samedi 16 juin 2007

« Vienne la nuit sonne l'heure...

... les jours s'en vont je demeure. »

Si ces deux lignes du poème fameux de Wilhelm Albert Vladimir Popowski de La Selvade Apollinaris de Wąż-Kostrowitcky, mieux connu (heureusement) sous le pseudonyme de Guillaume Apollinaire ont titillé votre âme poétique, et que vous souhaitez voir le pont Mirabeau* sous les mots d'Apolinaire, vous ferez bien de cliquer sur le lien qui précède. Si vous souhaitez entendre Apollinaire lui-même réciter son poème (entre deux autres), c'est plutôt ici.

*Ce sacré Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau qui a donné son nom à un pont aurait bien pu donner ce nom à un tunnel car, s'il était l'ami du peuple dont il défendait la cause à l'Assemblée nationale, il conseillait secrètement Louis XVI sur la stratégie à adopter pour sauver la monarchie. Hélas, Mirabeau a eu la mauvaise idée de mourir le 2 avril 1791, empoisonné ou victime des suites de ses débauches, trop tôt, donc, pour empêcher Louis XVI d'écouter Axel de Fersen, l'amant de Marie-Antoinette, et de prendre la fuite en pleine nuit le 21 juin 1791. Il faut toutefois remercier de façon posthume ce Mirabeau car, s'il avait vécu quelques mois de plus, Ettore Scola n'aurait pas pu nous donner ce chef-d'oeuvre, la Nuit de Varennes, avec une remarquable distribution, dont Jean-Louis Barrault, Marcello Mastroianni, Anna Schygulla, Michel Piccoli, Jean-Claude Brialy, Jean-Louis Trintignant...

Le temps passe, en effet et, à peine a-t-on amorcé un jour nouveau que déjà il s'achève. Et les semaines, et les mois font de même... Et par l'aimable divertissement qui précède, je voulais simplement souligner deux événements survenus un 16 juin :

Le premier intéressera les Français qui voudraient venir s'établir au Québec (je suppose que cela vaut aussi pour le Canada, car à l'étranger on ne fait pas toujours la distinction. Et pourtant !). Le 16 juin 1659, le roi Louis XIV décida d'accorder des subventions aux émigrants qui partaient s'installer au Canada. Coïncidence : c'est précisément ce 16 juin 1659 que débarquera (le terme est juste : on débarque d'une embarcation ; on descend d'une voiture, d'un avion) à Québec François de Montmorency-Laval, qui fut le premier évêque de Québec et, à deux occasions, gouverneur provisoire de la Nouvelle-France ; on soulignera en 2008 le tricentenaire de sa mort en même temps que le quatre centième anniversaire de la ville de Québec (j'aurai certainement l'occasion de reparler de ces célébrations).

Ni moi ni mes ancêtres n'avons bénéficié de cette subvention : mon ancêtre paternel, originaire de la région du Mans, était déjà sur place puisqu'il s'est marié à Sainte-Anne-de-la-Pérade, au Québec, en 1656. En évoquant cette décision royale de 1659, les Français qui souhaitent venir s'installer au Québec ne pourraient-ils pas demander à l'empereur Sarko de se montrer aussi généreux ?

Il ne faut toutefois pas oublier que :
« Le Canada de 1659 était, à vrai dire, bien peu de chose. La population française n’y atteignait pas 2 000 âmes, partagées entre trois centres de peuplement, sur une distance de plus de 60 lieues. La région de Québec, formée de la ville proprement dite et des seigneuries de Beauport, Beaupré, Notre-Dame-des-Anges et Lauson, présentait la plus forte concentration de population, avec près de 1 200 habitants ; quelques centaines de colons étaient établis à Trois-Rivières ou dans les seigneuries voisines du Cap-de-la-Madeleine, de Sainte-Anne et de Champlain, qui commençaient à peine à se développer ; aux avant-postes, l’île de Montréal était le dernier centre habité. »
Extrait du Dictionnaire biographique du Canada en ligne.

Il faut cependant prendre en considération que le faible taux de natalité actuel fait que, alors que le Québec avait jusqu'à maintenant quatre personnes qui payaient des impôts pour une personne retraitée, si j'ai bien compris, il n'aura plus bientôt que deux contribuables par personne à la retraite. Le faible taux de natalité et de l'augmentation des coûts de santé répartis sur de moins en moins de contribuables incitent les gouvernements à miser sur l'accroissement rapide de l'immigration ; attention, disent certains : cette stratégie risque de nuire aux plus jeunes, ceux de la génération dite « écho » ou « génération Y », selon le démographe et économiste David K. Foot.

Si les questions politiques, économiques, démographiques, etc., vous ennuient et que vous préférez l'art et la littérature, ne retenez de ce billet que ce qui suit.

Le 16 juin 1812, mourait un peintre allemand du nom de Franz Pforr. Mes connaissances en histoire de l'art sont vraiment pauvres et fragmentaires. J'ai toutefois retenu le nom de ce peintre dont j'ai découvert l'existence il y a près de vingt ans. Né à Francfort le 5 avril 1788, fils de Johann Georg Pforr, peintre reconnu, Franz perd toutefois ses parents alors qu'il n'a que douze ans, et son frère l'année suivante. Il est recueilli par l'un de ses oncles, galeriste à Cassel ou Kassel, qui encourage ses dons artistiques et favorise son inscription à l'académie de Vienne. Avec des amis étudiants, Johann Friedrich Overbeck, Ludwig Vogel et Johann Konrad Hottinger, ils contestent toutefois la formation trop académique et finissent par se faire évincer de l'institution.

Portrait de Franz Pforr par son ami Friedrich Overbeck

Ses amis et lui quittent Vienne et, en 1810, s'installent à Rome où la lumière italienne correspond davantage à leur conception de l'art que les couleurs sombres de la peinture allemande de l'époque. Ils s'établissent dans un ancien monastère franciscain où ils vivent en communauté. Ils fondent le mouvement nazaréen qui eut une influence sur l'art romantique allemand de la première moitié du XIXe siècle, semble-t-il. Franz Pforr n'avait que 24 ans quand il fut emporté par la tuberculose le 16 juin 1812.

Si cette période de la peinture allemande vous intéresse autant que les comparaisons entre l'art allemand et l'art italien ; si vous voulez revivre cette époque comme si vous y étiez à travers les yeux de ces jeunes peintres allemands (surtout ceux de Friedrich Overbeck) qui découvrent la lumière et la beauté de l'Italie, et si en plus vous aimez les histoires amoureuses qui n'ont rien de simple, je ne saurais trop vous encourager à lire L'Amour, superbe roman de Dominique Fernandez, que j'ai eu le plaisir de rencontrer (nous sommes nés le même jour... à plusieurs années d'intervalle) et qui, je viens de l'apprendre ou peut-être l'avais-je oublié, a été élu à l'Académie française le 8 mars dernier.

Ce tableau de Johann Friedrich Overbeck représente l'amitié entre l'Allemagne et l'Italie, telle que la sentait le jeune peintre allemand. Un détail de ce tableau illustre la couverture de l'édition du « Livre de Poche » du roman de Dominique Fernandez.

Je veux souligner l'arrivée d'un nouveau blogue, celui de Vincent qui laissait parfois une trace dans les commentaires et qui met en ligne aujourd'hui même son propre blogue, Complètement à l'Ouest ; on le retrouvera dans ma liste de liens sous « Vincent à l'Ouest ».

vendredi 15 juin 2007

Brèves


C'était, le 13 juin dernier, l'anniversaire de la mort d'Alexandre III de Macédoine, mieux connu sous le nom d'Alexandre le Grand. Né à Pella le 21 juillet 326 avant JC, fils de Philippe II de Macédoine et d'Olympias, princesse d'Épire, il est devenu roi à 20 ans et il est mort à 33 ans, en 323 avant JC, des suites d'une forte fièvre qui dura deux semaines. Pour souligner l'anniversaire de la mort de cet homme hors du commun, qui fut élève d'Aristote, je voulais écrire un billet mais je n'en ai pas eu le temps ; j'essaierai de me reprendre plus tard. Il y a tellement à dire au sujet d'Alexandre que l'on pourrait écrire des livres entiers sur des éléments précis de sa vie, ne serait-ce, par exemple, que sur l'amitié qu'il portait à son compagnon fidèle, Héphaïstion, né le même jour que lui et ami d'enfance.

