jeudi 31 mai 2007
mercredi 30 mai 2007
Jean-Claude Brialy (30 mars 1933 - 30 mai 2007)



mardi 22 mai 2007
lundi 21 mai 2007
vendredi 18 mai 2007
jeudi 17 mai 2007
L'homophobie est une forme de racisme, une agression...

J'aime beaucoup cette image, que je regarde avec tendressse et... un peu d'envie. On ne m'a sûrement pas vu souvent en image dans ce genre de situation, mais c'est simplement parce qu'il n'y avait pas toujours de photographes autour de moi. Au fond, si cette photo n'était pas diffusée sur Internet, j'aurais pu vous laisser croire que j'étais l'un des deux garçons ; et pour être tout à fait honnête, j'aurais moins de mal à essayer de vous faire croire que je suis celui de gauche. Mais ce n'est pas le cas, hélas...
Il y a des gens qui n'aiment pas du tout voir ce genre de photographie. Ça dérange certains qui détourneront la tête en pensant qu'ils n'ont rien contre l'homosexualité, à condition de ne pas être obligés de les voir ou de les fréquenter. Chez d'autres, la réaction est plus violente : ça leur donne la nausée et si ça leur fait monter la testostérone, c'est pour alimenter leur agressivité.
Je n'ai pas, moi-même, souffert du regard des autres et de leur jugement, du moins en ce qui concerne mon orientation sexuelle. J'ai peut-être eu de la chance. Je préfère croire que j'ai fait le bon choix en endossant tout à fait cette identité du garçon qui aimait les garçons parce que Platon et ses concitoyens considéraient qu'il s'agissait là d'un sentiment très noble. J'en ai presque cru que j'avais vraiment choisi cette orientation ; il serait plus honnête de dire que mes lectures m'ont plutôt aidé à me construire tout un univers culturel qui m'a permis de ne pas me sentir plus seul dans cette identité que je pouvais me sentir malheureux d'être né à la campagne, au Québec... Des lectures d'écrivains comme Roger Peyrefitte, André Gide, Julien Green, Montherlant, Jouhandeau, Yves Navarre, Renaud Camus, etc., m'ont permis de croire que mon imaginaire amoureux n'était pas moins noble que celui de la majorité des garçons.
Mon séjour à Paris, à vingt ans, m'a permis de vivre concrètement en conformité avec mon imaginaire et avec mes valeurs. Et, depuis, j'ai essayé de vivre ainsi, le plus possible sans renier ce que je suis, sans me cacher pour vivre et sans avoir honte de ce que je suis. Je crois que si je n'ai pas souffert de discrimination en raison de ma sexualité, c'est beaucoup une question d'attitude : je n'ai jamais admis qu'on me colle une étiquette, quelle qu'elle soit.
Mais il n'en est pas ainsi pour tout le monde. Chez les adolescents, notamment, il y a beaucoup de discrimination, beaucoup de cruauté et beaucoup de souffrance. Le taux de suicide chez les jeunes est assez élévé, particulièrement au Québec ; et l'une des raisons du suicide chez les jeunes est souvent liée à l'identité, au rejet par les pairs, à la difficulté à accepter et à vivre son orientation sexuelle.
Hier encore, on a arrêté aux États-Unis une jeune homme qui aurait récemment tué en Colombie-Britannique deux hommes, simplement parce qu'ils étaient homosexuels. Le même suspect aurait déjà tué auparavant un autre homosexuel. aux États-Unis. Ce genre de crime haineux est encore très fréquent, et pas seulement aux États-Unis.... Les fanatiques sont trop nombreux, partout dans le monde, qui se transforment en justiciers pour défendre la normalité, la moralité, la volonté de Dieu, etc., en éliminant simplement ceux qui ne vivent pas selon leurs valeurs.
Or, en ce 17 mai, journée internationale contre l'homophobie, il faut penser à tous ces jeunes et aux moins jeunes qui sont encore victimes de l'homophobie, à l'école, dans leur milieu de travail, dans leur vie quotidienne et parfois même dans leur propre famille.

Et pour la caricature, j'aime cette chanson, qui me rappelle de bons souvenirs de Montparnasse ; parmi mes voisins, il y avait Régine :
Il y a des gens qui n'aiment pas du tout voir ce genre de photographie. Ça dérange certains qui détourneront la tête en pensant qu'ils n'ont rien contre l'homosexualité, à condition de ne pas être obligés de les voir ou de les fréquenter. Chez d'autres, la réaction est plus violente : ça leur donne la nausée et si ça leur fait monter la testostérone, c'est pour alimenter leur agressivité.
