dimanche 1 juillet 2007

1er juillet - 1867-2007 : 140 ans d'imposture !


En 1867, les Canadiens-français que nous étions alors et qui occupions le Bas-Canada, avons négocié de bonne foi avec les habitants du Haut-Canada un partenariat politique et économique, donnant naissance à la confédération canadienne.

De bonne foi, les Canadiens-français que nous étions avons cru à la bonne foi de nos partenaires d'origine britannique. De bonne bonne foi, nous avions négocié d'égal à égal un partenriat où les deux parties seraient égales ; il s'agissait d'un partenariat entre deux États, entre deux nations.

La bonne foi n'a pas duré longtemps. Le Canada nouveau, fort de ses nouveaux pouvoirs, a mis en application les recommandations du rapport Durham, celles de noyer les Canadiens-français dans le nombre des Canadiens d'origine britannique. Dès lors, le Canada a favorisé l'immigration massive de personnes d'origine britannique. Il y a près d'un siècle et demi, c'était déjà par dizaines de milliers qu'ils arrivaient chaque année. De majoritaires qu'ils étaient chez eux, les Canadiens-français sont vite devenus minoritaires dans un pays de plus en plus britannique qui ne respectait même plus l'accord négocié et signé entre les deux nations fondatrices. De nation fondatrice, les Canadiens-français sont vite devenus un groupe minoritaire dont l'égalité n'était plus reconnue.

Depuis 1867, la négation de cette égalité et le refus de reconnaître la nation canadienne-française (on ne parlait pas encore de Québécois ; le citoyens du Québec ont commencé dans les années 1960 seulement à se désigner ainsi) se sont perpétués. 1867 a institutionnalisé le statut minoritaire des Canadiens-français d'un Canada britannique où tout se passe en anglais. Encore tout récemment, en 2007, le gouvernement canadien a exempté les hauts gradés de l'armée canadienne de l'obligation de comprendre le français, abolissant des décennies de luttes des francophones pour se faire reconnaître le droit d'exister au sein de l'armée et d'avoir accès aux promotions. Les hauts gradés n'ayant plus l'obligation de connaître le français, toutes les communications se feront donc en anglais ; c'est-à-dire que les francophones devront forcément travailler en anglais. Et la ministre canadienne responsable de la francophonie, une bonne québécoise représentant la région de Québec, ne trouve rien de mal à cette nouvelle politique ! She is so sweet ! Une potiche à un dollar (fabriquée à Taïwan) ferait aussi bien l'affaire et les Canadiens feraient l'économie d'une limousine.

Les Canadiens de souche britannique se sont donnés tous les postes clés, tous les leviers économiques et politiques, marginalisant les Canadiens-français comme s'ils étaient des réfugiés écoomiques ou politiques. De plus en plus, on (les) nous a traités comme une minorité culturelle comme les autres, ces minorités culturelles si chères au premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau (PET) qui, de 1968 à 1984, n'a pas trouvé assez d'occasions de faire comprendre aux Québécois qu'ils avaient autant de chance de s'épanouir dans le Canada que les Ukrainiens ou les Polonais de l'Ouest canadien. Il faisait simplement semblant d'oublier que les Canadiens-français, dont descendait son père, avaient été l'un des peuples fondateurs de ce pays et qu'ils méritaient un peu mieux que l'étiquette de minorité culturelle.

Dès 1871, le Canada abolissait le français langue d'enseignement au Nouveau-Brusnswick (au printemps 2007 encore, le propre fils de ce fameux PET, Justin, nouveau sauveur autoproclamé de l'unité canadienne, n'a rien trouvé de mieux à dire aux francophones du Nouveau-Brunswick qui ont péniblement reconquis au fil des ans une reconnaissance de leur langue, qu'il serait plus économique d'abandonner leur système d'éducation francophone).

