vendredi 17 février 2006

Paris, réel et imaginaire


« À mes yeux Paris restera le décor d'un roman que personne n'écrira jamais. Que de fois je suis revenu de longues flâneries à travers de vieilles rues, le coeur lourd de tout ce que j'avais vu d'inexprimable ! S'agit-il là d'une illusion ? Je ne le crois pas. Il m'arrive souvent de m'arréter tout à coup devant telle grande croisée drapée de fausses dentelles, au fond d'un vieux quartier, et de réver sans fin aux destinées inconnues qui se déroulent à l'abri de ces vitres noires. Mon regard distingue un petit bouquet qui change ou disparaît selon les saisons, placé au milieu d'une table que recouvre une étoffe sombre ; et c'est tout, mais c'est peut-étre assez. Qui vit, qui meurt entre ces murs ? Pour un romancier, toute existence, fut-elle la plus simple, garde son irritant mystère, et la somme de tous les secrets a quelque chose qui tantôt le stimule et tantôt l'accable. Quel énorme gaspillage de situations, de mots, de coups de théâtre, de personnages, de mises en scènes ! Comment ne pas s'émouvoir d'une telle concurrence ? Copier n'est pas possible. Il n'y a que les impuissants et les nigauds qui copient. Non, il s'agit de faire aussi bien, si l'on peut, avec des moyens à nous. Commence alors l'étrange supplice de la page blanche dans laquelle il faut ouvrir une fenétre qui ne soit pas celle que j'ai vu tout à l'heure, mais d'une vérité aussi impérieuse. »
Julien Green, Paris, éd. du Seuil, 1983 ; coll. « Points Littérature », 1989.


Avec mon vieil ami parisien, la promenade le long du canal Saint-Martin était un rituel que nous faisions le dimanche, au moins une fois durant mon séjour chez lui. La dernière fois, c'était à l'automne 2001. Nous avions fait un arrêt à l'hôtel du Nord pour prendre quelques photos de l'ami devant ce lieu mythique de la littérature, du cinéma et des promrnades dans Paris. Ce sera l'une des dernières photos que j'aurai de cet ami qu'une tumeur au cerveau emportera deux ans plus tard sans que je l'aie revu.


Qui peut dire où se trouve cette maison ?

Les photos ne sont évidemment pas de moi ; la photographie ne fait pas (encore) partie de mes nombreux talents.

14 commentaires:

Anonyme a dit…

A l'angle de la rue des Francs-Bourgeois et de la rue Vielle du Temple dans le Marais.
Le bâtiment est "très" restauré....
http://www.insecula.com/oeuvre/O0012644.html

Anonyme a dit…

Alcib, ce Paris n'est pas si imaginaire que cela, je le confirme. Quand à la maison dont tu demandes la localisation je la connais : elle se trouve à l'angle de la rue Hautefeuille dans le 6e arrondissement, tout près de la fac de médecine et d'une patisserie viennoise réputée. Si tu le souhaites je peux aller la photographier telle qu'elle est aujourd'hui.

Anonyme a dit…

Euh je suis une mauvaise touriste parisienne !!! Dans le marais ????

Anonyme a dit…

Atmosphère, atmosphère...

Anonyme a dit…

De mémoire, c'est dans le Marais. Maintenant je ne sais plus si c'est sur la rue des archives ou celle des francs-bourgeois, mais c'est sûrement dans le coin...
ou alors faut que j'arrête de boire que je vais arpenter ce quartier :-D

Anonyme a dit…

Paris qui change, mais qui existe toujours !

Désolé pour ton ami Alcib... Et jolie expo parisienne.

Oliv'

Anonyme a dit…

Le Marais : http://www.insecula.com/musee/M0109.html

Lancelot a dit…

Le Marais ?:
http://images.vrbo.com/vrbo/images/8624l.jpg
http://urban.csuohio.edu/~sanda/pic/travel/france/paris/marais/9838marais.jpg

Anonyme a dit…

De ma province, j'admire le Paris que tu m'offres !

Anonyme a dit…

Paris est la ville ou chacun peut y trouver son endroit.
Pour la petite histoire, il m’est arrivé de découvrir de superbes lieux, mais absorbé par les images et les discussions, j’étais ensuite incapable de m’y rendre à nouveau seul.

Anonyme a dit…

Comme c'est amusant de voir sur ton blog canadien des photos de mon quartier. J'habite à deux pas du canal St Martin... Le dimanche les quais sont des voies piétonnières, c'est super pour se promener tranquillement.

Alcib a dit…

Merci à chacune et à chacun d'entre vous. J'ai été assez préoccupé et occupé ces derniers jours. Les événements se bousculent, mais il y en a de bons dans tout cela ; j'en reparlerai... Ces quelques mots pour dire simplement que je n'ai pas été aussi présent que je l'aurais voulu, ni ici ni dans les blogues amis. J'essaierai de retrouver le rythme au cours des prochains jours.

Anonyme a dit…

Comme je suis heureux de lire le regretté Julien Green ici.
Chaque homme

Brigetoun a dit…

oui pour la rue des FrancsBourgeois. Celle de la rue d'Hautefeuille est lisse et trapue. J'avais un avantage ? sur Julien Green, je rentrai chez les gens et donc un peu dans leur vie. N'en étaient pas moins mystérieux pour autant