Je n'ai pas, moi-même, souffert du regard des autres et de leur jugement, du moins en ce qui concerne mon orientation sexuelle. J'ai peut-être eu de la chance. Je préfère croire que j'ai fait le bon choix en endossant tout à fait cette identité du garçon qui aimait les garçons parce que Platon et ses concitoyens considéraient qu'il s'agissait là d'un sentiment très noble. J'en ai presque cru que j'avais vraiment choisi cette orientation ; il serait plus honnête de dire que mes lectures m'ont plutôt aidé à me construire tout un univers culturel qui m'a permis de ne pas me sentir plus seul dans cette identité que je pouvais me sentir malheureux d'être né à la campagne, au Québec... Des lectures d'écrivains comme Roger Peyrefitte, André Gide, Julien Green, Montherlant, Jouhandeau, Yves Navarre, Renaud Camus, etc., m'ont permis de croire que mon imaginaire amoureux n'était pas moins noble que celui de la majorité des garçons.
Mon séjour à Paris, à vingt ans, m'a permis de vivre concrètement en conformité avec mon imaginaire et avec mes valeurs. Et, depuis, j'ai essayé de vivre ainsi, le plus possible sans renier ce que je suis, sans me cacher pour vivre et sans avoir honte de ce que je suis. Je crois que si je n'ai pas souffert de discrimination en raison de ma sexualité, c'est beaucoup une question d'attitude : je n'ai jamais admis qu'on me colle une étiquette, quelle qu'elle soit.
Mais il n'en est pas ainsi pour tout le monde. Chez les adolescents, notamment, il y a beaucoup de discrimination, beaucoup de cruauté et beaucoup de souffrance. Le taux de suicide chez les jeunes est assez élévé, particulièrement au Québec ; et l'une des raisons du suicide chez les jeunes est souvent liée à l'identité, au rejet par les pairs, à la difficulté à accepter et à vivre son orientation sexuelle.
Hier encore, on a arrêté aux États-Unis une jeune homme qui aurait récemment tué en Colombie-Britannique deux hommes, simplement parce qu'ils étaient homosexuels. Le même suspect aurait déjà tué auparavant un autre homosexuel. aux États-Unis. Ce genre de crime haineux est encore très fréquent, et pas seulement aux États-Unis.... Les fanatiques sont trop nombreux, partout dans le monde, qui se transforment en justiciers pour défendre la normalité, la moralité, la volonté de Dieu, etc., en éliminant simplement ceux qui ne vivent pas selon leurs valeurs.
Or, en ce 17 mai, journée internationale contre l'homophobie, il faut penser à tous ces jeunes et aux moins jeunes qui sont encore victimes de l'homophobie, à l'école, dans leur milieu de travail, dans leur vie quotidienne et parfois même dans leur propre famille.

Et pour la caricature, j'aime cette chanson, qui me rappelle de bons souvenirs de Montparnasse ; parmi mes voisins, il y avait Régine :
dimanche 13 mai 2007
L'arche de Noé sur le bout de la langue...
... ou les ani-mots pour le dire.

« Que vous soyez fier comme un coq, fort comme un boeuf, têtu comme une mule, malin comme un singe, chaud lapin ou fine mouche, vous êtes tous, un jour ou l´autre, devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche.
Vous arrivez frais comme un gardon à votre premier rendez-vous et là, pas un chat !
Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin.
Le type qui vous a obtenu ce rancard, avec lequel vous êtes copain comme cochon, vous l´a certifié : Cette poule a du chien, « une vraie panthère ! »
C´est sûr, vous serez un crapaud mort d´amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un chien. Vous êtes prêt à gueuler comme un putois, mais non, elle arrive.
Bon, dix minutes de retard, il n´y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf que la fameuse souris, avec sa crinière de lion est en fait plate comme une limande, myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque et rit comme une baleine.
Vous restez muet comme une carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous sautez du coq à l´âne et finissez par noyer le poisson.
Vous avez le bourdon, envie de verser des larmes de crocodile.
Vous finissez par vous inventer une fièvre de cheval qui vous permet de filer comme un lièvre.
Vous avez beau être doux comme un agneau, faut tout de même pas vous prendre pour un pigeon ! »
Nous ne connaissons pas l'auteur de ce texte qui circule sur la Toile.
« Que vous soyez fier comme un coq, fort comme un boeuf, têtu comme une mule, malin comme un singe, chaud lapin ou fine mouche, vous êtes tous, un jour ou l´autre, devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche.
Vous arrivez frais comme un gardon à votre premier rendez-vous et là, pas un chat !
Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin.
