samedi 19 août 2006

Grand Amour


Rassurez-vous, je ne vous dirai pas que je suis amoureux de ce jeune homme. Je vous dirai cependant que je l'ai déjà été. Pas de lui précisément, mais presque...

Il s'agit ici d'une image faite par un photographe professionnel, dont le nom apparaît dans le coin supérieur gauche, d'un jeune modèle que je ne connais pas. Toutefois, cette photo pourrait être celle d'un jeune homme qui a partagé ma vie durant cinq ans, il y a de cela plusieurs années et qui est pourtant resté l'un de mes plus fidèles amis. J'ai de lui une photo grand format, en noir et blanc comme celle-ci, sur laquelle il porte une chemise blanche qui lui donne cet air angélique, légèrement plus pudique que ce jeune homme dont l'épaule partiellement dénudée fait penser à Baudelaire, non pour son « Invitation au voyage », mais plutôt comme « une promesse de bonheur » (définition de la beauté, selon le poète). Les traits semblables, le regard identique, l'éclairage, ... tout contribue à créer l'impression qu'il pourrait s'agir de la même image.

Dans son billet d'hier, sur ses Chemins de poussières, Olivier de Paris se demandait si, dans ses relations amoureuses précédentes, ces femmes qui avaient croisé ses chemins et lui-même avaient vécu la même histoire. Cette interrogation et les commentaires laissés en réponse à la question m'ont inspiré ce commentaire que je reprendrai ici.

J'ai vécu, il y a plusieurs années, une histoire d'amour, une relation passionnée, fusionnelle, à la fois exaltante, stimulante et dévorante. Nous n'avions (et n'avons toujours pas) le même âge. Nos attentes respectives par rapport à cette relation amoureuse n'étaient forcément pas les mêmes au départ, mais elles n'étaient pas incompatibles ; elles étaient peut-être même complémentaires. Chacun de son côté a apporté à cette relation ce qu'il pouvait y apporter (l'innocence, la passion, l'intensité d'une part ; la confiance, l'assurance, la continuité de l'autre). Et chacun en a retiré ce qui lui convenait sans que ce soit perçu par l'autre comme du pillage affectif.

Au bout de cinq ans, cet amour a évolué. L'un des partenaires a eu besoin d'aller vivre à l'étranger (pas l'étranger pour l'étranger ; mais plutôt l'attrait d'une métropole « où l'on ne dort jamais » et pour la chance de se frotter aux artistes qui l'inspiraient). De là, chacun a vécu différemment l'éloignement, la séparation, le « hiatus »...

De son côté, ses films ont raconté notre histoire, d'une certaine façon. J'aurais envie d'en faire un roman et même un film... Si je faisais ce film, je raconterais la même histoire, mais pas de la même façon. Un étranger qui regarderait ses films et le mien pourrait penser qu'il ne s'agit pas de la même histoire, mais nous, nous savons que nous avons vécu une histoire extraordinaire, unique et que, quel que soit le point de vue que l'on adopte, quel que soit l'accent qu'on lui donne, cette histoire restera la nôtre. Nous pourrions travailler ensemble au scénario et à la réalisation de ce prochain film ; selon le point de vue du réalisateur choisi (lui, moi ou une troisième personne), l'histoire aurait une couleur, un ton particulier, mais chacun de nous se reconnaîtrait dans cette histoire.

Et ce qui compte, après toutes ces années et ces autres histoires vécues, c'est qu'après tout ce temps, nous soyons capables, encore aujourd'hui, de nous asseoir et d'évoquer les merveilleux moments de cette histoire et surtout l'inoubliable transformation mutuelle que cet amour aura permis. Personnellement, et je suis persuadé qu'il en est ainsi de son côté, j'avance encore sur les bases solides que cet amour aura permis de construire en moi...

Il arrive que ce premier Grand Amour lise ce blogue. Je ne crois pas qu'il puisse dire que j'ai menti. Comme dans le cas de toutes les histoires que l'on raconte, oralement ou par écrit, on éclaire certaines scènes plutôt que d'autres ; et les scènes qui sont mises en lumière n'en sont pas moins vraies parce que d'autres sont momentanément dans l'ombre.


8 commentaires:

Beo a dit…

Quel beau témoignage de respect! Un amour sain donne inévitablement une suite, dans le sens comme tu dis: d'avancer à partir des bases solides qui ont été établies tout naturellement par cet amour.

Alcib a dit…

Merci, Béo ! Ton commentaire me touche profondément !

Anonyme a dit…

C'est beau ce que tu écris sur ton passé.

On aimerait tellement que tu envisages l'avenir avec la même sérénité, la même conscience qu'il y a quelque chose à en faire.

Alcib a dit…

Merci, Simeric ; je suis touché du commentaire sur la qualité esthétique du récit et plus encore par la perspicacté de la deuxième partie.
On aimerait aussi, de ce côté-ci ;o) J'y travaille !
Mais la vision d'avenir, et même l'occupation du présent, ce pourrait justement être la rédaction du roman suivie, un peu plus tard, de la réalisation du film...

Joss a dit…

Comme toujours... Un texte touchant...
J,aimerais bien le voir ce film de ton amour... Et après voir le tien... Si tu cherches un scénariste, on sait jamais...
Merci Alcib pour ce beau moment...

