lundi 9 janvier 2006
Le pouvoir des livres
J'ai toujours regardé avec de grands yeux avides les vitrines et les étalages des libraires, les rayons des bibliothèques... Mais j'ai toujours été fasciné aussi par les intérieurs où l'on pouvait, en passant devant les fenêtres éclairées de certaines maisons ou de certains appartements, voir des rangées de livres... J'ai toutefois renoncé au désir longtemps nourri d'avoir un jour une bibliothèque personnelle digne de ce nom... Le manque de temps, le surplus de travail et l'omniprésence d'Internet m'ont fait prendre avec les livres une distance qui n'a rien de salutaire. Je rêve toutefois d'avoir un peu plus de temps, un peu plus d'argent, un peu plus d'espace qui, il me semble, favoriseraient un nouvel amour de la lecture...
En France, on a commémoré hier, 8 janvier, le dixième anniversaire de la mort de François Mitterrand. Il ne m'appartient pas de faire le bilan de ses deux mandats à la Présidence ; d'autres s'en chargeront. J'admirais la sensibilité, la culture de cet homme, son immense amour de la langue, qu'il maîtrisait parfaitement, sa passion de la littérature et son immense respect des livres. Il faut remonter à Pompidou puis à de Gaulle pour trouver d'autres présidents français qui ont eu cet amour de la langue et de la chose écrite.
Je n'oublie pas l'un de ces précieux monuments que François Mitterrand aura laissés à la culture française : sa fameuse biblothèque. Je n'ai pas encore eu l'occasion de la visiter (le métro de Montréal ne s'y rend pas encore) ; la seule fois où je m'en suis approché évoque pour moi un mauvais souvenir, qui n'a cependant rien à voir avec la bibliothèque elle-même ; mais ça, c'est une autre histoire...
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10 commentaires:
Je ne pensai pas que la Tontonmania atteignait même le Canada. C'est dingue de voir que 10ans apres sa mort Mitterand soit toujours aussi présent dans le coeur et les esprits des francais. Il a d'ailleurs été élu dans un récent sondage Président de la Veme republique préféré des francais (devant De Gaulle et Chirac....)
Je reprend juste une de tes phrases qui m'a fait rire :
"Il faut remonter à Pompidou puis à de Gaulle pour trouver d'autres présidents français qui ont eu cet amour de la langue et de la chose écrite."
Il n'y a eu que Giscard comme président entre ces deux derniers et Miterrand ! Pas très gentil pour lui ca ! ;-)
Oui, Timy21 ; tu as raison... Je me rends compte que j'ai oublié de mentionner Giscard (alors que j'avais l'intention de le faire). Mais je ne changerais pas ce que j'ai écrit ; j'ajouterais simplement que si son amour de Maupassant était aussi connu que son snobisme royal, Giscard abusait du « par contre », par exemple. Même s'il savait accorder à l'occasion un imparfait du subjonctif, je ne le retiens pas comme un modèle à suivre...
Et dans ces présidents, je comptais Chirac, bien entendu, dont on n'a jamais su s'il aimait (savait) lire...
Petit détail : Je ne sais pas si la « Tontonmanie » ateint le Canada ; ça m'étonnerait, car le Canada est plutôt anglophone et attaché aux chapeaux de la reine d'Angleterrre. Au Québec, cependant, qui a toujours maintenu avec la France des relations privilégiées et qui s'est fait, depuis 1760 au moins, le défenseur de la langue française en Amérique, la vie française, tant politique que culturelle, ne nous est pas indifférente.
j'ai déjà eu l'occasion de m'approcher de la BNF (bon d'accord j'arrête de m'la raconter, c'est la bibliothèque François Mitterand) et elle est moins belle qu'elle n'y parait étant donné qu'il y ont installé à chaque vitre des panneaux protégeant les livres des méchants rayons lumineux du soleil... et tout ca, ca donne quelque chose d'esthétiquement moche... dommage....
Many, ne crois-tu pas que ces panneaux ont été installés avec une autre intention ? Celle d'obliger les voyeurs à venir la regarder de l'intérieur, espérant secrètement qu'une fois à l'intérieur, les barbares auront d'envie d'ouvrir un livre et qu'ils seront ainsi piégés à vie : ils deviendont des lecteurs invétérés. Et qui y gagnera ? l'intelligence, la culture, la civilisation :o)))
la bibliothèque ou du moins le choix du projet ce n'est franchement pas la plus grande réussite.
Une grande dalle bien glissante et soumise à tous les vents. J'ai du un jour la franchir en partie à quatre pates.