Le type qui vous a obtenu ce rancard, avec lequel vous êtes copain comme cochon, vous l´a certifié : Cette poule a du chien, « une vraie panthère ! »
C´est sûr, vous serez un crapaud mort d´amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un chien. Vous êtes prêt à gueuler comme un putois, mais non, elle arrive.
Bon, dix minutes de retard, il n´y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf que la fameuse souris, avec sa crinière de lion est en fait plate comme une limande, myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque et rit comme une baleine.
Vous restez muet comme une carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous sautez du coq à l´âne et finissez par noyer le poisson.
Vous avez le bourdon, envie de verser des larmes de crocodile.
Vous finissez par vous inventer une fièvre de cheval qui vous permet de filer comme un lièvre.
Vous avez beau être doux comme un agneau, faut tout de même pas vous prendre pour un pigeon ! »
Nous ne connaissons pas l'auteur de ce texte qui circule sur la Toile.
samedi 12 mai 2007
Rien qu'un homme...
« Si je range l'impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui » (Jean-Paul Sartre, Les mots)
Rien qu'un homme... c'est déjà pas mal !
J'ai souvent du mal à écrire ce que je ressens. Il m'est plus facile, je crois, d'aider quelqu'un, même s'il m'est presqu'inconnu, à identifier et à exprimer ce qui ce passe en lui, comme s'il m'était plus naturel de me mettre dans la peau de l'autre que de savoir ce qui vibre dans la mienne.
N'ayant pas été exposé à la poésie, ni dans mon adolescence ni dans ma première jeunesse, je n'ai pas développé d'intérêt particulier pour cette forme d'expression. J'ai bien découvert et apprécié, au début de la vingtaine, quelques poèmes de Verlaine, de Rimbaud, et de Baudelaire, surtout, mais je n'ai jamais été moi-même tenté de les imiter. Au cours de certaines conversations sur MSN, avec le Vincent de Nantes que j'évoquais l'autre jour, il m'est arrivé de chercher avec lui le mot juste qui lui manquait pour faire la rime et terminer un poème qu'il composait tout en poursuivant à l'écran le dialogue avec moi. J'admire la facilité avec laquelle ce jeune homme écrit de très beaux poèmes ; j'espère qu'un jour, il fera un receuil de certains de ces poèmes afin de les rendre accessibles à des lecteurs qui ne sont pas forcément des intimes.
Moi qui suis plutôt autodidacte (j'avais quitté l'école à seize ans), je me suis réfugié un jour dans les livres pour fuir un monde dans lequel je ne me reconnaissais pas et pour tenter de me forger une identité qui correspondait davantage à ma sensibilité. À travers les livres, je n'ai pas vraiment appris à vivre, mais j'ai un peu appris comment d'autres pouvaient vivre. Au fond, j'ai peut-être plus rêvé autour des livres que je n'en ai fait la lecture intelligente. Si ces lectures désordonnées ont parfois créé des tempêtes sous ma calotte crânienne, ces tempêtes n'ont toutefois jamais été très longues et n'ont pas fait trop de dégâts. Elles m'auront procuré, au fil des ans, une certaine culture générale qui, forcément, est pleine de cratères ; si on devait comparer cette culture à un fromage, il ressemblerait davantage, par la dimension de ses trous, à un emmenthal québécois qu'à un gruyère suisse.
Entre seize et vingt ans, j'ai voulu devenir chanteur. À défaut de pouvoir réciter Virgile, Racine ou Baudelaire, je connaissais les textes de nombreuses chansons. Je me souviens qu'avec certains de mes amis, il nous arrivait souvent de nous parler en chansons : pour exprimer ce que nous voulions dire, il nous suffisait de trouver un extrait de chanson qui disait le plus précisément ce que nous avions à l'esprit et de le chanter ; pour répondre, l'autre faisait de même. La chanson est sans doute à la poésie ce que Nutella est au chocolat...
En écrivant ceci, un souvenir me revient, qui semblait assez bien enfoui dans un coin poussiéreux de ma mémoire. J'avais seize ans et, arrivant dans un nouveau quartier, je fis la connaissance de quelques filles et garçons du voisinage avec qui mes soeurs, plus sociables que je pouvais l'être, avaient établi des liens. En quelques semaines seulement, nous nous rendions visite les uns aux autres, comme le font sans doute bien des adolescents. J'entrai ainsi dans l'intimité des familles, qui me furent de précieux laboratoires d'observation.
