lundi 21 janvier 2008

Symboles


Le 21 janvier 1948, le premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, surprit tout le monde, y compris les députés de l'Assemblée Nationale (qui s'appelait encore l'« Assemblée législative »), en annonçant un peu avant quinze heures qu'au moment même où il parlait le drapeau du Québec était hissé sur la tour du Parlement du Québec. Le drapeau avait été adopté par décret ministériel avant tout débat officiel sur la proposition du député indépendant René Chaloult de doter le Québec d'un drapeau marquant le caractère distinct du Québec.

Jusqu'alors, le seul drapeau officiel était celui que le Canada avait choisi, marquant bien sa soumission à l'Empire britannique. Il aura fallu attendre 1965 pour que le Canada se dote de son propre drapeau où seul le rouge indique encore son appartenance à la couronne britannique.


Le drapeau étant l'un des plus importants symboles qu'utilisent les peuples pour affirmer leur identité, il n'est pas étonnant que le Québec ait su dès 1948 adopter son propre drapeau et ses propres couleurs.

Il y a 60 ans, les Québécois se sont donné un drapeau exprimant leur identité. Espérons qu'il ne faudra pas attendre encore 60 ans pour qu'ils se donnent enfin le pays qui représente cette identité, et la langue, la culture et les valeurs qui l'expriment.

Note : Symbole de l'absurde réalité politique actuelle ? Sur Wikipédia, l'image représentant le drapeau du Québec porte le très doux nom de « Flag of Quebec ».

17 commentaires:

Danaée a dit…

C'est un bel anniversaire, non?

Je le trouve très beau, notre drapeau!

Mais il faut rester vigilants concernant notre culture et notre identité... Comme on le voit ces temps-ci avec la perte de vitalité du français dans les commerces montréalais... Est-ce aux citoyens de se battre pour faire valoir leurs droits d'être servis en français ou n'est-ce pas plutôt au gouvernement de durcir les lois? Quand on sait que parler uniquement français au Québec fait en sorte qu'on gagne moins cher annuellement, en moyenne, qu'un unilingue anglophone... comment convaincre les nouveaux arrivants d'adopter notre langue?

Soupir. Non, les débats ne manquent pas, par chez-nous!

william a dit…

Bonjour,
on en apprend tous les jours,
je suis d accord avec danae,
nous sommes dans une province ou l anglais est la langue officielle,
a ce titre les services publics provinciales, entreprises, magasins,
ne devraient s exprimer au en francais,
au contraire des services publics gouvernementaux ou es deux langues doivent s afficher.

V à l'Ouest a dit…

En tant que Français (de France), j'ai toujours eu du mal avec le drapeau québecois qui me rappelle trop les fleurs de lys de la royauté française.
Ceci dit, tenez bon les amis !

Alcib a dit…

Vincent, je crois que les Québécois eux-mêmes oublient un peu trop le lien historique avec la France. Mais si je dois choisir entre la royauté française et la royauté britannique, je sais quel choix est le mien. La royauté française n'a pas été très digne envers nous, de la Nouvelle-France, et les Républicains ne l'ont pas été davantage. De Gaulle a eu quelques bons mots sûrement inspirés de bons sentiments.
Je préfère toutefois l'abandon français aux recommandations de Lord Durham d'assimiler progressivement les francophones à la culture britannique. Là où les Anglais n'ont pas assez bien réussi, le premier ministre actuel John Charest et son allié canadian Steven Harper commencent à réussir très bien : dans les quartiers les plus francophones de Montréal (je ne parle même pas des artères commerciales ni du quartier des affaires), on parle de plus en plus anglais avec une arrogance qui n'a rien d'innocent.
Il n'y a que les ministres jovialistes de John Charest et... le reste du Québec pour faire semblant d'ignorer que Montréal n'est plus une ville francophone. Et je ne plaisante pas.

Montréal anglicisée, le reste suivra bientôt. Même les fonctionnaires de Québec qui vivent en vase clos comme dans un village n'y échapperont pas.

Alcib a dit…

Heureusement qu'il y a quelqu'un comme Danaée et quelques autres amis éveillés pour se rendre compte que la situation est sérieuse et qu'il n'y a pas que Star Académie dans la vie.

