il essayait de savoir ce que je faisais là toujours les jours. Il n'aura pas appris grand-chose de moi. La propriétaire du café m'a demandé s'ils m'embêtaient... J'ai vu plusieurs fois les policiers s'arrêter et parler avec certains d'entre eux, mais ils les laissaient repartir.
Ce qui se passe à Paris, je m'en fiche un peu. Sauf que si ces crapules envahissent mon jardin, je ne les laisserai pas faire.

Je sais que lorsqu'il lira cet article, mon amoureux sera inquiet ; il ne doit pas l'être : je ne suis pas suicidaire et je ne courrai pas de risques inutiles, mais je ne leur céderai pas le terrain non plus.

Tu as raison : dans certains quartiers, les adolescents se trucident froidement les uns les autres à cause d'un regard qu'ils n'aiment pas.
Quand j'entends ces voyous se plaindre devant les caméras de télévision qu'ils sont victimes de harcèlement de la part des policiers, en revendiquant le droit d'être traités comme tout le monde, j'aurais envie de leur répondre qu'ils n'ont qu'à se comporter comme tout le monde et qu'ils seront traités comme tout le monde. Mais ça, on ne peut pas le leur dire, ce n'est pas politiquement correct. Un voleur blanc de type européen, c'est un voleur. Un voleur appartenant à une minorité culturelle n'est pas un voleur ; c'est une victime de racisme !

Beo a dit…

Je partage totalement ton avis et aussi ta tendance à provoquer un peu...

Y a des jours où ce genre de souvenirs me rappelle mon grand âge...

Y a encore des jours où: rien ne me fera bouger si je suis dans mon droit.

Je sais bien que tu n'as pas de tendances suicidaires et que tant que plein de gens comme toi occuperont aussi le territoire: c'est très bien.

Ce qui m'énerve: c'est la tendance parano qui est devenue presque générale.

J'en reviens tout simplement pas que la manif anti policière à Montréal date déjà de 13 années!!!!

Plus tolérant tu meurs non? Et tout qui se termine dans la casse. Arf......

C'est clair que le problème est mondial. C'est clair qu'on a notre place malgré la gangraine des voyous.

C'est clair aussi que je me fais du soucis pour toi........ ;)