En 1837, les représentants de Sa Majesté britannique pendent et fusillent des Patriotes au Québec. En 1885, on pend Louis Riel au Manitoba. En 1890, on abolit le français au Manitoba. En 1912, le Canada abolissait les services français en Ontario... La survie du français et des Canadiens-français eux-mêmes à l'intérieur de ce pays britannique ne se fait, encore et toujours en 2007, qu'au prix d'efforts de tous les instants.

En 1967, un général français a le courage et la générosité de briser les sacro-saintes règles de la diplomatie et, du haut du balcon de l'Hôtel de ville de Montréal où il ne devait même pas s'adresser à la foule massée devant, il lance spontanément ce que les Québécois veulent entendre, ce cri du coeur qui a indigné les représentants de Sa Majesté mais qui a donné déjà une légitimité à la lutte des Québécois pour la défense de leur langue et de leur culture et une certaine reconnaissance avant l'heure de leur pays... en retard sur son horaire. L'un des grands tribuns de la souveraineté du Québec, soldat mal aimé des institutions à cause de son caractère flamboyant capable d'électriser les foules, Pierre Bourgault, commente ainsi le cri du Général.

En 1970, le premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, le fameux apôtre de la Justice et de la Liberté, suspendra toutes les libertés individuelles et enverra l'armée au Québec sous prétexte de combattre une insurrection armée, alors que tout au plus une dizaine de personnes causent quelques perturbations. Plusieurs centaines de personnes, artistes, écrivains, chanteurs, poètes, seront emprisonnées durant des semaines sans savoir de quoi on les accuse, simplement parce qu'on les soupçonne d'avoir des sympathies souverainistes (c'est alors la moitié du Québec qu'il aurait fallu emprisonner si les agents de Sa Majesté avaient un peu compris le Québec). Comme le disait si bien René Lévesque, le plus grand démocrate que le Québec ait connu : « La loi des mesures de guerre imposée au Québec en 1970, sans doute inspirée d'une grande panique de l'Establishment britannique à Toronto (principal appui au gouvernement canadien), est la pire humiliation qu'ait jamais imposée une démocratie à une population en temps de paix. »

Malgré tout, on en rit. On veut agir comme s'il s'agissait d'une rigolade organisée par des étudiants pour épater leurs amis. Quand les journalistes, tout de même un peu conscients que nous n'étions pas sous la dictature franquiste, demandaient au grand démocrate canadien Pierre Elliott Trudeau comment, en tant que premier ministre du Canada, il pouvait justifier l'abolition de toutes les libertés civiles et justifier la présence de l'armée canadienne à toutes les intersections et devant tous les immeubles à Montréal, celui-ci répondait de son ton habituel si méprisant dès qu'il s'agissait du Québec, que si nous n'avions rien à nous reprocher, nous ne risquions pas de nous faire faire mal par les soldats armés jusqu'aux dents. Belle moralité, chez ce grand homme !

Si vous voulez avoir un aperçu du ton sympathique de ce grand démocrate, flamboyant célibataire milionnaire qui aimait se donner en spectacle, voici un extrait des réponses qu'il donnait à quelques journalistes qui l'attendaient à l'entrée du parlement ; c'était en octobre 1970 (c'était sans doute le 17 octobre).

En 1982, afin de respecter un engagement envers le Québec de rapatrier et d'amender la Constitution canadienne que Sa Majesté conservait sous ses jupes à Londres, le même Pierre Elliott Trudeau modifie bel et bien la Constitution mais... sans l'accord du Québec. Voulant supposément rallier le Québec à une constitution modernisée, le Canada n'a rien trouvé de mieux que d'en exclure le Québec. On pourrait donc dire que, depuis 1982, le Québec ne fait plus partie du Canada, puisqu'il n'a jamais adhéré à la constitution qu'on a voulu lui entrer de force dans la gorge, de façon moins subtile, moins insidieuse, que celle de tous les hommes politiques anglophones avant lui. Le lièvre qu'il était avait un tempérament de coq ; plus Elliott que Trudeau, il lui suffisait de voir un Québécois devant lui pour se hisser sur ses ergots et, la crête rouge et le regard de feu, s'apprêter à lui sauter au visage ou, comme il l'a fait déjà, aux parties sensibles d'un être humain mâle. Son homme de main, qui a vagument tenté de marcher dans ses pas par la suite, le premier ministre Jean Teflon Chrétien, lui ressemblait en cela : il n'a rien trouvé de mieux, pour répondre intelligemment à un chômeur qui protestait contre les politiques de son gouvernement, que de le prendre à la gorge et de tenter de l'étrangler avant de le repousser violemment.

