jeudi 2 février 2006

Vive la France... française

Le premier Ministre français Dominique de Villepin répond en ce moment précis (18 h 30, heure française) aux questions des Internautes sur la situation de l'emploi en France. Je ne sais si ce qu'il aura à dire saura satisfaire les chômeurs, les demandeurs d'emplois et tous les détenteurs actuels d'emplois précaires, à durée déterminée ou pas... Ils jugeront après l'avoir entendu.

Pour l'instant, je veux simplement souligner que pour avoir le bonheur de dialoguer, ou tout au moins d'entendre parler M. Villepin en direct, il fallait inscrire dans notre navigateur l'adresse suivante : ht tp://hemicycle[point]videolivemeeting[point]com/livegp/
Vous aurez sûrement remarqué dans cette adresse le choix des mots : « hemicycle » (à part l'accent aigu qui manque, ça va ; on ne met pas les accents dans les adresses informatiques) ; « video » (même commentaire) ; « live » et « meeting » (là, franchement, pour annoncer une communication avec le bureau du premier Ministre de la France, je suis presque sûr que l'on pourrait faire mieux ! Les termes « direct » et « rencontre » sont encore des mots français !). Un collègue carnetier dénonçait l'autre jour cette tendance des Français de l'Hexagone, tendance incompréhensible pour un Québécois qui, tous les jours et à tout instant, doit se battre contre l'envahissement de l'anglais, à utiliser de plus en plus de mots et d'expressions anglaises dans leurs conversations et mêmes dans les communications publiques des représentants de l'État et des élites de tout poil.

* Ajout : Le sujet avait déjà été abordé chez Olivier le 18 janvier dernier ; et le débat se poursuit surtout dans les commentaires.

Je sais : on pourra dire, comme l'a dit il n'y a pas longtemps monsieur Maurice Druon, ex-secrétaire perpétuel de l'Académie française, que ce n'est pas au Québec qu'il viendra « prendre des leçons de langue française » ; le vieux dinosaure de l'Académie était furieux de voir que, contre ses directives, le Québec avait autorisé la féminisation de certains titres, comme « madame LA ministre, alors que lui insiste pour que l'on continue de dire « madame LE ministre ». Si le Québec doit s'inspirer plus souvent de la France pour la syntaxe de sa langue (car les constructions québécoises sont, hélas, trop souvent des traductions syntaxiques de l'américain), il aimerait pouvoir s'inspirer aussi de la France pour l'adoption de mots nouveaux pour désigner des réalités nouvelles. Or, sur ce point, les linguistes de l'Office québécois de la langue française seraient-ils plus vigilants et plus créatifs que ceux de la France ? Ne prenons qu'un seul exemple : le terme « courriel » (contraction de deux mots français « courrier électronique ») me semble plus respectueux de la langue que les fameux « mail », « mél », et autres variantes...

Le premier ministre Villepin était, il n'y a pas longtemps encore, ministre des Affaires étrangères. Sur le site de ce ministère, on fait allusion à la Francophonie ; parmi d'autres énoncés, on y lit ceci :

Pourquoi parler français ?
  • En Amérique du Nord, c’est affirmer une identité culturelle.
  • En Afrique subsaharienne, le français permet d’accéder à l’éducation de base. Le français y est la langue du développement, de la modernité.
  • En Europe centrale et orientale, la connaissance du français est associée à l’appartenance à l’Europe unie : ses trois capitales, Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg, sont francophones et, au sein des institutions de l’Union européenne, le français est langue de travail avec l’anglais.
  • Le français est l’une des deux langues de travail à l’ONU, l’une des deux langues officielles du Comité international olympique, la seule langue universelle des services postaux, la langue principale de l’Union africaine.
  • Le français est une langue de plus en plus présente sur la toile.

Certes, la langue de la majorité des Français est riche et vivante ; celle des écrivains et autres créateurs est la plupart du temps admirable ; mais quand donc les communicateurs et autres animateurs, les élites américanisantes, politiques et autres, fascinées par l'« American Way of Life », retrouveront-elles la fierté de cette langue qui est certes un très bel outil de communication, mais surtout la première et la plus évidente expression d'une culture ?


