vendredi 1 septembre 2006

Le charme discret d'une voix...


J'ai toujours été sensible à la voix des personnes que je rencontre. Et s'il m'arrive d'être séduit par l'apparence, l'attitude, la tenue, la personnalité de quelqu'un, je suis subjugué si, en plus, la voix me plaît.

La voix, c'est d'abord, comme pour un instrument de musique, un timbre ; la qualité du son dépend en grande partie du genre d'instrument et de sa qualité. Les violonnistes, par exemple, rêveront de jouer sur des Stradivarius, réputés pour la qualité exceptionnelle de leur sonorité. Mais l'instrument ne fait pas tout : nous avons ici une violonniste réputée qui joue sur un Stradivarius qu'on lui a confié et que, personnellement, je n'aime pas écouter ; il me suffit d'entendre à la radio un extrait de ses disques pour que je puisse l'identifier, non pas au son de l'instrument lui-même mais à l'ennui que distille le jeu de l'interprète.

Une voix peut se travailler comme on travaille un instrument. Quand j'entends un animateur de télévision qui se prend désormais pour le pape de la culture au Québec dire qu'il n'aime pas sa voix, je suis plutôt d'accord avec lui : elle est très désagréable. Mais qu'il se refuse à faire quoi que ce soit pour y rémédier, c'est ne pas aller assez loin dans son constat car, si vraiment il était sincère, il prendrait les moyens requis. Les professeurs d'art dramatique et les professeurs de chant diront, à l'instar du célèbre docteur Tomatis, qu'une voix est un instrument, sans doute le plus sensible et le plus riche des instruments et qu'à ce titre, on peut lui faire produire les sons les plus variés et les plus agréables qui soient.

Adolescent, je n'aimais pas non plus ma voix et je n'aimais surtout pas que l'on m'appelle « mademoiselle » quand j'appelais dans un bureau ou que je répondais au téléphone. Ma voix a bien entendu mûri avec l'âge, mais je n'ai pas attendu le plein épanouissement de ma virilité pour tenter de tirer le meilleur de mon instrument vocal. Je me suis acheté un magnétophone d'une excellente qualité (Adamo avait le même, sans avoir la même voix que la mienne) et durant des heures, tous les jours, je m'amusais à enregistrer ma voix et à essayer d'en modifier le timbre, les sonorités, à changer ce que je n'aimais pas entendre en accentuant ce que je trouvais bien. J'écoutais des enregistrements de grands acteurs ou de chanteurs dont la voix parlée me plaisait autant que la voix chantée. Puis je lisais et relisais des textes que j'aimais (Corneille, Racine, Molière, Voltaire, Chateaubriand, ...)

J'ai vite compris aussi que pour être bien compris, un son devait être bien articulé. J'ai travaillé la prononciation, la diction, l'articulation... Puis, un peu plus tard, j'ai pris des leçons de chant, de pose de voix et des leçons d'interprétation dramatique. Il ne me restait plus qu'à permettre ensuite à ma sensibilité de trouver sa voie dans tout cela...

Je suis de moins en moins intéressé à participer à des événements mondains où la tenue vestimentaire que l'on porte est plus intéressante que quoi que ce soit d'autre. S'il m'arrive d'y être, je suis souvent choqué quand, voyant tout le soin que certains femmes ont apporté au choix de leur robe, à leurs bijoux, à leur coiffure, à leur maquillage et à leur parfum, elles révèlent une étonnante vulgarité dès qu'elles font entendre leur voix. Cela arrive à des hommes aussi, bien entendu, mais sans doute parce que, la plupart du temps, ils accordent moins d'importance à leur apparence physique, on ne s'attend pas à autant d'élégance dans la voix. Et pourtant, il nous arrive d'être surpris...

Hier, j'étais en train de choisir des fruits à l'épicerie quand j'ai vu arriver un jeune homme dont la beauté m'a saisi ; il était suivi d'une jeune fille dont l'apparence ne jurait pas trop à côté de son ami. Chaque année, à la fin du mois d'août, les étudiants de l'université débarquent dans mon quartier et je suis souvent émerveillé de constater la santé et la beauté de la relève... Tout en choisissant mes fruits, j'étais attentif aux gestes du jeune homme et de son amie, amusé de voir à quel point ils étaient assortis et que semblait régner entre eux une belle complicité. Puis j'ai entendu sa voix : horreur ! la belle avait une voix de canard !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Imagine alors le drame pour toute une génération d'acteurs du muet, quand est arrivé le parlant. Rudolph Valentino ne s'en est jamais remis.

En revanche, pour Garbo, ça a été la consécration. La presse titrant à la une: "elle parle!" :-)

Ce qui me trouble toujours, c'est de savoir que les autres n'entendent pas ma voix comme moi je l'entends.