Pour rester dans les anniversaires, il faut souligner l'anniversaire de naissance d'un disciple de Platon, notre ami Tramaque, bien vivant, celui-ci, mieux connu sous l'initiale G. du couple Les Pitous et qui, avec son compagnon V., quittera bientôt l'Amiénie.
Mon cher G., je ne serai sans doute pas en mesure de t'appeler en ce jour d'anniversaire ; sache néanmoins que tous mes voeux les meilleurs t'accompagnent. Je souhaite, entre autres, que vos nouvelles affectations professionnelles vous apportent, à V. et à toi, les satisfactions que vous en attendez.

Le 15 de chaque mois, c'est la Rédac du mois sur les blogues de plusieurs collègues. Je ne savais pas si j'aurais le temps de participer cette fois-ci mais, puisque je n'avais pas annoncé que je passerais mon tour, je me suis dit que je m'organiserais pour écrire mon billet et pour le mettre en ligne à l'heure convenue. En consultant la liste des participants ce mois-ci, je constate que mon pseudo n'y est pas : j'en suis donc exempté. Mais si le sujet vous intéresse (« Le voyage de mes rêves »), allez sur le blogue d'Olivier à Montréal ; vous y trouverez son billet sur le sujet ainsi que la liste de tous les participants. Les billets ne seront en ligne qu'à compter de 6 heures, heure de Montréal ou midi, heure de Paris.

jeudi 14 juin 2007

« Je ne peux pas vous répondre en ce moment... »

Je vous ai dit qu'à compter de la semaine prochaine, je serai officiellement mon propre patron. Ce vendredi 15 juin, je signerai quelques documents qui rendront officiel ce nouveau statut.

Le travail n'a toutefois pas attendu. En plus d'avoir de nombreuses décisions à prendre, plusieurs démarches à faire pour mettre sur pied mon projet, d'avoir en plus à gérer plusieurs dossiers au sein de l'organisation que je préside (occupation bénévole), j'ai déjà des clients qui font appel à mes services. Or, pour me libérer un peu de toutes les autres obligations et pour me concentrer sur un mandat qu'un nouveau client me confie, j'ai décidé d'aller travailler dans un endroit tranquille. Voici mon moyen de locomotion. Je n'ai pas eu trop de mal à trouver une place pour me garer.

Voici mon bureau, vu de l'arrière.

L'entrée de mon bureau, à ma gauche.

Le bureau vu de l'entrée de gauche, avec mon porte-document (sac à dos) sur le bureau.

Et finalement, la vue que j'ai de mon bureau quand je regarde devant moi (le dossier en moins).


Vous aurez remarqué que je ne suis pas dérangé très souvent, ni par le téléphone ou par les courriels, pas plus que par les visiteurs. J'ai passé là plusieurs heures, au cours des deux derniers jours, et j'ai pu travailler efficacement. Mon travail, pour l'instant, consistait à prendre connaissance d'environ cinq cents pages de documentation sur un sujet que je ne lis pas très souvent pour le plaisir, mais qui m'intéresse toutefois. En rentrant à la maison, pour compléter la documentation, un livre du même auteur m'attendait. Il faudra maintenant que j'écrive un chapitre d'une quarantaine de pages qui viendra s'insérer dans un autre document d'environ 300 pages. Si je travaille bien, il se pourrait qu'on me demande de rédiger un autre chapitre et, une fois tous les textes écrits, de réviser le tout.

Ne croyez-vous pas que tout cela mérite le nouveau bureau que je me suis offert ?

mercredi 13 juin 2007

Symbole

Dans certains milieux d'affaires, dans certaines professions, il est essentiel de soigner son image, de savoir choisir sa tenue, ses accessoires... C'est ainsi, par exemple, que l'on voit les journalistes, les présentateurs de bulletins de nouvelles, en France plus qu'au Québec, tenir leur stylo de façon que l'on puisse, à l'écran, bien reconnaître la marque du stylo, la plupart du temps un Montblanc.

Depuis plusieurs années, je rêve d'avoir le mien, le gros cigare à la plume en or 18 carats à pointe large. Il y a quelques années, j'ai failli en acheter un, avenue de l'Opéra, à Paris, puis je me suis dit qu'ils ne coûtaient sans doute pas plus cher à Montréal. Je n'en ai jamais acheté un encore...

Tout à l'heure, en cherchant des images, je suis tombé sur celui-ci, que Montblanc a mis en vente en 2005, dans son édition limitée des Grands Écrivains, pour rendre hommage à Miguel de Cervantes.

« L'instrument d'écriture et l'agrafe reprennent le thème des ailes des moulins à vent antiques. La laque brune marbrée du corps, qui porte la signature de Miguel de Cervantes, est pontuée[sic] d'anneaux dorés. Sur le capuchon, on trouve le numéro individuel du stylo à côté de l'étoile Montblanc ivoire. La plume en or 18 carats s'orne d'un moulin à vent ciselé en référence à Don Quichotte. » Voilà ce que l'ont peut lire sur ce site, d'où provient aussi la photo.

Je me suis dit que pour bien asseoir ma réputation de nouvel entrepreneur, il faudrait bien que je choisisse un tel stylo, surtout que le principal service offert est lié à l'écriture... Et cela me rappelle que, depuis la création de ce blogue je n'ai jamais activé encore la liste de cadeaux associée au profil de blogueur ; je devrais y voir.

mardi 12 juin 2007

Bonne nouvelle

L'image vient d'ici

Depuis plusieurs semaines, j'élaborais un projet sur lequel je misais beaucoup. Je devais présenter hier matin mon projet devant un comité composé de cinq personnes dont les décisions sont sans appel. L'acceptation ou le rejet de ce projet devait avoir des conséquences déterminantes sur mon avenir professionnel.

L'image vient d'ici

J'avais précisément dix minutes, pas une seconde de plus, pour présenter mon projet aux membres du comité et les convaincre. Cette présentation était suivie d'une période de questions, de dix minutes également, de la part des membres du comité. J'ai présenté mon projet en neuf minutes et quelques secondes et je me suis tu, attendant les questions. Je peux parler longuement si on m'en donne l'occasion, mais j'ai aussi développé ce réflexe de pouvoir dire ce qu'il faut dans un temps très précis, qu'il soit de dix ou de deux minutes, ou encore de 30 secondes. Je ne sais pas combien de temps a duré exactement cette période de questions, mais j'en suis sorti content de moi. J'avais même réussi à faire rire les membres du comité. En partant, j'ai serré les mains et tout le monde avait le sourire aux lèvres, moi compris.

Ce matin, alors que je digérais mal les émotions des événements d'hier après-midi, le téléphone a sonné, la bonne nouvelle est arrivée. Cela signifie qu'à compter de la semaine prochaine je serai, officiellement, mon propre patron.

Cela dit, je dois m'atteler à la tâche, car j'ai déjà du travail qui m'attend.

La gauche française

On pourra ne pas être d'accord avec l'opinion du chroniqueur (il n'a pas l'habitude de chercher à plaire à tout le monde), mais elle mérite d'être lue : Pierre Foglia, du journal La Presse, commente le « virage à droite » de la France. C'est la deuxième partie de sa chronique dont la première est consacrée aux hôpitaux.

lundi 11 juin 2007

Salut, René !



René Lapalme 1965-2007

Les lecteurs de ce blogue ont sûrement suivi les désopilantes bandes dessinées de notre confrère et ami René Lapalme, comme ils ont sans doute lu et écouté ses chroniques musicales sur son blogue, Une vie en musique.

