dimanche 12 novembre 2006

Casto Divo

J'aime beaucoup les mots. Il m'est souvent arrivé de sentir avec eux une belle complicité...

Les mots sont des outils extraordinaires lorsqu'il s'agit d'exprimer des idées, des plus simples aux plus complexes. Toutefois, lorsque les émotions s'en mêlent, les mots parfois s'embrouillent. Et ce n'est pas parce que le mot « émotion » contient le vocable « mot » que le mot et l'émotion sont toujours à l'aise l'un avec l'autre.

Ces derniers jours, les mots et moi n'étions pas toujours sur la même longueur d'ondes. Cela dépendait un peu du contexte, des circonstances ; j'ai été invité à m'adresser à deux groupes d'étudiants universitaires, de premier et de deuxième cycle, et là je n'avais pas de difficulté à trouver les mots qu'il fallait. Mais dans ma vie personnelle, les mots semblaient vouloir me bouder. Et pourtant, je ne crois pas leur avoir fait de mal.

Étrangement, ces jours derniers, j'ai eu envie de chanter, ce qui ne m'était pas arrivé depuis très longtemps. Il y a des années que je n'ai plus chanté, même pas sous la douche. Est-ce le corps ou l'esprit qui proposait un moyen d'expression adapté aux circonstances ? je m'en moque un peu ! Toujours est-il que ces jours-ci, j'ai eu plus souvent envie de chanter que de parler. Je ne l'ai pas fait, mais je note à mon agenda qu'il faudra trouver bientôt le moyen de pouvoir le faire.

Cela m'a rappelé qu'il y a plusieurs années, alors que je traversais une crise difficile à la suite d'une remise en question de ma vie amoureuse, j'ai écouté beaucoup de musique, de Schubert, de Gustav Mahler, notamment, puis des airs d'opéra. Je n'ai pas la voix d'une soprano, croyez-moi, mais l'un des airs que j'ai sans doute écouté le plus souvent et qui exprimait pour moi la douleur que je voulais extérioriser, c'était l'air « Casta Diva », de l'opéra Norma, de Bellini, interprété par Maria Callas ; le voici :





5 commentaires:

Brigetoun a dit…

j'ai le malheur d'aimer la musique et de chanter aussi faux qu'ik est possible de le faire - dans la météo affichée il manque pour Marseille et un peu au dessus un mistral de belle tenue

Anonyme a dit…

Merci. "Casta Diva" emplit l'air de mon matin gris et venteux.
C'est très beau...

Anonyme a dit…

Je me suis moi aussi beaucoup servi de la musique et du chant dans les moments difficiles, à tel point que j'ai perdu l'envie de chanter quand les choses se sont améliorées. C'est un dilemme : faut-il gâcher les choses pour que j'ai envie de reprendre des cours de chant ?

J'étais à une époque complètement accro à un enregistrement d'un Lied de Mahler « Ich bin der welt abhanden gekommen » par Thomas Hampson, accompagné par le seul piano de Wolfram Rieger, une merveille.

Et j'ai toujours dans l'oreille est dans les yeux ce « Winterreise » par Thomas Quasthoff, au Châtelet, à Paris, il y a environ deux ans : bouleversant.

Pourquoi les plus belles musiques sont-elles les plus tristes ?

Alcib a dit…

Brigetoun, ce qui compte, c'est que « vos » oreilles acceptent votre voix ;o)

Danaée : Tout le plaisir est pour moi : j'ai très souvent constaté que plus j'écoutais ce genre de musique, plus j'en appréciais les nuances et la subtilité...

Simeric : « Les chants les plus désespérés sont les chants les plus beaux et j'en connais d'immortels qui sont de purs sanglots... », disait déjà Musset.
Tentative d'interprétation personnelle : quand nous sommes joyeux et que nous avons envie de faire la fête, la musique légère et rythmée est tout à fait appropriée ; nous nous amusons sans nous poser de question. Mais si nous sommes tristes ou malheureux, nous avons tendance à nous replier sur nous-mêmes, à devenir plus conscients de notre intériorité ; nous devenons plus réceptifs, plus sensibles aux autres, et surtout à ce que disent les autres qui puisse s'adresser à nous. Nous aimons les chants les plus tristes parce qu'ils ont produit sur nous un effet plus long et plus durable que les chants joyeux ; et quand nous les écoutons même sans être tristes, ils nous ramènent à l'intériorité, à la conscience de soi, à la vulnérabilité, au sentiment de n'être pas « complet »... Même l'amoureux aimé peut ressentir cette « absence » de l'autre, cette conscience d'être « coupé » de l'autre...

Jean-Marc a dit…

Cete interprétation a toujours été l'une de mes préférées par Maria Callas !