Il y a deux ans et des poussières, je ne savais pas reconnaître le chant du rossignol. Grâce à l'article « Sérénade printanière » publié ici le 6 mai 2008, j'ai pu apprendre que le chant que j'ai si souvent entendu le soir, la nuit ou au petit matin, c'était en fait celui du rossignol. C'est une jeune Anglais qui avait identifié le chant de l'oiseau que l'on entendait sur l'enregistrement que j'avais mis en ligne. Dans les mois qui ont suivi, Alexander, le jeune Anglais en question, aura eu l'occasion de laisser plusieurs autres commentaires, notamment le 14 juillet 2008, à la suite d'un article que j'avais écrit en pensant à lui, connaissant son amour pour l'écrivain Colette et surtout pour une dame qu'il adorait et qui lui a appris tellement de choses, y compris le nom des oiseaux. À la suite de cet article, « J'ai vu chanter un rossignol sous la Lune », Alexander écrivait que dans la Grèce antique le rossignol était un symbole car son chant si beau inspirait les amoureux... Ce commentaire m'avait alors très ému ; aujourd'hui sa relecture me bouleverse... C'est que, les lecteurs fidèles le savent, Alexander est retourné sur son étoile en juillet 2009, il y a exactement onze mois et que, par conséquent, ses mots, comme tant d'autres choses qui faisaient mon bonheur, me manquent terriblement, plus encore qu'il y a onze mois.
Alexander m'a toujours dit que si un jour il devait retourner sur son étoile ou sur la Lune, il serait tout de même toujours près de moi et il insistait que je ne devais jamais oublier qu'il était là. Je dois dire que les dernières semaines ont été très difficiles. Ce n'est pas vrai qu'avec le temps le chagrin diminue. Mais avec le temps qui passe, les proches croient que le chagrin devrait s'atténuer et que l'on ne devrait plus avoir besoin d'autant d'attention. À qui, alors, dire sa peine ? à qui parler encore de ce qui nous manque cruellement ? Je reconnais que ces derniers temps, peut-être parce que j'étais plus préoccupé par des problèmes pressants (mais tout est lié : l'état d'esprit influence tout le reste), même si je pensais toujours à lui et que mes rituels n'ont pas changé, il m'était plus difficile de sentir sa présence. Et cela même me rendait malheureux. Et, depuis deux ou trois jours, je ne sais plus pourquoi exactement, je sens davantage la présence d'Alexander. Je perçois très souvent des signes qui étaient peut-être là auparavant mais que je n'arrivais pas à décoder.
Vendredi soir, par exemple, je suis sorti pour aller manger au restaurant. Le soleil se couchait à l'horizon. Ma rue est bordée de grands arbres des deux côtés. Devant chez moi, j'entendais les oiseaux se préparer pour la nuit. Puis un chant se distinguait très nettement parmi les autres. Je me suis arrêté, cherchant je ne sais pourquoi dans l'épais feuillage, l'oiseau qui chantait si bien. Et je l'ai vu : il était perché sur un élément décoratif de la corniche d'une maison de quatre étages ; sa silhouette était clairement découpée sur le bleu violacé du ciel. Je pouvais même distinguer le gonflement de sa poitrine et les mouvements de son bec. Il semblait seul au monde et si heureux de chanter. C'était, vous l'aurez deviné, un rossignol. Alexander avait raison de mentionner que dans la Grèce antique son chant magique inspirait les amoureux. Je crois qu'aujourd'hui encore, souvent sans le savoir, les amoureux sont sous le charme de cet enchanteur. Je suis resté longtemps à l'écouter, en pensant à tout ce qu'aurait dit Alexander. Puis je me suis dit que tout ce qu'Alexander aurait voulu m'exprimer passait ce soir-là par le chant merveilleux d'un rossignol qui semblait ne chanter que pour moi.
Alexander m'a toujours dit que si un jour il devait retourner sur son étoile ou sur la Lune, il serait tout de même toujours près de moi et il insistait que je ne devais jamais oublier qu'il était là. Je dois dire que les dernières semaines ont été très difficiles. Ce n'est pas vrai qu'avec le temps le chagrin diminue. Mais avec le temps qui passe, les proches croient que le chagrin devrait s'atténuer et que l'on ne devrait plus avoir besoin d'autant d'attention. À qui, alors, dire sa peine ? à qui parler encore de ce qui nous manque cruellement ? Je reconnais que ces derniers temps, peut-être parce que j'étais plus préoccupé par des problèmes pressants (mais tout est lié : l'état d'esprit influence tout le reste), même si je pensais toujours à lui et que mes rituels n'ont pas changé, il m'était plus difficile de sentir sa présence. Et cela même me rendait malheureux. Et, depuis deux ou trois jours, je ne sais plus pourquoi exactement, je sens davantage la présence d'Alexander. Je perçois très souvent des signes qui étaient peut-être là auparavant mais que je n'arrivais pas à décoder.