René, dont j'ai commencé à lire le blogue en novembre 2005 et que, grâce à son « vieil » ami Olivier, j'avais rencontré en personne l'hiver dernier, a perdu le combat qu'il menait ces derniers mois contre un cancer aussi virulent qu'inattendu. Il est parti sans prévenir tout le monde samedi dernier.

On ne peut évidemment pas parler d'injustice de la part du cancer, de la maladie, de la mort ; les personnes « saines », créatives, rayonnantes... devraient toutefois en être exemptées le plus longtemps possible ! C'est révoltant de voir partir des amis à 42 ans !

Bon voyage, René. Tu vas nous manquer.

J'ai emprunté la photo sur le site personnel de René Lapalme.

vendredi 8 juin 2007

8 juin

Le 8 juin est une date que je ne peux oublier. Quand j'avais neuf ans, j'ai eu une nouvelle institutrice (les précédentes étaient ma soeur et ma mère) et, comble de bonheur, celle-ci avait une fille de mon âge. Quand je pense à Odette, aujourd'hui, et que j'essaie de m'imaginer ce qu'elle est devenue, je ne peux m'empêcher de l'associer à Catherine Deneuve : elle était blonde, très belle, avec une peau aussi parfaite qu'une porcelaine de grande qualité, crème rosée, qui sentait bon... Son anniversaire de naissance était le 8 juin.

Cette date, c'est aussi celle qui, il y a... plusieurs années, a fait qu'un garçon que j'apprenais à connaître depuis quelques mois est concrètement devenu le premier Grand Amour de ma vie.

C'est aussi l'anniversaire d'un ami, que je n'ai pourtant pas appelé... Ce 8 juin 2007 restera cependant pour moi un jour triste. J'ai appris ce matin la mort de quelqu'un dont le nom ne dira certes pas grand-chose aux lecteurs habituels de ce blogue, du moins ceux que je reconnais. Il s'agit d'un chanteur québécois qui a eu ses années de gloire du temps du yé-yé, qui est devenu producteur de disques puis de cinéma...

Quand, à seize ans, j'ai voulu devenir chanteur moi-même, je l'avais appelé afin qu'il m'accorde une audition. Je ne sais comment j'avais pu obtenir son numéro de téléphone mais j'avais gagné la confiance de sa mère qui, chaque fois que j'appelais, n'hésitait pas à me le passer. Il m'avait fait venir un soir dans un studio où, à titre de producteur, il dirigeait l'enregistrement d'un disque d'une de ses protégées. Durant une pause, il s'était assis au piano et m'avait demandé de chanter pour lui ; après m'avoir dit que je chantais juste, il m'avait donné quelques conseils et, en disant qu'il n'avait pas le temps de s'occuper de moi, il m'avait suggéré d'aller voir M. Untel, producteur bien connu qui avait lancé la carrière de nombreux chanteurs. J'avais obtenu de sa protégée les coordonnées d'un professeur réputé avec qui je voulais travailler et, peu de temps après, je commençais à prendre des leçons avec lui ; quelques années plus tard, grâce aux conseils de ce professeur, je fis mon premier voyage à Paris et j'entrai en contact avec des artistes français...


À la suite de cette audition, je restai toutefois en contact avec le chanteur-producteur et j'étais admis dans les coulisses des studios de télévision et des salles de spectacle lorsqu'il y était... Il m'est arrivé quelques fois de recevoir un appel de sa part, me demandant de passer à son bureau afin de participer à des campagnes de promotion. Je me souviens d'un jour où, ayant vu une chronique que je signais dans un magazine, il m'exprima sa joie de me voir écrire et m'invita à venir le voir un autre jour pour discuter d'un emploi qu'il m'aiderait à obtenir dans un journal à plus grand tirage. Je n'avais alors que dix-sept ans ; j'étais devenu chroniqueur un peu par hasard et je ne me sentais pas prêt à devenir chroniqueur dans un plus grand journal. Il m'arrive parfois de regretter ces scrupules, mais c'est le passé...

Durant quelques années, j'ai donc traîné dans l'entourage de ce chanteur-producteur et, surtout, dans celui d'une chanteuse qu'il avait ramenée des États-Unis et qui reste l'une des chanteuses québécoises les plus aimées et les plus respectées de tous ceux qui aiment vraiment le rock, le blues... Un jour elle est partie en Angleterre, où elle a fait des disques avec les Beatles, les Rolling Stones, avant d'aller en France où elle faisait partie des spectacles de Johnny H. C'est à ce moment-là que nos routes ont bifurqué. Je suis moi-même parti à Paris peu après et, au retour, j'ai renoncé au monde du spectacle et j'ai pratiquement cessé de fréquenter ceux et celles qui en faisaient partie. Anecdote amusante : quand j'allais quelque part avec cette chanteuse, plusieurs personnes me prenaient pour le chanteur qui s'occupait de sa carrière ; et mon père, regardant une photo de l'une de mes soeurs avec le chanteur populaire trouvait que j'avais un drôle d'air sur cette photo.

Il m'est arrivé plus tard de rencontrer Tony R. par hasard, mais il vivait surtout en Californie et je n'avais pas l'occasion de le revoir. Ma vie a pris un autre tournant, loin des feux de la rampe, mais je n'oublierai jamais qu'à la fin de mon adolescence, un chanteur populaire a bien voulu me laisser entrer dans son univers et m'a permis de connaître les coulisses du monde du spectacle... Je n'oublierai jamais la confiance qu'il m'accordait et l'espèce de fraternelle affection qu'il me témoignait, m'invitant au restaurant avec des chanteurs, des producteurs, des journalistes, me confiant les clés de sa voiture...

dimanche 3 juin 2007

L'École d'Athènes

En cliquant sur l'image, on l'agrandit.

Cette grande fresque de Raphaël se trouve dans la « salle des Signatures », au Vatican ; la « Chambre des Signatures » doit son nom au fait que le pape y faisait des bulles ou, plutôt : il y signait ses bulles et ses brèves. En concevant cette fresque, Raphaël voulait représenter la synthèse de l'idéologie antique et de la pensée chrétienne de la Renaissance.

L'École d'Athènes symbolise la philosophie antique, la puissance de la raison, en opposition à une autre fresque peinte par lui-même, La Dispute du Saint-Sacrement, qui symbolise plutôt la victoire de la théologie sur la philosophie antique. Ces fresques ont été commandées à Raphaël par le pape Jules II, qui prétendait ainsi pouvoir réunir la Foi et la Raison.

En cliquant sur l'image, on l'agrandit.

(Puisque je n'ai jamais visité le Vatican, je ne saurais dire laquelle de ces deux reproductions représente le plus fidèment les véritables couleurs de la fresque. Nous avons le choix. À bien y penser, il y a de fortes chances que la première image représente les couleurs réelles.)

Cette ambitieuse composition relève des défis d'ordre formel (la question des perspectives, des niveaux de lecture, etc.), en plus de rassembler dans un temple idéal les principaux personnages de la pensée antique. De plus, Raphaël donne à certains de ces personnages de la Grèce ancienne les visages de Romains de la Renaissance.

C'est ainsi que l'on trouve, par exemple, au centre de la composition, Platon sous les traits de Léonard de Vinci, désignant le ciel et Aristote désignant la terre, le geste de l'un et de l'autre chacun résumant sa philosophie. Un peu vers la gauche, au même niveau, on reconnaît Socrate discutant avec Alcibiade ou Alexandre Le Grand, qui fut lui-même élève d'Aristote, et avec Xénophon.

Au premier plan on reconnaît Pythagore, tenant un livre ouvert, Héraclite, appuyé sur le coude pour écrire, représenté sous les traits de Michel-Ange dont il aurait eu le caractère ombrageux, semble-t-il ; à droite, Euclide dessine sur une ardoise et Raphaël, l'avant dernier visage en bas à droite.

Au dernier plan, les statues d'Apollon et de Minerve veillent sur les arts et sur la philosophie...

Cette fresque est si riche qu'elle mériterait des heures et des heures de recherche et d'interprétation. Je n'en ai ni le temps ni les compétences. Si la démarche vous intéresse, un bon point de départ, faute de mieux, serait de consulter cette page de Wikipédia ; elle vous mènera à de nombreuses découvertes aussi fascinantes les unes que les autres.

