mardi 23 mai 2006

Amoureux...

J'ai toujours aimé les dauphins (et je ne suis sans doute pas très original en cela ; je l'assume : l'originalité à tout prix ne fait pas partie de mes valeurs. La créativité peut s'exprimer de diverses manières). Quand on me demande en quel animal j'aimerais me réincarner, si cela était possible, j'ai toujours pensé au dauphin. Il y a quelques années, ma soeur cadette m'avait offert un document de quatre pages sur la description du caractère en fonction du prénom (il s'agit d'une étude faite par un psychologue breton qui a rassemblé les différents prénoms sous l'une ou l'autre des quatre-vingts catégories de caractères existants) ; et dans la description de l'un de mes prénoms (j'en ai deux et seulement deux), on disait que mon animal totem était un dauphin. Ce n'était pas pour me déplaire.

Quand j'ai ouvert ce carnet virtuel, j'ai choisi, je ne sais pourquoi, d'y afficher une image que j'avais trouvée quelque part sur Internet et qui, bien entendu, me plaisait en tant qu'image, mais qui, en plus de représenter des dauphins, évoquait la Grèce, ce pays mythique qui peut encore m'émerveiller.


En feuilletant ces jours derniers le Dictionnaire amoureux de la Grèce, de Jacques Lacarrière, je suis tombé sur l'article consacré aux dauphins.


Jacques Lacarrière y écrit ceci :

Le dauphin —delphis en grec ancien, delphini en grec moderne —a toujours tenu une place importante et poétique dans la mythologie de la Grèce. Il est d’ailleurs curieux de voir à quel point les Grecs anciens avaient déjà perçu l’intelligence exceptionnelle de cet animal et son rôle souvent actif aux côtés des hommes. Nombre de légendes relatent en effet des histoires de navigateurs sauvés par des dauphins, dont le plus connu est Arion. Musicien célèbre qui parcourait la Grèce en interprétant des hymnes en l’honneur d’Apollon, Arion s’en retournait jusqu’à Corinthe en traversant la mer Égée lorsque l’équipage du bateau imagina de le jeter à l’eau pour prendre son argent. Prévenu par un rêve que lui envoya Apollon et qui lui disait « de faire confiance à la mer », Arion se jeta à l’eau quand les marins le menacèrent et des dauphins apparurent aussitôt pour le transporter jusqu’au rivage. Pourquoi particulièrement des dauphins ? Parce qu’Apollon avait un faible, si l’on peut dire, pour ce cétacé — que lui-même d’ailleurs n’appela jamais de ce nom ! — et que, selon une de ces légendes, c’est sous l’apparence d’un dauphin qu’il vint à Delphes pour la première fois. Il y a en effet entre le nom de Delphes —Delphoi — et celui des dauphins une ressemblance qui a pu être à l’origine de cette parenté. D’ailleurs, une autre légende dit qu’avant la venue d’Apollon, le lieu appartenait à un roi du nom de Delphos, ainsi nommé parce qu’il était fils du dieu des mers Poseidon, lequel s’était uni à une nymphe sous forme de dauphin. On le voit, les Grecs considéraient le dauphin comme un animal si proche de l’homme et des dieux que ces derniers ne dédaignaient pas d’en revêtir l’apparence.

Jacques Larrière poursuit ainsi sur ce sujet durant quelques pages supplémentaires. Il cite notamment le roman d’un auteur grec contemporain, Nikos Athanassiadis, intitulé Une jeune fille nue, qui raconte l’histoire de la fille d’un pêcheur qui tombe amoureuse d’un dauphin mystérieux. « J’en conseille vivement la lecture à tous les amoureux des îles grecques, de la mer, de ses légendes et… des dauphins », ajoute-t-il.

