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*Il s'agit bien du texte réel tel qu'écrit par Alexander ; j'ai simplement rectifié l'orthographe. Les mots sont les siens, tout comme la syntaxe. Les points de suspension n'indiquent pas des coupures dans le texte (j'aurais plutôt mis des crochets [...], si ça avait été le cas) ; Alexander utilisait beaucoup les points de suspension dans ses messages.
En avril 2008, dans les jours qui ont suivi les débuts de notre correspondance qui allait prendre rapidement un rythme et une intensité extraordinaires, Alexander se faisait renverser par une voiture en se rendant au travail... Il avait eu « de la chance » en étant projeté par-dessus la voiture au lieu de passer sous les roues comme il est arrivé à l'un de ses patients quelques jours plus tard... Alors que ses collègues l'attendaient pour prendre la relève à l'urgence, ils ont vu Alexander arriver à l'urgence en ambulance... Il avait des côtes cassées, de grandes lacérations à la tête, de multiples contusions... Je m'étais inquiété de ne pas recevoir de message de sa part durant plus de vingt-quatre heures. Puis je reçus ce message :
« Alcib, je ne sais plus où j'en suis... Pourquoi, ai-je tant besoin que tu me parles ? Au fond de moi, au creux de mon cœur, c'est comme si on se connaissait depuis très longtemps, et j'ai si peur de te perdre !
J'ai froid et il faut que j'attende toutes ces heures de ta longue nuit pour pouvoir lire les mots de toi que tu m'écriras sans doute au matin... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Merci, merci tellement de m'avoir écrit même si je n'étais pas là pour te répondre... Je ne veux même pas penser que j'aurais pu ne pas trouver tes mots ce matin...
En sortant de l'hôpital, tout à l'heure, j'ai aperçu une pâquerette ; c'est la première que je vois ce printemps ; je l'ai cueillie pour toi... Je l'ai mise dans un petit peu d'eau et elle est là, près de moi.
Alcibiade...
Pendant que j'étais allongé sur la civière et que j'attendais à l'urgence les examens médicaux après mon accident, j'aurais aimé que tu sois là, et que tu me prennes dans tes bras, parce que j'avais peur... C'est la première fois que je suis, moi, de l'autre côté du miroir, là où il y a beaucoup de sang qui coule, et la mort qui rôde... Même si je ne suis pas trop blessé, malgré tout, j'ai vraiment eu de la chance, mais quand il y a plein de sang partout... Je pensais à mes bêtes, toutes seules... Et si j'étais vraiment parti sur la Lune, il n'y aurait même eu personne pour te le dire... Voilà, j'ai le cœur très gros. »*
Et le mien, cher Alexander, comment crois-tu qu'il est, mon coeur, en relisant ces mots ? Je te demande pardon : je sais que tu ne voudrais pas que j'aie du chagrin. Mais ces mots qui me déchiraient le coeur lorsque je les ai reçus, me font terriblement mal encore aujourd'hui.
Grâce à ta charmante voisine et amie, Abigail, tes bêtes ne se sont pas rendu compte ce jour-là que ton absence prolongée était anormale. Et Abigail n'a même pas pu leur transmettre son inquiétude car tu l'avais appelée en soirée pour lui demander de s'occuper de Harry et d'Alexander et disant que tu devais « travailler » plus longtemps que prévu, sans mentionner le sérieux accident du matin.
Quand tu as dû retourner à l'hôpital non comme médecin mais comme patient, tu as eu la délicate attention de demander à Jane de me donner régulièrement de tes nouvelles. Depuis lors, avec ta bénédiction, nous sommes devenus amis, et c'est une grande chance de pouvoir partager ainsi l'immense peine que nous cause ton départ et de nous échanger de précieux moments de bonheur.
Par ce blogue, tu avais découvert mon existence et, après avoir lu en une nuit tous les articles et tous les commentaires depuis l'automne 2005, tu avais compris que j'étais celui qui pouvait te comprendre et t'aimer comme tu le voulais et, avant même que j'aie eu le temps de répondre à tes premiers messages, tu m'aimais déjà sans réserve.