Depuis des années, j'ai dans ma cuisine une grande reproduction de cette fresque ; je ne me lasse pas de la regarder et de me laisser inspirer par cette concentration de grands esprits réunis en un seul lieu.

Ce dimanche trois juin, c'était l'anniversaire d'un garçon parisien que j'aime beaucoup. Steve est parisien parce qu'il vit à Paris, mais Athénien de coeur et d'esprit. Il étudie la philosophie et, parallèlement à ses études, enseigne le grec et le latin au lycée.

Nous avons souvent dialogué dans un salon de conversation et, quelques fois, nous avons eu des conversations privées. J'ai eu le bonheur d'entendre sa voix au téléphone à quelques reprises. Je vois souvent Steve se connecter sur MSN, mais je ne sens pas forcément besoin de l'aborder ; je sais que si je le fais, je serai le bienvenu et je crois qu'il est persuadé de la réciproque. Si je me souviens bien, Steve a été, après moi, le premier lecteur de ce blogue le jour où j'ai décidé de le rendre public ; il avait laissé un commentaire anonyme, mais un commentaire de philosophe. Le commentaire est ici mais, en fait, il aurait dû se trouver sous ce billet. S'il est clairement plus aristotélicien que platonicien, j'ai cru comprendre aujourd'hui que Steve éprouverait de la sympathie pour Héraclite d'Éphèse, dit l'Obscur.

Or, en le saluant aujourd'hui pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, je me suis rendu compte que l'image qu'il avait choisie pour le représenter sur MSN est une reproduction de cette fresque de Raphaël, L'École d'Athènes et, en fait, c'est plutôt une partie de la fresque, précisément l'image que j'avais choisie pour illustrer mon billet « Aristote et moi », le 27 novembre 2005.

p. s. : puisque j'ai déjà parlé de synchronicité* dans ce blogue, j'ai reçu hier un courriel d'un psychologue, auteur d'un livre sur Les hasards nécessaires.

*Le Grand dictionnaire terminologique de l'Office québécois de la langue française définit ainsi la « synchronicité » : « Principe selon lequel deux ou plusieurs événements psychiques ou physiques qui surviennent sans entretenir entre eux de relation de causalité peuvent être chargés d'un sens identique, et constituer ainsi une coïncidence significative.
« La synchronicité est notamment utilisée pour expliquer des phénomènes tels que la télépathie, la prémonition et la clairvoyance. »

jeudi 31 mai 2007

Bilan de santé



« Stressés, mais plus en santé ! ». Voilà ce que révélait hier le rapport annuel de l'Institut canadien d'information sur la santé au sujet des Québécois. Ces derniers souffrent davantage du stress que les Canadiens, mais ils mangent plus de fruits et légumes et ils souffrent moins de problèmes de santé. Il y aurait au Québec plus de médecins spécialistes qu'au Canada et le Québec serait au troisième rang pour le nombre de médecins de famille. « D'une manière générale, le Québec a moins de problèmes de santé et a moins recours à des chirurgies à la hanche et au genou, en grande partie parce que la population y est un peu moins obèse que la moyenne canadienne. »

Ces quelques bonnes nouvelles ne font pas nécessairement du Québec un paradis terrestre, mais à force de lire les commentaires méprisants au sujet du Québec et le dénigrement systématique de ce qui est québécois de la part des journaux anglophones canadiens - y compris ceux du principal journal anglophone de Montréal -, il est un peu réconfortant d'apprendre qu'un institut canadien dévoile des résultats positifs sur la santé des Québécois.

Parallèlement à la publication de ce rapport, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) se dit inquiète. Les jeunes médecins délaisseraient de plus en plus les cabinets et les Québécois auraient de plus en plus de mal à se trouver un médecin de famille.

Je n'ai pourtant pas eu de mal à en trouver un, il y a trois ou quatre ans à peine. J'ai téléphoné à une clinique parce que je voulais avoir un vaccin avant de partir en voyage ; le médecin que j'ai vu en premier étant assez souvent pris par des conférences, des voyages, des entrevues télévisées, j'ai accepté de voir ensuite quelqu'un d'autre, moins médiatisé. C'est celui-ci qui m'a proposé, après plusieurs visites de routine, de devenir mon médecin de famille. Comme il est très disponible, très ouvert, jeune et sympathique, j'ai accepté, bien entendu.

La photo du médecin vient d'ici.

Je n'avais pas vu mon médecin depuis la fin de l'automne dernier. Il m'avait alors demandé d'aller faire des prélèvements sanguins afin d'avoir un bilan assez complet de mon état de santé. Durant tout l'hiver, j'ai été très occupé et quand je l'étais moins, je n'avais pas vraiment envie de rester à jeun durant quatorze heures, de me rendre à l'hôpital tôt le matin pour y faire des prélèvements sanguins. J'en avais d'autant moins envie que durant tout l'hiver, les médias parlaient d'épidémies de grippe puis de la bactérie C difficile : si j'étais bien, je n'avais pas envie de faire exprès pour me mêler à ceux qui ne sont pas bien ; et si je n'étais pas bien, j'étais donc vulnérable et c'était pour moi une raison de plus pour rester chez moi.

La semaine dernière, j'avais un rendez-vous avec mon médecin. Pour ne pas lui faire perdre son temps, je suis d'abord allé à l'hôpital faire faire les analyses prescrites. Mon médecin pourrait ainsi me commenter le résultat de ces analyses.

Il n'y a sans doute aucun lien avec ma visite à l'hôpital la semaine précédente, mais le jour même de cette visite, j'ai été très malade et cela a duré près de trois jour. Je crois que la cause est plutôt d'ordre alimentaire (empoisonnement) : j'ai dû manger un champignon supposément frais (j'écris : « supposément », et non « soi-disant », car, bien que de Paris, le champignon n'était pas doué de la parole, et ne pouvait se dire lui-même frais).

Je m'attendais à d'assez mauvaises nouvelles car il est vrai que je ne me suis pas toujours senti bien ces derniers mois. J'ai souvent eu des maux de tête qui duraient des jours et des jours ; il m'arrivait en marchant dans la rue d'éprouver des vertiges et, très souvent, j'éprouvais des picotements dans les mains et les pieds... Je me disais que tout cela, c'était le résultat d'un trop grand stress...

Or, le diagnostic fut tout autre. Les bonnes nouvelles, c'est que je n'ai pas de cholestérol et que la pression sanguine est plutôt bonne. L'inattendue, c'est que je fais de l'anémie. Je manque de fer dans le sang. Et c'est ce qui explique la plupart des malaises ressentis depuis quelques mois, auxquels s'ajoutent un manque d'énergie et un besoin assez inhabituel de sommeil. C'est aussi l'une des raisons de mon silence fréquent dans ce blogue : même si j'ai des sujets de billets, je manque d'énergie au moment de les rédiger.

Il me faudra donc manger un peu plus souvent de la viande rouge (j'ai des envies de foie de veau), des épinards, etc. L'une de mes amies à qui je confiais cela ce soir m'a promis de m'inviter bientôt à dîner ; j'aurai le choix du menu : filet mignon, osso bucco, foie de veau... Chez elle, je mangerais même des queues de souris farcies car tout ce qu'elle cuisine est exquis. Et comme son mari est aussi un fin gourmet, les repas chez eux ne sont jamais banals. Il ne faudra cependant pas que j'attende les invitations pour soigner un peu plus mon alimentation.

