Cette phrase choc, en guise de titre à ce billet, elle n'est pas de moi, mais du pédopsychiatre Marcel Rufo (j'allais écrire : « du pédopsychiatre de Marseille, Marcel Rufo », puis je me suis ravisé en pensant qu'il suffisait que j'écrive « de Marseille » pour qu'on se serve justement de ce détail géographique, de cette précision sociologique, pour le discréditer. Il ne faut pas se le cacher : trop souvent, on pense, et parfois on le dit : celui qui n'est pas de Paris n'a aucun intérêt).
Il y a une vingtaine d'années, peut-être un peu plus, j'ai découvert une femme extraordinaire. Chaque appararition à la télévision, chaque article qui me tombait sous la main et qui parlait d'elle m'était une joie et je m'empressais d'écouter ou de lire ce que pouvait dire cette femme, cette mère, cette psychanalyste d'enfants. Bien sûr, vous aurez compris déjà que je pense à Françoise Dolto. Je crois avoir lu à peu près tous ses livres et en avoir tiré de merveilleuses leçons de vie, d'écoute, d'ouverture, de magnifiques leçons de présence et de tendresse pour tout ce qui vit.
Françoise Dolto est décédée en 1988. Heureusement , elle a des émules, des disciples, des successeurs dans l'intérêt qu'elle portait aux enfants, dans l'attention qu'elle accordait aux maux de l'enfance et aux mots de l'enfant (Tout est langage, écrivait-elle, laissant entendre qu'un enfant, même un bébé qui ne connaît pas encore la langue, peut comprendre ce qu'une mère lui dit). Une société a été créée pour perpétuer son oeuvre, mais le mieux serait encore de lire ses livres.
Depuis quelques années, deux autres médecins de l'âme aussi médiatisés que l'était devenue Françoise Dolto, suscitent mon intérêt lorsque leur nom apparaît au menu d'une émission de télévision ou au contenu d'un article de magazine, sans oublier l'attention que je porte à la publication de leurs livres respectifs. Le premier, c'est Boris Cyrulnik, dont le concept de résilience a fait l'objet de nombreux livres, de nombreuses émissions de télévision et de nombreux articles. Boris Cyrulnik mériterait à lui seul un long billet que j'écrirai peut-être un jour.
L'autre médecin que j'aime entendre, lire, c'est le pseudopsychiatre que j'ai nommé au début de ce billet, Marcel Rufo. Par cette fomule choc, Marcel Rufo signifie qu'on n'échappe pas à notre histoire familiale, à notre hérédité, surtout... Même s'il s'intéresse à l'enfance, chacune de ses réflexions sur l'enfance me touche, car elle est une piste pour l'interprétation de ma propre enfance et pour la construction ou la reconstruction de mon imaginaire. Et c'est l'imaginaire, plutôt que la vérité objective, qui permet de continuer...
Dans un entretien au magazine Lire au moment de la publication de son livre Détache-moi ! Se séparer pour grandir, aux éditions Anne Carrière (2005), Marcel Rufo disait ceci, que j'aime bien :
« Plus j'avance dans ce métier et plus je suis séduit et charmé par le talent des enfants. Ils ont une capacité à créer du romantisme et de la poésie que, sans doute, nous passons notre vie à perdre, nous les adultes. Par exemple, j'ai écrit il y a peu une chronique sur le rugby. Eh bien, pour moi, un match de rugby, c'est l'occasion d'avoir des émotions infantiles, de me projeter instantanément dans les tribunes sans y être... Quand on est enfant, on adhère au moindre rayon de soleil. Si on n'est plus capable d'être captivé par les grains de poussière scintillant et voltigeant dans le soleil, c'est qu'il est temps d'envisager la psychothérapie, voire la psychiatrie ! »
samedi 13 mai 2006
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7 commentaires:
Autant Mme Dolto que M. Ruffo nous ramènent des évidences perdues de vue. C'est ça que j'aime de ces gens.
Bah je sais pas Alcib, je la trouve un peu étrange cette dame. J'ai récemment lu un truc ou elle disait que certains enfants qui avaient des troubles d'apprentissages dans le domaine de la lecture, avaient des difficultés à apprendre à lire et ce en raison du mot lire qui ramène au mot lit, soit le lit des parents. Les enfants bloqués par ce tabou auraient ainsi du mal à lire...
En fait j'ai un peu de mal avec tous ce qui est un peu, moindremetn psychodynamique...
Mais sans doute qu'il y a d'autres raisons pour lesquelles tu l'apprécies :)
phrase à laquelle j'adhère bien sur. Et on peut bien dire qu'il est marseillais, ça devient très bien vu (surtout pour les médecins ça nous a valu un ministre assez catastrophique, je plaisante Rufo n'a rien à voir)
Je n'ai jamais lu Françoise Dolto, mais j'ai commencé à lire un des livres de Boris Cyrulnik et j'ai vu une longue entrevue avec lui. Il est vraiment fascinant !
Quelle est belle cette toile...
Qu'il arrive à point ce message...
Ha! Les mères!!! Ha! Les pères...
et bien moi je suis tombée sur ton blog car j'ai lu dolto, j'ai lu rufo et je cherche encore par le biais d'internet de comprendre.J'ai fait un peu de psychogénéalogie pour avancer et pour decharger des paquets afin d'éviter de charger mes enfants.Je ne comprend pas ma fille je cherche et j'éssaie d'apprendre pour comprendre...........
Merci Nadsud, de ce commentaire, et bienvenue. Tu as lu Dolto, Rufo ; je crois que ces deux grands pédopsychiatres, pédopsychanalystes et tout ce que l'on voudra, ont déjà dit et écrit beaucoup de choses. Sans vouloir insinuer qu'il est inutile d'essayer de vouloir en apprendre davantage, je dirais qu'il est important de bien s'approprier ce que l'on a lu, appris. Si dans ces lectures,tu cherches à identifier ce que tu considères comme des blocages, des fardeaux dont tu voudrais te libérer, je pense qu'il faut autant de réflexion, de questionnement, d'appropriation des propos de ces maîtres que de lecture comme telle. Ce n'est pas la somme des lectures que nous faisons qui nous enrichit, mais l'appropriation deces lectures ; à moins de vouloir être professeur de psychologie ou de médecine, il n'est pas important de retenir toutes les idées de Dolto ou de Rufo ; ce qui compte, c'est que les imdées importantes qui te révèlent à toi-même te permettent de mieux te connaîtra afin de désamorcer en toi le pouvoir négatif, destructeur de ce que tu identifies comme problèmes. Le reste n'a pas d'importance.
En identifiant mes noeuds, mes blessures, mes traumatismes, je peux apprendre à pardonner, à mieux vivre avec ce qui fait partie de moi ; si je ne peux rien changer du passé, je peux néanmoins changer mon attitude envers ce passé et décider qu'il ne me fera plus souffrir.
Une fois cela fait, tu n'auras plus de souci à te faire au sujet de ce que tu pourrais transmettre à tes enfants. Il suffira de les aimer, d'être une présence réelle, attentive, et dedialoguer avec eux ; quand ils seront assez grands pour comprendre, tu pourras, si tu le juge pertinent, raconter ce qui t'a blessé. Un enfant n'a pas besoin de savoir tous les détails de la vie de ses parents ; mais le fait d'instaurer un dialogue, une relation de confiance, c'est déjà beaucoup mieux que le secret et le silence douloureux.
Aies confiance en toi. Fais confiance à la vie. « Aime et fais ce que tu veux », disait saint Augustin...
Quel âge a ta fille ? et les autres ?
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