Il y a 25 ans, John Lennon était assassiné devant le Dakota, immeuble qu'il habitait en face du Central Park, à New York... Je n'ai appris sa mort que le lendemain, par un appel téléphonique d'une amie, Moyra, chez qui j'avais passé une partie de la soirée, la veille.
Moyra est photographe et, quelques mois plus tôt, elle avait pris une série de photos chez moi, dont un certain nombre nous montraient, mon « grand amour » et moi... Hors, depuis quelques semaines, cet amour qui cinq ans plus tôt avait transformé ma vie et qui, depuis, n'avait pas cessé de l'enrichir énormément, semblait de plus en plus mis entre parenthèse par l'être aimé. Il n'y avait pas eu de dispute, il n'y avait pas de désaccord exprimé ; il n'y avait qu'une absence qui s'allongeait, qui se renouvellait de jour en jour, qu'un silence toujours justifié... Mon amour était assez fort pour accepter cette absence sans en faire un drame ; je savais aussi que son amour ne pouvait pas s'éteindre ainsi. J'avais donc décidé de respecter son silence et d'attendre que soit terminée sa période de réflexion, même si cette réflexion devait déboucher sur la remise en question de ce que nous vivions depuis cinq ans...
Le 8 décembre 1980, j'étais en train d'encadrer certaines des photos prises par Moyra et j'ai voulu obtenir sa signature sur l'une des photographies. Je lui ai téléphoné et elle m'a invité à passer chez elle. Elle a préparé du café et nous avons parlé. Bien entendu, elle m'a donné quelques nouvelles de l'être aimé qui avait entrepris depuis septembre des études en cinéma (plus tard, dans le cadre du Festival des films du monde, j'aurai l'honneur de voir mon nom sur le grand écran du cinéma Le Parisien car son film, qui m'était dédié, avait remporté le premier prix du festival de cinéma étudiant et, à ce titre, était présenté au Festival des films du monde). En fin de soirée, j'ai donc quitté Moyra pour rentrer chez moi avec mes photos dédicacées.
Le lendemain, Moyra m'a appelé pour me dire qu'elle était inquiète après mon départ ; elle sentait qu'il y avait du drame dans l'air et craignait qu'il ne m'arrive quelque chose. En m'appelant, elle venait prendre de mes nouvelles ; rassurée à mon sujet, elle pouvait donc réserver à la mort de John Lennon, qu'elle venait de m'annoncer, l'intuition funeste qu'elle avait eu la veille.
Ce qui s'est gravé dans ma mémoire, c'est le souvenir de la soirée passée chez Moyra ; je ne me souviens plus trop de la journée suivante, après avoir appris la mort de John Lennon. Bien entendu, je reçus la nouvelle comme un choc et je crois bien en avoir été assommé durant un moment. Non pas que j'aie porté à John Lennon une admiration particulière ; il était l'un des Beatles, groupe musical qui avait marqué mon adolescence et je continuais d'aimer les chansons du groupe aussi bien que celles de chacun de ceux qui poursuivaient leur carrière en solo. Je dois cependant ajouter que, chez moi, à cette époque, je n'écoutais pratiquement que de la musique classique. Et j'avais été quelque peu agacé quelques années plus tôt par les déclarations de John Lennon à l'effet que les Beatles étaient plus populaires que le Christ. Il me semblait qu'il se prenait un peu lui-même pour le Messie qui sauverait le monde en lui apportant la paix. C'est un noble idéal, certes. Sauf que j'ai un peu de mal avec l'ego démesuré de certaines vedettes...
Quoi qu'il en soit, les mort violentes ont la plupart du temps le même effet sur les humains ; la violence est un viol de la tranquillité des esprits. Il est toujours triste d'apprendre la mort de quelqu'un, d'autant plus s'il s'agit de quelqu'un que nous connaissions ou que nous admirions, même à distance. On a tendance à penser que les personnalités et les célébrités font partie de l'univers dans lequel nous vivons et que, quel que soit leur âge, elles devraient toujours en faire partie. Ce qui est ironique, dans la mort de John Lennon, c'est que celui qui l'a tué l'a fait pour devenir célèbre à son tour, comme s'il suffisait de voler la vie de quelqu'un pour assurer la sienne et lui donner un sens...
jeudi 8 décembre 2005
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