Vendredi soir, par exemple, je suis sorti pour aller manger au restaurant. Le soleil se couchait à l'horizon. Ma rue est bordée de grands arbres des deux côtés. Devant chez moi, j'entendais les oiseaux se préparer pour la nuit. Puis un chant se distinguait très nettement parmi les autres. Je me suis arrêté, cherchant je ne sais pourquoi dans l'épais feuillage, l'oiseau qui chantait si bien. Et je l'ai vu : il était perché sur un élément décoratif de la corniche d'une maison de quatre étages ; sa silhouette était clairement découpée sur le bleu violacé du ciel. Je pouvais même distinguer le gonflement de sa poitrine et les mouvements de son bec. Il semblait seul au monde et si heureux de chanter. C'était, vous l'aurez deviné, un rossignol. Alexander avait raison de mentionner que dans la Grèce antique son chant magique inspirait les amoureux. Je crois qu'aujourd'hui encore, souvent sans le savoir, les amoureux sont sous le charme de cet enchanteur. Je suis resté longtemps à l'écouter, en pensant à tout ce qu'aurait dit Alexander. Puis je me suis dit que tout ce qu'Alexander aurait voulu m'exprimer passait ce soir-là par le chant merveilleux d'un rossignol qui semblait ne chanter que pour moi.
14 commentaires:
Cher Alcib,
Perdu à la campagne au centre de la France c'est là que j'ai trouvé
une famille.
Comme tu le sais les chevaux sont mes meilleurs amis.
Je voudrais que tu saches que les rossignols et leurs chants sont très présents ici,j'y suis très sensible,peut être en raison de mon état permanent d'amoureux des merveilles qui nous entourent.
La nature est si belle.
Les petits" Alexander" qui chantent et dansent autour de nous à la tombée du soir sont aussi mes amis les plus chers, crois le bien.
Affectueuses pensées pour toi et pour Alexander.
Eliot
Tu vois, ces instants magiques seront toujours présents, comme ta peine d'ailleurs :(
Par contre c'est bon signe à mon avis que tes activités te prennent beaucoup d'énergie et certaines t'en rendent sûrement une autre quantité en satisfaction. C'est mon souhait.
Bises!
Eliot : Je te remercie de ces mots très touchants, pour les pensées affectueuses. Je suis d'autant plus ému que je sais que tout n'est pas facile pour toi, loin de là.
Les chevaux, les oiseaux, la campagne... tu es bien entouré.
Bien que j'adore la campagne, je ne pourrais pas y vivre seul... La campagne, une maison, des chevaux, ... ce sont pour moi des projets à faire en amoureux.
Je me contenterai des oiseaux qui m'entourent. Et puis il y a tout près de chez moi, sur le mon Royal, un sanctuaire d'oiseaux
Béo : Tu as raison. Les instants magiques seront toujours là, aussi longtemps que je saurai les voir. Et la peine sera toujours là aussi car sa disparition se fera toujours cruellement ressentir.
Héla, ce ne sont pas tellement les activités qui me prennent de l'énergie ; ce sont plutôt les préoccupations (et les solutions qu'il faut trouver) qui la minent.
J'espère que tu t'es enfin débarrassée de ta très vilaine grippe.
Bises aussi. Câlin à Loukoum.
Oui, oui ma grippe fait partie du passé :)
Loukoum et moi attendons une visiteuse qui nous fera un bien fou au nôtre de moral :)
PS: Je m'attendais presque à ce que tu rajoute que tu avais un sanctuaire d'oiseau royal :)))
Béo : Je suis content que la grippe soit vraiment passée.
Non, à part le mont Royal, rien de vraiment royal chez moi. C'est plutôt du niveau du Petit Prince.
Alexander disait que son chien, Alexander bull, aimait croire qu'il était de sang royal car, lorsqu'il circulait en voiture, il aimait saluer ses admirateurs d'un geste de la patte. C'est vrai qu'il habitait si près de Buckingham Palace et qu'il est si bien élevé qu'il peut facilement passer pour quelqu'un de la famille. Il habite la campagne, maintenant, mais la campagne anglaise est si belle qu'il ne se sent pas lésé. Il ne lui manque, comme à nous tous, que son ami.
Embrasse bien Dr CaSo pour moi ;o)
Alcib, c'est un texte d'écrivain que tu as publié ici, et quoique tu en dises, il traduit... la guérison, l'acceptation de la fatalité, l'émergence toujours plus forte de l'urgence de vivre, de son absolue nécessité, tant qu'il en est encore temps. Et quant au reste, à la présence ou non d'Alexander, qui sait, qui peut dire ce qu'il en est exactement ? J'essaie, moi, d'éviter tellement mes fantômes ! Il y a peut-être des signes, je n'en sais rien; je t'envie si c'est le cas.
Eliot t'a laissé un beau message. Est-ce un signe ? Je t'avoue que je « sens », depuis le début, que ce garçon est important pour moi. Et pour toi ?
Alcib, porte-toi au mieux, et écoute les chants qui viennent du ciel.