Or, l'un de ces garçons de mon âge avait une grande soeur ; elle devait bien avoir plus de vingt ans. J'ai appris un jour que cette grande soeur avait rompu ses fiançailles avec le frère d'un autre jeune voisin. Il ne me serait pas venu à l'esprit d'essayer de la consoler, mais elle m'invita à le faire : il nous arriva à quelques reprises d'aller ensemble au cinéma et d'aller ensuite manger au restaurant, après quoi je la raccompagnais chez elle, chez ses parents. Sans doute savait-elle bien que notre relation n'était pas faite pour durer (je crois qu'elle se servait un peu de moi pour rendre jaloux l'ex-fiancé, mais je crois aussi qu'elle se plaisait en ma compagnie : je pouvais être drôle, amusant...). Or, pour ne pas me faire perdre mon temps, peut-être, elle m'apprit à embrasser sérieusement, c'est-à-dire : avec la langue.
C'est tout de même étrange que j'aie presque oubié cet épisode de mon adolescence, alors que je me souviens très bien qu'avec elle aussi, il y avait ce jeu, qui l'amusait beaucoup, de nous parler en extraits de chansons.
Ce samedi soir, pendant que je transcrivais des notes, j'ai entendu une chanson que j'avais sans doute entendue très souvent du temps où j'écoutais beaucoup les stations de radio qui présentaient des chansons françaises (je dois dire que depuis plusieurs années, je n'écoute pratiquement à la radio que de la musique classique). Or, sans savoir pourquoi, en entendant ce soir cette chanson, j'ai dû me retenir pour ne pas éclater en larmes. J'ai essayé de comprendre ce qui se passait et j'en suis venu à la conclusion que cette chanson, ce soir, exprimait un constat qui n'était peut-être pas encore tout à fait clair en moi.
D'une part, il y a l'idée que « je suis un homme », et non plus un garçon qui ne grandit pas. Et, d'autre part, il y a cet homme qui a vécu, qui se rappelle « que la vie fut belle de temps en temps » et qui ne saura plus « taire bien longtemps ce que [lui] coûtèrent ces beaux moments ». Et si « j'ai perdu mon coeur depuis longtemps », qu'on me pardonne « si je ne sais plus que faire semblant » et « si je n'y crois plus que de temps en temps ».
J'aurais voulu insérer ici le fichier musical avec l'interprétation de la chanson, mais je ne le trouve pas [ajout du 7 septembre 2008 : j'ai trouvé la chanson sur Deezer].
En voici les paroles :
Rien qu'un homme... c'est déjà pas mal !
J'ai souvent du mal à écrire ce que je ressens. Il m'est plus facile, je crois, d'aider quelqu'un, même s'il m'est presqu'inconnu, à identifier et à exprimer ce qui ce passe en lui, comme s'il m'était plus naturel de me mettre dans la peau de l'autre que de savoir ce qui vibre dans la mienne.
N'ayant pas été exposé à la poésie, ni dans mon adolescence ni dans ma première jeunesse, je n'ai pas développé d'intérêt particulier pour cette forme d'expression. J'ai bien découvert et apprécié, au début de la vingtaine, quelques poèmes de Verlaine, de Rimbaud, et de Baudelaire, surtout, mais je n'ai jamais été moi-même tenté de les imiter. Au cours de certaines conversations sur MSN, avec le Vincent de Nantes que j'évoquais l'autre jour, il m'est arrivé de chercher avec lui le mot juste qui lui manquait pour faire la rime et terminer un poème qu'il composait tout en poursuivant à l'écran le dialogue avec moi. J'admire la facilité avec laquelle ce jeune homme écrit de très beaux poèmes ; j'espère qu'un jour, il fera un receuil de certains de ces poèmes afin de les rendre accessibles à des lecteurs qui ne sont pas forcément des intimes.
Moi qui suis plutôt autodidacte (j'avais quitté l'école à seize ans), je me suis réfugié un jour dans les livres pour fuir un monde dans lequel je ne me reconnaissais pas et pour tenter de me forger une identité qui correspondait davantage à ma sensibilité. À travers les livres, je n'ai pas vraiment appris à vivre, mais j'ai un peu appris comment d'autres pouvaient vivre. Au fond, j'ai peut-être plus rêvé autour des livres que je n'en ai fait la lecture intelligente. Si ces lectures désordonnées ont parfois créé des tempêtes sous ma calotte crânienne, ces tempêtes n'ont toutefois jamais été très longues et n'ont pas fait trop de dégâts. Elles m'auront procuré, au fil des ans, une certaine culture générale qui, forcément, est pleine de cratères ; si on devait comparer cette culture à un fromage, il ressemblerait davantage, par la dimension de ses trous, à un emmenthal québécois qu'à un gruyère suisse.