Note du 12 juin 2007 : Les journaux, les médias de façon générale, ne cessent de publier des sondages, des reportages sur le piètre état du système de santé au Québec et sur la situation catastrophique des urgences des hôpitaux. Loin de moi l'idée de vouloir prendre la défense du gouvernement de Jean Charest qui vient d'accorder des réductions d'impôts à la classe moyenne qui n'en avait pas besoin alors que ceux qui gagnent peu ne recevront rien, et ce choix gouvernemental (entêtement personnel du premier ministre) a été fait au détriment de l'investissement de ces 900 millions de dollars dans les systèmes de l'éducation et de la santé. Mais mon expérience personnelle dans le système de la santé n'a pas été si catastrophique que le portrait que l'on dresse généralement dans les médias le laisse croire ; je tiens à le dire et à le répéter. Or, aujourd'hui dans le journal La Presse, le chroniqueur Pierre Foglia dit à peu près la même chose que moi. Et, pour ceux que les élections françaises et la lutte entre la gauche et la droite intéressent, il faut lire la deuxième partie de la chronique.

mercredi 30 mai 2007

Jean-Claude Brialy (30 mars 1933 - 30 mai 2007)

J'apprends avec surprise et tristesse la mort de Jean-Claude Brialy, décédé à son domicile parisien, ce mercredi 30 mai, à 74 ans, « des suites d'une longue maladie ».

J'ai toujours aimé cet acteur. Je n'ai pas vu tous ses films et je ne l'ai jamais vu au théâtre, mais je l'ai toujours aimé dans les films que j'ai vus et les pièces télédiffusées que j'ai pu voir. J'aimais aussi le voir et l'écouter parler dans ses entrevues télévisées. Son charme, sa culture, son immense talent de raconteur, son humour, ses bonnes manières, ... ; tout cela me manquera.

Je ne sais pourquoi, en apprenant sa mort, ce soir, j'ai pensé à Anthony Perkins...

Je n'ai jamais oublié que, lors de mon premier séjour à Paris, quand j'avais vingt ans, je l'avais croisé sur l'avenue des Champs-Élysées. Il marchait lentement, semblant absorbé dans une rêverie ou en train de refaire le monde en pensée, comme je l'ai fait si souvent moi-même, que ce soit dans les rues de Paris ou de Montréal...

Sur cette dernière photo (dernière dans cet espace, mais première dans la chronologie de ces images), il me fait penser à jeune homme bien vivant et s'apprêtant à quitter la « Pichardie » où il avait fait son nid ces dernières années...

mardi 22 mai 2007

Hommage à la science



Caricature de Girerd, La Presse, 20 août 1983

« Il y aura toujours des jeunes qui se demandent pourquoi les pommes tombent ou comment travaille le cerveau. De nos jours - entre l'obscurantisme et la civilisation du confort - ces jeunes là sont considérés comme anormaux : la science a odeur de soufre. Et pourtant elle avance ! ... » Pierre-Gilles de Gennes, dédicace à Futura-Sciences.

Je suis peu attiré par les sciences et je crois que nous sommes trop nombreux à négliger ce domaine d'activité de l'intelligence. Nous apprécions le développement de la technologie dans la meure où celle-ci nous apporte plus de confort, nous rend la vie plus facile ou plus agréable. Nous avons généralement tendance à oublier que si les objets pratiques que nous utilisons tous les jours existent, il y a eu, avant même l'intervention des ingénieurs, des concepteurs, des techniciens qui en ont inventé des applications nouvelles, les résultats de la recherche qui a permis d'identifier les propriétés de la matière et d'en proposer des utilisations nouvelles.

Je me fais aujourd'hui cette réflexion en apprenant la nouvelle de la mort de Pierre-Gilles de Gennes, directeur de l'École supérieure de physique et de chimie, professeur au Collège de France, Membre de l'académie des Sciences...

« Il poursuit des travaux remarquables sur les phénomènes d'ordre dans des milieux complexes. L'importance de ces travaux lui vaudra d'être nommé Membre de l'Académie des Sciences en 1979 et d'être reconnu comme l'un des pionniers de ce que lui même désigne souvent comme la physico-chimie de la matière molle. Ses contributions marquantes dans des domaines très variés (magnétisme, supraconductivité, cristaux liquides, polymères, etc.) lui ont valu le prix Nobel de physique en 1991 », lit-on sur le site de Futura-Sciences.

Nous lui devons notamment, résultats pratiques de ses travaux de recherche, les écrans plats de nos téléviseurs, de nos ordinateurs, de nos téléphones cellulaires, etc. Merci, Monsieur Pierre-Gilles de Gennes !

lundi 21 mai 2007

Je me souviens...




« Je me souviens » : c'est la devise nationale du Québec. Si les Québécois sont souvent bien en peine d'expliquer ce dont ils se souviennent, ce n'est pas seulement en raison d'une mémoire défaillante ; la signification exacte de cette devise n'a pas été clairement précisée au moment de son adoption et, depuis, elle se prête à toutes sortes d'interprétations.

D'aucuns pourraient penser que la devise des Québécois a été bien mal choisie car, à les voir agir et faire des choix, on pourrait croire que les Québécois souffrent d'amnésie. Je crois plutôt qu'ils sont astucieux : ils ont la mémoire très sélective et choisissent de ne se souvenir que de ce qui les arrange selon les circonstances. Je crois aussi qu'il y a un peu d'épicurisme dans cette attitude, pour ne pas dire de « paresse » : on ne se donne pas la peine...

Aujourd'hui, lundi 21 mai, c'est congé. Dans un sondage effectué auprès de 1 000 Québécois, on leur a demandé la raison de ce congé. 36 % des répondants ont mentionné que c'était la « Fête de la Reine » (Victoria) alors que 26 % ont parlé de la « Fête de Dollard » (La fête de Dollard avait été instituée en 1910 afin de souligner le 250e anniversaire de la bataille du Long-Sault).

Seulement 30 % des Québécois interrogés ont mentionné que c'était la Jourmée nationale des Patriotes. Or, c'est par un décret du gouvernement du Québec, adopté le 21 novembre 2001, que la Journée nationale des Patriotes a officiellement remplacé la « Fête de la Reine » Victoria et la « Fête de Dollard ». 74 % des Québécois interrogés sont toutefois favorables à ce que cette fête soit plutôt désignée comme la Journée nationale des Patriotes.

Avant de devenir la Journée nationale des Patriotes, que l'on célèbre désormais le troisième lundi de mai, la journée des Patriotes avait été adoptée par le gouvernement du Québec en 1982. En 1994, le gouvernement canadien, reconnaissait officiellement la contribution historique des Patriotes du Bas-Canada (Québec) à l'établissement d'un système de gouvernement démocratique.


La fête veut commémorer la Rébellion des Patriotes qui opposa en 1837 une partie de la population civile du Bas-Canada (devenu le Québec) à l'occupant militaire et colonial britannique. La population, à 80 % d'ascendance française, s'opposait notamment au fait que « le pouvoir politique et économique était entre les mains d'une oligarchie marchande [de souche britannique] qui tenait à conserver sa position dominante. » Le clergé qui dominait alors et qui domina longtemps encore la société catholique francophone, était assez divisé sur l'appui à accorder aux revendications des Patriotes. Comme il arrive encore aujourd'hui dans les sociétés où le clergé a encore un rôle à jouer, le bas-clergé éprouvait de la sympathie pour les Patriotes, alors que le haut-clergé était plutôt favorable à l'empire colonial britannique. Même l'évêque de Montréal d'alors, Jean-Jacques Lartigue, pourtant cousin du grand patriote Louis-Joseph Papineau prit le parti des Britanniques contre ses compatriotes et coreligionnaires (le haut-clergé reste fidèle à ses ambitions sociales et politiques : tout pouvoir est bon à prendre, de quelque ordre qu'il soit ; pour maintenir et augmenter son prestige, il vaut toujours mieux s'associer aux dominants).

vendredi 18 mai 2007

Saint Éric



Le 18 mai, c'est la Saint-Éric. Ça ne changera peut-être pas grand-chose dans votre vie, ni dans la mienne, d'ailleurs. Mais c'est pour moi une occasion d'avoir une pensée plus affectueuse pour tous les Éric que je connais, qu'ils soient à Montréal, à Paris, à Aix-en-Provence ou ailleurs.

