samedi 21 janvier 2006

Mais aimons-nous ceux que nous aimons ?

J'ouvre au hasard un livre pris au hasard dans ma bibliothèque, et je lis ces pages :

Quand un être nous répète qu'il a besoin de nous, alors que c'est nous surtout qui avons besoin de lui ; quand c'est lui seul qui nous soutient sur la vie : « Tu as besoin de moi, il faut donc que je vive » ; quand, du fond de notre incroyance, nous, qui n'avons jamais prié sérieusement pour nous, nous avons prié sérieusement pour lui ; quand nous lui avons dit les paroles incomparables, qui sont celles de la tendresse retenue, — mais quand, dans ce temps-là même, fort d'une expérience ancienne, nous songions : « Qu'en sera-t-il de cette âme et de ce visage dans dix ans ? dans cinq ans ? et l'aimerons-nous encore ? », nous nous demandons si tout amour n'est pas « cette ombre d'une ombre » qu'était l'amitié selon le tragique grec. À son cadet qui lui disait : « Pour toujours », un garçon de seize ans répondait avec une sagesse effrayante : « Pour le plus longtemps possible. » Est-ce que cet enfant de seize ans avait prononcé là le dernier mot de tout amour : pour le plus longtemps possible ? Nous n'aimons que des moments, et toutefois, en ayant conscience, c'est une conscience que nous devons surmonter, car il faut aimer. Il faut vivre dans cette illusion et cette clairvoyance : elles sont l'une et l'autre à l'honneur de l'homme, et les juxtaposer est encore à son honneur. Et il faut vivre, bien sûr, en nous souvenant toujours que nous aussi, pour les autres, nous ne sommes que des moments...(1)

Plus de vingt ans après avoir lu pour la première fois ce texte de Montherlant, quelques réflexions me viennent à l'esprit.
D'abord, celui qui fut mon Premier Grand Amour et qui me disait alors : « Tu as besoin de moi, il faut donc que je vive », vit dans une autre ville depuis plusieurs années déjà, mais je sais très bien qu'il n'hésiterait pas à répéter cette phrase, même si l'intensité avec laquelle elle serait prononcée ne serait plus la même. La conversation que nous avons eue ensemble il y a quelques semaines, le lendemain de Noël, plus précisément, dans un restaurant du centre-ville, me confirme dans cette certitude.
Je me souviens très bien, comme si c'était hier, d'un samedi matin de juin, peu de temps avant que je ne lise pour la première fois ce texte de Montherlant. Ce Premier Grand Amour est arrivé avec un disque qu'il voulait me faire écouter. J'ai préparé le petit déjeuner et nous l'avons écouté ensemble, religieusement... Je lui dois la découverte de ce pianiste qui, peu de temps auparavant, avait remporté le premier prix du concours de piano de Montréal avant d'être éliminé du concours Chopin de Varsovie. Son jeu n'avait pas plus au jury de Varsovie, mais juste après son éviction, la grande pianiste Martha Argerich avait déclaré : « Ivo Pogorelich est un génie ! » Cet événement médiatique et la déclaration d'Argerich propulsèrent au sommet de la gloire ce jeune pianiste croate et je ne manquai pas, dans les mois suivants, d'aller l'entendre à la Place des Arts de Montréal.
Outre l'interprétation personnelle de Pogorelich d'oeuvres de Beethoven et de Schumann, que je découvrais sur ce disque, ce qui me frappa en voyant la pochette, ce fut l'incroyable ressemblance entre cette image de Pogorelich et celle d'un ami dont nous avions ensemble fait la connaissance quelques mois plus tôt. Mêmes traits, même chevelure, même regard, même sourire, ... la ressemblance était si frappante qu'on aurait pu les prendre l'un pour l'autre, si ce n'était de la taille de Pogorelich, d'une stature plus imposante.
Je n'ai malheureusement pas de photographie de cet ami, mais ses traits, son expression, son sourire timide sont si bien imprégnés dans ma mémoire que je n'en ai pas besoin. Et ces traits, jamais ils ne changeront, ni dans ma mémoire, ni dans la vie, car cet ami, si jeune et si plein de promesses, est décédé quelques années plus tard de la terrible maladie à laquelle nous n'avons pas encore trouvé de vaccin...
« Qu'en sera-t-il de cette âme et de ce visage dans dix ans ? dans cinq ans ? et l'aimerons-nous encore ? », demande Montherlant. Pour André M., il en sera dans cinq ans, dans dix ans, dans vingt ans, si je vis encore, ce qu'il en a été depuis que j'ai fait sa connaissance et, oui, je puis l'affirmer, je l'aimerai encore.