Lors du référendum de 1995 sur l'accession du Québec à la souveraineté, le Parti Libéral canadien de Pierre Elliott Trudeau et de Jean Chrétien, ce dernier ayant été l'homme de main du premier et lui a succédé au poste de premier ministre du Canada, ont illégalement et frauduleusement dépensé des dizaines de millions de dollars pour faire croire aux Québécois que le Canada les aimait. Alors qu'au Québec la loi sur les Consultations populaires réglemente très rigoureusement les dépenses électorales, le gouvernement du Canada a dépensé sans compter et a financé illégalement des organismes illégaux chargés de combattre l'option souverainiste. Le vice-président du comité du Non (à la souveraineté) était l'actuel premier ministre du Québec, Jean Charest, venu finir à l'Assemblée nationale du Québec sa besogne d'étouffement de toute identité et de toute fierté québécoise. L'enquête du Directeur général des élections du Québec sur les dépenses frauduleuses faites par le camp de Jean Charest et de Jean Chrétien, premier ministre canadien d'alors, s'est terminée en queue de poisson, comme toute tentative de véritable négociation avec le gouvernement du Canada et comme toute tentative d'obtenir des explications crédibles en cas d'abus trop flagrants de manipulation et de fraude, parce que ce gouvernement canadien refuse d'y participer, laissant entendre qu'il se situe au-dessus des lois adoptées par l'Assemblée nationale du Québec.

Plus je fouille l'histoire du Québec et de son mauvais mariage avec le Canada, plus je constate que, depuis 1867, le Québec se fait humilier, voler, bafouer, etc., par le gouvernement canadien, à très forte majorité anglophone, à l'image du Canada lui-même. Et l'on voudrait que, moi, Québécois, je célèbre la fête de cette imposture ? Non, merci. Je respecterai le Canada, pays anglais, quand il me respectera, et d'autant plus facilement quand il sera un un pays voisin.

Vive le Québec... libre, si possible !

Pour entendre l'un des meilleurs premiers ministres du Québec parler sommairement de ces questions, et de façon courtoise puisqu'il est invité à la télévision française, je vous invite à regarder cette vidéo de René Lévesque, qui a dû être enregistrée entre 1980 et 1981.

René Lévesque répliquait ici à l'un des nombreux épouvantails que les défenseurs de l'unité canadienne ont toujours invoqué pour convaincre les Québécois de renoncer à la souveraineté : « Si vous votez pour la souveraineté, vous allez perdre votre passeport » (que le premier ministre actuel du Québec continue de prononcer passepart, comme si c'était plus chic de parler de part que de port) ; ou « Si vous votez pour la souveraineté du Québec, vous ne recevrez plus votre pension de vieillesse » (le gouvernement canadien administre ce programme de pensions, mais ce sont les citoyens qui le financent) : ce devait être en mai 1980, mais le même genre d'arguments idiots continuent d'être invoqués en 2007 ; voilà.

Et pour finir en musique, sur un ton pas forcément plus réjouissant mais sur un air plus entraînant, voici une chanson que le groupe Les Cowboys fringants a enregistrée en hommage à cet ancien premier ministre du Québec, décédé le 1er novembre 1987. Le tutoiement, ici, n'est pas du tout irrespectueux, pas plus que le surnom de Ti-Poil que l'on donnait affectueusement à l'homme politique qui a plus fait pour les Québécois en une décennie que des successions entières de premiers ministres. C'est ici.

