dimanche 27 novembre 2005

Aristote et moi...

J'ai longtemps hésité avant d'annoncer l'existence de ce blogue... D'abord, je ne savais pas moi-même ce que je voulais en faire, ce qu'il deviendrait. Puis, au fil des jours, j'ai ajouté des textes, des images, qui peu à peu me révèlent, sous le couvert d'un pseudonyme, bien sûr, mais avec le temps, on en vient à oublier le pseudonyme, et la cloison entre le pseudonyme et la personne devient de plus en plus fine, de plus en plus perméable. Pourquoi donc écrire ce blogue, si c'est pour le garder secret, pourrait-on me demander. Je pourrais répondre qu'outre le fait de l'écrire, celui de voir mes textes, les images choisies, me renvoient à moi-même une certaine image de moi, de ce que j'ai senti, pensé, au fil du temps ; le produit fini me permet de prendre un peu de recul par rapport à ce que j'ai écrit... Mais au fond, il ne faut pas me le cacher ; si j'ai choisi d'écrire dans un « blogue » plutôt que dans des documents personnels, c'est que le secret désir d'être lu, apprécié, est bien présent...
Cependant, au moment d'annoncer l'existence de ce blogue, d'en donner l'adresse, je sens monter en moi une certaine réserve ; ce qu'il me reste de pudeur se manifeste. D'enfant sauvage, d'adolescent très timide que je fus, j'ai appris à vivre en société, à faire bonne figure dans des situations diverses. Dans certains cas, j'ai même repoussé des limites au delà de ce que j'aurais pu imaginer. Il n'en reste pas moins que dans certaines situations et devant certaines personnes, le vieux réflexe de protection de son intimité refait surface. « Les hommes rougissent davantage devant ceux dont ils veulent être admirés », dit Aristote. Il ne s'agit certes pas de me poser en exemple ni de chercher l'admiration de quiconque. Il s'agit plutôt d'essayer de conserver l'estime des personnes qui comptent pour soi. Si l'opinion des personnes que l'on ne connaît pas compte assez peu, c'est que l'image qu'ils se feront de nous sera faite de ce que nous leur révélons ; l'image ne correspondra peut-être pas à ce que nous voudrions qu'elle soit, mais on partira de là pour préciser, si l'intérêt est maintenu. Alors qu'en révélant une plus grande part de son intimité devant des personnes que l'on connaît, on ne sait pas comment cela sera perçu par ceux qui ont déjà une certaine image de soi.
Cela dit, la pudeur n'est pas une vertu, selon Aristote ; elle n'est qu'un sentiment qui peut s'apparenter à la honte, et qu'il considère comme l'une des deux qualités morales (l'autre étant la juste indignation).

3 commentaires:

Alcib a dit…

Aristote (à droite sur la photo ;o) et Platon, détail d'une fresque de Raphaël intitulée « L'École d'Athènes », qui se trouve dans la « Chambre des Signatures » au Palais du Vatican.
Ces deux philosophes illustrent ici deux démarches différentes : Platon, un doigt levé vers le ciel, montre l'idéal philosophique, allant de la réalité à l'idée ; quant à lui, Aristote, désignant la terre, montre l'idéal philosophique qui ne peut exister que dans son illustration d'ici-bas.

Alisandra a dit…

Je suis l'une des personnes qui aiment lire ton blogue!

Alcib a dit…

Au-delà des nuages... : Merci de lire et merci de commenter si gentiment.