Il y a quelques jours, après avoir lu la chronique du jour sur le blogue d'un confrère, j'ai laissé un commentaire sur la violence... Comme ce sujet ne m'a pas quitté depuis, je me permets de reprendre ici ce commentaire, avec l'intention de développer éventuellement mon idée sur ce sujet ; ayant le texte sous les yeux chaque fois que j'ouvrirai ce carnet, je serai plus enclin à lui donner une suite. Voici ce texte :
Je n'ai pas eu une enfance cultivée, nourrie de contes, qu'ils soient de Grimm ou d'autres. Je me souviens cependant des premières émissions de télévisions pour enfants qui, pour une bonne part, je le suppose, s'inspiraient des contes. Les scènes, qu'elles aient été jouées en direct par des acteurs ou présentées dans des dessins animées, exprimaient souvent de la violence, mais aussi de la tendresse, de l'amitié, de l'amour. J'avais six ans, sept ans, quand j'ai commencé à regarder ces émissions ; j'en ai peut-être fait quelques cauchemars, je ne m'en souviens plus, mais je ne crois pas avoir été traumatisé par ces représentations de la vie, dramatisées, transposées... Car il y avait habituellement une intention derrière ces histoires, on nous présentait une morale. C'était une façon de montrer aux enfants les multiples facettes de la vie, des lois de la nature comme des rapports entre les humains...
Car la vie elle-même est aussi faite de violence. Quand on a vécu dans la nature, à la campagne, on a vu un chat attraper une souris et la dévorer ; si ce n'est de la violence, qu'est-ce que c'est ? On a vu des chiens se battre pour protéger leur territoire ou pour se disputer les faveurs de la femelle. Cette violence existe et nous n'y pouvons rien. Quant à la violence des hommes envers la nature, envers les animaux et envers les autres hommes, elle pouvait se justifier quand l'homme n'avait pas d'autres moyens de se défendre ou de s'exprimer. Mais avec l'évolution des moeurs, le développement du langage, de la culture, de la capacité de représentation mentale, verbale, l'homme a appris à maîtriser les forces de la nature qu'il craignait auparavant, il a appris à rationaliser ses peurs, à les exprimer, à en faire des oeuvres d'art qui, à leur tour, peuvent être partagées avec d'autres humains, qui pourront alors saisir, interpréter ce que d'autres avant eux auront vécu et en tirer des leçons directement transposables dans leur vie. L'oeuvre d'art qui exprime cette violence empêche alors la nécessité de revivre directement chacun pour soi cette violence ; l'expérience des uns sert alors la sagesse des autres. Loin de moi l'idée d'encourager cette violence, ni même d'aimer toujours les oeuvres qui expriment la violence, même justifiée par l'oeuvre elle-même (je n'ai sans doute pas en moi cette violence qui a besoin d'être canalisée, exorcisée), mais on ne peut nier qu'elle existe et qu'elle doive s'exprimer d'une façon ou d'une autre. Le langage et l'expression artistique sont des moyens que l'homme a développés pour transcender la brutalité du quotidien. Plus que tout, je crois, et c'est là que nous avons du mal parfois dans le monde d'aujourd'hui, l'homme a besoin de donner un sens à ce qu'il vit. Cette quête du sens nous épuise souvent car nous ne savons pas toujours où le trouver ; il faut alors le créer en soi, pour soi ; et si cela peut aider mon voisin, tant mieux...
Je répondais surtout au commentaire laissé par un autre lecteur du blogue de Chaque homme dans sa nuit le 11 novembre dernier : http://chaquehomme.canalblog.com/
mercredi 16 novembre 2005
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