Il semble que je ne pourrai pas passer à coté de ce roman qui, selon Jacques Lacarrière, s’adresse à moi. Vérification faite, ce roman a été traduit du grec par Christine Notton et paru chez Albin Michel en 1966 et en 1989.

lundi 22 mai 2006

Éros enfant


Cette tête d'Éros enfant me rappelle un souvenir lointain, tragique et beau à la fois dans la synchronicité des événements...

Il y a plusieurs années, comme si c'était pour moi dans une autre vie, j'habitais avec quelqu'un d'un peu plus âgé que moi. Nous venions d'aménager, à Montréal, dans un grand appartement rempli de tableaux, de livres, de quelques antiquités, de belle vaisselle, de cristal et d'argenterie. J'étais revenu d'un premier séjour à Paris et je venais de commencer des études universitaires en lettres et en linguistique et de commencer à faire de l'action politique.
Mon ami et moi avions vu dans le catalogue d'une galerie californienne une tête d'Éros enfant qui nous avait séduit par sa beauté. Nous avions décidé de nous offrir pour Noël une copie de cette sculpture et nous l'avions commandée par la poste. La commande ayant été passée en septembre ou octobre, nous étions persuadés que la scuplture en question nous parviendrait à temps pour Noël. Je ne sais plus trop ce qui s'est passé, mais le colis n'arrivait toujours pas et l'échange de correspondance entre la galerie et nous a duré plusieurs mois.
Quelques jours avant Noël, nous avons reçu un appel téléphonique d'une amie effondrée : le sens de sa vie venait de disparaître. Cinq ans plus tôt, cette femme avait donné naissance à un superbe garçon qu'elle avait baptisé Philippe. C'était son premier, son unique enfant, né alors qu'elle avait déjà cinquante ans. Philippe était beau comme un dieu et, évidemment, il prenait dans la vie de ce couple la place royale.
Cette année-là, Philippe allait avoir six ans et sa mère avait décidé de lui organiser une vraie belle fête de Noël. Son mari était mort dans son sommeil un an plus tôt ; en rentrant de la campagne un jour, elle l'avait trouvé dans son lit « dormant d'une drôle de façon », selon les mots du petit Philippe. Un an après, en compagnie de Philippe, elle était donc partie à la maison de campagne, le dimanche d'avant, pour mettre de l'ordre et commencer à installer les décorations. Au moment de quitter la campagne pour revenir à Montréal, ils étaient déjà assis dans la voiture quand elle s'est rendu compte qu'elle oubliait dans la maison quelque chose qu'elle devait rapporter à Montréal ; elle est descendue de la voiture deux minutes en demandant à Philippe de ne pas bouger. Or, quand elle est revenue à la voiture, Philippe n'y était plus ; le temps de se retourner, elle l'a vu marcher sur la rivière puis... la glace s'est effondrée et Philippe a disparu.
On ne l'a pas retrouvé et nous, qui attendions pour Noël la reproduction d'une oeuvre d'art représentant une tête d'enfant, apprenions plutôt la disparition du plus beau petit bonhomme que nous connaissions, la prunelle des yeux de cette amie, l'amour, la joie, le sens à sa vie. Inutile de dire que cette femme faillit devenir folle. Elle ne s'est jamais pardonné ces deux minutes où elle a laissé l'enfant seul sur la banquette avant de la voiture...
Noël est passé, puis l'hiver ; on n'avait toujours pas retrouvé le corps de l'enfant, ni reçu la reproduction du bel Éros.
Un jour de mars, le téléphone a sonné : c'était l'amie en question qui nous annonçait qu'on avait enfin retrouvé le corps de Philippe ; elle pourrait enfin faire le deuil de son jeune dieu. Étrangement, ce même jour, un colis arriva par la poste : la reproduction de cette tête d'Éros enfant.
J'ignore comment il faut interpréter la synchronicité de ces événements. J'ai perdu depuis longtemps la trace de cette amie, qui est probablement décédée aussi. Mais je ne pourrai jamais voir une image d'Éros enfant, et Dieu sait que j'adore cette forme d'art, sans penser à ce petit Philippe.

mardi 16 mai 2006

Y aurait-il un espoir ?

