lundi 21 août 2006
L'effet pervers de Brokeback Mountain.
Qui n'a pas entendu parler de ce film sorti sur nos écrans en décembre ou en janvier dernier ? Les entrées dans les salles de cinéma, tant en Amérique qu'en Europe, pour ne prendre en considération que ces deux continents, ont atteint, dès les premiers mois de l'année, des chiffres rarement égalés. Au delà du succès commercial, ce film a suscité un intérêt dans les conversations, les forums, les blogues ; certains sites ont été créés spécialement pour entretenir ou peut-être plus précisément : pour endiguer la fièvre et les échanges d'idées autour du film.
L'histoire que raconte ce film n'a pas cessé d'alimenter les conversations et, en cela, il a certainement contribué à sensibiliser un grand nombre de personnes à une réalité qui ne les avait jusque-là pas beaucoup intéressées. Cette histoire qui raconte une passion secrète vécue durant une vingtaine d'années par deux hommes qui, pour les moins ouverts à l'homosexualité, pourraient ressembler à leurs frères, à leurs pères, montre bien que la passion entre personnes de même sexe peut survenir dans n'importe quel milieu social, peu importe les conditions économiques...
Ce film montre qu'il n'était pas facile, dans les années 1960, de vivre ouvertement une passion, une relation homosexuelle, pas facile d'abord d'accepter soi-même de vivre ce genre de passion, et encore moins facile de la vivre sous le regard de la société.
On se dit qu'en 2006, dans nos sociétés (en particulier au Québec où l'acceptation ne pose pas de problème et où les droits sont reconnus), nous avons de la chance de pouvoir vivre assez ouvertement et librement, du moins dans une ville comme Montréal.
Si ce film a contribué à faire évoluer les mentalités et à faire diminuer la discrimination (et je crois qu'on peut dire qu'il a joué ce rôle), il a eu dans certains milieux un effet moins heureux.
Je parlais récemment, par Internet, avec un jeune homme qui habite une ville de moins de 25 000 habitants à l'est du Québec. La plupart des garçons de son âge, du moins ceux qui sont homosexuels, sont partis vivre dans des villes plus importantes comme Montréal et Québec. Il se sent assez seul et il envisage de s'installer à Montréal dès qu'il pourra y trouver un poste convenable sans perdre les avantages sociaux attachés à son poste actuel.
Puisque la plupart des garçons et des hommes qui veulent vivre ouvertement leur vie affective en fonction de leurs préférences ont choisi d'aller vivre ailleurs, ce jeune homme a du mal à trouver dans sa ville ou dans sa région un compagnon avec qui il pourrait construire une relation stable.
Il n'a cependant aucune difficulté à trouver des partenaires pour vivre sainement sa sexualité, sauf que ces partenaires occasionnels sont la plupart du temps mariés ou fiancés et par conséquent leurs rencontres sont secrètes. Sur ce plan, tout allait assez bien jusqu'à la sortie de ce film dont tout le monde a parlé. Car la région est très belle et idéale pour les amateurs de chasse et de pêche et le jeune homme à qui je parlais aime les deux, d'autant plus que ces excursions de chasse et de pêche étaient des occasions privilégiées de vivre durant quelques jours avec l'un ou l'autre de ses partenaires occasionnels. Or, depuis la sortie de ce film, toutes les femmes se méfient et, connaissant les préférences du jeune homme, ne laissent plus partir leur mari à la chasse ou à la pêche si le jeune homme en question doit faire partie de l'expédition.
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14 commentaires:
curieuw : si elles n'ont pas confiance en leur mari dans l'absolu, elles devraient se méfier de leurs copines aussi, si leur méfiance se borne aux garçons elles feraient mieux de faire de leur mari un copain. Dans les deux cas la séparation menace
Et nous qui s'imaginons vivre dans un monde moderne ou l'homosexualité est bien acceptée...
De l'influence d'Hollywood sur la chasse dans les Cantons de l'Est... ,-)
Si ces femmes se méfient, c'est qu'elles ont des doutes. Si elles ont des doutes, c'est qu'il y a des choses à régler dans leur couple.
J'aimerais bien voir un film, un jour, où tout serait inversé: l'homosexualité serait la norme, et l'hétérosexualité une orientation sexuelle minoritaire. Ca serait très intéressant. ;-)
Est-ce l'effet du film qui est pervers, ou bien le fait qu'il était amant, de gens déjà liés à une autre personne: parce que pour moi l'orientation sexuelles n'a rien à voir avec ce qui est de fait une trahison de la part des autres, que ce soit avec ton ami ou autre.
Je sais pas si je m'exprime bien... sinon j'ai bien compris que les discussions ont fait ouvrir les yeux aux gens de la région qui comme on le sait... dans toutes les régions: tout se sait! Ce qui n'est pas forcément agréable. M'enfin... j'ai l'impression de m'embrouiller dans mon discours...
Merci, Brigetoun, Miss Patata, Olivier et Béo. Je crois que, particulièrement dans les campagnes et petites villes, le film a ouvert les yeux sur une nouvelle menace. Jusque-là, les femmes légitimes se méfiaient sans doute des autres femmes, mais ne pensaient pas que le « danger » pouvait venir des copains, des amis, des voisins, des camarades de travail ou de sport... Elles connaissaient bien l'existence des homosexuels dans leur entourage, les acceptaient très bien, mais elles n'auraient jamais imaginé que leur fiancé, leur mari, soit tenté de « sauter la clôture », si sympathiques que soient ces garçons. L'homosexualité, telle présentée dans ce film, leur était sans doute inconnue : des mâles, normalement hétérosexuels et assumant leur rôle de mari, de père...