Alcib a dit…

William, j'ai beau relire ton commentaire pour essayer de le comprendre, je n'y parviens pas. J'imagine qu'il faut comprendre le contraire de ce que tu as écrit ?

Alcib a dit…

Danaée, comment veux-tu que la suave ministre de la Culture, chargée de défendre la loi faisant du français la langue officielle du Québec, assume ses responsabilités ? Le gouvernement de John Charest dont elle fait parti est porté au pouvoir par les anglophones et par ceux qui ne parlent pas français. Ce gouvernement doit son existence aux anglophones du Québec comme Steven Harper doit la sienne aux ultraconservateurs de l'Ouest canadien. Même si les anglophones de Montréal sont moins à droite que ceux de l'Ouest canadien, il n'en demeure pas moins qu'ils préfèrent parler anglais au Canada que français au Québec. Mais ce ne sont pas les anglophones de souche qui sont les plus arrogants ; ce sont les nouveaux convertis, dont la langue maternelle n'est ni le français ni l'anglais mais qui préfèrent ignorer qu'ils sont au Québec ; ils sont d'abord Nord-américains.
Je comprends ces gens de vouloir imposer la langue qu'ils associent au pouvoir économique. Ce que je comprends moins bien, c'est la mollesse des Québécois à respecter et à faire respecter leur langue.
Et, bien entendu, on ne respecte que ce qui se respecte soi-même. Et sur ce plan, ce n'est pas gagné. Quand j'écoute un film ou une émission de télévision produite au Québec et que, moi-même, j'ai du mal à comprendre la bouillie qu'on machouille la bouche à moitié ouverte en permanence, j'ai tendance à penser que l'attrait de cette langue ne sera pas très fort pour les nouveaux arrivants.
Au-delà de l'idée très noble de la défense du français en Amérique du Nord, il faudrait lancer un mouvement pour la défense d'un français parlé compréhensible.
J'ai toujours eu et j'aurai toujours beaucoup de mal avec cette langue parlée qu'on nomme française quand on défile pour la défendre mais que l'on dit québécoise pour ne pas avoir à assumer la rigueur d'une langue comprise par tous les francophone. On a beau être Québécois, il y a des jours où il désolant de constater que l'on est entouré de gens dont la devise semble être : « Chus comme chus pis j'm'aime de même. » Et l'on ne peut s'empêcher de penser que la suite serait : « Et après moi le déluge ! » (si seulement ils avaient déjà entendu cette expression).

Brigetoun a dit…

j'adore le derniers mots - me fait penser, consolez vous, à ma prise de bec avec une standartiste parsienne d'une boite de consultant à laquelle je demandais de me passer mon client, son patron, tout aussi français que nous deux, et qui s'entêtait à me répondre en anglais

Beo a dit…

Depuis tant d'années... c'est bien joli de passer des lois, sauf que l'amour de la langue française doit vraiment se vivre et se répercuter dans le discours de tout un chacun. Au quotidien.

J'ai lu une satire de Stéphane Laporte présentant deux jeunes filles qui font les boutiques et qui discutent entre elles: y a 5 anglicismes dans une phrase de 9 mots...

Comment voulez-vous être pris au sérieux dans de tels cas?

D'ailleurs sa satire: amène les jeunes filles de boutiques en boutiques jusqu'à ce qu'elles obtiennent un service en français.

Sauf que le jeune homme de la boutique n'a pas dit un mot: il leur a juste apporté le T-Shirt fushia Small demandé... qui était en vitrine.

De plus il s'avère que le jeune homme est anglophone et ne sais pas un mot de français...