(1) Montherlant, Mais aimons-nous ceux que nous aimons ?, Gallimard, Paris, 1973, 235 pages ; p. 210-212

6 commentaires:

Beo a dit…

Touchant! Et tellement troublant de tomber sur un visage si ressemblant hein?

J'avoue que ça ne m'est pas arrivé encore au point d'être troublée mais un peu étonnée parfois quand même. Comme quoi les combinaisons de chromosomes s'amusent bien.

Anonyme a dit…

C'est avec beaucoup d'étonnement ce matin que j'ai découvert sur votre page, coup sur coup, Marguerite et Ivo, deux personnages qui ont eu, chacun à leur façon, une importance certaine sur mon petit monde intérieur.

J'ai pour Marguerite une admiration et un respect qui ne font que grandir avec les années. Cette femme a des mots qui me touchent profondément, directement, une culture incroyable, une sensualité très présente, une intelligence remarquable. Elle est pour moi source d'inspiration en ce qui concerne vivre sa vie pleinement et dignement. J'ai eu le coup de foudre pour Marguerite il y a une quinzaine d'années (grâce à ma mère), lors de la lecture de son poème Les charités d'Alcippe. Connaissez-vous ? Si non, cela me fera réellement plaisir de vous le faire découvrir.

Ivo maintenant.... Vous m'avez fait plonger dans de biens anciens souvenirs. Lorsque je suis passée la première fois sur votre blog ce matin, il n'y avait que ce billet un peu épars, sur la musique, la Grèce et avec cette photo d'un album de Pogorelich sans lien évident avec le reste du texte. Je suis retourné vaquer à mes occupations du samedi matin mais en ayant en tête l'idée de revenir vous écrire pour vous dire que Pogorelich avait gagné un premier prix au concours de piano de Montréal au tout début de sa carrière, que jeune fille, j'avais une affiche de lui dans l'entrée de mon appartement, que je crois bien avoir quotidiennement, et pendant des mois, baiser ses lèvres de papier à chaque fois que je quittais l'appartement (j'ai honte d'avouer ceci), que j'étais complétement fascinée (voir groopie) devant sa beauté, son air mystérieux, son talent, que j'avais économisé, avec un enthousiame réel, pour acheter un billet au 2ième balcon (rangées de derrière qui étaient plus économiques) pour aller l'entendre, moi aussi, à la Place des Arts il y a de cela une vingtaine d'années !

Voila que je reviens pour vous écrire tout cela et que je vois que vous en avez déjà écrit une bonne partie pendant mon absence. Bizarre de sensation.... J'ai donc assité, fort probablement, au même concert que celui auquel vous faite référence, je ne me souviens plus très bien ce qu'il avait joué, de mémoire ce n'était pas un récital mais un concert avec l'Orchestre, un concerto de Tchaikovsky, de Chopin peut-être ? Vous souvenez-vous ? Ce que je me souviens très bien par contre c'est l'immense déception ressentie lors de ce concert, la fin brutale de mes rêves face à la réalité. Je suis loin d'être une experte, ayant une appréciation beaucoup plus intuitive qu'intellectuelle des interprétations musicales mais là... c'était le plat total, le vide. J'ai retiré le poster d'Ivo de mon entrée et j'ai l'habitude de dire que c'est à ce moment que j'ai quitté l'adolescence :) De plus, les gens qui l'avait accueilli lors de son séjour à Montréal pour ce concert m'avaient raconté qu'il était un peu hautain (à peine 30 ans à cette époque), voir désagréable et précieux. C'est souvent l'impression que donne les grands timides alors il faut se méfier mais il a tout de même perdu rapidement de ma sympathie. Il semblerait que son épouse décidait de tout et répondait pour lui (comme le pianiste dans les Uns et les autres...).

