Contrairement au journal personnel, intime, que l'on écrit d'abord pour soi, qui peut être lu du vivant de son auteur ou seulement après sa mort, le blogue, qui peut aussi constituer une forme de journal personnel, offre l'occasion, si on le veut, d'interaction avec les lecteurs. L'interaction se fait parfois dans les commentaires ou, comme le moment de l'écriture et celui de la lecture peuvent être très rapprochés, les sujets sur lesquels on écrit peuvent être directement influencés par la lecture d'un autre blogue.
Ce vendredi 5 mai, l'ami Olivier de Paris, sur ses Chemins de Poussières, demandait quels étaient le film, le livre, l'odeur qui nous ont marqué.
Voilà bien un exercice que je trouve difficile car il y aurait tant de choix à faire et tant de choses à dire sur chacun de ces choix. C'est un exercice que je me propose de faire sur mon propre blogue depuis que j'ai commencé à y parler un peu de moi et qui me donne le vertige devant le flot de souvenirs qui remontent ou qui au contraire restent enfouis et qu'il faudrait ramener à la surface... Je reporte sans cesse à plus tard certains inventaires, certains bilans...
Pour répondre à Olivier, tout de même, je vais faire un effort. Puisque l'exercice, tel que je le comprends, n'est pas forcément de nommer mon film, mon livre préférés, mais ceux qui m'ont marqué, je vais tenter une réponse en me donnant des repères chronologiques.
L'un des premiers films qui m'ait vraiment marqué, je l'ai vu à l'école au moment où j'étais adolescent, Le Mirage de la vie, avec Lana Turner et je ne sais plus qui ; ce film m'a fait découvrir et aimer la voix de Mahalia Jackson, la magnifique.
Plus tard, il y a eu Mort à Venise, qui reste mon film fétiche. Ce film m'a fortement impressionné et il a exercé une grande influence dans ma vie. Par la suite, il y a eu un autre film qui m'a séduit, de Luchino Visconti aussi : Violence et passion, avec Burt Lancaster, Silvana Mangano, Helmut Berger... Ce professeur vivant seul dans un grand appartement rempli de livres et d'oeuvres d'art a longtemps représenté pour moi un idéal...
Du côté des livres, ce fut d'abord Les Amitiés particulières, de Roger Peyrefitte, puis Notre Amour, du même auteur. La lecture de ces deux livres a précédé mon premier séjour à Paris (pour un Québécois, un voyage à Paris, c'était un retour aux sources) et m'a apporté une certaine grille, (un canevas serait peut-être trop limitatif) sur laquelle s'est construit mon imaginaire amoureux et parisien. Puis, au retour, ce fut Si le grain ne meurt, de Gide, puis son journal, celui de Julien Green, Jouhandeau... Et de très nombreux autres.
Quant aux odeurs, elles sont nombreuses. J'ai besoin des odeurs : elles sont mes points de repère, elles stimulent mon imaginaire et nourissent ma vitalité. J'ai toujours en mémoire l'odeur des rues de Paris lors de mon premier séjour ; ce mélange d'huile à moteur, de feuilles mortes ; puis l'arôme des boulangeries et des pâtisseries. Une autre odeur qui évoque tout un monde : celle des parfums citronnés. Je conserve une affection particulière pour l'« Eau sauvage » de Dior, qu'on m'a offerte à 20 ans et qui durant de nombreuses années aura été mon plus fidèle lien olfactif avec Paris, le Paris plus grand que réel, puisqu'il était celui de mon paradis perdu.
vendredi 5 mai 2006
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6 commentaires:
mon second prénom est mahalia, grace à mahalia jackson :)
Ha, Miss Lulu, je savais bien que nous devions avoir plusieurs intérêts communs ;o)
Quand tu seras installée à Grandbled, j'espère bien que nous pourrons t'entendre chanter ; je suis sûr que les chatounes ronronneraient de bonheur sous le charme d'une vois à la Mahalia Jackson.
les sons manquent en effet dans la cohorte des souvenirs évoqués. Je ne peux arriver à fixer un livre, un film marquant car aussitôt un autre se propose qui dérange l'odonance. Je vous admire d'y être arrivé
Cher Alcib tu as en effet bien compris le sens du billet qui ne demandait pas de citer tout in extenso. Mais il faudra que tu me dises vraiment quels sont ses liens étranges que tu entretiens avec Paris que tu dis être un "paradis perdu". Ma boite mail t'es ouverte tu le sais bien.
Brigetoun, ce n'est pas grave, que le choix puisse varier ; et il ne s'agit pas de faire une sélection exhaustive : simplement un choix, qui, contrairement à ce que dit Gide, n'élimine pas forcément tous les autres. Le choix isole un instant un titre de film, de livre, un son, une odeur ; tous les autres restent en mémoire, prêts à servir encore ;o)
Merci, Olivier. Dès que j'aurai quelques heures à moi, je me promets de répondre à quelques questions, de donner quelques précisions et, surtout, de répondre à tes messages qui attendent depuis trop longtemps une réponse.
je réponds sans hésitation à deux de ces questions : une odeur de purée dans un établissement de convalescence tenu par des soeurs (j'avais 6 ans) et un film avec Humphrey Bogart : The African Queen
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