Et puis franchement elle n'est pas belle, sauf en rentrant dans Paris la nuit par la rive droite et en la voyant de l'autre côté de la Seine.
A propos de Mitterand j'ai pris une bonne rage l'autre jour en entendant l'ineffable J d'Ormesson (dont je ne suis jamais arrivée à lire un livre) nier son sincère amour des livres et à plus forte raison son goût. Le plus beau était le reproche d'avoir aimé Chardone, "cet homme de droite"
Ce lien qui éclaire de façon inattendue (pour moi en tout cas) la passion bibliophile de Monsieur Mitterrand: http://livres.lexpress.fr/dossiers.asp/idC=11007/idR=4/idG= (je ne vous en voudrai pas si vous ne le mettez pas en ligne)
Salut Alcib,
J'ai habité 6 mois rue de Tolbiac juste au dessus de la bibliothèque du pharaon.
Je rejoins les commentaires précédents.
Ce batiment est mégalomaniaque, soumis aux vents, froid, pas ouvert sur la ville.
Seul le jardin (clos) ajoute un peu d'âme dans ce désert urbain.
L'intérieur est pas mal, sans plus.
Pour des raisons de sécurité, c'est presque impossible de se connecter à Internet et il y a plus de vigiles que de lecteurs.
Dommage. Ils peuvent quand même la faire évoluer: Bientôt une piscine sur la seine en face.
Je vous remercie de ces commentaires. Oui, j'ai lu et entendu des critiques assez sévères au sujet de la bibliothèque, difficile d'accès, rébarbative, à la fois par son aménagement extérieur, assez imposant et froid, et du fait qu'elle soit exposée aux vents, etc. Mais, du moins sur papier et sur maquette, le projet me paraissait superbe. J'aime bien ces quatre grands livres ouverts sur un jardin... Je suppose qu'avec le temps on corrigera les aspects assez désagréables pour la rendre plus abordable, plus invitante. Mais n'est-ce pas aussi le lot de bien de grands projets, de ne pas plaire dès le départ, surtout dans une ville comme Paris où l'histoire a laissé sa marque, où l'architecture est déjà si riche et depuis si longtemps... La construction de Beaubourg-Pompidou a été très critiquée aussi, puis l'Arche de la Défense, puis la Pyramide du Louvre, le jardin de La Villette, etc...
Brigetoun, il faudra que je j'emprunte ce trajet la nuit pour pouvoir apprécier (j'ai refusé de le faire il y a quatre ans, mais pas à cause de la bibliothèque ; j'y reviendrai).
C'est vrai que Jean d'ormesson peut être assez déroutant, énervant, parfois. Mais comment lui, homme de droite, peut-il accuser Mitterand d'aimer un écrivain « de droite » ? Cette ouverture, cet éclectisme, sont des signes d'intelligence, il me semble ; s'il fallait n'aimer que dans sa famille immédiate, il y a longtemps que nous serions tous tarés. Je me considère pluôt de gauche que de droite, et pourtant je lis plusieurs écrivains qui sont sûrement identifiés comme des hommes de droite ; ça ne veut pas dire que j'adhère à toutes leurs idées et à toutes leurs valeurs. J'ai des amis que je dirais de droite ; avec eux, j'ai compris : j'évite le plus possible de parler de politique ; quoique, récemment, j'ai dîné chez eux et nous étions d'accord sur la façon dont il fallait voter aux élections la semaine prochaine...
Jean d'Ormesson lui-même n'a-t-il pas fréquenté le communiste Aragon ? C'est vrai que, comme communiste, on a vu plus cohérent qu'Aragon.
Chacun assume ses contradictions. Chateaubriand ne disait-il pas « je suis bourbonien par honneur, monarchiste par raison, républicain par goût et par caractère » ?
Vous n'avez aimé aucun des romans de Jean d'Ormesson ? J'avais tellement aimé, il y a longtemps, la série télévisée « Au Plaisir de Dieu » que j'ai dû lire le roman au moins quatre ou cinq fois depuis... Le personnage d'Ormesson m'agace parfois aussi et je crois bien qu'il aime jouer de la provocation aussi, même dans ses livres ; il a le défaut de ceux qui ont eu tout cuit dans le bec et qui s'impatiente de l'indigence de ses camarades... Mais j'aime son style et son intelligence...
je remonte dans le temps et tombe sur cette réponse de vous Alcib.
C'est bien parcequ'il est un homme de droite (Ormesson) que se critique était grotesque. Je n'aime pas son style et puis, avec la particule en moins, il est tellement proche de mon milieu natal ..
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