La même année (ou étais-ce la saison suivante?), je me souviens enore parfaitement par contre d'avoir assisté à un récital de Maurizio Pollini à la Place des Arts, au Parterre cewtte fois (j'étais invitée) où ce dernier nous a interprété les sonates pour piano de Beethoven (op 27 et 28). Contrairement à Ivo, j'avais été alors touchée en plein coeur et avais terminée la soirée le visage barbouillée, émue aux larmes. La fougue et la passion de Pollini avait rejoint celle de Beethoven.
Maintenant, plus de 20 ans plus tard, je n'ai plus qu'une veille cassette (que je ne peux plus écouter) de Pogorelich mais plusieurs CD de Pollini que j'écoute encore régulièrement. Pour Chopin au piano, mes préférences sont retournées vers Arthur Rubinstein (quitte à passer pour une veille romantique).

Physiquement aussi, je dois dire que j'ai beaucoup évolué et que le charme de Pollini (de l'époque et même d'aujourd'hui), que ce type d'homme, me séduit beaucoup plus que celui d'un Pogorelich: une beauté moins parfaite, plus humaine. C'est peut-être parceque je suis devenue une femme !

Quel long commentaire ! C'est un peu bizarre de partager ainsi ces vieux souvenirs. Merci de m'avoir donner l'occasion de les revivre.

Alcib a dit…

En effet, Béo, c'est assez troublant. Toutefois, je sais que l'ami André qui lui ressemblait tant, s'il vivait encore, ne ressemblerait pas du tout au Pogorelich d'aujourd'hui... Je suis sûr qu'il aurait conservé sa finesse, sa minceur, et que son expression aurait encore la grâce « italienne » qu'il avait.