Alcib a dit…

Béo, ça ne sert à rien, en effet, de passer des lois quand le gouvernement diminue constamment les budgets et les ressources des organismes chargés de les faire appliquer.
Et tu as bien raison : si les Québécois, souvent partisans du moindre effort, n'aiment pas assez leur langue pour la parler fièrement et vigoureusement en toutes circonstances, rien n'est gagné.
Toutefois je considère absolument irresponsable l'attitude du gouvernement Charest et de sa ministre de la Culture (qui aurait dû trouver un autre endroit pour aller soigner sa dépression radio-canadienne) qui demandent aux citoyens de faire respecter la loi. Les citoyens peuvent bien parler français, si les commerçants n'en ont rien à cirer, ça ne changera pas grand-chose. Ce gouvernement, par son laxisme, sa mollesse envers tout ce qui est identité québécoise, autorise d'avance l'arrogance de tous ceux qui ne se gênent pas pour imposer l'anglais.
Le Plateau Mont-Royal qui, il n'y a pas si longtemps, était le quartier montréalais des artistes et des intellectuels francophones est devenu l'endroit à la mode où les serveurs des restaurants et les employés (pourtant francophones) des autres commerces se font un plaisir de parler anglais, même à ceux qui n'y comprennent rien.
Il y a les arrogants qui imposent l'anglais dans tous leurs échanges et on ne peut reprocher à ceux-ci d'essayer d'imposer leur pouvoir ; mais il y a aussi la soumission servile des francophones qui s'imaginent que la personne dont la langue maternelle n'est pas le français, qu'ils soient d'origines italienne, espagnole, roumaine, etc., doivent forcément parler anglais.

Beo a dit…

Oui; je commence à cerner le problème actuel que vous vivez, grâce au Web, à LCN et RDI.

Je comprends bien que ce phénomène "tendance" sur le Plateau est un signe qu'il y a urgence à faire de quoi!

Alcib a dit…

Béo : Il ne faut pas négliger non plus la tendance de plus en plus affirmée chez les Québécois les plus instruits de parler un dialecte incompréhensible des autres francophones.

Lysianne Gagnon, dans La Presse d'aujourd'hui, écrit un article très intéressant à ce sujet. Voici le lien vers l'article sur Cyberpresse : http://www.cyberpresse.ca/article/20080122/CPOPINIONS03/801220535/6730/CPACTUALITES

Mais pour éviter que l'article soit bientôt introuvable sur Internet, le voici en entier :



« On peut pas laisser les vidanges icitte! » « Agrippe-toi, quel fun noir! » « Awaille! Dépêche! »

Ce sont les exemples de traduction « à la québécoise » que citait dernièrement, dans sa chronique du Journal de Montréal, notre collègue Benoit Aubin.

La compagnie Nintendo, fabricant américain de jeux vidéo, a décidé, sans y être obligée, de produire une version française du jeu «Super Mario» pour le marché québécois. Et voilà ce que ça donne: des expressions traduites, comme le dit Aubin, «dans un français atroce, délinquant et déplorable, comme on n'en trouve que chez nous».

On est ici en plein paradoxe. D'une part, on se réjouit de ce que cette grosse entreprise américaine veuille servir les Québécois francophones dans leur langue - une chose qui aurait été absolument impensable il y a 30 ans. D'autre part, on s'attriste de constater que dans ce domaine comme dans tant d'autres, ce que l'on nous sert, loin d'être du français, est une sorte de dialecte impossible à comprendre dans le reste de la francophonie.

Ne blâmons pas Nintendo. Cette langue-là, c'est celle que tolère - que pratique! - une grande partie de nos élites.

C'est cela qui a changé: naguère, les Québécois qui avaient eu la chance d'accéder à l'instruction s'efforçaient de s'exprimer correctement. Aujourd'hui, les gens instruits, bien plus nombreux qu'autrefois, adoptent - par coquetterie, par une sorte de snobisme à rebours, ou, dans le cas des amuseurs publics, pour élargir leur audience - la langue relâchée farcie de sacres qui était autrefois le lot de ceux qui avaient quitté l'école avant la fin du primaire.

Je cite Aubin: «Trente ans de batailles linguistiques pour établir le français comme langue commune d'usage public au Québec. Dix ans d'Internet qui ont donné un droit de cité dans le cyberespace à notre langue et à notre culture qu'on croyait menacées à court terme. Et pour aboutir à quoi? À Super Mario disant: «Cette job est pas pantoute facile!»

Il y a bien des gens que cette situation désespère, dont le directeur des études du cégep de Saint-Jérôme, Robert Ducharme, qui est aussi président de la Commission des affaires pédagogiques de la Fédération des cégeps.

Dans un récent courriel, M. Ducharme plaidait en faveur d'un «chantier national sur la langue». Il constatait, lui aussi, que le Québec compte beaucoup de gens instruits et bien informés, mais que la grande absente c'est la maîtrise de la langue. «La reconnaissance d'une diversité culturelle doit être, dit-il, soutenue par une langue parlée et écrite de qualité.»