Voilà une bonne initiative qui devrait être imitée !

Si l'association des étudiants de l'Université McGill voulait se donner la peine de publier un tel guide à l'intention de ses étudiants qui viennent de l'extérieur de Montréal et qui envahissent les appartements puis les rues du quartier, faisant la fortune des marchands de bière avant vingt-trois heures et criant à tue-tête à partir de minuit jusqu'au petit matin, j'en serais le premier ravi : mes voisins et moi pourrions dormir la nuit, entre les mois d'août et de mai de chaque année.

Un guide pour se débarrasser de l'image d'« Américain détestable »

Par Jocelyn Zablit

WASHINGTON (AFP) — Ne parlez pas si fort. Écoutez. Améliorez votre présentation. Tels sont quelques uns des tuyaux proposés aux hommes d'affaires américains en déplacement ou travaillant à l'étranger dans un guide destiné à se débarrasser de l'image d'« Américain détestable ».

Lancé par une organisation à but non lucratif inquiète de la montée de l'anti-américanisme dans le monde, le Guide des citoyens du monde énumère seize suggestions pour changer le comportement des Américains à l'étranger.

Ces « trucs » sont rassemblés dans un livret qui doit être distribué aux cadres de grandes sociétés, comme McDonald, la chaîne hôtelière Loews ou l'entreprise de logiciels Novell.

— « Soyez fiers de la manière américaine mais souvenez-vous que ce n'est pas la seule », proclame notamment le guide.

— « Écoutez au moins autant que vous parlez »

— « Réservez vos leçons de morale à vos enfants »

— "Parlez moins fort et plus lentement"

— « Ayez la vision des grandeurs autant que vous voulez mais parlez et agissez plus modestement »

— « Améliorez votre présentation ».

Autant de petits conseils rassemblés dans le livret de 4 pages, tirés d'un sondage réalisé dans 96 pays.

Keith Reinhard, fondateur de Action diplomatique pour les affaires (BDA), l'organisation à but non lucratif qui a imaginé le guide, a dit qu'il espérait que le livret jouerait un petit rôle pour refaçonner la perception négative des Américains dans le monde.

« Si nous sommes toujours admirés pour notre enthousiasme de jeunesse, notre optimisme et notre esprit d'initiative, nous sommes perçus comme bruyants, arrogants et complètement ignorants des autres cultures que la nôtre », a déclaré à l'AFP M. Reinhard, qui est aussi le président d'honneur de la société de publicité DDB Worldwide.

Dans le sondage à l'origine du livret, « les réponses étaient tout à fait cohérentes quels que soient les pays », a-t-il dit, précisant que « le mot respect revenait plus que n'importe quel autre ».

Il a rapporté qu'une personne interrogée en Nouvelle-Zélande avait observé que si les Américains ne voulaient pas arrêter de parler pour écouter, « ils pouvaient peut-être baisser le volume ».

Un Allemand s'est demandé « comment les États-Unis peuvent prétendre diriger le monde alors qu'ils ne connaissent rien du monde ».

M. Reinhard a précisé que les hommes d'affaires d'Europe occidentale, et plus particulièrement d'Allemagne, semblaient accablés par le comportement de leurs confrères américains, se plaignant notamment de leur manière de se vêtir, peu soignée et pas toujours conforme aux pratiques européennes.

Il a ajouté qu'un cadre d'entreprise de Düsseldorf avait été consterné que les employés du géant américain de la distribution Wal-Mart soient chaque matin encouragés à lancer un ban en l'honneur de leur société, dans le but d'insuffler un esprit d'équipe.

Les initiateurs du guide ont rencontré des membres de l'administration américaine, y compris Karen Hughes, sous-secrétaire d'État à la « Diplomatie publique », un poste visant à améliorer l'image des États-unis à l'étranger. Selon M. Reinhard, l'administration réfléchit à leur suggestion de remettre le guide à chaque détenteur de passeport américain.