Alcib a dit…

Merci, Cassioppée, de ce long et précieux commentaire, qui me touche énormément. Je vais tenter d'y répondre avec toute l'attention qu'il mérite. Je sens cependant la fatigue en cette fin de journée ; si je m'aperçois que la fatigue colore un peu trop mes propos, j'effacerai tout et je recommencerai à un autre moment. Peut-être aussi que le thé léger que je viens de préparer suffira à me remettre d'aplomb.
D'abord, je ne savais pas du tout moi-même, en me levant ce matin, que j'évoquerais aujourd'hui Ivo Pogorelich dans ce carnet. Comme je l'ai écrit dans le billet « ... ce pays étrange », c'est une musique accompagnant des images et des mots d'enfants qui a déclenché en moi une crise de larmes aussi inattendue qu'inexplicable. Je crois qu'il y a, d'une part, les lacunes en soi que viennent mettre en évidence certaines images, certains mots, certains témoignages ; puis il y a la musique, dont on ne peut pas toujours prévoir l'effet qu'elle aura sur nous, surtout quand on ne la choisit pas soi-même. Cette musique donc, qui me semble être du Beethoven mais que je ne peux pas identifier précisément, ni même associer à une écoute particulière, a dû évoquer une époque de ma vie à la fois riche, intense et... douloureuse... Il était encore tôt ce matin ; en fait, il faisait encore nuit ; j'ai été décontenancé et, après cette crise de larmes, que je ne pouvais expliquer, j'ai cherché quelque chose à quoi me raccrocher, « quelque chose qui ne soit pas contaminé », dirait Yourcenar. Étant dans l'impossiblilité de trouver le titre de la pièce musicale, après l'avoir laissé jouer en boucle durant de longues minutes, je me suis levé, j'ai marché dans l'appartement et j'ai pris sur un rayon le premier livre qui s'est présenté ; c'était « L'été grec », de Jacques Lacarrière ; en l'ouvrant au hasard, je suis tombé sur cette citation d'Empédocle. Elle parlait de larmes et de pays étrange ; elle était donc tout à fait pertinente à ma situation. Je l'ai retranscrite et j'ai essayé de comprendre le lien qui s'était fait en moi entre la musique entendue et cette citation. J'aurais sans doute pu écrire des pages sur ce sujet, mais je ne m'en sentais pas l'énergie ce matin et je voulais, pour moi-même, trouver une explication et terminer ce texte. J'ai vu la Grèce, pays mythique, imaginaire, un peu sur le même plan que le sont pour moi la langue, la littérature, la musique... et ce Beethoven présumé me ramenait à une époque où la musique classique constituait à elle seule mon univers musical et où celle de Beethoven m'inspirait tout particulièrement... Ayant écrit le billet, j'ai cherché une image qui pourrait l'illustrer ; j'en ai trouvé quelques-unes qui auraient bien convenu, mais qui étaient trop identifiées à une organisation, à une cause, etc. Puis j'ai retrouvé ces images de Pogorelich ; le nom de Beethoven sur la pochette m'a semblé convenir : c'est ce qui explique le choix de cette image pour ce billet.
Toutefois, j'avais réveillé des fantômes en touchant à Pogorelich... J'ai marché encore dans l'appartement, sans trop savoir ce qui m'agitait ; j'ai pris un autre livre au hasard ; c'était celui de Montherlant, que je n'avais pas rouvert depuis des années et, les premières phrases sur lesquelles je suis tombé sont celles que j'ai citées dans ce billet qui reprend le titre de Montherlant (qui emprunté à une phrase du philosophe Maurice Clavel, semble-t-il), « Mais aimons-nous ceux que nous aimons ? » Ces phrases ont rapidement évoqué pour moi plusieurs souvenirs qui peuvent avoir l'air disparates mais qui sont tout à fait liés dans ma mémoire affective : mon Premier Grand Amour, Pogorelich, et cet André presque jumeau, appartiennent à la même période de ma vie ; sauf que le Premier Grand Amour, lui, fait toujours, même à distance, partie de ma vie actuelle... Dans ce billet-ci, je n'avais pas le choix de mettre cette image de Pogorelich, puisqu'elle me hante depuis si longtemps. Mais consciemment, ces deux billets n'avaient pour moi aucun lien ; l'émotion qui les a fait naître est tout à fait différente dans chaque cas...
Nous avons probablement, en effet, assisté au même concert de Pogorelich à la Place des Arts car, si je me souviens bien, il n'y avait pas une série de concerts ; je ne me souviens plus de la date, ni du programme ; je pourrais peut-être les retrouver dans mes carnets (mais ils sont rangés à différents endroits de l'appartement et l'idée de devoir trouver le bon me décourage d'avance). Je ne garde pas non plus un souvenir extraordinaire de ce concert, sauf de l'enthousiasme qui m'y avait conduit et fait inviter une amie aussi amoureuse de Pogorelich que sans doute je l'étais sans me l'avouer... C'est vrai que ces premières images de sa gloire naissante étaient assez séduisantes ; on a voulu miser sur ce beau visage comme on l'a fait du scandale provoqué par son éviction du concours Chopin de Varsovie. Je n'ai jamais retrouvé ce disque dont on voit ici la pochette ; c'était alors un disque vinyle. J'ai acheté il y a une dizaine d'années, peut-être, un autre disque, avec de la musique de Mozart ; je ne l'ai pas écouté depuis trop longtemps pour en parler avec justesse...
J'avais pourtant essayé d'avoir une affiche représentant le jeune prodige, mais je n'ai jamais réussi à en avoir ; sauf que l'Orchestre symphonique de Montréal avait consenti à me donner deux très grandes affiches annonçant divers concerts, sur laquelle était esquissé le visage de Pogorelich en traits blancs ou gris sur fond bleu nuit. Pas d'image, donc, sur laquelle poser mes baisers... J'ai toutefois conservé un programme de la radio de Radio-canada, du temps où ces programmes étaient distribués dans les librairies, bibliothèques, etc. ; il présentait l'une des belles images de Pogorelich en noir et blanc... Que quelqu'un décide pour lui et réponde à sa place n'a rien d'étonnant ; souvent, ces interprètes on besoin de quelqu'un qui s'occupe de leurs affaires pendant qu'ils se concentrent sur leur art ; et ces cerbères font parfois du zèle... Il semble que le pianiste se consacre maintenant à l'enseignement, notamment en Californie où il aurait fondé sa propre école.
J'aime beaucoup Maurizio Pollini aussi. Puis Alfred Brendel, Kristian Zimmerman, Radu Lupu, selon les répertoires, et plusieurs autres dont le nom me revient pas à l'esprit en ce moment.