RPL : Voilà un très beau compliment ! Je ne suis vraiment pas sûr de le mériter, mais je te remercie de ta générosité.
La guérison ? Je ne sais pas ; j'ai souvent l'impression que c'est le contraire. Je passe les nuits sans dormir, je ne suis vraiment pas efficace le jour (la nuit non plus, d'ailleurs)...
Certains jours, cependant, je ne pense pas seulement à tout ce que j'ai perdu avec son départ, mais aussi à ce qui a permis notre rencontre, à ce qui fait que nous nous sommes si bien compris, à ce qu'Alexander a réveillé ou révélé en moi... Quand je peux comprendre encore davantage ce qui fait la force de notre amour, je peux construire sur cela ; j'ai alors l'impression de continuer d'évoluer, grâce à Alexander.
Pour l'instant je ne suis pas trop préoccupé des manifestations de sa présence. Je veux surtout que, lui, ait trouvé la paix, la sérénité, et qu'il soit bien entouré, de ceux qui l'ont précédé et qui l'aiment.
J'envie un peu le cadre enchanteur dans lequel vit Eliot. Mais, comme je le dis en réponse à son commentaire, je ne me verrais pas vivre seul à la campagne ; il faudrait pour cela que j'y sois avec un amoureux ou de très bons amis.
L'histoire d'Eliot est vraiment bouleversante. Je ne me sens pas la force ni la concentration pour apporter quoi ce soit de constructif à ce qu'il vit. Je ne peux que lui souhaiter de tout mon coeur du courage, de la paix, de la sérénité et de la joie de vivre.
Je t'en souhaite autant, et beaucoup de bonheur en amoureux.
Hier soir, en allant faire une course, j'ai retrouvé mon rossignol perché sur une autre corniche. Je me suis arrêté pour l'écouter mais cela n'a pas duré longtemps ; des oiseaux batailleurs sont venus perturber la tranquillité de cette fin de jour ; par discrétion, mon rossignol s'est tu.
Porte-toi bien aussi, RPL. Respire le parfum des fleurs de ton jardin,
Je suppose que tu connais déjà le beau texte de Colette sur le chant du rossignol : "Les vrilles de la vigne"...
Élizabeth : Oui, il s'agit en effet d'un très beau texte. Merci d'y penser spontanément.
RPL : J'oubliais de te parler des fantômes. Je comprends très bien que tu ne veuilles pas réveiller les tiens. Je n'ai jamais été moi-même très porté sur les fantômes mais je comprends que c'est parce que je ne les connais pas.
Alexander aimait les fantômes. Pour lui, et pour d'autres amis très chers, « Le fantôme de Canterville », est vraiment un ami.
Alexander voulait que nous allons ensemble à la rencontre des châteaux hantés, en Écosse notamment.
Alors qu'il était invité dans une grande maison, en Écosse, justement, il avait voulu passer seul la nuit dans la bibliothèque en espérant apercevoir le fantôme. Malheureusement, au petit matin, la fatigue l'a fait tomber de sommeil. Le fantôme en a peut-être profité pour venir lui chatouiller les orteils sans qu'il s'en rende compte.
C'est un passereau au chant sublime, on songe à la musique de Stravinsky qui s'efforça de l'imiter et crut en devenir fou. Un rossignol, en langage courant, c'est aussi un objet sans grande valeur, un outil de monte-en-l'air. Dualité, contraste, jeux d'ombre. Nous sommes si souvent le contraire de nous-mêmes qu'il y a de quoi tomber à la renverse, que nous sachions de temps en temps aimer. Je salue ton beau texte, Alcib, tu écris toujours aussi formidablement bien. Et merci de m'avoir appris à orthographier correctement ce beau mot : "québecois" :)
Delest : Je suis toujours impressionné par ta culture, par ta connaissance des beaux textes, par ton sens poétique, ta créativité et par ton regard sur les choses, toujours si personnel, à la fois critique et aimant.
Puisque tu as lu tant de grands écrivains, que tu connais tant de beaux mots écrits, tu comprendras pourquoi que je suis si touché de ton commentaire sur mon écriture. J'essaie d'exprimer simplement mon émotion ou ma pensée, le plus précisément possible. Si je devais penser à toi en écrivant, je n'oserais peut-être plus.
Je reçois chacun de tes commentaires comme un cadeau. Alexander avait aussi senti que tu l'aimais bien - est-ce un « bien » de trop ? Je suis sûr qu'il veillera sur toi en voyant combien tu es bon pour lui, pour moi.
Le rossignol, ce sont aussi les invendus, les invendables, haut perchés sur les étagères des commerçants ; c'est, j'imagine, ce que tu appelles l'« outil de monte-en-l'air ».
Le Québécois que je suis connaît un certain nombre de mots et d'expression couramment utilisées en France (après tout, l'Histoire française est la mienne, du moins jusqu'en 1760 - je venais à peine de débarquer ici, alors). L'utilisation de ces mots et expressions ne fait cependant pas partie de mes habitudes langagières.
Mes amitiés à Mathieu.
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