Un effort similaire tenté par le département État peu après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis avait rencontré peu de succès.

L'an dernier, l'organisation BDA avait aussi approché des étudiants américains voyageant à l'étranger, leur distribuant déjà des conseils similaires à ceux regroupés dans ce guide.

La prochaine cible pourrait être les touristes américains. « Calmez-vous, écoutez et apprenez », lance déjà M. Reinhard à leur intention.

dimanche 14 mai 2006

La première fois

« La première fois est un élément essentiel dans le développement de l’enfant : la première fois que l’on a dormi hors de chez soi, la première fois que le petit garçon marche, la première fois qu’il récite quelque chose, la première fois qu’il manque de respect. Ce sont toutes ces premières fois qui aident à la construction de la personnalité, qui font l’individu, parfois brutalement. La première fois n’est pas toujours idéale, mais, à force de premières fois, on finit par être soi-même. Je crois que ceux qui collectionnent sont justement ceux qui ont des difficultés avec la première fois. Collectionner, c’est toujours rechercher la première fois. Tant que l’on a des premières fois, on est vivant. On est vieux lorsqu’on ne croit plus à la première fois... La première fois, c’est la découverte, le contraire du quotidien. C’est la liberté, l’énergie vitale... La première fois nous soutient dans notre capacité de croire en l’avenir... Il n’y a qu’une première fois qui est irréductible : la première fois que je suis mort. »
Marcel Rufo, pédopsychiatre.

samedi 13 mai 2006

« Les parents sont une maladie incurable ! »

Cette phrase choc, en guise de titre à ce billet, elle n'est pas de moi, mais du pédopsychiatre Marcel Rufo (j'allais écrire : « du pédopsychiatre de Marseille, Marcel Rufo », puis je me suis ravisé en pensant qu'il suffisait que j'écrive « de Marseille » pour qu'on se serve justement de ce détail géographique, de cette précision sociologique, pour le discréditer. Il ne faut pas se le cacher : trop souvent, on pense, et parfois on le dit : celui qui n'est pas de Paris n'a aucun intérêt).

Il y a une vingtaine d'années, peut-être un peu plus, j'ai découvert une femme extraordinaire. Chaque appararition à la télévision, chaque article qui me tombait sous la main et qui parlait d'elle m'était une joie et je m'empressais d'écouter ou de lire ce que pouvait dire cette femme, cette mère, cette psychanalyste d'enfants. Bien sûr, vous aurez compris déjà que je pense à Françoise Dolto. Je crois avoir lu à peu près tous ses livres et en avoir tiré de merveilleuses leçons de vie, d'écoute, d'ouverture, de magnifiques leçons de présence et de tendresse pour tout ce qui vit.

Françoise Dolto est décédée en 1988. Heureusement , elle a des émules, des disciples, des successeurs dans l'intérêt qu'elle portait aux enfants, dans l'attention qu'elle accordait aux maux de l'enfance et aux mots de l'enfant (Tout est langage, écrivait-elle, laissant entendre qu'un enfant, même un bébé qui ne connaît pas encore la langue, peut comprendre ce qu'une mère lui dit). Une société a été créée pour perpétuer son oeuvre, mais le mieux serait encore de lire ses livres.

Depuis quelques années, deux autres médecins de l'âme aussi médiatisés que l'était devenue Françoise Dolto, suscitent mon intérêt lorsque leur nom apparaît au menu d'une émission de télévision ou au contenu d'un article de magazine, sans oublier l'attention que je porte à la publication de leurs livres respectifs. Le premier, c'est Boris Cyrulnik, dont le concept de résilience a fait l'objet de nombreux livres, de nombreuses émissions de télévision et de nombreux articles. Boris Cyrulnik mériterait à lui seul un long billet que j'écrirai peut-être un jour.