Il y a une phrase que j'aime et que j'ai souvent proposée à tous ceux que je croise, surtout dans ma vie professionnelle, et qu'il m'arrive de conseiller sur la façon d'atteindre leur objectif, quel qu'il soit. « On ne pense qu'avec les mots que l'on a ». Cette phrase d'Hervé Sérieyx est une incitation, selon moi, à enrichir son vocabulaire de façon à pouvoir nuancer sa pensée ; mais ne serait-elle pas aussi une façon de rappeler qu'à force d'utiliser les mots d'une autre langue, on finira par penser comme les premiers usagers de cette langue ? À force d'employer les termes de l'« American Way of Life », ne court-on pas le risque de penser de cette façon, en faisant semblant d'oublier qu'alors l'ex-francophone sera devenu un expatrié linguistique et, par conséquent, un expatrié culturel.

17 commentaires:

Brigetoun a dit…

et surtout les canadiens osent prendre des libertés avec le vocabulaire, inventer des mots, mais gardent l'esprit de la syntaxe alors qu'en France, spécialement à la radio, je suis obligée de traduire des phrases pour les comprendre, et je me sens vieille idiote, et fière de l'être.*Pous Villepin, c'est une tromperie il n'est pas à l'assemblée (hémicycle) où l'on discute de sa loi et il ne faut pas croire ce qu'il en dit

Alcib a dit…

Brigetoun, je n'aurai écouté M. de Villepin que deux ou trois minutes, car la communication a été coupée chez moi (un problème technique avec Java, je pense) ; je n'ai jamais pu accéder au site par la suite, sans doute à cause du trop grand nombre de partisans anonymes qui voulaient le faire bien paraître et de chômeurs qui voulaient pouvoir enfin s'exprimer... Mais les deux ou trois minutes m'ont suffi : statistiques aidant, il était d'un ennui mortel ; il faut dire que le sujet ne devait pas le passionner non plus.
Il m'arrive aussi de devoir traduire quand j'écoute certaines émissions de télé, surtout les françaises, avec ces « djeunes » animateurs qui emploient autant de mots anglais que de français, mais prononcés avec un accent pour nous non-identifié et, par conséquent, incompréhensible (à moins de devenir, comme moi, un véritable décodeur, non pas de ce que j'entends, mais de ce que je crois que l'autre a voulu dire).

Anonyme a dit…

Très bel article qui défend notre belle langue francophone, et très réfléchi.
Moi, pour taper dans la culture "bas de gamme", je cite ma poétesse préférée (Mylène Farmer): "Les Mots sont Nos Vies".

Et je suis très partisan, toutefois, de la création de nouveaux mots. J'utilise souvent, depuis quelquetemps, l'adjectif "bloguesque"... et de là, comme nous considérer tous écrivains serait peut-être un peu prétentieux, je lance "écrivailleur" !

Oliv'

Alcib a dit…

Merci, Oliv' (j'aime bien Oliv', puisque les Olivier que je connais sont tous très sympatiques et que cette abréviation, avec son apostrophe finale, me rappelle à la fois le fruit si précieux, si indispensable à la bonne cuisine comme à bonne santé, sans oublier la douceur du climat qui le voit grandir).
J'adore créer des mots aussi ; si je ne le fais pas beaucoup dans la langue écrite, je le fais constamment dans la langue parlée, du moment que j'ai des interlocuteurs (ou des auditeurs) le moindrement éveillés... La créativité, c'est une forme de poséie en soi... Je citais au début de ce carnet virtuel une phrase du sociologue Edgar Morin, disant : « Vivre, c'est vivre poétiquement, sinon, ce n'est pas vivre, c'est survivre ». J'aime que ce soit un sociologue (un rationnel qu'on oppose souvent au rêveur) qui dise cela. Je crois que la créativité, le goût du jeu, du plaisir, c'est dans tous les aspects de nos vies qu'il faut savoir l'insérer...

Anonyme a dit…

Ces oppositions entre le français de France et le français du Québec mènent au match nul : les Français empruntent sans nécessité et avec des pertes pour leur vocabulaire des mots à l'anglais, pendant les Québécois empruntent des tournures grammaticales anglaises ou font glisser le sens des mots anglais en les maquillant : pour moi, c'est un partout la balle au centre, et que chacun retire la poutre de son oeil avant de s'occuper de la paille du voisin ! Quoi de plus navrant entre le «live» ou une «apologie» en guise d'excuse ? L'un ou l'autre, c'est pas pire !