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Résistez, Québecois, résistez ! Ne laissez pas votre culture disparaître sous le rouleau compresseur de l'anglophone !

Alcib a dit…

Merci de ton appui, Vincent. Et bravo d'avoir eu le courage de lire jusqu'à la fin ce long billet qui n'a pas le coeur à la fête.

Tu as d'autant plus de mérite que tu seras sans doute le seul...

Pour récompenser ton effort, j'ai ajouté, à la toute fin, un entretien accordé par René Lévesque à la télévision française ;o)

Anonyme a dit…

Mon copain montréalais fait aussi de la résistance active, en plus de faire un excellent pâté chinois ;-)
Sur son exemple, les quelques fois où j'ai séjourné à Montréal, j'ai toujours refusé d'utiliser l'anglais: je ne le parle pas parfaitement mais suffisamment bien pour être fonctionnel. Quand des commerçants s'adressaient à moi dans cette langue,ils ont toujours eu des réponses en français. Bon, je n'ai pas poussé la cruauté jusqu'à faire celui qui ne comprend rien, j'aurais peut-être du :-)

Anonyme a dit…

Attachant cet homme, et manifestement intelligent, ça se sent par la clarté de son propos.

Anonyme a dit…

Moi aussi je l'ai lu jusqu'au bout et j'ai écouté toutes les entrevues et la chanson !
Chapeau Alcib, c'est très détaillé et instructif. Il me semble cependant qu'il serait aussi très intéressant d'avoir le point de vue d'une personne fédéraliste. J'ai quand-même relevé que René Lévesque avait, selon Pierre Bourgault, pris le Général pour un "vieux fou donneur de leçons "...
Allez, passe une belle journée, aujourd'hui on est le 2 juillet ! :-)))

Alcib a dit…

Vincent,je crois que la simple logique veuille qu'un commerçant, quand c'est possible, essaie de répondre dans la langue du client, que ce soit en France, ailleurs en Europe, au Québec...
Cette logique devient incontournable quand, comme au Québec, 80 % de la population est de langue maternelle française (les véritables anglophones ne représentent pas plus de 12 % de la population mais ce sont eux qui ont toujours imposé leur lois ; les autres 8 % sont des allophones qui, souvent, adoptent la langue de ceux qu'ils identifient comme les dominants du jeu politico-économique).
Les choses avaient commencé à changer grâce aux politiques intelligentes du Parti Québécois. Or, depuis 2003, le Québec a un gouvernement résolument fédéraliste, pro-anglais, qui se donne comme mission de prendre la défense des pauvres « défavorisés » (les banlieues riches de Westmount et du West Island, qui ne veulent absolument pas s'adapter à un Québec francophone et qui voudraient être rattachés au Canada anglais si le Québec devenait souverain. Le premier ministre actuel du Québec est un politicien qui a fait sa carrière au gouvernement du Canada ; il ne comprend rien à la culture québécoise, vit parmi les anglophones « défavorisés » de Westmount ; il est l'homme politique le plus impopulaire, le plus incompétent, que le Québec ait connu ; il n'obtient pas la confiance de 20 % des Québécois francophones).
Depuis 2003, donc, les anglophones se sentent autorisés à « oublier » de répondre en français à des Québécois francophones... Et ce n'est pas ce gouvernement paillasson qui rappellera aux fautifs qu'à défaut d'intelligence et de respect du client, il existe au Québec des lois qui protègent la langue et la culture de la majorité... N'oublions pas que le Québec francophone est vraiment très petit dans cette mer anglophone nord-américaine.

