Quand je pense au temps perdu et aux frustrations qui accompagnent la plupart du temps la mise en page de textes et d'images dans ce blogue, je me dis souvent que je serais aussi bien d'oublier tout cela et de revenir à ce que j'aime vraiment, aux véritables objets d'écriture... Indépendamment de la satisfaction ou de la frustration au sujet du texte, de son sens et de sa forme, la plume et le stylo procurent à celui qui écrit un plaisir supplémentaire qui s'apparente à la volupté. La sensation du stylo dans la main, variable selon la taille et le matériau de l'objet, le frottement du revers de la main sur le papier, le léger bruit du glissement de la plume sur la feuille, l'odeur de l'encre, la forme des lettres, le mouvement de la graphie, le contraste de l'encre et du papier, la composition de la page, etc. ; ce sont là des plaisirs qui se font de plus en plus rares, un raffinement que déjà un bon nombre de nos contemporains, parmi les plus jeunes, ne connaissent pas et dont ils ne soupçonnent même pas l'existence.
En plus des stylos à bille que je collectionne souvent malgré moi (car il faut souvent en remplacer certains, pour une raison ou pour une autre), je possède déjà quelques stylos à réservoir que j'utilise de plus en plus rarement, hélas. Ces dernières années, par souci d'efficacité et par paresse, j'ai négligé l'écriture manuscrite au profit du traitement de texte. Car il faut pour écrire, non seulement du temps et du silence, mais il faut aussi un peu de paix en soi et toute une organisation matérielle. Qu'il s'agisse d'écrire deux lignes à un collègue, une page de nouvelles à un ami lointain ou un chapitre de roman, l'ordinateur n'occupe toujours sur le bureau que le même espace. Alors que si l'on veut écrire à la plume, il faut avoir sous la main le papier adéquat, l'espace devant soi pour l'étendre ; il faut avoir le stylo et la bouteille d'encre qui lui convienne, etc. Écrire à la plume est en soi un bonheur et, comme tout bonheur, il demande du temps, de la présence attentive qui se traduise dans l'organisation de l'espace et des objets autour de soi. Dans ce monde fou qui nous impose un rythme effréné, il faut savoir s'arrêter et prendre le temps... En ce qui me concerne, ce n'est pas encore gagné... Néanmoins, le goût me vient souvent de retrouver ces objets d'écriture, symboles d'un luxe inouï, celui du temps libre et du bonheur de vivre.
Je présente ici quelques objets, qui ne sont pas encore les miens, mais que j'accepterai avec joie si quelqu'un veut me les offrir :
Le Meisterstück, de Montblanc, est une icône ; la reine d'Angleterre, le pape, un très grand nombre d'écrivains, l'utilisent quotidiennement. J'ai même lu quelque part qu'un écrivain français dont j'oublie le nom, n'écrit ses romans qu'avec ce stylo et chaque fois qu'il en commence un nouveau, il prend un stylo neuf ; dès qu'il a terminé un roman, il jette le stylo. J'ai failli m'en acheter un à Paris, il y a quelques années ; puis j'ai décidé d'attendre, me disant qu'il n'était pas plus cher à Montréal qu'à Paris ; j'attends encore. Ce que j'aime de ce stylo, c'est sa taille, celle d'un gros cigare ; évidemment, je veux aussi la plume à pointe large (puisque j'écris gros).
En ce moment, j'ai un Parker, un Pelikan, un Dupont ; je trouve que ce Caran d'Ache est assez beau :
Certains stylos se vendent aussi cher qu'une Ferrari. Je n'en demande pas tant : je me contenterais d'une Porsche... Le Meisterstück que je veux ne coûte qu'environ 700 $, compte tenu de la valeur actuelle du dollar.
6 commentaires:
Comme j'ai eu la chance de faire des études longues, j'ai beaucoup lu, et beaucoup écrit. J'aimais beaucoup écrire avec un beau stylo plume, moi aussi.
Et puis j'ai acheté un ordinateur. Aujourd'hui, je n'écris presque plus à la main.
Et ça me fait de la peine de voir que mon écriture semble se raccornir.
ça me fait très plaisir de découvrir au hasard de mes lectures cette photo d'une plume Caran d'Ache: j'étais très fière d'y travailler pendant quelques années comme secrétaire et je suis toujours la destinée de cette PME avec beaucoup d'intérêt.
Tu dis sur les plaisirs de l'écriture des choses très justes. J'avais presque oublié d'ailleurs le terme de stylo "à réservoir". On disait aussi "à pompe" (avant l'invention des cartouches...)
J'ai eu quelques beaux stylos dans ma vie, avant celui qui est l'objet de la note qui t'a amené à citer celle-ci (tu me suis ?) Je dis cela comme je dirais "j'ai eu quelques beaux amours" (ce qui est vrai aussi, par chance).
Tu as raison..Quand on veut écrire quelque chose,il passe beaucoup du temps jusqu'on réussit d'écrire quelques mots..
Avant quelques minutes j'ai voulu de faire /résoudre mes devoirs pour école.Mon professeur de français m'a donné quelques devoirs..et comme j'ai été malade toute la vacance,je n'ai pu pas les finir.Et,aujourd'hui j'ai commencé..mais je n'avais pas des idées..
Je sais..Il n'est pas facile d'écrire des articles..
Au-delà des nuages... : Et au lieu de faire tes devoirs tu lis le blogue d'Alcib ;o)
Alexander écrivait toujours à l'encre avec son stylo Montblanc, sauf quand il écrivait des livres : alors il écrivait au crayon...
Oui..Je lis ton blogue..Parce qu'il est beau et parce que je vais commencer l'école en quelques jours..et je ne pourrais plus lire "le blogue d'Alcib"
Alors je serai un peu triste..parce que je m'est accoutumée de lire ton blogue..et de parler avec toi..
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