J'ai pris l'habitude de noter cette fête à mon agenda quand mon filleul*, l'un de mes neveux, que je désignais comme « mon » neveu, a atteint l'âge de raison. Éric et moi avions développé une belle complicité et, puisque ses parents étaient divorcés, qu'il vivait avec sa mère et que son père n'était pas toujours présent, j'ai essayé de compenser l'absence masculine dans sa vie. Je dois dire que ce n'était pas une corvée pour moi ; bien au contraire, je trouve que c'est un privilège incroyable de participer à l'éducation et d'accompagner l'évolution d'un jeune garçon, surtout quand la relation qui s'établit entre lui et soi est une relation voulue, choisie, et non pas imposée par des liens familiaux.

Saint Éric n'est pas le plus connu des saints patrons ; on ne trouve pas grand-chose à son sujet. Sur Wikipédia, on trouve, notamment, ceci : Il était Érik IX de Suède, également appelé Erik le Saint (den Helige) ou saint Éric ; il fut roi de Suède de 1156 à 1160. Il fut tué en 1160 par un prince danois. Il est fêté le 18 mai.

* Si jamais vous vous étiez posé cette question : « Comment réunir autour d’une même table quelques aïeuls, un parrain vieux garçon, une tante pimbêche et des enfants turbulents sans risquer l’incident diplomatique ? » Vous trouverez la réponse ici.

La musique n'est pas d'un compositeur suédois, comme l'était Éric IX ; Grieg est plutôt norvégien. Mais je n'ai rien trouvé d'autre, parmi la musique disponible de compositeurs suédois, que la musique du groupe ABBA. Les oeuvres de Bjorn Andresen, héros du film Mort à Venise, devenu compositeur, ne sont pas disponibles sur Radioblog.

Je ne voyage pas beaucoup, mais le hasard m'a fait tomber sur ce blogue qui contient de jolies photos : Ma jolie Slovénie.

jeudi 17 mai 2007

L'homophobie est une forme de racisme, une agression...

J'aime beaucoup cette image, que je regarde avec tendressse et... un peu d'envie. On ne m'a sûrement pas vu souvent en image dans ce genre de situation, mais c'est simplement parce qu'il n'y avait pas toujours de photographes autour de moi. Au fond, si cette photo n'était pas diffusée sur Internet, j'aurais pu vous laisser croire que j'étais l'un des deux garçons ; et pour être tout à fait honnête, j'aurais moins de mal à essayer de vous faire croire que je suis celui de gauche. Mais ce n'est pas le cas, hélas...

Il y a des gens qui n'aiment pas du tout voir ce genre de photographie. Ça dérange certains qui détourneront la tête en pensant qu'ils n'ont rien contre l'homosexualité, à condition de ne pas être obligés de les voir ou de les fréquenter. Chez d'autres, la réaction est plus violente : ça leur donne la nausée et si ça leur fait monter la testostérone, c'est pour alimenter leur agressivité.

Je n'ai pas, moi-même, souffert du regard des autres et de leur jugement, du moins en ce qui concerne mon orientation sexuelle. J'ai peut-être eu de la chance. Je préfère croire que j'ai fait le bon choix en endossant tout à fait cette identité du garçon qui aimait les garçons parce que Platon et ses concitoyens considéraient qu'il s'agissait là d'un sentiment très noble. J'en ai presque cru que j'avais vraiment choisi cette orientation ; il serait plus honnête de dire que mes lectures m'ont plutôt aidé à me construire tout un univers culturel qui m'a permis de ne pas me sentir plus seul dans cette identité que je pouvais me sentir malheureux d'être né à la campagne, au Québec... Des lectures d'écrivains comme Roger Peyrefitte, André Gide, Julien Green, Montherlant, Jouhandeau, Yves Navarre, Renaud Camus, etc., m'ont permis de croire que mon imaginaire amoureux n'était pas moins noble que celui de la majorité des garçons.

Mon séjour à Paris, à vingt ans, m'a permis de vivre concrètement en conformité avec mon imaginaire et avec mes valeurs. Et, depuis, j'ai essayé de vivre ainsi, le plus possible sans renier ce que je suis, sans me cacher pour vivre et sans avoir honte de ce que je suis. Je crois que si je n'ai pas souffert de discrimination en raison de ma sexualité, c'est beaucoup une question d'attitude : je n'ai jamais admis qu'on me colle une étiquette, quelle qu'elle soit.

Mais il n'en est pas ainsi pour tout le monde. Chez les adolescents, notamment, il y a beaucoup de discrimination, beaucoup de cruauté et beaucoup de souffrance. Le taux de suicide chez les jeunes est assez élévé, particulièrement au Québec ; et l'une des raisons du suicide chez les jeunes est souvent liée à l'identité, au rejet par les pairs, à la difficulté à accepter et à vivre son orientation sexuelle.

Hier encore, on a arrêté aux États-Unis une jeune homme qui aurait récemment tué en Colombie-Britannique deux hommes, simplement parce qu'ils étaient homosexuels. Le même suspect aurait déjà tué auparavant un autre homosexuel. aux États-Unis. Ce genre de crime haineux est encore très fréquent, et pas seulement aux États-Unis.... Les fanatiques sont trop nombreux, partout dans le monde, qui se transforment en justiciers pour défendre la normalité, la moralité, la volonté de Dieu, etc., en éliminant simplement ceux qui ne vivent pas selon leurs valeurs.

Or, en ce 17 mai, journée internationale contre l'homophobie, il faut penser à tous ces jeunes et aux moins jeunes qui sont encore victimes de l'homophobie, à l'école, dans leur milieu de travail, dans leur vie quotidienne et parfois même dans leur propre famille.


Et pour la caricature, j'aime cette chanson, qui me rappelle de bons souvenirs de Montparnasse ; parmi mes voisins, il y avait Régine :


dimanche 13 mai 2007

L'arche de Noé sur le bout de la langue...

... ou les ani-mots pour le dire.


« Que vous soyez fier comme un coq, fort comme un boeuf, têtu comme une mule, malin comme un singe, chaud lapin ou fine mouche, vous êtes tous, un jour ou l´autre, devenu chèvre pour une caille aux yeux de biche.
Vous arrivez frais comme un gardon à votre premier rendez-vous et là, pas un chat !
Vous faites le pied de grue, vous demandant si cette bécasse vous a réellement posé un lapin.
Le type qui vous a obtenu ce rancard, avec lequel vous êtes copain comme cochon, vous l´a certifié : Cette poule a du chien, « une vraie panthère ! »
C´est sûr, vous serez un crapaud mort d´amour. Mais tout de même, elle vous traite comme un chien. Vous êtes prêt à gueuler comme un putois, mais non, elle arrive.
Bon, dix minutes de retard, il n´y a pas de quoi casser trois pattes à un canard. Sauf que la fameuse souris, avec sa crinière de lion est en fait plate comme une limande, myope comme une taupe, elle souffle comme un phoque et rit comme une baleine.
Vous restez muet comme une carpe. Elle essaie bien de vous tirer les vers du nez, mais vous sautez du coq à l´âne et finissez par noyer le poisson.
Vous avez le bourdon, envie de verser des larmes de crocodile.
Vous finissez par vous inventer une fièvre de cheval qui vous permet de filer comme un lièvre.
Vous avez beau être doux comme un agneau, faut tout de même pas vous prendre pour un pigeon ! »

Nous ne connaissons pas l'auteur de ce texte qui circule sur la Toile.

samedi 12 mai 2007

Rien qu'un homme...

« Si je range l'impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui » (Jean-Paul Sartre, Les mots)

Rien qu'un homme... c'est déjà pas mal !

J'ai souvent du mal à écrire ce que je ressens. Il m'est plus facile, je crois, d'aider quelqu'un, même s'il m'est presqu'inconnu, à identifier et à exprimer ce qui ce passe en lui, comme s'il m'était plus naturel de me mettre dans la peau de l'autre que de savoir ce qui vibre dans la mienne.