Anonyme a dit…

Malgré tout, je voulais rajouter que la sortie récente de Maurice Druon me fait honte, je préfère de loin certaines bizarreries québécoises à l'arrogance de cet inutile ponte qui ne fait rien pour défendre activement la langue française et insulte ceux qui l'aiment et la font vivre.

Alcib a dit…

Si Simeric se donnait la peine de bien lire le paragraphe dans lequel je mentionne l'intervention de M. Maurice Druon, il devrait comprendre, il me semble, que je condamne aussi l'influence de l'anglais dans la syntaxe des Québécois. Et chacun sait qu'une syntaxe affaiblie, calquée sur celle d'une autre langue, est une menace beaucoup plus grande pour la langue que les emprunts lexicaux, si nombreux soient-ils. J'ai laissé un peu partout dans la blogosphère de nombreux commentaires que je devrais sans doute « rapatrier », exprimant mon amour de la langue et de la culture françaises, mon amour de la France, tout en étant Québécois et heureux de l'être. Dans plusieurs de ces billets, j'ai aussi fait allusion à la syntaxe déficiente et à la mollesse de l'articulation de plusieurs de mes compatriotes (il m'arrive de ne pas comprendre, non plus, ce que l'on marmonne autour de moi). S'il me fallait faire le procès de la qualité de la langue au Québec, il me faudrait bien plus que cet espace et plus de vingt-quatre heures à mes journées. Autant que vous, Simeric, me désole l'emploi du mot « apologie » dans le sens d'« excuse » ; puisque vous aviez déjà dénoncé l'anglicisme dans un billet récent, je ne croyais pas utile de le dénoncer encore ici. Mais ne croyez pas que je m'indigne de l'usage de mots anglais pour éviter de voir les faiblesses de la langue de ce côté de l'Atlantique... Sauf que je veux croire que la langue française appartient aux francophones, où qu'ils soient. Contrairement à bon nombre de Québécois, je ne revendique pas une langue qui nous soit propre ; je parle et j'écris en français, tout en tenant compte de la réalité socio-culturelle dans laquelle je vis. Et c'est à ce titre que je me permets de m'étonner de l'usage que certains autres francophones font de la langue commune. Et j'aurai toujours plus de respect pour un régionalisme, qu'il soit belge, suisse ou africain, que pour tous les mots anglais qui truffent la langue alors que les mots français existent pour dire exactement la même chose.

Alcib a dit…

En ce qui concerne la sortie de Maurice Druon, elle est en effet plus ridicule et désolante qu'efficace. J'ai une amie très chère, traductrice de profession, mais d'abord amoureuse de la langue, des mots, de la poésie, qui depuis des années me parle avec passion de la série télévisée « Les Rois Maudits » ; au delà de l'intrigue et de la beauté des dialogues, je la soupçonnne d'aimer toutefois le jeu des comédiens et le charisme de l'irremplaçable Jean Piat. Je serais curieux de savoir ce qu'elle pense de cette dernière intevention de l'auteur des textes.
Je n'endosserai toutefois pas ce commentaire que je viens d'entendre à la télévision au sujet de la féminisation des titres : « Si en France les rois sont maudits, au Québec, les reines s'en moquent ».

Anonyme a dit…

J'avais bien lu les autres paragraphes, ma remarque n'avait nulle vocation à critiquer, peut-être était-elle inutile... Vous m'avez beaucoup critiqué par ailleurs, assez sottement d'ailleurs, alors que je crois en vous lisant que plus de choses nous rapprochent que vous ne le croyez. Je tentai peut-être un dégel maladroit, mais cela semble mal parti, c'est encore l'hiver.

Brigetoun a dit…

mais Alcib ce que je reproche aux français c'est justement d'adopter des tournures anglaises, et une totale ignorance de l'usage des prépositions.
"jouer X" au lieu de jouer contre X, la première forme signifiant tromper X
"l'agression d'X" au lieu de l'agression contre X, et il est très énervant d'entendre que le métro se met en grève parcequ'un agent a agressé quelqu'un, ce qui est le sens litéral de la phrase diffusée par haut parleur.
Bon je sais je fais vieux crouton raleur mais je n'y peux rien, mon français date de 60 ans, et bien sur je ne manifeste pas mon désaroi

Beo a dit…

Décodeur...décoder: c'est exactement ce qu'il faut faire bien souvent hélas.