L'autre médecin que j'aime entendre, lire, c'est le pseudopsychiatre que j'ai nommé au début de ce billet, Marcel Rufo. Par cette fomule choc, Marcel Rufo signifie qu'on n'échappe pas à notre histoire familiale, à notre hérédité, surtout... Même s'il s'intéresse à l'enfance, chacune de ses réflexions sur l'enfance me touche, car elle est une piste pour l'interprétation de ma propre enfance et pour la construction ou la reconstruction de mon imaginaire. Et c'est l'imaginaire, plutôt que la vérité objective, qui permet de continuer...

Dans un entretien au magazine
Lire au moment de la publication de son livre Détache-moi ! Se séparer pour grandir, aux éditions Anne Carrière (2005), Marcel Rufo disait ceci, que j'aime bien :

« Plus j'avance dans ce métier et plus je suis séduit et charmé par le talent des enfants. Ils ont une capacité à créer du romantisme et de la poésie que, sans doute, nous passons notre vie à perdre, nous les adultes. Par exemple, j'ai écrit il y a peu une chronique sur le rugby. Eh bien, pour moi, un match de rugby, c'est l'occasion d'avoir des émotions infantiles, de me projeter instantanément dans les tribunes sans y être... Quand on est enfant, on adhère au moindre rayon de soleil. Si on n'est plus capable d'être captivé par les grains de poussière scintillant et voltigeant dans le soleil, c'est qu'il est temps d'envisager la psychothérapie, voire la psychiatrie ! »

vendredi 12 mai 2006

Petit Prince


Vous avez lu et aimé le Petit Prince, de Saint-Exupéry ?
Vous aimiez Gérard Philippe ?
Vous aimeriez réentendre la voix unique de Gérard Philippe raconter comment l'aviateur fit la connaissance du Petit Prince dans le désert.
Cliquez ici et si après avoir entendu cet extrait vous ne courrez pas chez votre disquaire pour acheter le disque, c'est que... vous l'avez déjà.

J'ai eu en ma possession un disque sur lequel Jean-Louis Trintignant racontait le Petit Prince ; j'aimais écouter l'un et l'autre. J'ai prêté ce disque à l'une de mes soeurs et... je ne l'ai jamais revu. Maintenant, je ne prête plus : quand je veux que quelqu'un que j'aime lise un livre ou écoute un disque, je préfère le lui acheter.

samedi 6 mai 2006

Ave Maria...


Les sons manquent en effet dans la cohorte des souvenirs évoqués, écrit Brigetoun, dans son commentaire au billet précédent. Et comme elle a raison ! L'ouïe prend tellement de place dans notre vie : comment avons-nous pu l'oublier dans cet exercice faisant appel au souvenir ?

La voix humaine, qu'elle soit parlée ou chantée, représente pour moi l'un des sons les plus beaux que l'on puisse entendre. Y a-t-il quelque chose de plus émouvant que la voix de l'être aimé ? J'aimerais pouvoir écrire que le son qui m'a le plus marqué, c'est la voix de ma mère que j'entendais près de mon berceau. Hélas, ce n'est pas le cas. Bien des sons de mon enfance me reviennent en mémoire : étrangement, le premier qui me vienne à l'esprit en ce moment, c'est le bruit presque imperceptible du glissement du traîneau sur la neige, puis le grondement, plus impressionnant, d'une rivière au printemps, dont le gonflement tumultueux des flots semble vouloir avertir de ne pas trop s'en approcher.
D'autres bruits de mon enfance se présentent : celui d'un claquoir de bois dont se servait l'institutrice à l'école pour donner certains ordres (se lever, s'asseoir, se mettre en file, etc.) ou encore celui de la craie sur le tableau.

