mercredi 4 juillet 2007

Voix masculines

Qui n'a jamais éprouvé de frisson, de bonheur ou d'horreur, en entendant une voix ? Qui n'a jamais été séduit par la voix grave d'un chanteur comme Leonard Cohen, par exemple ? Si vous n'avez jamais entendu cette voix grave, zen dans sa « mâlitude », il faut au moins une fois dans votre vie accorder ce plaisir à votre oreille. Mais attention ! ce n'est pas sans conséquence : cette voix s'infiltre dans votre âme et l'envoûtement croît avec l'usage.

Leonard Cohen poète, écrivain, auteur-compositeur-interprète

Dans son billet d'hier, Vincent de Nantes disait son affection pour une chanson de Leonard Cohen, Dance me to the end of love ; je vous invite à aller l'entendre chez Vincent à l'Ouest. Commencez par celle-là...

J'écoute ce chanteur depuis de nombreuses années déjà et le fait que Vincent nous offre hier cette chanson m'a fait la réécouter de nombreuses fois et m'a donné envie de vous en présenter quelques autres que j'aime beaucoup (et je ne prétends pas les connaître toutes). Ses chansons sont reprises depuis longtemps par d'autres interprètes, notamment par Rufus Wainwright, Madeleine Peyroux.

Leonard Cohen est une vedette internationale. Il a vécu en Europe, a habité l'île d'Hydra, île sans voiture, en Grèce, durant sept ans, avant que ces îles soient devenues vraiment à la mode. Il a eu des appartements à Paris, à New York, a vécu dans un monastère en Californie, en est ressorti, a vécu depuis à Los Angeles, mais il a toujours conservé à Montréal, où il est né (« Nous naissons, [...] provisoirement, quelque part... », écrivait Rilke), une maison dans le quartier portugais, pas très loin de chez moi, et il y vivrait en ce moment, semble-t-il. Je l'ai plusieurs fois croisé dans la rue, mais pas récemment.

Si l'on veut l'entendre parler de sa vocation d'écrivain, on pourra regarder cet enregistrement vidéo fait en Norvège ; l'entretien est en anglais, avec les sous-titres en norvégien, je suppose (Hervé pourra le confirmer). Au sujet de l'écrivain, il y dit notamment qu'on n'est pas écrivain à moins qu'on y travaille, que la notion de travail est essentielle car, dit-il, le travail, c'est le lieu où l'on place le respect de soi, où l'on peut affirmer sa personnalité, et c'est aussi un moyen de gagner sa vie ; ces trois éléments font l'écrivain. Il y interprète également sa chanson I am your man.

L'une de ses chansons fétiches, inspirée par l'ancienne femme du sculpteur québécois Armand Vaillancourt, est sans doute celle à laquelle on pense le plus spontanément si l'on évoque Leonard Cohen. Cette interprétation nous permet de voir et d'entendre l'interprète alors qu'il était plus jeune et qu'il n'avait pas encore la voix grave qui fait son charme ; voici Suzanne.

Parmi mes chansons préférées, il y a celle-ci, plus rythmée, Closing time.

Si j'aime les voix graves, viriles, comme celle de Leonard Cohen, je suis aussi séduit par les voix masculines qui sont plus légères, plus fragiles, qui révèlent davantage les dimensions féminines de la sensibilité, de la personnalité. Je parlais l'autre jour d'une voix comme celle d'Yves Simon, par exemple. Pour rester dans les chanteurs qui sont nés à Montréal, chanteurs anglophones, même s'ils chantent parfois en français, je reconnais être séduit par certaines chansons de Rufus Wainwright. Le garçon est tombé dans la musique dès son enfance puisque tous les membres de sa famille faisaient et font de la musique. Il a du talent, il a une personnalité, il est séduisant et le fait qu'il assume ouvertement son orientation sexuelle fait de lui une icône qui, pour une bonne partie de son public, ajoute à son charme. Selon sa biographie, Rufus serait, paraît-il, par sa lignée paternelle, un descendant direct de cet homme :

Pieter Stuyvesant, ca 1660

Si mon ancêtre ressemblait à ce portrait, je crois que j'aurais envie aussi de vivre pleinement ma jeunesse comme semble le faire Rufus Wainwright.

Je n'écouterais pas ses disques durant des heures, mais je le verrais en spectacle avec plaisir (ce qui ne m'est pas encore arrivé). Il y a cependant l'une de ses chansons qu'à certains moments j'écoute en boucle ; elle porte le titre de « Greek song », mais je ne sais pourquoi. Elle a pour moi, dans ses arrangements, des accents de musique chinoise qui me plaisent beaucoup (il m'arrivait souvent d'écouter dans le métro de Montréal quelqu'un qui jouait de la musique chinoise et cette chanson de Rufus Wainwright me la rappelle). Voici un enregistrement vidéo de Greek song.