Alistair, avec qui tu as partagé tant de confidences depuis le début de l'adolescence, a aussi découvert ce blogue où je te parle et où je parle de toi. Je suis persuadé que tu lui en as discrètement indiqué le chemin afin qu'il soit moins seul avec son chagrin. Je suis heureux que le blogue ait pu ainsi créer un lien entre des personnes qui t'aiment et je suis très ému d'apprendre que, si tout va bien, Jane et Alistair se rencontreront bientôt à Londres pour évoquer les beaux moments que tu as permis à chacun de vivre. Je gage que leur première rencontre aura lieu sous la protection du bon vieux Churchill, juste à l'ombre du Big Ben. Un jour pas trop lointain, j'espère, ce sera mon tour ; je viendrai marcher dans les lieux que tu as tant aimés et rencontrer en personne ceux et celles qui t'aiment plus que tout au monde.
« Alcib, je ne sais plus où j'en suis... Pourquoi, ai-je tant besoin que tu me parles ? Au fond de moi, au creux de mon cœur, c'est comme si on se connaissait depuis très longtemps, et j'ai si peur de te perdre !
J'ai froid et il faut que j'attende toutes ces heures de ta longue nuit pour pouvoir lire les mots de toi que tu m'écriras sans doute au matin... Qu'est-ce qui m'arrive ?
Merci, merci tellement de m'avoir écrit même si je n'étais pas là pour te répondre... Je ne veux même pas penser que j'aurais pu ne pas trouver tes mots ce matin...
En sortant de l'hôpital, tout à l'heure, j'ai aperçu une pâquerette ; c'est la première que je vois ce printemps ; je l'ai cueillie pour toi... Je l'ai mise dans un petit peu d'eau et elle est là, près de moi.
Alcibiade...
Pendant que j'étais allongé sur la civière et que j'attendais à l'urgence les examens médicaux après mon accident, j'aurais aimé que tu sois là, et que tu me prennes dans tes bras, parce que j'avais peur... C'est la première fois que je suis, moi, de l'autre côté du miroir, là où il y a beaucoup de sang qui coule, et la mort qui rôde... Même si je ne suis pas trop blessé, malgré tout, j'ai vraiment eu de la chance, mais quand il y a plein de sang partout... Je pensais à mes bêtes, toutes seules... Et si j'étais vraiment parti sur la Lune, il n'y aurait même eu personne pour te le dire... Voilà, j'ai le cœur très gros. »*
Et le mien, cher Alexander, comment crois-tu qu'il est, mon coeur, en relisant ces mots ? Je te demande pardon : je sais que tu ne voudrais pas que j'aie du chagrin. Mais ces mots qui me déchiraient le coeur lorsque je les ai reçus, me font terriblement mal encore aujourd'hui.
Grâce à ta charmante voisine et amie, Abigail, tes bêtes ne se sont pas rendu compte ce jour-là que ton absence prolongée était anormale. Et Abigail n'a même pas pu leur transmettre son inquiétude car tu l'avais appelée en soirée pour lui demander de s'occuper de Harry et d'Alexander et disant que tu devais « travailler » plus longtemps que prévu, sans mentionner le sérieux accident du matin.
Quand tu as dû retourner à l'hôpital non comme médecin mais comme patient, tu as eu la délicate attention de demander à Jane de me donner régulièrement de tes nouvelles. Depuis lors, avec ta bénédiction, nous sommes devenus amis, et c'est une grande chance de pouvoir partager ainsi l'immense peine que nous cause ton départ et de nous échanger de précieux moments de bonheur.
Par ce blogue, tu avais découvert mon existence et, après avoir lu en une nuit tous les articles et tous les commentaires depuis l'automne 2005, tu avais compris que j'étais celui qui pouvait te comprendre et t'aimer comme tu le voulais et, avant même que j'aie eu le temps de répondre à tes premiers messages, tu m'aimais déjà sans réserve.
Alistair, avec qui tu as partagé tant de confidences depuis le début de l'adolescence, a aussi découvert ce blogue où je te parle et où je parle de toi. Je suis persuadé que tu lui en as discrètement indiqué le chemin afin qu'il soit moins seul avec son chagrin. Je suis heureux que le blogue ait pu ainsi créer un lien entre des personnes qui t'aiment et je suis très ému d'apprendre que, si tout va bien, Jane et Alistair se rencontreront bientôt à Londres pour évoquer les beaux moments que tu as permis à chacun de vivre. Je gage que leur première rencontre aura lieu sous la protection du bon vieux Churchill, juste à l'ombre du Big Ben. Un jour pas trop lointain, j'espère, ce sera mon tour ; je viendrai marcher dans les lieux que tu as tant aimés et rencontrer en personne ceux et celles qui t'aiment plus que tout au monde.
