lundi 7 septembre 2009

Qu'allons-nous devenir ?


Dans l'un de ses plus récents messages, Jane me rappelle que lorsqu'elle m'a téléphoné, le 7 juillet dernier, pour m'annoncer que notre adorable Petit Prince venait de s'éteindre en douceur, je lui ai aussitôt répondu : « Mais, Jane, qu'allons-nous devenir ? » Je me souviens très bien avoir prononcé ces mots et je me souviens très bien que Jane m'a répondu, aussi angoissée que moi, qu'elle ne le savait pas. Deux mois plus tard exactement, je ne le sais pas encore, nous ne le savons toujours pas.

Je sais bien que les « grandes personnes », avec leur chirurgicale rationalité, diraient qu'« il faut prendre sur soi et passer à autre chose ». C'est facile à dire pour les grandes personnes à dominante rationnelle ; je sais être rationnel lorsqu'il le faut, mais je ne suis pas certain de vouloir ressembler à ces grandes personnes pour qui tout semble toujours tellement simple du moment qu'on y a pensé froidement. On ne peut pas avoir aimé Alexander et en avoir été aimé sans un important engagement émotionnel, à forte dominante fusionnelle. Dès lors, on ne tourne pas facilement la page pour passer à autre chose. Je n'ai pas encore le goût de la banalité. Je ne sais toujours pas que faire de mon chagrin.

8 commentaires:

Kty a dit…

Bonsoir Alcib,
Ce sont souvent des expressions que jai entendu aussi : "passer a autre chose", "Tourner la page", "Laisser le temps au temps" ... Bref autant d'expressions qui n'ont pas de sens a mes yeux qd la douleur est encore bien presente et vous dechire le coeur...Nous savons bien que la raison ne peut pas commander "d'aller mieux" si le coeur en a decide autrement ... D'ailleurs, j'ai lu un jour une citation qq part qui disait que ce n'etait pas la raison qui gouvernait le monde, mais nos emotions ... Comme je comprends ta derniere phrase Alcib...
Chaleureusement
Kty

Alcib a dit…

Kty : Merci. Je sais bien que tu comprends cela si bien toi-même.
« C'est la vie », « on va tous y passer », « la vie continue », « un jour, ce sera notre tour », etc. ; certains « amis » devraient plutôt se taire plutôt que de répéter ces formules qui ne montrent qu'une chose : qu'il vaut mieux pour eux qu'ils ne soient pas appelés à vivre maintenant quelque chose du genre car ils ne sont pas émotionnellement équipés pour faire face à la situation.
Quand la peine, la douleur, le chagrin sont là, il faut savoir reconnaître les émotions et les exprimer, d'une façon ou d'une autre, et non pas essayer de les pousser sous le tapis de la rationalité.
Si nous étions des machines, la raison suffirait peut-être à nous faire fonctionner, mais ce n'est pas le cas.
En disant que ce sont les émotions qui mènent le monde, on le disait sûrement avec mépris, pour affirmer la supériorité de la raison. C'est vrai que la raison est un très bon garde-fou, mais ce n'est pas un argument suffisant pour renier l'importancede l'émotion.
Sans émotion, il ne se construirait rien de grand et il n'y aurait rien de beau dans ce monde.

Kty a dit…

Alcib,
Je pense tres fort a toi...
Take care
Kty

Chroniqueur a dit…

Hé bien, cher Alcib, tu sais déjà dire ton chagrin avec des mots magnifiques, et c'est loin d'être banal.

Tu n'as à te justifier de rien du tout, tu as du chagrin, c'est bien normal. Ton billet me rappelle un texte de Clémence Desrochers où elle écrivait: « Cet amour inutile, qu'est-ce que tu veux que j'en fasse? »

Il n'y a pas de réponse à cette question, ni à celle que tu poses en fin de billet. Mais il y a certes des mots, à dire et à écrire, et qui n'ont besoin d'être ni les justes, ni les bons, simplement les vrais.

Magique a dit…

La meilleure phrase qu'on m'ait dite dans une telle situation, c'est "se donner le droit de...". Pourquoi vouloir à tout prix guérir, remonter, aller mieux. Pourquoi ne pas plutôt se donner le droit de vivre à fond son émotion. D'aller jusqu'au bout de notre tristesse, de la laisser nous habiter, sans culpabiliser, sans essayer d'être ailleurs, de vivre autre chose, de faire semblant.

Ca peut déranger autour peut-être, mais laisser la culpabilité de côté pour se donner le droit de vivre nous, ce qu'on a. justement le droit de vivre, pour le temps qu'on a besoin de le vivre.

Pour ma part, le dessin m'a beaucoup aidé dans ce sens, non pas pour évacuer, mais pour me donner le droit de me laisser habiter entièrement par une émotion, pour la vivre à fond, et la laisser ensuite couler, en toute liberté.

Lux a dit…

C'est une question cruciale: «Que vas-tu devenir?» Il est sûr qu'Alexander a laissé une marque profonde en toi; tu n'est plus le même qu'avant.
Il ne faut surtout pas passer à autre chose. Peut-être que la vraie question pourrait être: «Que veux-tu devenir?... Que veux-tu manifester de ce qui te touchait tellement chez Alexander? Il ne faut surtout pas l'oublier, au contraire! Rends-le vivant à travers toi.
Je suis entièrement d'accord avec ce que tu écris sur les émotions: les reconnaître, les habiter et les laisser vivre. Les émotions silencieuses ne perdent pas de leur intensité et peuvent devenir pernicieuses. Les émotions ressenties font souvent mal, mais elles sont alors en mouvement et peuvent évoluer.
Je t'envoie mes pensées de paix et de courage.
À bientôt Alcib

Dr. CaSo a dit…

Je ne sais pas ce que nous allons devenir, Alcib. Je pose souvent la question aux chatounes mais même elles ne savent pas (ou alors elles ne veulent pas me le dire?). Il ne nous reste plus qu'à attendre et voir ce que la vie nous réserve, en espérant pour le mieux...

Grosses bises!

Kty a dit…

Bonsoir Alcib,
Tu nous manques...
C'est quand que tu reviens ?
Chaleureusement a toi
Kty