En complément de programme, tout en restant dans les voix masculines, je vous invite à faire un saut chez Fibula qui nous présente de la musique tunisienne, que j'adore. C'est ici.

Ajout du 7 juillet 2007 : Je voulais mentionner, et je l'ai oublié, qu'une chanson de Rufus Wainwright accompagnait le générique du film Brokeback Mountain ; cela m'avait supris et touché quand j'ai reconnu la voix de Rufus à la fin de ce film. Et en même temps, j'avais été choqué de voir les spectateurs se lever et quitter la salle durant le générique. Quand un film me touche, je n'ai surtout pas envie de partir en courant ; au contraire, j'aurais envie de rester là et que le film ou la musique, ou quelque chose, continue... Voici cette chanson :


21 commentaires:

Walter W. Malldwight a dit…

Mhmm, au moment où tu as parlé de "Dance me to the end of love", j'ai pensé à l'interprétation de Madeleine Peyroux ! ^^ Par contre, pour Rufus, je savais pas.

Pas très intéressant, je sais.

Alcib a dit…

Walter, merci du commentaire et bienvenue dans ces pages.
Il y a deux jours, je ne connaissais pas du tout Madeleine Peyroux ; c'est Vincent, de Nantes, qui me l'a présentée. Et j'ai apprécié la coïncidence, hier soir, en parcourant la page sur Wikipédia consacrée à Leonard Cohen, d'y lire le nom de la chanteuse.
En cherchant « Greek song » sur YouTube, j'ai constaté que Rufus Wainwright (qui doit être aussi l'un de tes cousins) avait enregistré plus d'une chanson de Leonard Cohen, comme bien des interprètes francophones ont enregistré des chansons de Leclerc, de Vigneault, de Ferré, de Brel...

Anonyme a dit…

C'est amusant que tu évoques Greek Song de Rufus Wainwright, Alcib, car c'est par cette chanson que j'ai connu cet artiste que j'apprends à découvrir et à apprécier depuis quelques temps.
En fait, Greek Song a été reprise par le groupe Manhattan Transfer, dont je suis fan, sur son dernier ou un de ses derniers albums. En cherchant les paroles sur internet parce que je ne comprenais pas tout, j'ai vu qu'elle était d'un certain Rufus W. dont j'ignorais l'existence. Du coup, j'ai cherché à en savoir plus sur lui et j'ai découvert le garçon et son oeuvre. Et il est sacrément doué.

Anonyme a dit…

J'ai oublié de dire que j'ai longtemps écouté Greek Song en boucle, comme je le fais chaque fois que je suis emballé par quelque chose. Seulement je trouve que le titre est mal choisi, la mélodie n'ayant pas grand chose de grec. Plutôt asiatique, en effet.

Lætitia Le Clech a dit…

Merci pour le lien sur mon blog ! J'apprécie beaucoup, beaucoup, beaucoup, Léonard Cohen, et Dance me to the End of Love est l'une de mes préférées, avec tout l'album New Skin for the Old Ceremony.
Rufus Wainwright, je le verrai en spectacle le 31 août prochain (mon cadeau de fête), et j'ai bien hâte car en plus, nous serons assises au deuxième rang en plein milieu. La grande classe...

Beo a dit…

Tiens tiens, moi aussi je m'intéresse à Rufus sont j'ai trouvé que 2 chansons sur radioblog.

Merci pour Youtube dont je ferai le tour pour apprivoiser l'homme! ;)

J'ignore Fibula où tu iras le voir mais je crois savoir qu'il donne des concerts en Suisse prochainement.

Par contre pour Cohen... j'ai du chemin à faire parce que quand je suis fatiguée: je mélange tout!

La preuve; j'ai acheté un CD de Paolo Conte pensant à Cohen... pfft!

Alcib a dit…

Merci, Vincent. Je ne connais pas l'histoire de la composition de « Greek song » ; peut-être que Rufus Wainwright l'a composée sur une île grecque ; Mykonos, peut-être, l'île gay par ecellence, ou encore Hydra, où il serait allé dans les pas de Leonard Cohen...