*Il s'agit bien du texte réel tel qu'écrit par Alexander ; j'ai simplement rectifié l'orthographe. Les mots sont les siens, tout comme la syntaxe. Les points de suspension n'indiquent pas des coupures dans le texte (j'aurais plutôt mis des crochets [...], si ça avait été le cas) ; Alexander utilisait beaucoup les points de suspension dans ses messages.
10 commentaires:
Ce billet me ramène moi aussi loin en arrière.... et je me demande si Alexander n'avait pas fait ma connaissance par les commentaires laissés ici, bien avant de venir me lire chez moi.
PS: parfois je trouve que je mets trop de points de suspension ;)
Béo : Alexander avait très certainement lu tes commentaires dès le 10 avril 2008, puisqu'il a tout lu, absolument tout ce qui était publié sur le blogue à cette date, puis il a continué de tout lire par la suite.
Il faut faire confiance à sa perspicacité pour avoir immmédiatement compris qui tu étais. Il allait immédiatement à l'essentiel, même si l'essentiel, c'était parfois une petite fleur poussiéreuse oubliée le long de la route (non, non, ce n'est pas à toi que je pense en écrivant « petite fleur poussiéreuse » :o)
Il savait qui, parmi mes amis, sont ceux qui méritent le plus mon attention.
Et puis, en plus de ce que tu écrivais, il aimait retrouver chez toi les fleurs toujours si belles et Loukoum, qui était déjà adorable du fait d'être un animal, a toutefois d'unique son caractère, sa personnalité, et la place qu'il a su se faire dans ta vie.
J'ai tendance à mettre aussi beaucoup de ponts de suspension, surtout dans ma correspondance. Mais en me relisant, j'en enlève toujours plusieurs.
Enlever les points de suspension dans la correspondance d'Alexander, ce serait lui enlever le caractère de son expression spontanée, ce serait lui couper le souffle.
Correction : Je ne sais pas si les trois points sont des ponts suspendus, mais ce que je voulais écrire, c'est : « J'ai tendance à mettre aussi beaucoup de poInts de suspension... »
Je trouvais ce lapsus très mignon ;)
Béo : tu as raison. La correspondance est souvent, comme le sont aussi les blogues, un pont suspendu au-dessus de l'immensité, pour permettre à des personnes qui le veulent de se rejoindre...
Il y a de la guérison dans ce beau message, Alcib; guérison ne signifie pas oubli, bien au contraire; mais guérison signifie moins de souffrance ravageuse et plus de parole sereine. C'est ce que j'ai senti à te lire - outre l'émotion, que tu sais faire partager à tes lecteurs.
RPL : Tu as peut-être raison ; je ne sais pas vraiment s'il y a de la guérison. C'est possible, mais je n'ai pas assez de recul pour en juger. La douleur est toujours là et si j'arrive à fonctionner plus ou moins normalement, il suffit de peu de chose pour faire jaillir les larmes, où que je sois, quoi que je fasse.
Ce soir, vers 20 heures, j'étais èa l'autre bout de la ville, èa l'Est, et j'allais prendre le métro pour rentrer chez moi. La Lune était là, avec une seule étoile dans son voisinage. Comme je pensais à lui avant de sortir, la présence de notre Lune a permis de poursuivre le dialogue...
Demain, ce sera un anniversaire important pour Alexander, comme pour des centaines de miliers, des millions de personnes. J'y pense depuis plusieurs jours.
Merci de ta présence attentive et affectueuse, RPL.
Je ne sais ce que je dois dire..
Je n'ai pas rencontré une telle histoire d'amour..
Je regrette ..qu'est n'est plus à côté de toi...parce que tu es une personne bonne..avec un coeur grand..tu dis des paroles belle..auxquels je reste sans mots.
Au-delà des nuages... : Je crois que tu as encore le temps de vivre une belle histoire d'amour car, si j'ai bien deviné, tu es encore adolescente.
Je te remercie de ces beaux mots. Je crois qu'il y avait en moi un fond de bonté. Mais Alexander a su le voir à un moment où ce n'était pas si évident et il a su m'inspirer davantage.
Le départ d'Alexander n'est pas seulement une immense perte pour moi, personnellement : c'est une perte immense pour la Vie, pour l'humanité, pour les animaux et la nature...
"paroles belle..auxquels je reste sans mots"
paroles belles..auxquelles je reste sans mots"
toujours je me hâte!:D
excuse-moi!
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