N'ayant pas été exposé à la poésie, ni dans mon adolescence ni dans ma première jeunesse, je n'ai pas développé d'intérêt particulier pour cette forme d'expression. J'ai bien découvert et apprécié, au début de la vingtaine, quelques poèmes de Verlaine, de Rimbaud, et de Baudelaire, surtout, mais je n'ai jamais été moi-même tenté de les imiter. Au cours de certaines conversations sur MSN, avec le Vincent de Nantes que j'évoquais l'autre jour, il m'est arrivé de chercher avec lui le mot juste qui lui manquait pour faire la rime et terminer un poème qu'il composait tout en poursuivant à l'écran le dialogue avec moi. J'admire la facilité avec laquelle ce jeune homme écrit de très beaux poèmes ; j'espère qu'un jour, il fera un receuil de certains de ces poèmes afin de les rendre accessibles à des lecteurs qui ne sont pas forcément des intimes.

Moi qui suis plutôt autodidacte (j'avais quitté l'école à seize ans), je me suis réfugié un jour dans les livres pour fuir un monde dans lequel je ne me reconnaissais pas et pour tenter de me forger une identité qui correspondait davantage à ma sensibilité. À travers les livres, je n'ai pas vraiment appris à vivre, mais j'ai un peu appris comment d'autres pouvaient vivre. Au fond, j'ai peut-être plus rêvé autour des livres que je n'en ai fait la lecture intelligente. Si ces lectures désordonnées ont parfois créé des tempêtes sous ma calotte crânienne, ces tempêtes n'ont toutefois jamais été très longues et n'ont pas fait trop de dégâts. Elles m'auront procuré, au fil des ans, une certaine culture générale qui, forcément, est pleine de cratères ; si on devait comparer cette culture à un fromage, il ressemblerait davantage, par la dimension de ses trous, à un emmenthal québécois qu'à un gruyère suisse.

Entre seize et vingt ans, j'ai voulu devenir chanteur. À défaut de pouvoir réciter Virgile, Racine ou Baudelaire, je connaissais les textes de nombreuses chansons. Je me souviens qu'avec certains de mes amis, il nous arrivait souvent de nous parler en chansons : pour exprimer ce que nous voulions dire, il nous suffisait de trouver un extrait de chanson qui disait le plus précisément ce que nous avions à l'esprit et de le chanter ; pour répondre, l'autre faisait de même. La chanson est sans doute à la poésie ce que Nutella est au chocolat...

En écrivant ceci, un souvenir me revient, qui semblait assez bien enfoui dans un coin poussiéreux de ma mémoire. J'avais seize ans et, arrivant dans un nouveau quartier, je fis la connaissance de quelques filles et garçons du voisinage avec qui mes soeurs, plus sociables que je pouvais l'être, avaient établi des liens. En quelques semaines seulement, nous nous rendions visite les uns aux autres, comme le font sans doute bien des adolescents. J'entrai ainsi dans l'intimité des familles, qui me furent de précieux laboratoires d'observation.

Or, l'un de ces garçons de mon âge avait une grande soeur ; elle devait bien avoir plus de vingt ans. J'ai appris un jour que cette grande soeur avait rompu ses fiançailles avec le frère d'un autre jeune voisin. Il ne me serait pas venu à l'esprit d'essayer de la consoler, mais elle m'invita à le faire : il nous arriva à quelques reprises d'aller ensemble au cinéma et d'aller ensuite manger au restaurant, après quoi je la raccompagnais chez elle, chez ses parents. Sans doute savait-elle bien que notre relation n'était pas faite pour durer (je crois qu'elle se servait un peu de moi pour rendre jaloux l'ex-fiancé, mais je crois aussi qu'elle se plaisait en ma compagnie : je pouvais être drôle, amusant...). Or, pour ne pas me faire perdre mon temps, peut-être, elle m'apprit à embrasser sérieusement, c'est-à-dire : avec la langue.

C'est tout de même étrange que j'aie presque oubié cet épisode de mon adolescence, alors que je me souviens très bien qu'avec elle aussi, il y avait ce jeu, qui l'amusait beaucoup, de nous parler en extraits de chansons.

Ce samedi soir, pendant que je transcrivais des notes, j'ai entendu une chanson que j'avais sans doute entendue très souvent du temps où j'écoutais beaucoup les stations de radio qui présentaient des chansons françaises (je dois dire que depuis plusieurs années, je n'écoute pratiquement à la radio que de la musique classique). Or, sans savoir pourquoi, en entendant ce soir cette chanson, j'ai dû me retenir pour ne pas éclater en larmes. J'ai essayé de comprendre ce qui se passait et j'en suis venu à la conclusion que cette chanson, ce soir, exprimait un constat qui n'était peut-être pas encore tout à fait clair en moi.

D'une part, il y a l'idée que « je suis un homme », et non plus un garçon qui ne grandit pas. Et, d'autre part, il y a cet homme qui a vécu, qui se rappelle « que la vie fut belle de temps en temps » et qui ne saura plus « taire bien longtemps ce que [lui] coûtèrent ces beaux moments ». Et si « j'ai perdu mon coeur depuis longtemps », qu'on me pardonne « si je ne sais plus que faire semblant » et « si je n'y crois plus que de temps en temps ».

J'aurais voulu insérer ici le fichier musical avec l'interprétation de la chanson, mais je ne le trouve pas [ajout du 7 septembre 2008 : j'ai trouvé la chanson sur Deezer].



En voici les paroles :
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Qui traîne sa vie aux quatre vents
Qui rêve d'été et de printemps
Lorsque vient l'automne et les tourments
Mais c'est monotone, monotone
De me supporter depuis si longtemps
Et la même gueule et le même sang
Coulant dans mes veines d'un même courant
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
J'ai perdu mon cœur depuis longtemps
Et qu'on me pardonne, me pardonne
Si je ne sais plus que faire semblant
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
J'ai brûlé mes ailes aux soleils brûlants
J'ai fermé ma porte, oui qu'importe
Pour cause de rêve ou de testament
Si je me rappelle, me rappelle
Que la vie fut belle de temps en temps
Je ne saurai taire pour bien longtemps
Ce que me coûtèrent ces beaux moments
Mais y a rien à faire, rien à faire
Car je sais trop bien qu'au premier tournant
Au premier sourire, au premier bon vent
Je retomberai dans le guet-apens
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Et j'aime la vie si je m'en défends
Elle le sait bien cette poltronne
Qui donne toujours et toujours reprend
Et qu'on me pardonne, me pardonne
Si je n'y crois plus que de temps en temps
Je sais que personne, non personne
N'a jamais su dire le chemin des vents
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Et je vais ma vie au gré des vents
Je crie, je tempête et je tonne
Puis je m'extasie au premier printemps
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Entre goût de vivre et goût du néant
Entre Dieu et Diable, il faut voir comme
Je plie, je succombe et je me repens
Je ne suis qu'un homme, rien qu'un homme
Et je vais ma vie au gré des vents
Et qu'on me pardonne, me pardonne
Si je n'y crois plus que de temps en temps.


Les paroles et la musique sont d'Alain Barrière (1970)
Éd. Bretagne.

jeudi 10 mai 2007

« On ne pratique pas l'excision, on n'égorge pas de mouton dans son appartement... »

...ou le discours efficace du chef de l'extrême-droite.

