Il y a des êtres qui, sans le savoir, et surtout sans le vouloir, ont le don de vous réconcilier avec l'humanité, avec la douceur des choses... Il y a quelque temps déjà, j'ai commencé à rédiger un billet, assez long, que je n'ai pas encore terminé ; j'y reviendrai. Dans ce billet, je voulais parler de ce jeune jeune homme, probablement inconnu au Québec, sauf des téléspectateurs de TV5, mais dont la popularité semble s'affirmer en France. Il s'agit de Samuel Benchetrit. Il est écrivain, auteur de théâtre, réalisateur de cinéma. Il a écrit pour Jean-Louis Trintignant la pièce Moins 2, une pièce pour rire de la mort, qui a quelque peu aidé Trintignant à mieux vivre après la mort de sa fille Marie (celle-ci avait été la femme de Samuel Benchetrit).
Il a 32 ans ; il a grandi dans les banlieues de Paris, là où de nombreuses voitures ont été incendiées ces dernières semaines. Ce n'est pas le genre de garçon que l'on invitera dans les salons bourgeois ; il est timide et ne se tient pas bien droit dans un fauteuil Louis XVI. Il a la pudeur et la réserve de ceux qui préfèrent agir et créer plutôt que de parler. Mais il est loin d'être bête et, si on le provoque un peu, il dit des choses plutôt sensées. Il parle avec beaucoup de sympathie de ses anciens voisins de banlieue. Et lui qui est tout en douceur et en tendresse n'accepte pas du tout le discours d'un certain ministre de l'Intérieur français à l'ego plus grand que la France et au discours belliqueux, accusateur et répressif ; il exècre même le personnage et le dit franchement. Comme quoi la douceur n'est pas forcément incompatible avec la virilité (dans le bon sens du terme, celui de la force d'âme et du courage de ses opinions). Il dit avoir eu beaucoup de chance de s'en sortir ; ses meilleurs copains des cités sont morts à cause de la drogue. Si le monde autour de lui était plein de violence, il avait la chance de trouver chez lui la douceur et l'amour de ses parents.
Il a un charme fou, fait de timidité et de tendresse, qui rappelle un peu celui de son « beau-père », Jean-Louis Trintignant. Puis il est authentique ; on l'écouterait longtemps : pas de langue de bois chez lui... Il a commencé à raconter sa vie dans les cités ; le premier tome, Chroniques de l'asphalte, chez Julliard, raconte ses trente premières années ; il compte publier quatre autres volumes. Il aime ses parents. Son père qui était serrurier avait l'habitude de dire : « Il ne faut jamais forcer une serrure. Si tous les hommes ouvraient doucement leur porte, le monde irait mieux. »
mercredi 14 décembre 2005
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire