Quiconque me connaît un peu, que ce soit personnellement, dans la vie réelle, ou en partie par l'intermédiaire d'Internet, connaît mon amour de la France. Que ce soit en France, au Québec ou ailleurs, quand on me demande d'où je viens, je réponds toujours en souriant : « je suis d'origine française, mais au Québec depuis au moins 1656 ». Québécois et fier de l'être, je ne renonce donc pas à l'histoire et à la culture qui ont façonné la vie et la culture de mes ancêtres et de ma famille. En somme, je revendique ma part d'héritage et, en digne héritier, je considère que je fais encore partie de la famille et à ce titre, je me permets parfois de critiquer ce que mes cousins font de leur part de l'héritage commun.
Entre les cousins hexagonaux et les Québécois, il y a parfois bien des affinités et bien des intérêts communs, mais il y a aussi des différences qui ne font parfois qu'alimenter la curiosité et l'intérêt des uns envers les autres et susciter souvent des taquineries sans méchanceté. De plus en plus, cependant, je me rends compte que ce qui reste le plus fort en moi, c'est l'attachement à la langue française, dont j'essaie de me faire, avec mes modestes moyens, l'un de ses irréductibles défenseurs.
La langue, c'est l'outil de communication par excellence et en cela, il importe que nous en partagions les codes et les conventions. Mais la langue, c'est aussi la littérature. Selon moi, la littérature est à la langue ce que la gastronomie est à l'alimentation. Si j'ai une alimentation relativement économique et frugale pour les besoins du corps, je m'autorise le plus souvent possible des repas gastronomiques quant il s'agit des nourritures de l'esprit. Je lis donc pour exercer mon intelligence, pour développer mes facultés intellectuelles, pour mieux comprendre le monde dans lequel je vis. Je lis aussi pour éprouver et reconnaître des émotions et très souvent pour le plaisir du texte, la jouissance de la langue...
Il y a un peu plus de deux ans, je crois, en lisant un essai de Michel del Castillo, Droit d'auteur, je suis tombé sur cette page qui m'a fortement ému. J'ai voulu retranscrire cet extrait et l'afficher bien à la vue dans mon espace de travail ; chaque fois que je le relis, c'est avec la même émotion et les larmes aux yeux :
« J’aime ce pays, la France, de l’amour des humbles, de ceux qui ont dû jouer des coudes pour approcher de la table. Mon couvert n’y était pas mis, je ne figurais pas sur la liste des invités. Je continue de regarder la vaisselle magnifique, la nappe somptueuse, tout ce faste d’une langue imposante, avec les yeux de l’orphelin. Peut-être sommes-nous, étrangers et métèques, les derniers à vouer au français le grand amour de nos illusions, une passion d’affamés de justice et de liberté. Nous avons cru aux mots que cette langue a su inventer, nous nous sommes chauffés à cette flamme, nous nous sommes consolés et bercés dans sa musique. La réalité ne correspond pas à cette illusion ? Nous continuons de croire, contre la réalité, à cette chimère langagière. » (Michel del Castillo)
mercredi 16 novembre 2005
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