En effet, René Lévesque était un homme d'une intelligence supérieure. Il avait, en plus, une rare connaissance profonde des Québécois et il entretenaient avec eux une intelligence et une complicité que de nombreux hommes politiques aimeraient bien connaître un jour

Alcib a dit…

Merci, Soraya. J'inscris une bonne note à ton carnet ;o))
Bien sûr, tout cela pourrait être développé, nuancé... Ce n'était qu'un billet rédigé à la hâte un premier juillet, entre l'aménagement de voisins que je dois aider, du travail à rédiger pour des clients et de l'agacement devant toutes « célébrations » qui m'entourent.
J'ai indiqué ici un certain nombre de faits, vérifiables, qui disent simplement pourquoi je ne célébrerai pas le premier juillet, pourquoi il n'y aura pas de drapeaux rouge et blanc à ma fenêtre ; je n'ai pas eu la prétention d'écrire un ouvrage historique ni même un essai politique.
Si j'écrivais un article prétendûment objectif, il serait en effet approprié de faire état du point de vue fédéraliste, ce que j'aurais sans doute beaucoup de mal à faire car les pauvres fédéralistes, ils n'ont rien à dire. Sentant la soupe chaude depuis l'élection démocratique au Québec d'un gouvernement souverainiste en 1976, ils auraient bien voulu régler les injustices de la la constitution, sauf que les Canadians ne veulent pas reconnaître le Québec pour ce qu'il est.
La tentative d'amendement de la constitution, en 1982, s'est terminée par l'exclusion totale de la constitution ; le Québec n'a toujours pas adhéré à cette constitution.
Le seul argument des fédéralistes, c'est celui du statut quo, de la continuité, de l'unité.
Celui des Québécois, c'est celui de la volonté et du droit de se donner un pays, d'adopter ses propres lois, de gérer ses propres affaires et, surtout, de parler de sa propre voix sur la scène internationale. Si c'était le cas, par exemple, on entendrait davantage la position du Québec en faveur de l'environnement alors que le gouvernement canadien rejette l'accord de Kyoto. Si le Québec était souverain, on entendrait un peu moins de discours militaires et un peu plus de discours de paix ; un Québec souverain ne serait pas l'allié inconditionnel de G. W. Bush dans ses obsessions sécuritaires et ses « attaquons d'abord », on verra après si c'était justifié.
Lors de la dernière conférence internationale sur l'environnement, il y avait une autre potiche pour représenter le Canada ; cette potiche essayait de ne pas répondre aux questions pour ne pas révéler la position du Canada, contre les accords de Kyoto. Or, cette potiche était présidente de la conférence... Pendant ce temps-là, le suave ministre de l'Environnement du Québec aurait voulu exprimer la position favorable du Québec mais, en tant que participant sans droit de parole (le Canada anglais parle toujours au nom du Québec sur la scène internationale), le ministre québécois était condamné aux soliloques dans les couloirs.

Alcib a dit…

On répondra que, justement, le gouvernement du Canada a reconnu récemment la « nation » des Québécois. C'est vrai, sauf que cette reconnaissance était d'autant plus facile qu'elle ne signifie absolument rien ; concrètement, ça ned onne aucun droit, aucun pouvoir et, surtout, aucun privilège au Québec. Le Canada continuera d'imposer ses lois, ses politiques, ses programmes, même là où le Québec fait mieux déjà que le Canada, en matière d'environnement, par exemple, en matière de services de garde, en matière de délinquance jucénile, en matière de lutte contre la criminalité, etc.