En écrivant ceci, un souvenir me revient, qui semblait assez bien enfoui dans un coin poussiéreux de ma mémoire. J'avais seize ans et, arrivant dans un nouveau quartier, je fis la connaissance de quelques filles et garçons du voisinage avec qui mes soeurs, plus sociables que je pouvais l'être, avaient établi des liens. En quelques semaines seulement, nous nous rendions visite les uns aux autres, comme le font sans doute bien des adolescents. J'entrai ainsi dans l'intimité des familles, qui me furent de précieux laboratoires d'observation.
Or, l'un de ces garçons de mon âge avait une grande soeur ; elle devait bien avoir plus de vingt ans. J'ai appris un jour que cette grande soeur avait rompu ses fiançailles avec le frère d'un autre jeune voisin. Il ne me serait pas venu à l'esprit d'essayer de la consoler, mais elle m'invita à le faire : il nous arriva à quelques reprises d'aller ensemble au cinéma et d'aller ensuite manger au restaurant, après quoi je la raccompagnais chez elle, chez ses parents. Sans doute savait-elle bien que notre relation n'était pas faite pour durer (je crois qu'elle se servait un peu de moi pour rendre jaloux l'ex-fiancé, mais je crois aussi qu'elle se plaisait en ma compagnie : je pouvais être drôle, amusant...). Or, pour ne pas me faire perdre mon temps, peut-être, elle m'apprit à embrasser sérieusement, c'est-à-dire : avec la langue.
C'est tout de même étrange que j'aie presque oubié cet épisode de mon adolescence, alors que je me souviens très bien qu'avec elle aussi, il y avait ce jeu, qui l'amusait beaucoup, de nous parler en extraits de chansons.
Ce samedi soir, pendant que je transcrivais des notes, j'ai entendu une chanson que j'avais sans doute entendue très souvent du temps où j'écoutais beaucoup les stations de radio qui présentaient des chansons françaises (je dois dire que depuis plusieurs années, je n'écoute pratiquement à la radio que de la musique classique). Or, sans savoir pourquoi, en entendant ce soir cette chanson, j'ai dû me retenir pour ne pas éclater en larmes. J'ai essayé de comprendre ce qui se passait et j'en suis venu à la conclusion que cette chanson, ce soir, exprimait un constat qui n'était peut-être pas encore tout à fait clair en moi.
D'une part, il y a l'idée que « je suis un homme », et non plus un garçon qui ne grandit pas. Et, d'autre part, il y a cet homme qui a vécu, qui se rappelle « que la vie fut belle de temps en temps » et qui ne saura plus « taire bien longtemps ce que [lui] coûtèrent ces beaux moments ». Et si « j'ai perdu mon coeur depuis longtemps », qu'on me pardonne « si je ne sais plus que faire semblant » et « si je n'y crois plus que de temps en temps ».
J'aurais voulu insérer ici le fichier musical avec l'interprétation de la chanson, mais je ne le trouve pas [ajout du 7 septembre 2008 : j'ai trouvé la chanson sur Deezer].
En voici les paroles :
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Qui traîne sa vie aux quatre vents
Qui rêve d'été et de printemps
Lorsque vient l'automne et les tourments
Mais c'est monotone, monotone
De me supporter depuis si longtemps
Et la même gueule et le même sang
Coulant dans mes veines d'un même courant
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
J'ai perdu mon cœur depuis longtemps
Et qu'on me pardonne, me pardonne
Si je ne sais plus que faire semblant
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
J'ai brûlé mes ailes aux soleils brûlants
J'ai fermé ma porte, oui qu'importe
Pour cause de rêve ou de testament
Si je me rappelle, me rappelle
Que la vie fut belle de temps en temps
Je ne saurai taire pour bien longtemps
Ce que me coûtèrent ces beaux moments
Mais y a rien à faire, rien à faire
Car je sais trop bien qu'au premier tournant
Au premier sourire, au premier bon vent
Je retomberai dans le guet-apens
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Et j'aime la vie si je m'en défends
Elle le sait bien cette poltronne
Qui donne toujours et toujours reprend
Et qu'on me pardonne, me pardonne
Si je n'y crois plus que de temps en temps
Je sais que personne, non personne
N'a jamais su dire le chemin des vents
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Et je vais ma vie au gré des vents
Je crie, je tempête et je tonne
Puis je m'extasie au premier printemps
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Entre goût de vivre et goût du néant
Entre Dieu et Diable, il faut voir comme
Je plie, je succombe et je me repens
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Et je vais ma vie au gré des vents
Et qu'on me pardonne, me pardonne
Si je n'y crois plus que de temps en temps.
Les paroles et la musique sont d'Alain Barrière (1970)
Éd. Bretagne.
jeudi 10 mai 2007
« On ne pratique pas l'excision, on n'égorge pas de mouton dans son appartement... »
...ou le discours efficace du chef de l'extrême-droite.