Je n'ai pas grand chose à ajouter sur ce qui a été dit car je suis d'accord. Moi aussi je préfère un régionalisme, qu'un terme anglophone utilisé à toutes les sauces, avec l'accent qui le déforme: tout ça parce que c'est tendance!

Anonyme a dit…

eh bah...comme quoi ce n'est pas qu'une légende le fait que ce soit les pays francophones qui sont plus respectueux de la langue de Molière que les français eux même ! Une bonne leçon à apprendre...pour moi tout du moins ! :p

Les Pitous a dit…

La résistance du français est une affaire aussi vieille que le français lui-même. On sourit aujourd'hui quand on repense (enfin, je dois être le seul) à la menace qu'ont représenté en leur temps les gasconismes...
Je suis moi aussi un amoureux de ma langue maternelle, mais je ne saurais dire quelles sont ses qualités propres : je ne maîtrise pas assez les autres pour en connaître les subtilités. Hormis des néerlandophones, je n'ai jamais entendu personne agonnir son idiome ;-)
"On ne pense qu'avec les mots qu'on a" : il n'y a pas d'affirmation plus vraie. Il y a donc de quoi se désoler quand on voit le lexique restreint de certains futurs citoyens. C'est le langage qui structure notre esprit, et notre langue trahit notre mode de pensée.

Anonyme a dit…

Et bien permettez-moi de ne pas etre d'accord. Je pense qu'une langue est avant tout vivante. Et elle est vivante parce qu'elle est parlee, parce qu'elle change, parce qu'elle evolue, parce qu'elle emprunte a d'autres langues, (les langues "dominantes"?) des mots qui n'existent pas encore. Cela a toujours existe et la liste serait longue des mots qui en Francais sont des deformations enterinees au fil du temps de mots etrangers mal prononces, mal ecrits et parfois mal compris...
Je continuerai donc contre vents et marees a utiliser le terme e-mail, qui parce qu'il a ete invente en anglais me semble etre juste plutot que cet affreux et, a mon avis, totalement artificiel "courriel".
Et en tant que Francaise de l'etranger ca ne me gene pas plus que cela (pas dans des conversations officielles tout de meme!) d'utiliser parfois des mots etrangers. et je ne m'en prive pas sur mon blog! On ne pense peut-etre qu'avec les mots que l'on a. Plus on en a, plus on pense!

En revanche, les deformations grammaticales me genent beaucoup plus, car je pense qu'on touche la a la structure meme de la langue et donc a la structure de la pensee. Mais je ne suis pas linguiste!

Brigetoun a dit…

ceux qui manient le mieux notre langue, ce sont les africains, avec un petit arrière goût passéiste qui n'est pas désagréable

Anonyme a dit…

Bonjour à tous,

Je m'appelle Marc et je suis né dans une minorité francophone qui a fait le choix de penser comme une minorité : « Nous formons “un pays de compromis” où est “mal vue” la confrontation ayant cours en France. »

Ma minorité improvise et enseigne dans ses écoles une culture de rupture avec la majorité des francophones, tait ou nie les liens évidents qui nous unissent à elle.

J'accuse ma minorité d'invoquer le fédéralisme — ou l'Europe — pour ne pas s'opposer au recul du français dans la capitale, lieu du pouvoir et des affaires. Je l'accuse d'avoir empêché ses élèves de trouver en France une perspective pour leur langue, une reconnaissance pour leurs savoir-faire, mais aussi l'éloquence et le sang neuf nécessaires pour leur apprendre à dire « non ».

À dire « non, je ne suis pas un fainéant parce que je suis de culture latine ; non, ma langue n'est pas une langue de seconde classe absente du monde du travail. »

À dire « non » aux suppressions d'hôpitaux, d'écoles, d'emplois en français que la majorité, non francophone et aussi parlementaire, opère à chaque réduction de budget.