Alcib a dit…

Vincent, la lutte doit se faire à deux niveaux.
Affirmation sur notre territoire d'abord. Même si le Québec devient souverain, il faudra continuer d'affirmer la culture et la langue, puisque le contexte géographico-socio-économique fait que nous serons toujours exposé à l'anglicisation.
Sur le plan politique, des relations avec le Canada. La volonté du Canada anglais a toujours été de fondre le Québec dans sa majorité, dans ses façons de faire. Ils se sont rendu compte que si les Québécois n'ont pas toujours l'air de savoir ce qu'ils veulent, ils savent ce dont ils ne veulent pas, et qu'ils sont persévérants.
Les institutions canadiennes essaient toujours de fondre celles du Québec dans les siennes, par l'imposition de programmes « nationaux » (lire ici : canadian), programmes qui, comme je le disais ci-dessus, ne correspondent pas toujours à la culture, aux valeurs des Québécois mais surtout, programmes qui souvent existent déjà au Québec et où le Québec réussit mieux que ce propose le Canada.
Les intentions fédérales ne sont pas toujours aussi diaboliques qu'elles l'ont souvent été mais, compte tenu de sa culture et de ses valeurs, le Québec est souvent empêché d'agir, de réussir, de rayonner, parce que les programmes canadiens ne correspondent pas à nos valeurs, à nos objectifs.
Sur le plan de délinquance juvénile, par exemple, le Québec a mis en place des mesures de prévention, d'éducation, de réinsertion, et ces programmes fonctionnent très bien. Or le gouvernement du Canada, qui favorise plutôt la répression et l'internement, impose ses lois et ses programmes. Voilà un seul exemple pratique qui, s'ajoutant à des dizaines d'autres, donne au Québec la volonté de décider seul de ce qui est bon pour lui.

Alcib a dit…

Soraya : Pierre Bourgault était un passionné, un flamboyant tribun, d'une intelligence extraordinaire aussi. Très tôt, il a conscaré sa vie à l'indépendance du Québec. Le mouvement qu'il avait fondé, le Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) a dû se dissoudre en 1968 lors de la fondation du Parti Québécois dirigé par René Lévesque, parti plus modéré que le RIN, et tous ses membres ont dû adhérer individuellement au nouveau parti.
Pierre Bourgault avait aussi une excellente compréhension des Québécois et une extraordinaire capacité de les enflammer et de les mobiliser. Mais il n'avait pas la patience et le sens pratique (raisonnable) de René Lévesque. Il y avait donc souvent des étincelles entre ces deux porte-flambeaux de la souveraineté du Québec. L'un était pressé, l'autre voulait respecter le rythme des Québécois.
Quant au commentaire de René Lévesque sur le général de Gaulle, c'était un réflexe normal du chef politique qui a sans doute été pris au dépourvu par une telle déclaration qu'il jugeait hâtive. Sur le plan stratégique, il aurait sans doute préféré que ce type d'appui du chef de la France vienne un peu plus tard...
Sur la forme et sur la stratégie, Pierre Bourgault et René Lévesque ne s'entendaient pas toujours, mais sur l'objectif à atteindre, la souveraineté du Québec, il n'y avait aucun désaccord.
Par tempérament, je suis plus près de René Lévesque que de Pierre Bourgault ; mais je trouve que la passion d'un Bourgault est souvent utile pour entretenir la flamme et, surtout, pour mobiliser dans des circonstances précises. Hélas, ces deux grands Québécois sont disparus, René Lévesque en 1987, Pierre Bourgault en 2003.

Beo a dit…

Très beau billet Alcib.

Le seul extrait que je ne connaissais pas est la chanson des Cow Boys Fringuants: superbe!

Elle traduit bien la situation, hélas...

Alcib a dit…

Merci, Béo ! Je dois résister à la tentation d'étoffer, d'allonger le billet avec d'autres éléments, plus de précisions, etc.

Je n'écoute pas les Cowboys fringants toute la journée, mais j'aime bien cette chanson.

Anonyme a dit…

J'ai tout lu moi aussi, avec beaucoup d'attention et de tension à l'intérieur de moi. C'est plus qu'un billet que tu as écris Alcib, c'est un cri du coeur qui me bouleverse profondément.
Pour ceux qui croient et espèrent, la fibre nationaliste est toujours vibrante et accessible.
merci de ton témoignage sur «Québec mort ou vivant!»