Ce n'est pas de l'acharnement ; je préférerais vous parler de la Grèce, du Péloponnèse ou des Cyclades, de la Provence ou de la Bretagne, ou de la région de Charlevoix au Québec. Mais l'actualité politique, une certaine actualité, devrais-je dire, m'inquiète et je ne suis pas le seul. L'élection du « candidat du peuple » français, dimanche dernier, ne concerne pas que les Français, hélas ! Tout le monde a les yeux tournés vers la France, surtout en ce moment comme à chaque fois qu'il s'y passe quelque chose d'important. Et ce qui s'y passe en ce moment n'est pas un simple changement de la garde : la France vient d'élire, sans trop s'en rendre compte, un président qui a fait plus que firter avec les idées d'extrême-droite de celui qu'on a depuis longemps jugé qu'il était dangereux. Pour qualifier ce flirt contre nature, immoral, il me vient une expression anglaise : « heavy petting », que l'on pourrait traduire par « bestialité » ; les idées du « candidat du peuple » ne sont pas moins dangereuses que celles du candidat qu'il fallait absolument battre en 2002 ; son discours est tout simplement plus habile, plus pernicieux.
Que le « candidat du peuple » propose des politiques qui feront en sorte que les milliardaires français seront plus riches encore et qu'ils contribueront moins au financement des services sociaux, de l'éducation des Français, par exemple, c'est son droit ; il s'agit là de choix économiques, politiques, qui auront des répercussions sur l'ensemble de la société française, mais c'est de la politique intérieure qui concerne les Français. Que la France choisisse de mieux contrôler l'immigration sur son territoire, c'est aussi un choix légitime.
Ce qui est inquiétant, cependant, c'est son discours sur les immigrés, sur l'identité nationale ; ce qui est inacceptable, ce sont les raccourcis qu'il fait entre minorités ethniques et criminalité, par exemple. Que le chef de l'État du pays que tout le monde considère comme le pays des droits de l'Homme tienne un discours aussi raciste et aussi vindicatif, c'est une honte. Et c'est une menace qui me préoccupe plus encore que les idées les plus rétrogrades de l'administration actuelle de la Maison Blanche.
Voici quelques extraits de discours du « candidat du peuple » analysés par le psychanalyste Gérard Miller ; il s'agit d'une vidéo de 8 minutes 35 secondes.
Ce n'est pas de l'acharnement ; je préférerais vous parler de la Grèce, du Péloponnèse ou des Cyclades, de la Provence ou de la Bretagne, ou de la région de Charlevoix au Québec. Mais l'actualité politique, une certaine actualité, devrais-je dire, m'inquiète et je ne suis pas le seul. L'élection du « candidat du peuple » français, dimanche dernier, ne concerne pas que les Français, hélas ! Tout le monde a les yeux tournés vers la France, surtout en ce moment comme à chaque fois qu'il s'y passe quelque chose d'important. Et ce qui s'y passe en ce moment n'est pas un simple changement de la garde : la France vient d'élire, sans trop s'en rendre compte, un président qui a fait plus que firter avec les idées d'extrême-droite de celui qu'on a depuis longemps jugé qu'il était dangereux. Pour qualifier ce flirt contre nature, immoral, il me vient une expression anglaise : « heavy petting », que l'on pourrait traduire par « bestialité » ; les idées du « candidat du peuple » ne sont pas moins dangereuses que celles du candidat qu'il fallait absolument battre en 2002 ; son discours est tout simplement plus habile, plus pernicieux.
Que le « candidat du peuple » propose des politiques qui feront en sorte que les milliardaires français seront plus riches encore et qu'ils contribueront moins au financement des services sociaux, de l'éducation des Français, par exemple, c'est son droit ; il s'agit là de choix économiques, politiques, qui auront des répercussions sur l'ensemble de la société française, mais c'est de la politique intérieure qui concerne les Français. Que la France choisisse de mieux contrôler l'immigration sur son territoire, c'est aussi un choix légitime.
Ce qui est inquiétant, cependant, c'est son discours sur les immigrés, sur l'identité nationale ; ce qui est inacceptable, ce sont les raccourcis qu'il fait entre minorités ethniques et criminalité, par exemple. Que le chef de l'État du pays que tout le monde considère comme le pays des droits de l'Homme tienne un discours aussi raciste et aussi vindicatif, c'est une honte. Et c'est une menace qui me préoccupe plus encore que les idées les plus rétrogrades de l'administration actuelle de la Maison Blanche.
Voici quelques extraits de discours du « candidat du peuple » analysés par le psychanalyste Gérard Miller ; il s'agit d'une vidéo de 8 minutes 35 secondes.
mercredi 9 mai 2007
Solidarité, moralité
Le coût des trois jours de vacances « présidentielles » du candidat du peuple équivaut à 17 ans de salaire d'un employé au salaire minimum.