Fibula, si jamais tu n'avais encore personne pour t'accompagner au concert de Rufus, le 31 août, je veux bien me sacrifier ;o) Ce sera mon anniversaires quelques jours plus tôt ;o))

Alcib a dit…

Je constate que les fichiers YouTube sont parfois lourds à télécharger et le son est souvent interrompu durant le téléchargement. Pour éviter cet effet désagréable de la chanson en tanches de saucissons, je télécharge le fichier et je coupe le son. Quand la chanson est terminée, je clique sur « play again » pour entendre et voir correctement la vidéo. C'était mon truc du jour ; s'il vous est utile, prière d'envoyer vos dons à... Alcib, Montréal ;o))

Lætitia Le Clech a dit…

Béo : Je vais voir Rufus à Montréal, en supplémentaire, à la salle Wilfrid Pelletier.
Alcib, désolée je serai accompagnée par mon amie qui m'a offert la place...

Alcib a dit…

Béo, j'ai quelques chansons de Rufus mais je n'arrivais pas à trouver « Greek song » en fichier que je pouvais mettre sur le blogue ; puis j'ai eu l'idée brillante de vérifier sur YouTube et j'ai trouvé, avec pas mal d'autres choses ;o)

J'aime bien Paolo Conte, mais c'est autre chose.

Une autre chanson que j'écoute en boucle parfois (la perruche adore, quand elle est en forme ;o), c'est une chanson italienne, calabraise peut-être, interprétée par Gigione, « Zi Nicola... ». Je ne la trouve ni sur Radioblog ni sur YouTube. Si vous voulez entendre quelque chose de Gigione, il y a par exemple « Padre Pio » ou « Caro papa » ; il ne faut pas trol faire attention aux paroles ni aux images, mais la musique très populaire permet à mon côté aristo décadent de s'encanailler ;o)

Alcib a dit…

J'ai finalement trouvé sur YouTube un enregistrement de « Zi Nicola », mais le son est mauvais, il s'agit d'un réenregistrement maison de la version originale jouée sur ordnateur ; http://www.youtube.com/watch?v=MKF43ilNETM

Un amateur se donne en spectacle sur la chanson de Gigione... Ah, ces jeunes, ils n'ont pas toujours le sens du ridicule ;o))

Néanmoins, j'aurais parfois envie de faire comme lui, mais le seul témoin que je tolère (et surtout pas de caméra), c'est la perruche ;o))

Alcib a dit…

Fibula, je plaisantais, bien sûr ;o)

Beo a dit…

J'ai bien reçu ton mail Alcib: j'écouterai demain car c'est ma période zappingnage sur les télés via le Web.

N'empêche que Rufus viens donner un ou plusieurs concerts en Suisse et peut-être aussi ailleurs en Europe: je tenais à le souligner. ;)

Les oiseaux ont des goûts musicaux très précis hein?

Ce que je peut m'ennuyer de nos inséparables... heureusement y a tout plein d'oiseaux à l'extérieur.

Walter W. Malldwight a dit…

@ Alcib : autre solution pour que le son ou l'image ne coupent pas pendant qu'une vidéo charge : cliquer sur 'play', et immédiatement après sur 'pause' et attendre que la fin du chargement. Puis rappuyer sur 'play' ! ^^

Alcib a dit…

Walter, cette solution est plus simple encore ; je devrai donc te donner 60 % des dons que je recevrai pour ma suggestion ;o)

Anonyme a dit…

Bon, désolé de piétiner vos illusions les garçons, mais ces trucs, TOUT LE MONDE LES CONNAIT ;-)

Sans rancune ?

Anonyme a dit…

Alcib, chez moi le portrait (je suppose que c'en est un) de Stuyvesant ne s'affiche pas.

Alcib a dit…

Vincent, je me doutais bien que ce n'est pas avec toi que je ferais de l'argent ;o)

Tu as raison : le portrait ne s'affiche plus chez moi non plus, mais je croyais que c'était parce que ma mémoire vive était encombrée et que l'image réapparaîtrait après le redémarrage de l'ordinateur. Je vais essayer de la remettre. Merci d'avoir signalé le problème.

Alcib a dit…

Il se peut aussi que cet homme d'une autre époque ne soit pas content que j'aie mis là son portrait et qu'il ait demandé à son fantôme de me rendre la vie difficile. J'avais sans doute raison de ne pas le trouver rassurant. C'est peut-être aussi de son descendant Rufus dont il n'est pas content ; la vie sexuelle du jeune homme actuel doit le déranger ;o)

Anonyme a dit…

Bah, on ne sait pas ce qu'il faisait, cet homme. Si ça se trouve... J'aurais bien fait une remarque bien grasse, mais ce n'est pas le ton ici et je tiens à ma (fausse) réputation d'homme bien élevé.
En tout cas, il avait un nez à piquer des gauffrettes, comme on dit ici (ça se dit au Québec ?)

Alcib a dit…

Un nez à piquer des gaufrettes ? c'est joli ! Non, je ne connaissais pas cette expression.
Je dirais qu'il a presque un nez de démolisseur ou de fracasseur de crânes ;o)