Toutefois, ce qui m'est spontanément venu à l'esprit en essayant de penser à un son qui m'a marqué, c'est un air de musique, deux airs, en fait. Adolescent, j'avais décidé que je deviendrais chanteur. J'ai abandonné les études en pédagogie que j'avais commencées quelques mois plus tôt afin de trouver du travail et de prendre des leçons de chant avec un professeur dont on parlait avantageusement dans le milieu de la chanson de l'époque. La majorité des élèves, comme moi, voulaient faire de la chanson populaire et n'avaient pratiquement pas de connaissances musicales, si ce n'étaient quelques leçons de solfège qui permettaient de déchiffrer sommairement la musique des chansons que nous voulions apprendre. Coïncidence : au moment où j'écris ces mots, mon lecteur de mp3 joue la 3508e pièce musicale d'une liste qui en compte 5375 ; et cette 3508e, c'est Trousse-chemise, de Charles Aznavour, que j'ai souvent travaillée avec mon professeur et que j'ai interprétée sur scène...
Au cours de l'une de ces leçons de chant, un jour, je ne sais plus trop pourquoi, peut-être pour me laisser reprendre mon souffle, mon professeur se mit à chanter, en s'accompagnant lui-même au grand piano qui trônait dans son studio ; il chanta l'Ave Maria de Schubert, puis il enchaîna avec celui de Gounod (à moins que ce ne soit l'inverse, je ne me souviens plus très bien). Je l'écoutai avec ravissement. Je ne pouvais plus rien dire. Je venais de découvrir de la musique que je ne connaissais pas. C'est depuis ce jour que j'aime la musique classique. Jusqu'à ma mort, je crois, j'entendrai la voix de mon professeur qui ce jour-là chanta pour moi seul, avec la même concentration que s'il était sur une scène ou à l'église, ces deux Ave Maria.

vendredi 5 mai 2006

Paradis perdu...

Contrairement au journal personnel, intime, que l'on écrit d'abord pour soi, qui peut être lu du vivant de son auteur ou seulement après sa mort, le blogue, qui peut aussi constituer une forme de journal personnel, offre l'occasion, si on le veut, d'interaction avec les lecteurs. L'interaction se fait parfois dans les commentaires ou, comme le moment de l'écriture et celui de la lecture peuvent être très rapprochés, les sujets sur lesquels on écrit peuvent être directement influencés par la lecture d'un autre blogue.
Ce vendredi 5 mai, l'ami Olivier de Paris, sur ses Chemins de Poussières, demandait quels étaient le film, le livre, l'odeur qui nous ont marqué.
Voilà bien un exercice que je trouve difficile car il y aurait tant de choix à faire et tant de choses à dire sur chacun de ces choix. C'est un exercice que je me propose de faire sur mon propre blogue depuis que j'ai commencé à y parler un peu de moi et qui me donne le vertige devant le flot de souvenirs qui remontent ou qui au contraire restent enfouis et qu'il faudrait ramener à la surface... Je reporte sans cesse à plus tard certains inventaires, certains bilans...
Pour répondre à Olivier, tout de même, je vais faire un effort. Puisque l'exercice, tel que je le comprends, n'est pas forcément de nommer mon film, mon livre préférés, mais ceux qui m'ont marqué, je vais tenter une réponse en me donnant des repères chronologiques.
L'un des premiers films qui m'ait vraiment marqué, je l'ai vu à l'école au moment où j'étais adolescent, Le Mirage de la vie, avec Lana Turner et je ne sais plus qui ; ce film m'a fait découvrir et aimer la voix de Mahalia Jackson, la magnifique.
Plus tard, il y a eu Mort à Venise, qui reste mon film fétiche. Ce film m'a fortement impressionné et il a exercé une grande influence dans ma vie. Par la suite, il y a eu un autre film qui m'a séduit, de Luchino Visconti aussi : Violence et passion, avec Burt Lancaster, Silvana Mangano, Helmut Berger... Ce professeur vivant seul dans un grand appartement rempli de livres et d'oeuvres d'art a longtemps représenté pour moi un idéal...
Du côté des livres, ce fut d'abord Les Amitiés particulières, de Roger Peyrefitte, puis Notre Amour, du même auteur. La lecture de ces deux livres a précédé mon premier séjour à Paris (pour un Québécois, un voyage à Paris, c'était un retour aux sources) et m'a apporté une certaine grille, (un canevas serait peut-être trop limitatif) sur laquelle s'est construit mon imaginaire amoureux et parisien. Puis, au retour, ce fut Si le grain ne meurt, de Gide, puis son journal, celui de Julien Green, Jouhandeau... Et de très nombreux autres.
Quant aux odeurs, elles sont nombreuses. J'ai besoin des odeurs : elles sont mes points de repère, elles stimulent mon imaginaire et nourissent ma vitalité. J'ai toujours en mémoire l'odeur des rues de Paris lors de mon premier séjour ; ce mélange d'huile à moteur, de feuilles mortes ; puis l'arôme des boulangeries et des pâtisseries. Une autre odeur qui évoque tout un monde : celle des parfums citronnés. Je conserve une affection particulière pour l'« Eau sauvage » de Dior, qu'on m'a offerte à 20 ans et qui durant de nombreuses années aura été mon plus fidèle lien olfactif avec Paris, le Paris plus grand que réel, puisqu'il était celui de mon paradis perdu.

