Je viens d'avoir sur MSN une conversation avec un ami lointain, conversation comme je n'en avais eu depuis longtemps, avec qui que ce soit, de près ou de loin... Je ne vais pas raconter ici, maintenant, mes points sensibles en amitié ; j'en parlerai un jour, probablement. Il y a quelques jours, j'écrivais dans mon profil que mes premiers amis ont d'abord été des livres et qu'il m'arrivait de regretter de ne pas leur avoir été plus fidèle ; j'ajoutais que j'avais tendance en ce moment à revenir à ces premières fidélités... Je suis sans doute un mauvais ami moi-même, souvent négligeant, cherchant d'abord à « faire provision de joie » avant de me présenter devant les autres... Il suffit donc d'un peu de silence de la part des autres pour que je m'imagine abandonné (je traîne cela de mon enfance et cela ne se change pas facilement). J'oublie trop facilement que les obligations qui m'empêchent de vivre sont souvent le lot de bien des personnes, proches ou éloignées, et que le silence des uns et des autres peut s'expliquer autant que le mien...
Pour aller prendre un verre avec l'ami en question, il faudrait d'abord de Montréal prendre l'avion jusqu'à Marseille, et de là, prendre un moyen de transport terrestre jusqu'à Aix-en-Provence ou, selon les allées et venues de l'ami, un peu plus loin, vers Manosque rendue célèbre par Jean Giono... Ça, c'est quand il n'est pas en Italie où, ces dernières années, il a passé pas mal de temps, à étudier, à faire des recherches, à aimer, à vivre...
Loin dans l'espace, mais en réalité aussi près qu'un frère que je n'aurais pas osé souhaiter... Il aura suffi ce soir de quelques mots échangés par ce service de messagerie électronique pour retrouver cet ami tel que je l'ai toujours connu : attentionné, sensible, comprenant tout à demi-mot... Me croyant l'être le plus seul au monde et ayant le besoin de me retrouver, de faire le point et, en quelque sorte, de réapprivoiser ma solitude en me retrouvant, je l'avais aussi enveloppé de mon silence ces dernières semaines, en me disant qu'il devait être très occupé. Et ce soir, j'ai bénéficié de la magie de l'amitié : il a suffi qu'il soit là, que nous échangions quelques mots pour que le courant circule et que nous retrouvions toutes nos complicités, comme si nous avions laissé en plan notre conversation ce matin... Ce Poète du Sud est un ange sur Terre. Et quand je pense au poète, je ne peux m'empêcher de penser à ces mots de Paul Éluard qui disait que le poète n'est pas tellement celui qui écrit que celui qui inspire. Éric est en effet une riche source d'inspiration, en terme d'idées, de culture générale, de connaissances artistiques, mais aussi en art de vivre : on ne saurait en sa présence avoir de pensée négative ; il suffit qu'il soit là, ou que l'on pense à lui, pour se mettre à aimer tout le monde et son voisin.
Éric, c'est le grand ou le petit frère, selon notre âge, le fils idéal, l'ami sans faille que chacun voudrait avoir. Et s'il avait un défaut, je crois que ce serait celui d'avoir du mal à dire « non », car pour lui tout être est digne d'attention et de soin ; il suffit qu'un besoin soit exprimé pour qu'Éric se sente investi d'un mission... Je sais, j'exagère un peu, mais à peine. Si j'avais à conseil à lui donner (il le sait d'avance), ce serait de lui rappeler ce précepte : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».
2 commentaires:
Tu es très chanceux parce que tu as un tel ami.
"Vivre sans amis, c'est mourir sans témoin."-George Herbert
Au-delà des nuages... : Je suis entièrement d'accord avec tes deux phrase.
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