Le soir de sa « victoire », le « candidat du peuple » s'affichait non pas avec des gens du peuple, mais avec son grand ami Johnny Hallyday, le plus connu des évadés fiscaux.
On aura beau défendre le droit à des vacances, le droit à la vie privée, le droit à « l'amitié », dans certains pays, une telle indécence, un tel étalage de vulgarité et d'ambition personnelle de la part d'un élu qui dit représenter tous les citoyens provoqueraient une révolution !
Christian Rioux, correspondant du journal Le Devoir, soulignait fort justement dimanche dernier, à l'émission Kiosque présentée par Philippe Dessaint, que tout, de la France (vins, foie gras, fromages, écrivains, artistes, etc.) pouvait s'exporter au Québec, tout, sauf deux choses : le « candidat du peuple » et Johnny Hallyday.
Dans l'édition du jeudi 10 mai 2007 du journal Le Devoir, Serge Truffault, dans un article intitulé « Faute de goût », écrit ceci :
Les Français du Québec ont voté à plus de 55 % pour Ségolène. Dans le 3e arrondissement de Paris - Le Marais -, Ségolène a obtenu plus de 57 % des voies et, dans l'ensemble de Paris, le « candidat du peuple » de Neuilly n'a obtenu que 50,19 % des voies.

On aura beau défendre le droit à des vacances, le droit à la vie privée, le droit à « l'amitié », dans certains pays, une telle indécence, un tel étalage de vulgarité et d'ambition personnelle de la part d'un élu qui dit représenter tous les citoyens provoqueraient une révolution !
Christian Rioux, correspondant du journal Le Devoir, soulignait fort justement dimanche dernier, à l'émission Kiosque présentée par Philippe Dessaint, que tout, de la France (vins, foie gras, fromages, écrivains, artistes, etc.) pouvait s'exporter au Québec, tout, sauf deux choses : le « candidat du peuple » et Johnny Hallyday.
Dans l'édition du jeudi 10 mai 2007 du journal Le Devoir, Serge Truffault, dans un article intitulé « Faute de goût », écrit ceci :
« Réputé pour sa promptitude à réagir, le futur président s'est aussitôt justifié en assurant tous les citoyens de France que son canotage sur les flots bleus de l'été ne coûterait pas un sou. Ça, c'est la meilleure! Qu'on y songe: Sarkozy s'est engagé à réduire les charges fiscales de manière à ce que l'impôt sur la fortune soit transformé en poudre de perlimpinpin mais il affirme que son voyage ne coûtera pas un centime à l'État. Certes, aucun débours direct ne sera fait. Mais de façon indirecte... Cela relève de la vieille histoire du capital constant et du capital variable. Passons et retenons que cet épisode tourné au royaume des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, les chevaliers de Malte, a un petit côté pique-assiette du plus mauvais goût. »
Les Français du Québec ont voté à plus de 55 % pour Ségolène. Dans le 3e arrondissement de Paris - Le Marais -, Ségolène a obtenu plus de 57 % des voies et, dans l'ensemble de Paris, le « candidat du peuple » de Neuilly n'a obtenu que 50,19 % des voies.
dimanche 6 mai 2007
mercredi 2 mai 2007
Longueur d'ondes
Crise d'angoisse, lundi soir. Il y a des semaines que nous attendons l'arrivée du printemps, du beau temps, celui qui permet de laisser les fenêtres ouvertes (du moins aussi longtemps qu'il ne sera pas nécessaire de mettre en marche la climatisation). Soudain, je me suis rendu compte qu'avec la fin de l'hiver, la programmation d'été des chaînes de télévision allait bientôt nous tomber dessus.
Je ne regarde pas beaucoup la télévision, mais j'aimerais bien qu'il y ait de temps à autre des émissions intéressantes (j'allais ajouter « et intelligentes », mais ce serait redondant). Je regarde si peu la télévision que je ne me souviens plus trop des titres d'émissions qu'on y présente. J'ai horreur des émissions tonitruantes à la Patrick Sébastien et autres Taratata. Je ne suis pas fâché que Thierry Ardisson soit remplacé et je déplore qu'au Québec, on nous en ait donné une imitation, aussi pontifiante que l'original. J'attends toutefois avec appréhension la programmation estivale car si le contenu culturel de ces émissions était de la végétation, la plupart de ces émissions ressembleraient davantage au Sahara qu'à l'Amazonie.