mercredi 3 mai 2006

Un temps d'automne...


Durant quelques jours, il a fait beau, il a fait chaud. Depuis hier, le ciel est gris à en pleurer ; d'ailleurs, il ne s'en prive pas du tout.

En revoyant toutes ces images publiées ici ces derniers jours et à lire le commentaire que laissait Guillaume sur le billet d'hier, je me suis fait deux réflexions.

La première : j'avais sans doute besoin de voir des couleurs, de voir la vie surgir de terre, de partout ; c'est ce qui expliquerait le goût d'afficher ici toutes ces fleurs.

Puis je constate qu'il y a beaucoup de violet, dans diverses tonalités. Ce qui correspond probablement au besoin de renouer avec le fil de mon intériorité. Le violet est souvent lié à la spiritualité, au ressourcement. Dans le tourbillon actuel de ma vie, c'est vrai qu'il me manque du temps et de la tranquillité.

Le joli vitrail dans la fenêtre vient de chez Clémentine Halleux.

mardi 2 mai 2006

Un parfum de printemps


Si vous pensez au printemps, je ne sais pas quelle odeur vous vient en mémoire.
Pour certains, ce sont les violettes, pour d'autres, les lilas ; et pour vous ?




En ouvrant la porte de mon appartement, ce matin, j'ai été saisi par un parfum qui revient chaque annnée en cette saison et qui n'est ni celui du lilas, ni celui de la rose. Comme le système d'aération était en marche et poussait dans les couloirs de l'air frais de l'extérieur, j'ai vite compris que c'était l'air extérieur qui embaumait cette odeur printanière bien reconnaissable. Comme j'étais un peu pressé de me rendre au métro, j'ai oublié, en mettant pieds sur le trottoir, l'odeur qui m'avait saisi dans le couloir avant de descendre l'escalier de mon sixième.

C'est en sortant du métro, à l'autre bout de la ville, que l'odeur m'a saisi une deuxième fois et, cette fois, c'était très clair : il y avait bel et bien dans l'air un indéniable parfum printanier ; et pour tout dire, ça ne sentait pas la rose ni la jonquille : c'était plutôt des miasmes de fumier, pour ne pas dire de la m...

lundi 1 mai 2006

Du muguet, pour vous...


Au Québec, comme en Amérique du Nord, la façon de célèbrer la fête des travailleurs, c'est de... travailler.

Il y aura cepenant la fête du Travail, le premier lundi de septembre.

En attendant, voici quelques brins de muguet.


Qu'il vous apporte bonheur et chance !

Vous saviez, vous, qu'il existe aussi du muguet bleu ?