Ce n'est pas de l'acharnement ; je préférerais vous parler de la Grèce, du Péloponnèse ou des Cyclades, de la Provence ou de la Bretagne, ou de la région de Charlevoix au Québec. Mais l'actualité politique, une certaine actualité, devrais-je dire, m'inquiète et je ne suis pas le seul. L'élection du « candidat du peuple » français, dimanche dernier, ne concerne pas que les Français, hélas ! Tout le monde a les yeux tournés vers la France, surtout en ce moment comme à chaque fois qu'il s'y passe quelque chose d'important. Et ce qui s'y passe en ce moment n'est pas un simple changement de la garde : la France vient d'élire, sans trop s'en rendre compte, un président qui a fait plus que firter avec les idées d'extrême-droite de celui qu'on a depuis longemps jugé qu'il était dangereux. Pour qualifier ce flirt contre nature, immoral, il me vient une expression anglaise : « heavy petting », que l'on pourrait traduire par « bestialité » ; les idées du « candidat du peuple » ne sont pas moins dangereuses que celles du candidat qu'il fallait absolument battre en 2002 ; son discours est tout simplement plus habile, plus pernicieux.
Que le « candidat du peuple » propose des politiques qui feront en sorte que les milliardaires français seront plus riches encore et qu'ils contribueront moins au financement des services sociaux, de l'éducation des Français, par exemple, c'est son droit ; il s'agit là de choix économiques, politiques, qui auront des répercussions sur l'ensemble de la société française, mais c'est de la politique intérieure qui concerne les Français. Que la France choisisse de mieux contrôler l'immigration sur son territoire, c'est aussi un choix légitime.
Ce qui est inquiétant, cependant, c'est son discours sur les immigrés, sur l'identité nationale ; ce qui est inacceptable, ce sont les raccourcis qu'il fait entre minorités ethniques et criminalité, par exemple. Que le chef de l'État du pays que tout le monde considère comme le pays des droits de l'Homme tienne un discours aussi raciste et aussi vindicatif, c'est une honte. Et c'est une menace qui me préoccupe plus encore que les idées les plus rétrogrades de l'administration actuelle de la Maison Blanche.
Voici quelques extraits de discours du « candidat du peuple » analysés par le psychanalyste Gérard Miller ; il s'agit d'une vidéo de 8 minutes 35 secondes.

mercredi 9 mai 2007

Solidarité, moralité

Le coût des trois jours de vacances « présidentielles » du candidat du peuple équivaut à 17 ans de salaire d'un employé au salaire minimum.

Le soir de sa « victoire », le « candidat du peuple » s'affichait non pas avec des gens du peuple, mais avec son grand ami Johnny Hallyday, le plus connu des évadés fiscaux.

On aura beau défendre le droit à des vacances, le droit à la vie privée, le droit à « l'amitié », dans certains pays, une telle indécence, un tel étalage de vulgarité et d'ambition personnelle de la part d'un élu qui dit représenter tous les citoyens provoqueraient une révolution !

Christian Rioux, correspondant du journal Le Devoir, soulignait fort justement dimanche dernier, à l'émission Kiosque présentée par Philippe Dessaint, que tout, de la France (vins, foie gras, fromages, écrivains, artistes, etc.) pouvait s'exporter au Québec, tout, sauf deux choses : le « candidat du peuple » et Johnny Hallyday.

Dans l'édition du jeudi 10 mai 2007 du journal Le Devoir, Serge Truffault, dans un article intitulé « Faute de goût », écrit ceci :

« Réputé pour sa promptitude à réagir, le futur président s'est aussitôt justifié en assurant tous les citoyens de France que son canotage sur les flots bleus de l'été ne coûterait pas un sou. Ça, c'est la meilleure! Qu'on y songe: Sarkozy s'est engagé à réduire les charges fiscales de manière à ce que l'impôt sur la fortune soit transformé en poudre de perlimpinpin mais il affirme que son voyage ne coûtera pas un centime à l'État. Certes, aucun débours direct ne sera fait. Mais de façon indirecte... Cela relève de la vieille histoire du capital constant et du capital variable. Passons et retenons que cet épisode tourné au royaume des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, les chevaliers de Malte, a un petit côté pique-assiette du plus mauvais goût. »

Les Français du Québec ont voté à plus de 55 % pour Ségolène. Dans le 3e arrondissement de Paris - Le Marais -, Ségolène a obtenu plus de 57 % des voies et, dans l'ensemble de Paris, le « candidat du peuple » de Neuilly n'a obtenu que 50,19 % des voies.

dimanche 6 mai 2007

mercredi 2 mai 2007

Longueur d'ondes

Crise d'angoisse, lundi soir. Il y a des semaines que nous attendons l'arrivée du printemps, du beau temps, celui qui permet de laisser les fenêtres ouvertes (du moins aussi longtemps qu'il ne sera pas nécessaire de mettre en marche la climatisation). Soudain, je me suis rendu compte qu'avec la fin de l'hiver, la programmation d'été des chaînes de télévision allait bientôt nous tomber dessus.

Je ne regarde pas beaucoup la télévision, mais j'aimerais bien qu'il y ait de temps à autre des émissions intéressantes (j'allais ajouter « et intelligentes », mais ce serait redondant). Je regarde si peu la télévision que je ne me souviens plus trop des titres d'émissions qu'on y présente. J'ai horreur des émissions tonitruantes à la Patrick Sébastien et autres Taratata. Je ne suis pas fâché que Thierry Ardisson soit remplacé et je déplore qu'au Québec, on nous en ait donné une imitation, aussi pontifiante que l'original. J'attends toutefois avec appréhension la programmation estivale car si le contenu culturel de ces émissions était de la végétation, la plupart de ces émissions ressembleraient davantage au Sahara qu'à l'Amazonie.

Agréable surprise, ce mardi soir : je constate que TV5 nous redonne l'émission Esprits libres, animée par Guillaume Durand, animateur que je trouve intelligent, efficace, sans se prendre pour le nombril du monde. Et son émission réunit généralement une grande brochette d'autres esprits, généralement cultivés, intelligents et libres. L'émission de ce soir avait été enregistrée il y a deux semaines (c'est parfois agaçant d'entendre parler souvent du premier tour à venir des élections présidentielles françaises alors que le deuxième tour est pour bientôt, mais je préfère cela aux cris nasillards d'un Naguy, par exemple). Parmi les invités, ce soir, il y avait Elisabeth Badinter ; on y a parlé, notamment, de Voltaire, d'Émilie du Châtelet, de Frédéric II, de Diderot, D'alembert, de Julie de Lespinasse, puis de Daladier, d'Hitler, etc. Ça change des interminables discussion sur les préoccupations terre-à-terre sans idéal d'un petit homme politique à l'ego surdimentionné ou de la couverture médiatique de l'anniversaire d'un poducteur de spectacle condamné à la prison pour agression sexuelle sur une mineure.

Pour que la télévision soit bénéfique pour tout le monde, on devrait lui donner un contenu conçu pour ceux qui ont plus de 25 de quotient intellectuel et insérer l'écran dans un appareil non pas comme celui ci-dessus, mais plutôt comme celui ci-dessous. On pourrait alors vraiment espérer atteindre ce noble idéal : « un esprit sain dans un corps sain ».

mardi 1 mai 2007

1er mai - Muguet et fête du Travail

Il semble que, depuis le Moyen-Âge, la petite clochette des bois, que nous appelons plus généralement muguet ou muguet de mai, symbolise l'arrivée du printemps.

Photo de Wikipédia

On dit que les Celtes le considéraient comme un porte-bonheur. C'est sans doute pour cette raison que mon ami André, véritable Breton vivant à Paris, solide comme le granit avec un coeur d'or, ne manquait jamais de m'envoyer par la poste, pour le premier mai de chaque année, un brin de muguet qui arrivait bien entendu aplati entre les pages de sa lettre, mais qui avait conservé son parfum bien reconnaissable et, très certainement, ses qualités de porte-bonheur.

Depuis les années 1880, le premier mai est devenu en France une journée consacrée aux travailleurs. En 1941, le gouvernement de Vichy désigne le premier comme la fête du Travail. En 1947, le gouvernement institue le premier mai fête du Travail et en fait un jour férié et payé. La plupart des pays d'Europe, sauf la Suisse et les Pays-Bas, commémorent cette fête par un jour chômé.

En Amérique du Nord, on souligne le premier mai comme fête du Travail, mais ce n'est pas une journée chômée. Et l'habitude d'offrir un brin de muguet n'a toujours pas été instituée, si ce n'est qu'elle est parfois reprise par des Européens installés ici et par des Europhiles... à condition de pouvoir trouver du muguet.

En terminant ce billet, j'apprends que 85 % de la récolte française du muguet provient de la région de Nantes. C'est sans doute une autre coïncidence si, hier après-midi, j'ai eu sur Internet une conversation avec un copain de Nantes à qui je n'avais pas parlé depuis quelques mois ; Vincent est arrivé comme un brin de muguet.

Bonne fête et bon congé !