Plus concrètement, il s'inquiète du futur marché de l'emploi. Notre secteur manufacturier s'amenuise à mesure que des usines se délocalisent vers les pays en voie de développement. Il y aura de moins en moins d'emplois de cols bleus, de moins en moins d'emplois qui n'exigeront pas la maîtrise de la langue qui va avec la spécialisation. Or, dit-il, «ce n'est pas en utilisant des mots imprécis et des phrases approximatives que nous pourrons nous assurer une place sur l'échiquier mondial».

Que l'on pense, justement, aux ordinateurs, au web, à l'Internet. Les nouveaux moyens d'information et de communication passent tous par la langue. Google corrigera vos menues fautes d'épellation en vous demandant si ce n'est pas plutôt tel mot que vous recherchez. Mais une connaissance approximative de la langue vous empêchera de tirer profit des moteurs de recherche.

Quelques futurologues ont déjà voulu nous faire croire que la majorité des gens n'aurait jamais besoin de savoir écrire. Quelle erreur! Jamais dans l'histoire l'écriture n'aura pris une telle importance. Les messages électroniques ont remplacé le téléphone. Même les patrons, qui se fiaient naguère à leur secrétaire pour rédiger leurs lettres, doivent aujourd'hui pouvoir écrire sur l'ordinateur.

Un chantier national sur la langue, qui dépasserait le strict domaine de l'école pour toucher tous les secteurs - familles, médias, arts, politique, commerce, entreprises Un chantier d'envergure nationale, qui serait, comme dit M. Ducharme, «porté par le gouvernement, voire l'Assemblée nationale» Mais oui, l'idée est excellente. Ce n'est pas la première fois qu'elle court, cependant, et jusqu'ici aucun parti, aucune coalition ne l'a ramassée.

Beo a dit…

Cet article traduit exactement ma pensée mais j'irais plus loin en intégrant à l'école et ce dès le primaire: un parralèle entre le joual et le français international.

Il me semble qu'un éclairage adéquat sur les différences de language à l'oral serait bénéfique, bénéfique aussi pour le français écrit en fin de compte.

SAVOIR la différence et l'utiliser. En général c'est ce que font les Québécois expatriés. Il y a tout plein de joueurs de hockey et d'entraîneurs. Quand je les entends en reportage, je sens qu'ils font attention sans tomber dans l'excès.

Je n'ai jamais entendu une de ces personnes sacrer en 10 ans: parce que ça n'a aucune résonnance par ici. Alors à quoi bon?

Mais bon... si tu me dis que l'élite prends le chemin inverse... on est pas sortis du bois!!!

Anonyme a dit…

J'arrive un peu tard dans cette question vitale et cruciale, mais je veux quand même exprimer ma tristesse et ma désespérance devant ce recul dramatique de notre langue.
On était pourtant partis de très loin au moment du cri du Frère Untel et on avait remonté une pente énorme. Que sait-il passé?
Un peu de tout: négligence au niveau de la pédagogie, laxisme de nos gouvernements, paresse de chacun de nous qui avons dormi sur nos lauriers.
C'est une guerre de fond qui règne et dans toute la francophonie. Il faut persévérer, réagir, écrire, le dire, rester alerte et y mettre autant de coeur, de courage et de conviction que l'ont fait les mouvements féministes et écologiques. La langue, c'est la culture, c'est l'identité, c'est la vie.
Merci Alcib de nous garder conscients et de raviver cette flamme, particulièrement en ce 400ième anniversaire de la fondation de Québec, première ville francophone d'Amérique.

william a dit…

ou désolé ! je reformule !

Bonjour,
on en apprend tous les jours,
je suis d'accord avec danae,
nous sommes dans une province ou le FRANCAIS est la langue officielle,
a ce titre les services publics provinciales, entreprises, magasins,
ne devraient s'exprimer qu'en francais,
au contraire des services publics gouvernementaux ou les deux langues doivent s'afficher.

Alcib a dit…

Simple question : L'État français affiche-t-il ses services en anglais ?
Puisque le français est la langue officielle du Québec, pourquoi devrait-il offrir des services en anglais ?
Les personnes peuvent déjà communiquer en anglais avec les services gouvernementaux ; je ne vois pas la nécessité que l'État du Québec soit plus bilingue que cela.

william a dit…

voila!