Quant à Marguerite Yourcenar, je n'ai pas tout lu ce qu'elle a publié, mais j'en ai tout de même lu une bonne partie. J'ai commencé par « Alexis ou le traité du vain combat », en 1979, je crois ; un ami m'avait parlé des « Mémoires d'Hadrien » mais quand j'ai voulu l'acheter, je n'ai trouvé qu'« Alexis... ». J'ai lu « Les Mémoires d'Hadrien » quelques mois plus tard ; puis ses traductions de negro spirituals, « Sous bénéfice d'inventaire », « Feux », la traduction des poèmes de Constantin Cavafy, puis « L'Oeuvre au noir », etc. Ses entretiens avec Mathieu Galey, « les Yeux ouverts », m'ont beaucoup inspiré... « Les charités d'Alcippe » ne sont encore pur moi qu'un titre, parmi ceux que je n'ai pas encore lus...

J'avais un peu, cee dernières années, perdu le fil qui me liait à un certain nombre dechoses que j'aimais : des livres, des musiques... Je me suis perdu de vue et j'en ai souffert. J'essaie, depuis quelques semaines, de renouer ce fil, ou tout au moins de retrouver la curiosité, le désir, le plaisir de la lecture, de l'écriture... J'ai l'impression d'avancer à tâton dans une grande maison que j'ai déjà habitée, où j'ai déjà été heureux, mais une maison qui a été désertée depuis quelques années, d'où la lumière et l'air frais sont absents depuis trop longtemps ; j'avance en repoussant les toiles d'araignées, en me demandant si j'aime encore ce que j'ai aimé, si j'aimerais retrouvé tous ces trésors... Et je me demande parfois si ces toiles d'araignées ne sont pas plutôt dans ma tête...

Merci encore de ce témoignage. Je crois comprendre que vous ne tenez pas vous-même de blogue, car à la suite du commentaire que vous m'aviez laissé il y a quelques jours, j'ai trouvé votre trace à quelques endroits, dans des blogues bien fréquentés et dans aucun desquels vous ne laissiez un lien vers vos propres pages. Vous devriez en tenir un, car il semble que vous ayez des souvenirs intéressants à partager... En attendant, vous êtes la bienvenue ici. Merci encore et bonne soirée.

Alcib a dit…

Je ne me suis pas relu pour ne pas être tenté de tout effacer...

Anonyme a dit…

"Mais aimons-nous ceux que nous aimons", dernier livre de Montherlant, est aussi son meilleur. Bien entendu, Gallimard a annoncé que sa commercialisation était terminée.
Ce livre, Montherlant en a tracé les dernières lignes quelques jours avant de se tuer. il en a d'ailleurs laissé deux versions qu'il n'a pas eu le temps de mixer. C'est Pierre Sipriot qui a été chargé de ce travail par Gallimard.
Quel dommage que l'oeuvre de Montherlant en soit resté là. Ce livre annonçait un nouveau ton, d'une liberté, d'un humour auxquels le grand écrivain ne nous avait pas habitué.
Peut-être que Gallimard se décidera un jour à respecter le contrat signé entre Montherlant et Claude Gallimard en 1971, et qui prévoit un cinquième volume de la Pléiade pour cet auteur. Avec un peu de chance, "Mais aimons-nous..." en fera partie.