Agréable surprise, ce mardi soir : je constate que TV5 nous redonne l'émission Esprits libres, animée par Guillaume Durand, animateur que je trouve intelligent, efficace, sans se prendre pour le nombril du monde. Et son émission réunit généralement une grande brochette d'autres esprits, généralement cultivés, intelligents et libres. L'émission de ce soir avait été enregistrée il y a deux semaines (c'est parfois agaçant d'entendre parler souvent du premier tour à venir des élections présidentielles françaises alors que le deuxième tour est pour bientôt, mais je préfère cela aux cris nasillards d'un Naguy, par exemple). Parmi les invités, ce soir, il y avait Elisabeth Badinter ; on y a parlé, notamment, de Voltaire, d'Émilie du Châtelet, de Frédéric II, de Diderot, D'alembert, de Julie de Lespinasse, puis de Daladier, d'Hitler, etc. Ça change des interminables discussion sur les préoccupations terre-à-terre sans idéal d'un petit homme politique à l'ego surdimentionné ou de la couverture médiatique de l'anniversaire d'un poducteur de spectacle condamné à la prison pour agression sexuelle sur une mineure.
Pour que la télévision soit bénéfique pour tout le monde, on devrait lui donner un contenu conçu pour ceux qui ont plus de 25 de quotient intellectuel et insérer l'écran dans un appareil non pas comme celui ci-dessus, mais plutôt comme celui ci-dessous. On pourrait alors vraiment espérer atteindre ce noble idéal : « un esprit sain dans un corps sain ».



Pour que la télévision soit bénéfique pour tout le monde, on devrait lui donner un contenu conçu pour ceux qui ont plus de 25 de quotient intellectuel et insérer l'écran dans un appareil non pas comme celui ci-dessus, mais plutôt comme celui ci-dessous. On pourrait alors vraiment espérer atteindre ce noble idéal : « un esprit sain dans un corps sain ».

mardi 1 mai 2007
1er mai - Muguet et fête du Travail
Il semble que, depuis le Moyen-Âge, la petite clochette des bois, que nous appelons plus généralement muguet ou muguet de mai, symbolise l'arrivée du printemps.
On dit que les Celtes le considéraient comme un porte-bonheur. C'est sans doute pour cette raison que mon ami André, véritable Breton vivant à Paris, solide comme le granit avec un coeur d'or, ne manquait jamais de m'envoyer par la poste, pour le premier mai de chaque année, un brin de muguet qui arrivait bien entendu aplati entre les pages de sa lettre, mais qui avait conservé son parfum bien reconnaissable et, très certainement, ses qualités de porte-bonheur.
Depuis les années 1880, le premier mai est devenu en France une journée consacrée aux travailleurs. En 1941, le gouvernement de Vichy désigne le premier comme la fête du Travail. En 1947, le gouvernement institue le premier mai fête du Travail et en fait un jour férié et payé. La plupart des pays d'Europe, sauf la Suisse et les Pays-Bas, commémorent cette fête par un jour chômé.
En Amérique du Nord, on souligne le premier mai comme fête du Travail, mais ce n'est pas une journée chômée. Et l'habitude d'offrir un brin de muguet n'a toujours pas été instituée, si ce n'est qu'elle est parfois reprise par des Européens installés ici et par des Europhiles... à condition de pouvoir trouver du muguet.
En terminant ce billet, j'apprends que 85 % de la récolte française du muguet provient de la région de Nantes. C'est sans doute une autre coïncidence si, hier après-midi, j'ai eu sur Internet une conversation avec un copain de Nantes à qui je n'avais pas parlé depuis quelques mois ; Vincent est arrivé comme un brin de muguet.
Bonne fête et bon congé !
Depuis les années 1880, le premier mai est devenu en France une journée consacrée aux travailleurs. En 1941, le gouvernement de Vichy désigne le premier comme la fête du Travail. En 1947, le gouvernement institue le premier mai fête du Travail et en fait un jour férié et payé. La plupart des pays d'Europe, sauf la Suisse et les Pays-Bas, commémorent cette fête par un jour chômé.
En Amérique du Nord, on souligne le premier mai comme fête du Travail, mais ce n'est pas une journée chômée. Et l'habitude d'offrir un brin de muguet n'a toujours pas été instituée, si ce n'est qu'elle est parfois reprise par des Européens installés ici et par des Europhiles... à condition de pouvoir trouver du muguet.
En terminant ce billet, j'apprends que 85 % de la récolte française du muguet provient de la région de Nantes. C'est sans doute une autre coïncidence si, hier après-midi, j'ai eu sur Internet une conversation avec un copain de Nantes à qui je n'avais pas parlé depuis quelques mois ; Vincent est arrivé comme un brin de muguet.
Bonne fête et bon congé !
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