Alcib a dit…

Merci, Lux. Je suis content de ne pas écrire dans le désert.
Cri du coeur, oui, en effet. Mais il y aurait encore tant à dire, à écrire. Car certains pourraient lire tout cela et répliquer que tout cela c'est du passé. Mais tout ne s'arrête pas là, hélas. Il a bien fallu que je m'arrête d'écrire, moi, car ce billet aurait été sans fin. Il faudrait cependant que je poursuive en tenant compte des éévénements et des éléments plus récents. J'essaierai d'en trouver le temps...
Je suis bien conscient de la tension sucitée par ce sujet traité ici sans complaisance et sans la contrepartie « fédéraliste », comme le suggère plus haut Soraya ; mais c'était mon cri du coeur et non un article pour une encyclopédie.
Merci encore de ta présence et de ta fidélité.

Anonyme a dit…

Très beau billet Alcib . Le 1er juillet je ne fête jamais moi non plus , il n'y a pas de quoi fêter. Militant de la 1ère heure,je garde en mémoire tous les évènements dont tu fais mention dans ce billet. Je n'ai qu'un souhait et c'est que le Québec devienne notre pays avant que je ne meure. Merci .

Louis le gaspésien

Alcib a dit…

Merci, Louis le Gaspésien et bienvenue dans ces pages. C'est évidemment un souhait que je partage, pour le bénéfice de tous les Québécois, quelle que soit leur origine. Un pays se construit avec toutes ses forces vives. Il restera toujours quelques individualistes qui voudront d'abord emppocher tout ce qu'ils pourront, comme on l'a vu avec le scandale des commandites, des individus pour qui le « fédéralisme » sera toujours très rentable, mais le projet de pays du Québec et la persévérance dont sont capables les Québécois neutraliseront ces éléments récalcitrants.
Soyons vigilants, soyons déterminés, soyons convaincants.

william a dit…

Je viens de découvrir ton blog, et grâce a' ton article la, je comprends plus de choses.
Tu sais qu'on apprend rien sur l'histoire des français au québec, en histoire, en France, c'est consternant.
C'est pourtant une page de notre histoire.

Alcib a dit…

Bonjour William. D'abord, sois le bienvenue dans ces pages, puis au Québec. Je crois comprendre que tu es arrivé récemment au Québec en tant qu'étudiant à l'école des Hautes Études Commerciales (qu'un professeur que je connais, marié à une autre professeure, appelait en riant : l'école des Hautes Études Conjugales, car les mariages entre professeurs sont fréquents, semble-t-il).
Je ne connais pas les programmes d'Histoire que l'on enseigne en France, mais je me doute bien que le l'histoire du Québec ou plus exactement du Canada ne couvre que quelques lignes dans un manuel. On y parlera de Jacques-Cartier, de Champlain, de Maisonneuve, de Frontenac, avec une allusion à Voltaire, peut-être, qui ne voyait pas l'intérêt de ruiner la France pour défendre quelques arpents de neige... Le reste doit faire partie de la politique internationale plutôt que de l'Histoire.

On n'enseigne pas grand-chose en Histoire, ici non plus ; pas plus sur l'histoire du Canada, du Québec, que sur celle de la France. Durant des années, l'enseignement de l'Histoire n'était même plus obligatoire... Il y a un proverbe qui dit : « Quand on ne sait pas d'où l'on vient on ne sait pas où l'on va. » À mon avis, c'est aussi vrai pour les peuples que pour les individus.
Cela dit, je suis bien mal placé pour jeter la première pierre aux ignorants car je n'ai moi-même pas appris grand-chose à l'école, ni en Histoire, ni dans d'autres domaines. Ce que j'ai appris, je l'ai plutôt appris en autodidacte et, comme toute culture autodidacte, elle a d'immenses cratères...

Alcib a dit…

J'oubliais : tu dis, William, et avec raison, que notre histoire est une page de la vôtre. Pour la même raison inverse, je me suis longtemps permis de critiquer (mais d'abord d'aimer) la France, en me disant que son histoire était aussi la mienne et que j'avais aussi droit à ma part de l'héritage.