Au moment où nous ne savons pas nous défendre, elle doit bien se réjouir, cette majorité, que nos complexes d'infériorité nous empêchent de nous identifier à la la France, « trop chauvine, pas assez neutre, duale, ou hybride » à nos yeux.

De nous jours, il y a des vigilances et des amours qui sont légitimes et d'autres qui ne le sont pas. On ne peut sérieusement pas dire que l'on aime la France. Pourtant, malgré les tas d'énormités qui s'y disent, je vous avoue qu'elle est le vivier d'idées qui m'a manqué. Elle m'a appris à argumenter, à dire « non ». C'est la France qui m'a donné un horizon, une perspective et des débouchés professionnels à la langue que je parle.

Et, de tout mon cœur, je plains les Français qui, depuis la Décolonisation, grandissent dans une culture de dénigrement qui fait rage dans leur propre pays contre lui et contre leur langue.

En voyageant ou en immigrant, ils se font interpeller par nous et ils tombent des nues devant notre attachement au français.

À vrai dire, leurs médias et surtout leur Éducation nationale leur a moins appris le monde et la francophonie qu'à les connoter. Ils raisonnent par clichés : le russe ou l'allemand sont indigestes, les Québécois des has-been, la langue des Africains a un arrière-goût passéiste.

La seule langue dont ils n'osent pas connoter le vocabulaire, c'est l'anglo-américain. Résultat : ils prétendent — en toute bonne foi — qu'il est moderne, incontournable, enrichissant que de déprécier courriel au profit de « e-mail ».

Pire encore, ils se croient malins de parler de leurs magasines « people ». Allez ensuite croire que leur esprit est plus ouvert au mot étranger qu'à la connotation qu'ils lui donnent.

Allez croire ces snobs largués qui parlent d'un « sain enrichissement » par des mots choisis dans une langue « dominante » supplantant, en fait, toutes celles... qu'ils ne connaissent pas.

Franchement, j'aime les Français, mais je les plains d'être en proie à de tels problèmes d'éducation et d'identité.

Qu'en pensez-vous ?

Marc

Didier Goux a dit…

Je viens d'arriver sur votre blog tout à fait par hasard et, vu le retard que j'ai pris sur la discussion qui précède, je ne sais si ce message sera lu par quiconque. Enfin...

Je suis un Français "de France", comme vous dites si drôlement, mais j'ai des liens multiples avec le Québec. Je voudrais revenir sur un point particulier qui nous sépare : la prononciation des mots et des noms propres anglo-saxons.

Je sais que les Québécois se moquent volontiers de nous parce que nous francisons cette prononciation. C'est oublier un peu vite qu'il s'agit là d'une tendance historique très longue. Je vous rappelle que lorsque Louis XIV voulait parler du duc de Buckingham, il l'appelait Bouquinquand sans se gêner !

C'est cette même tendance qui a fait que la ville de Firenze est devenue Florence, Venezia Venise, London Londres, etc. Même chose pour les noms de personnages célèbres, réel ou imaginaires : Il Tasso devient Le Tasse, Michelangelo Michel-Ange, Don Quijote Don Quichotte. La prononciation française des mots étrangers est l'ultime trace de cette tendance qui tend malheureusement à disparaître.

Venons-en à votre façon de prononcer les noms anglais ou américains. Elle me gêne terriblement, en ce sens qu'elle crée une dysharmonie dans la phrase. Elle jure comme une fausse note au milieu d'un adagio de Mozart.

Ainsi, lorsque j'écoute MTM Radio, un poste québécois diffusant de la musique du XXème siècle, j'ai souvent peine à identifier le nom des compositeurs anglo-saxons que je connais pourtant fort bien !

Je trouve l'exercice d'autant plus vain que, sur cette même radio, et je suppose partout ailleurs au Québec, dès qu'il s'agit de prononcer un nom italien ou hongrois ou russe, on le fait à la française (pardon : à la québécoise...) sans s'embarrasser de srcupules. Alors, pourquoi ce traitement de faveur pour les anglo-saxons ?

J'aurais encore beaucoup d'autres remarques à faire (et pas toutes négatives, loin de là), à propos de cette discussion que vous avez eue, mais le temps me manque un peu.

Au final, continuez la résistance !