Ces fiancés, ces maris, s'ils aiment bien s'offrir de temps à autre des plaisirs interdits ou supplémentaires, ne s'identifient pas du tout aux homosexuels et, dans leur esprit, ils ne trompent pas leur femme, puisqu'il n'y a pas d'autre femme en jeu. Pour eux, ce sont des plaisirs entre hommes, au même titre qu'une partie de chasse ou de billard ; magré tout le plaisir qu'on trouve à les partager, on n'envisage pas pour autant changer quoi que ce soit à sa vie : on n'a pas forcément envie d'épouser son compagnon de chasse ou son partenaire de billard.
J'ai entendu, depuis de nombreuses années et maintenant encore, suffisamment de confidences du genre de la part de garçons qui vivent à la campagne pour savoir qu'il s'agit de pratiques courantes.
L'effet pervers du film, c'est qu'il est venu semer le doute dans l'esprit de tant de femmes : se pourrait-il que mon mari ait lui aussi sa « montagne secrète » ?
Miss Patata, cela ne change rien au fait que l'homosexualité soit bien acceptée. Le problème ici c'est que les femmes se demandent maintenant si leur mari n'aurait pas la tentation d'être plus « ouvert » qu'elles le souhaiteraient... Et comme elles savent qu'elles ne pourront pas empêcher la « menace » d'exister, elles ne peuvent souvent qu'essayer de « contrôler » leur mari...
Olivier, le résultat positif dans tout cela, c'est que les truites et les biches auront une plus longue espérance de vie. Ce film était commandité par Green Peace ou par... la toquée de Saint-Tropez ;o)
Je me suis plongée un moment dans ton blogue
Puis encore un moment, puis encore...J'y ai lu bcp de choses qui m'ont intéressée
Tu parles de Philippe Besson en novembre 2005
Sur mon blog en février 2006 je crois, il y a tout un interview très intéressant que j'ai relaté (je l'ai rencontré plusieurs fois et je l'apprécie bcp)
Je partage ta passion des livres et de l'écriture, tu as pu le voir je crois...
A très bientôt
Bonjour et bienvenue, Coumarine. Tu auras vu que je suis passé chez toi aussi, hier et aujourd'hui, je crois (je perds un peu la notion du temps, par moment ;o). J'y étais sans doute passé il y a plusieurs mois, mais, depuis quelque temps, j'avais moins de temps et j'ai perdu des liens que je connaissais bien (il faudra que je fasse le tour des « liens » chez certains amis).
J'ai vu en effet que la lecture, les livre et l'écriture semblent les trois grandes passions de ta vie. J'ai commencé à lire certains billets, mais il me faudra y revenir plus souvent.
Je ne suis pas tombé encore sur les textes qui parlent de Philippe Besson, mais j'ai bien vu sur une photographie qu'au moins un de ses livres se laissait choyer chez toi. Depuis son premier roman, je suis un inconditionnel de Philippe Besson et je contribue à le faire connaître autour de moi.
Dommage que tes ateliers soient si loin de Montréal, je m'inscrirais peut-être à l'un d'eux un jour ;o)
Incroyable lol !
Je n'ai pas vu encore le film (je dois etre le seul homo sur terre a ne l'avoir jamais vu d'ailleurs), mais les consequences sont parfois inattendue !
Philippe Besson, j'ai la plupart de ses livres...je l'aime (hum)
J'ai vu bien sûr chez moi tes commentaires...
Je t'ai découvert via Olivier, le Parisien
Je vais devenir accro à tes notes...je peux?
Dommage oui, que tu sois si loin...sais-tu que deux Parisiens sont venus à un de mes ateliers résidentiels dans un merveilleux endroit de silence et de nature
Je le souligne aprce que je suis Belge...tu comprends, on se relève assez difficlement des blagues belges...;-)
Coumarine, je n'aurais pas deviné que tu étais Belge ; je n'ai pas bien saisi l'accent encore ;o))
Mais sois la bienvenue ; je suis flatté de cette constance qui s'installe et ce n'est surtout pas moi qui dirai « Sois Belge et tais-toi ! », car tes billets et tes commentaires sont très intéressants.
Si les Parisiens peuvent prendre le train ou la voiture pour participer à tes ateliers, je les envie ; en ce qui me concerne, je devrais d'abord traverser l'Atlantique ;o(
J'ai de bons amis en Belgique et j'aimerais bien y retourner ; la dernière fois, c'était en 2001... déjà (et je n'avais pas pu les voir tous).
Qui sait ? je viendrai peut-être plus tôt que je ne peux l'envisager en ce moment ;o)
Finalement, via cette anecdote, je comprend que ce film tend à "normaliser" l'homosexualité, non ? Après tt effectivement si ces femmes ne laisseraient pas partir leurs maris avec un jolie jeune femme, pourquoi le laisseraient-elles partir avec un beau jeune homme ?? Si elles sont jalouses, elles le sont de toutes et de tous... Non ?? ça reste un effet positif dans la mesure où il tend à l'acceptation de la sexualtié, de ttes les sexualités... Et mon avis, c'est que tromper c'est tromper, peu importe que ce soit avec une femme ou un autre homme...
Narriman, ton commentaire est très juste. Merci ;o) Dans le cas du jeune homme dont je parle, cependant, je crois qu'il aurait préféré autour de lui un peu plus de discrétion puisqu'il avait déjà fait sa place dans ce milieu ; mais avec ce film, on a attiré l'attention sur des « menaces » jusque-là insoupçonnées ;o)
l'homosexualité ne se vit évidemment pas de la même manière en grandes cîtés ou dans les petits villages loin des grandes villes comme c'est mon cas dans ma bourgade normande. Plus généralement les rapports humains et la sexualité y demeurent en partie différentes.
le film peut aussi aider des gars souvent célibataires chasseurs ou pêcheurs à vivre des désirs enfouis et cadenassés...
chaque homme
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