Alcib a dit…

Merci Joss de ce commentaire gentil.
Tu sais, je n'ai pas vu non plus tous les films de cet amour. J'en ai vu quelques-uns, soit en salle, dans le cadre du Festival des films du monde de Montréal, par exemple ou en format vidéo qu'il me prêtait alors que le produit final n'était pas encore tout à fait terminé. Il a beaucoup circulé en Europe, au Japon, aux États-Unis, avec ses films, mais je ne sais pas moi-même où je pourrais les voir autrement qu'en lui demandant de m'en envoyer une copie. L'année dernière, Radio-Canada a diffusé toute une série de ses réalisations, que je n'ai pas vues non plus. Il m'a téléphoné ce matin et me disait qu'il avait deux projets différents sur lesquels il pourrait travailler : soit la réalisation d'une autre série télévisée, soit l'animation d'une émission culturelle ; rien n'est décidé encore. Il travaille en anglais surtout, à Toronto.
Pour ce qui est de mon film, c'est une autre histoire : il faudrait vraiment que j'en écrive l'histoire (sous forme de roman, peut-être) et qu'ensuite on travaille sur le scénario (j'ai déjà un ami qui s'est proposé pour le faire), mais avant de travailler sur un scénario, j'aimerais bien avoir l'oreille attentive d'un producteur intéressé...
Mais je n'oublie pas ton offre ;o))

Anonyme a dit…

Ce jeu ne demande que 3 minutes d'attention . Ca va t'effrayer. La personne qui me la envoyé a dit que son voeu s'est réalisé 10 minutes après l'avoir lu. Mais pas de triche. Ce jeu a un drôle/effrayant dénouement .. Ne lis pas en avance mais fais-le dans l'ordre, point par point. Ca prend env 3 min. et ca vaut la peine. Prends d'abord une feuille et un crayon.

CONSIGNES:
Quand tu choisis les noms, sois sûr que ce sont des personnes que tu
connais
et fais-le d'après ton premier instinc .Descend ligne par ligne. Ne lis pas en dessous, tu gâcheras tout le fun parti
1. Ecris les chiffres de 1 a 11 dans une colone
2. A côté des chiffres 1 et 2, écris 2 nombres aux choix
3. A côté des chiffres 3 et 7,inscrit le nom d'une personne de sexe opposé (noms differents )
Ne regarde pas trop bas ou ca ne marchera pas. Avance point ,par point...
4. Ecris le nom de n'importe qui (par ex.: amis, famille) à côté des chiffres 4, 5 et 6. (noms differents)
Ne triche pas ou tu regretteras
5. Ecris quatre titres de chansons en 8, 9, 10 et 11
6. Finalement, fais un voeu Ici est la clef du jeu

RESULTAT :
1.Tu dois parler de ce jeu à un certain nombre de personnes (le nombre qui est à côté du 2).
2. La personne en place 3 est celle que tu aimes.
3. Celle en place 7 est quelqu'un que tu apprécies beaucoup mais avec qui ça ne marche pas.
4. La personne que tu as mise en 4 est qqn à qui tu tiens vraiment beaucoup .
5.La personne que tu as nommée en place 5 est celle qui te connait très bien
6. La pers. que tu as inscrite en 6 est ta personne porte-bonheur
7. La chanson en 8 est celle qui s'associe avec la personne en 3.
8. Le titre en 9 est la chanson pour la personne en 7
9. La chanson en 10 est celle qui t'en dit le plus sur ton esprit
10. La chanson en 11 est celle qui révèle tes sentiments par rapport à la vie.

Mets cela sur 10 blogs dans l'heure qui suit ta lecture de ce mot. Si tu le fais ton voeu se réalisera. Si tu ne le fais pas, ça deviendra l'inverse ! Sacrément bizarre... Mais ça à l'air de marcher... fais seuleument copier/coller

Alcib a dit…

Bonjour Anne-Laure, et bienvenue dans mon « Exil intérieur ». Merci du commentaire qui me touche beaucoup. C'est en effet assez rare de se reconnaître tout à fait dans le témoignage de quelqu'un d'autre. Cela nous arrive à tous assez souvent, plus ou moins partiellement. Nous vivons des expériences similaires qui permettent parfois des courants de sympathie, mais la façon de les ressentir et d'en parler est assez rarement semblable.
Quant à mon « exil intérieur », il vient surtout du sentiment que j'ai eu durant de très nombreuses années de ne pas être né du bon côté de l'Atlantique... Les premiers temps d'un exil sont souvent difficiles, tant qu'on n'a pas fait le deuil de ce que l'on a dû quitter (et pour certains, le deuil à faire concerne l'enfance, un milieu aimé, une relation particulière, etc.) ; l'exil peut toutefois avoir du bon, à partir du moment où l'on accepte sa situation actuelle, ce qui n'empêche pas de vouloir la transformer...
Je crois qu'en commençant à rédiger ce blogue, même si je suis conscient de ne pas être constant, je voulais apprendre à faire le deuil de certaines parties de ma vie. Avec le recul, je crois pouvoir dire que j'ai atteint certains objectifs.
Je n'ai pas encore vu ton blogue ; j'irai le voir au cours des prochaines heures.
Merci encore et à bientôt.